Page précédente Accueil  Plan du site

 

 

PLOUAY - ARZANO - LOCUNOLE

25 03 2007

Sur les pas de Brizeux

 

 

 

Rendez-vous habituel : 8H30 mais nous changeons d’heure ! Les lève-tôt sont contents, les autres aussi avec les yeux juste un peu moins ouverts mais ils s’ouvriront !

Le car prend la direction de Plouay , à l’arrivée, sur la place, nous retrouvons notre guide Mme Carré. Nous nous dirigeons vers la salle de conférences pour faire connaissance et, pour ma part, plus ample connaissance, avec la personne qui nous attend dans la campagne alentour : Brizeux et dont notre guide va retracer les grandes lignes de sa vie.

Auguste Julien Pélage est né le 12 09 1803 à Lorient d’un père chirurgien qui avait épousé une jeune fille dont le père révolutionnaire fut guillotiné. En 1810, le père d’Auguste meurt à Cherbourg. En 1811, sa mère se remarie avec un négociant : Jacques Boyer, il aura 2 demi-frères. C’est à l’abbé Lenir qu’est confiée l’éducation du jeune garçon; cet abbé 2ème curé d’Arzano a une petite école, il enseigne à ses élèves, peu nombreux, les principes religieux et aussi le latin grâce aux traductions de Virgile. Après les cours, le jeune Auguste aime à se promener dans la campagne il y rencontre les petits paysans de son âge et parmi eux, une jeune fille Marie de 18 mois son aînée, elle comptera beaucoup pour lui, nous le verrons plus tard. Auguste reste 5 ans à Arzano mais il grandit et doit continuer ses études à Vannes où il rentre au lycée en 5ème. De Vannes, il partira pour Paris en 1823 faire des études de droit, il a 20 ans, là-bas, il sera nostalgique de son enfance, de sa Bretagne, de Marie, son amour de jeunesse. Dans la capitale, il rencontre Ingres, Musset, Alfred de Vigny, Eugène Guieyesse, son ami lorientais. Il ne fera pas son service militaire et vivra une période difficile en tension entre le laïque et le religieux; à cette époque il sera collaborateur du journal « le globe ». En 1828, il revient pour la dernière fois à Arzano, il retrouve Marie qui est mariée à un paysan de son village. Il publie la même année son recueil de poèmes « Marie » qu’il ne signe pas de son nom ! En 1830, Brizeux prend le parti de la Révolution contre Charles X. En 1831, il fait le 1er de ses quatre voyages en Italie, il y séjournera sept mois et rencontrera Berlioz à la Villa Médicis.

 
 
En 1834,1844 et1848, il fera encore de longs séjours en Italie. En 1836  « Marie » sera réédité toujours anonyme. Pourtant, de la Villemarqué, nous dit notre guide, s’enfermera dans sa chambre pour lire le recueil et, enthousiaste, l’enverra à Chateaubriant. En 1843, il publie une traduction de « La Divine Comédie » de Dante. En 1845, il écrit ce qui, à l’époque, est considéré comme son chef d’œuvre: « Les Bretons », une épopée en 24 chants et 5000 vers. George Sand vante ces 50 chants qu’elle place au « plus haut niveau du génie des nations poétiques ». L’époque est à l’affirmation des identités régionales. Nommé Inspecteur des Monuments historiques par Mérimée, il pourra sillonner à pied les villages de Bretagne, il sera fait chevalier de la Légion d’honneur en 1846 mais regrettera toujours de n’avoir pas été élu à l’Académie française. En 1850, sa santé est de plus en plus chancelante, il souffre de tuberculose et de diabète, il sera incapable d’exercer une activité régulière, mais il ne cessera d'écrire pour lui et dans des revues telle que la "Revue des deux Mondes", il s’intéressera toujours à sa région et évoluera dans les milieux celtomanes fréquentant La Tour d’Auvergne et Jacques Cambry, fondateur de la 1ère Académie celtique et aussi Hersart de la Villemarqué auteur du Barzaz Breizh si contesté paru en 1839.
Les aquarelles qui illustrent cette page ont été réalisées au cours de la sortie par Madame Guyvarch
Nous quittons la salle et reprenons le car qui nous conduit jusqu’à la chapelle Sainte Anne du Scorff . Le site se trouve dans une boucle de la rivière, sur un promontoire rocheux Ce fut d’abord un camp romain puis une maison forte au Moyen-âge, on retrouve les bases d’un ensemble maçonné entouré d’un fossé. La chapelle a été rebâtie en 1794 mais on sait que la cloche a été baptisée le 2 Juillet 1647. La statue de Ste Anne dont nous ne verrons qu’une photographie est classée MH, et pour le moment est en restauration à Tours. Avant de quitter le lieu, Mme Carré nous lit, de fort belle façon, le poème intitulé « le pays »et Isabelle Guivarch commence les aquarelles qui vont illustrer ce propos.

