REDON
SAINT-JUST
Dimanche 25 Avril 2004.
Le temps est printanier mais que se passe-t-il? Nous sommes peu nombreux. Une sortie à Redon a déjà été programmée il y a quelque temps! Peut-être est ce la raison ? Mais ils ne savent pas encore les absents ce qu’ils vont manquer et peut-être ne le sauront-ils jamais !Dommage ! Alors, qu'allons nous voir ? Saint-Just, où nous retrouvons notre guide. Le village du XIXe nous fait regretter les 2 autres implantations précédentes : le Vieux-Bourg plus proche de la rivière ou mieux Alarac le premier site. Très vite nous partons direction les Landes de Cojoux. C’est un ensemble mégalithique de 71 monuments fouillé de 1978 à 1981. Nous en verrons une dizaine. Le site des mégalithes a été acheté par le Conseil Général d’Ille et Vilaine à la suite des incendies de 1976 et 1989. Lors de ces incendies les pierres avaient beaucoup souffert et le Conseil Général décida d’en faire une réserve pour la flore et la faune (1989). |
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Alignement des Landes de Cojoux C’est la 1ère fois qu’un grand alignement est fouillé, celui-ci se compose de 3 files non parallèles :2 d’est en ouest et 1 du nord au sud, les pierres sont en schiste et en quartz .Les 3 files non alignées se recoupent en un seul point ce qui montre que la construction fut délibérée. Alignement Su |
De plus les fouilles ont montré qu’il y a en réalité 3 monuments : le 1er 4.700 avant JC, le 2ème 4.200, le 3éme 3.800. La dernière utilisation date de 2000 avant JC. A l’âge de bronze ce monument cultuel a été transformé en monument funéraire on y a retrouvé des tombes d’adultes, d’enfants et des urnes funéraires . Les tombes étaient peut-être surmontées de protections en bois. Il ne faut pas mésestimé l’emploi du bois à ces époques reculées. La région n’étant pas granitique il est probable qu’on ait eu recours au bois pour protéger les monuments, le tout recouvert de terre en forme de petit tumulus. Des objets ont été trouvés: des haches de pierre polie (dolérite), des pointes de flèche à armature tranchante, de la poterie campaniforme, mais peu d’ossements (terre trop acide). Tout en marchant sous un beau soleil nous croisons ou presque car ils sont dans un champ voisin des chevaux : des mulassiers du Poitou un peu plus loin des vaches: Highlands et sur notre gauche un champ planté de sarrasin qui, nous dit notre guide, ne sera jamais récolté: il sera tout mangé par les petits oiseaux ! |
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Les Demoiselles ou Roches piquées . Ce monument se compose de 3 blocs: 2 debout et 1 couché; c’est le reste d’un alignement plus conséquent dont le nom vient d’une légende : des jeunes filles n’ayant pas voulu aller aux vêpres ont été transformées en pierres. Elles auraient été punies ! Il fallait faire peur à cette époque! Les légendes se nourrissent d’elles-mêmes. Notre guide nous raconte que le curé du village qui faisait visiter le site il y a quelques années a fait remarquer un jour où il était d’humeur coquine que l’une des demoiselles couchées l’était parce qu’elle avait accouché. La preuve, c’est le petit (caillou ) qui se trouve près d’elle! La légende s’est ainsi enrichie. Merci M. le curé |
Les Demoiselles |
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Ah oui! à propos de ce M. le Curé qui étant un peu âgé se faisait parfois plaindre par les touristes à qui il faisait visiter le site, chose à ne pas faire, car alors ceux-ci se voyaient contraints de faire le grand tour ! M. le Curé était un grand marcheur devant l’Eternel ! |
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Château Bu |
Fouillé de 1990 à 92 par M. Briard, il est protégé par un grillage. Sous le tumulus on a trouvé un dolmen de 3500 ans avec un couloir d’accès dont les dalles de couverture ont été enlevées; au sol on voit un très beau dallage. Ce dolmen a servi de sépulture pendant environ 1000 ans pour les notables de l’époque. Le couloir d’accès était fermé soit par des pierres soit par du bois car il fallait pouvoir y accéder régulièrement . |
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Ce monument était entouré d’un cairn. Au-dessus du dolmen vers 1600 avant JC des tombes individuelles en baignoire ont servi de sépulture. Les corps étaient enterrés en position foetale sans que le dolmen ait été détérioré. On y a trouvé des restes de coffre et 1 vase biconique à 5 anses, ce qui n’est pas courant. Le plus intéressant dans ce monument c’est qu’il a eu 2 utilisations mais surtout sans que le 1er monument soit détruit, seulement caché. |
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Nous continuons jusqu’à la Croix St Pierre ainsi appelé parce que les fidèles qui se rendaient aux offices de l’église du Vieux-Bourg s’arrêtaient là pour une petite halte. C’est un grand tertre funéraire allongé le 1er fouillé par le professeur Giot en 1953- 54. Yves Coppens y a travaillé. Sous cette butte on a retrouvé des coffres. La particularité de ce monument c’est qu’il comporte une rangée de pierres de schiste et une seule pierre de quartz alors que l’autre côté comporte une rangée de pierres de quartz et une seule pierre de …. schiste ! Il semblerait qu’il y ait eu une véritable volonté de marquer une opposition laquelle? Ce type de monument arrive d’Europe du Nord environ 3500 avant JC. C’est à la fois un ensemble funéraire de type collectif car il y a plusieurs tombes sous le tertre mais il comporte aussi des tombes individuelles. |