La Chapelle Sainte Anne.JPG (75093 octets)

Chapelle Sainte Anne du Scorff/68

Le Pont Kerlo.jpg (75145 octets)

Le Pont Kerlo

Le Pont-Kerlo, témoin des balades du petit garçon, voit aujourd’hui notre groupe tout émerveillé cheminant le long de la rivière pour s’éloigner de la route afin d’écouter un autre poème « le Barde ». En ce dimanche matin tranquille, il nous est donné de remonter le temps et c’est bien agréable, merci Madame.

Sur le pont construit en 1844, se trouve un médaillon à l’effigie du poète fait par Auguste Nayel et posé en 1908.

 

Continuant notre périple, nous nous rendons au village du Cleuziou au Moustoir voir la maison où vécut Marie, de son vrai nom Marie-Renée Pellan. C'est une maison avec une jolie fenêtre dont le linteau en forme d’accolade est sculpté d’une tête de personnage; cette maison en restauration serait-elle en train de perdre son âme ? En tous cas, elle me fait moins rêver que les bords de la rivière…

 

Le Moustoir Maison de Marie.JPG (125467 octets)

"Ty Mari er Voustoer"

Rêvons, rêvons mais les contingences matérielles, en l’occurrence une petite faim, commencent à se faire sentir, et c’est ainsi que le car prend la direction de Kerchopine : chez Nat.

Au menu : Kir, Salade océane, Potée bretonne, Fromage, Salade aux noix, Dessert glacé, Café.

Ce repas du dimanche 25 Mars sera dans la mémoire des participants car c’est pour nous tous l’occasion de souhaiter un « bon anniversaire » à notre trésorière Yvette Derien grâce à qui les finances rentrent bien dans les caisses (je n’oublie pas Yvette Harrouet !)

L’après-déjeuner commence et les visites continuent pour notre plus grand plaisir.

 

L’église St Pierre aux liens en Arzano. M. Lavollée nous fait visiter l’édifice dont la partie la plus intéressante est le retable daté de 1750 et signé du sculpteur et menuisier J-M Paul, il est classé MH depuis 1931. On nous raconte que c’est le même retable qu’à Pontivy et que celui-ci devrait s’y trouver mais l’attelage qui emmenait l’œuvre d’art dans la ville des Rohan fatiguait tellement qu’on fut obligé de s’arrêter ici même à Arzano et que le retable y trouva fort bien sa place ! Et Pontivy, me direz-vous, pas de retable ? Si, mais plus petit pour que les chevaux parviennent à l’amener à destination! Une belle Pieta, classée MH en1979 date du début du XVIème, elle a été restaurée en 1994, restauration qui coûta 20 millions, nous précise notre guide, mais la devise n’est pas indiquée……anciens francs ?

Eglise Arzano.JPG (69525 octets)

Eglise d'Arzano

De l’église, direction Guilligomarc'h et ce qui subsiste de l’ancien cimetière autour de l’église : une seule tombe…mais celle de Marie chantée par Brizeux laquelle décéda à Kérulvé, un village de la paroisse, le 20 Mai 1864. Près de l’église nous rencontrons M. le Maire à qui nous demandons si Marie a quelque descendance au pays…non, seules, des nièces sont venues de Paris, il y a 2 ans à l’occasion de l’inauguration de la bibliothèque qui porte le nom de Marie qui, elle, était peut-être illettrée. Quelle revanche sur le destin ! ! !
Nous allons quitter les pas de Brizeux, laisser Marie reposer en paix et saluer notre guide qui nous aura donné un aperçu de l’œuvre du poète et le désir d’en savoir plus. Quand à Auguste Brizeux, lui, est mort le 3 mai 1858 à Montpellier. Il a souhaité être enterré dans sa terre natale, il repose sous un chêne au cimetière de Carnel à Lorient, un monument a été inauguré en 1888 en présence de Jules Simon et d’Ernest Renan. (Cette visite que nous avons faite sous le soleil quelques jours plus tard a été un complément à notre sortie).
Reprenant le car nous partons pour Les Roches du Diable en Locunolé, c’est un chaos impressionnant de rochers dans le cours de l’Ellé (savez-vous que ellez en vieux français signifie "l’enfer"). L’enfer, le diable, encore de quoi rêver d’autant que les eaux de la rivière font un bruit « infernal » (l’adjectif est venu tout seul !) à cause des pluies importantes des jours derniers.

 

 

Roches du diable.JPG (145694 octets)

L'Ellé gonflée par les pluies

Georgette Pouleriguen et son mari nous racontent de merveilleuses histoires de trésor, d’odeurs alléchantes et payantes sortant de la charcuterie ! ! ! Traversant Quimperlé, on nous raconte qu’autrefois les ouvriers des papeteries Mauduit étaient payés en dollars…Que c’est bizarre !

Trois tours de roue, nous sommes déjà à Lorient.

Encore une belle journée ! A bientôt.

JM