Le tertre funéraire La Croix Saint Pierre C’est le premier monument à propos duquel on ait parlé pour la 1ère fois de l’utilisation du bois dans la construction des monuments mégalithiques mais à l’époque avec un point d’interrogation. C’est grâce à un lapin que fut découvert un superbe pendentif: il avait fait sa garenne dans la terre du tumulus ! |
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Quelques mètres et nous sommes devant un dolmen simple à couloir avec chambre ronde, récemment découvert en 1992 sous un tas de détritus ! Ce dolmen devait probablement être recouvert d’un tholos (toit à encorbellement). On y a fait une très belle découverte: 2 vases de type danubien, intacts, les plus anciens qu’on ait trouvé en Bretagne. Ils ont été réalisés sur place par des potiers qui vivaient il y a 4500 ou 4700 ans puisque l’argile vient des carrières de Saint Jean la Poterie près de Redon les carrières d’Aucfer avec présence de spicules (pointes d’oursins). Des reproductions très fidèles (en résine) en ont été faites par des artisans de Loire Atlantique. A s’y méprendre ! Evidemment quand on fait une visite archéologique on a tendance à regarder vers le sol. Désolée, parfois vous êtes obligé de regarder là-haut quand la fauvette vous y incite par son chant plutôt strident et ses battements d’ailes ! Mais quelle merveille peut-être le printemps ? |
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Un peu plus loin c’est l’allée couverte du "Four sarrasin" appelée aussi "Pierres Chevèches". Elle est totalement ruinée. Il reste une pierre appelée péristalite qui indiquait où commençait le monument. On peut aussi voir des cupules; étaient-elles liées au culte des eaux ? Encore un petit peu de marche et nous arrivons en surplomb d’une petite rivière qui nous semble assez importante à cause d’une retenue d’eau servant pour un moulin. La rivière s’appelle le Canut avec ce ciel bleu on dirait de la soie ! ! ! De l’autre côté de la rivière c’est une propriété qui appartient aux du Halgouët et qui renferme aussi de nombreux mégalithes. |
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Retour vers le car, quelques kilomètres et nous sommes à Redon pour le déjeuner bien venu. Tout le monde a faim ! Le repas terminé Claude nous incite à rejoindre le car et là nous nous partageons: les uns iront voir un monastère, les autres le Musée de la Batellerie . |
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Le Prieur de l’Abbaye de Redon souhaite qu’un monastère de religieuses s’installe à Redon. En 1629 les sœurs s’installent à Redon elles sont une branche féminine des Bénédictins. Notre guide nous en raconte l’histoire. En 1572, Ant. d’Orléans-Longueville, cousine de Henri IV, épouse le Comte de Bondy (Belle-Île). De cette union naissent 2 garçons, puis elle devient veuve son mari étant assassiné. A 24 ans elle entre dans les Ordres et devient Sœur Scholastique (Scholastique était la sœur jumelle de Saint Benoît). De plus sa tante était la Mère Abbesse de Fontevraud. Elle a toujours voulu devenir religieuse. Elle abandonne ses enfants et entre en religion. En 1617 elle fonde l’ordre des filles du Calvaire à Poitiers. En 1618 elle meurt de coliques du Poitou. En 1629 les sœurs s’installent à Redon. Il se pourrait que ce monastère soit le dernier intact des monastères des filles du Calvaire. |
Le Cloître des Calvairiennes |
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Nous nous trouvons dans la chapelle du monastère qui comporte un très beau retable angevin du XVIIe. Les religieuses qui étaient cloîtrées assistaient aux services religieux sans être vues du public: elles se trouvaient dans une autre pièce de l’autre côté du retable. Un système ingénieux leur permettait de voir au moyen d’un hagioscope et d’entendre en ouvrant des portes qui, côté public, correspondaient aux tableaux du retable représentant Saint Benoît et Sœur Scholastique. Elles communiaient derrière les portes dorées qui se trouvent au-dessous des tableaux. Au centre du retable se trouve un tableau de François Chalet qui ne se trouvait pas à cet emplacement à l’origine; au-dessus du tableau une Vierge aux 7 douleurs qui après restauration a perdu le sang: la couleur rouge devait faire trop réaliste! En 1789 les religieuses sont chassées du monastère. Elles s’en vont à Pontchâteau et dans le bâtiment abandonné on entrepose du foin, mais en 1820 on redonne vie à ces lieux. De Quimperlé viennent les sœurs de la Retraite qui y resteront jusqu’en 1997. Ces religieuses y installeront un pensionnat de jeunes filles qui iront jouer ou se recueillir dans le cloître bâti en 1648. Un bâtiment sera construit au XIXe pour abriter ces jeunes filles. Maintenant ces lieux sont occupés par les Paralysés de France, environ une centaine de pensionnaires de tous âges. Les bâtiments ayant été vendus il y a peu, le cimetière a été transféré et l’ on a retrouvé une plaque de schiste commémorant la mort de la fondatrice de l’ordre. |
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Musée de la Batellerie Ce Musée rappelle l’importance de Redon qui fut le port maritime de Rennes. Son histoire commence au XVIe avec la décision de François Ier de faire canaliser la Vilaine. Début XIXe par suite du Blocus continental est entreprise la construction du canal de Nantes à Brest elle durera de 1804 à 1854 ; les 2 villes sont distantes de 360 km par le canal et celui-ci compte 236 écluses la vitesse moyenne avant la motorisation était de 2 km/h L’activité cessera à la fin des années 70. Une vidéo vous raconte tout cela et bien plus encore ! |
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C’est fini il nous faut rentrer à Lorient où nous arrivons pour 8h très satisfaits de notre journée n’est-il pas vrai ? A la prochaine fois !…. |
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