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Notre Dame du Folgoët - La Roche Maurice          

27 04 2008

     

 

 

    Aujourd’hui, le rendez-vous est toujours au même endroit pour accéder au car, mais le stationnement des voitures est interdit. Pour quelle raison se demande-t-on ? C’est la journée du Souvenir des Déportés…Le Monument aux morts sera fleuri, ce soir.

    Il fait doux, le ciel est gris. Sur la route, le brouillard nous empêche, par moments, d’avoir la moindre visibilité ! Claude nous en explique la raison…nous avons quitté le Morbihan. Notre guide, pour cette matinée à ND du Folgoët sera M. l’Abbé Yves-Pascal Castel, éminent spécialiste de la statuaire bretonne et de l’orfèvrerie. Quelle chance nous avons ! Nous ne sommes pas en retard, il est 9 H 30, le rendez-vous étant à 10h, Claude nous laisse un moment de temps libre. C’est sans compter sur la ponctualité de notre guide que nous reconnaissons de suite grâce à sa baguette en bambou aux multiples fonctions.

    Nous commençons la visite extérieure, il ne pleut pas ! Le premier conseil est : «  Il faut toujours dire ce que l’on voit » et « voir ce que l’on voit » un regard neuf toujours et ce n’est pas le plus facile ! Cela me fait penser à Christo qui a emballé le Pont Neuf pour que l’œil se dépoussière et que l’habitude ne régisse plus la pensée ! La Basilique ou mieux dit la Collégiale est en granit et en pierre de Kersanton, une pierre noire pour nos yeux d’aujourd’hui mais qui à l’époque était recouverte de couleurs, comme le projet qu’ont eu M. Castel et un peintre de la région Marc Di Napoli, celui de recouvrir de couleurs le calvaire de Lampaul-Guimiliau. Tout l’auditoire est attentif, les bavards sont priés d’aller au bistrot…Il est fermé !! Cette pierre de Kersanton est relativement facile à tailler quand elle sort de la carrière. En effet en regardant la bordure des pierres taillées on peut se rendre compte que la technique est empruntée aux tailleurs de pierre tendre, d’ailleurs elle ne parvient pas à défier les siècles, certaines statues ont subi les outrages du temps, de la pollution et ….aussi de la Révolution comme nous le constatons dans le porche avec les statues des Apôtres dont les nez ont disparu. Faisant le tour de la Collégiale , nous admirons au passage le calvaire octogonal dont la base est du XVème mais le fut du XIXème. Le cardinal qui s’y trouve représenté est Alain de Coëtivy, il fut légat du Pape et fit partie du conseil de sanctification de Saint Vincent Ferrier. De Rome, il rapporta une relique qui se trouve à Ploudalmézeau. Le cardinal décède en 1474, son tombeau est dans l’église Ste Praxède à Rome.

 

 

    Les statues nombreuses et de factures différentes sont l’œuvre d’artistes le plus souvent anonymes, pourtant l’une d’elles est attribuée à Roland Doré, sculpteur décédé en 1660, appelé Laoret en breton. Le calvaire de Quéven possède des statues de cet artiste, nous promettons d’aller les admirer sans tarder.Le porche occidental, aujourd’hui détruit, conserve au tympan une nativité couchée ; c’est un thème peu courant, la Vierge étant généralement représentée assise. Notre guide : P-Y Castel nous fait remarquer que St Joseph est représenté dans une position peu avantageuse, en arrière de la scène et avec un air quelque peu « demeuré ». Nous arrivons à la fontaine de dévotions, M. l’abbé fait les siennes en prenant de l’eau dans le creux de la main « Ah ! », ce cri était attendu et semble-t-il habituel, donc tout va bien ! La fontaine  et son eau était utile aux humains, elle était sacrée car il fallait la protéger : des animaux et de toutes les souillures cela est vrai de tout temps et aussi à l’époque des…La dessus M. l’abbé dessine dans le vide 5  lettres représentant le mot qu’il ne souhaite pas prononcer ; ceux qui comme moi s’étaient placés à côté pour lire en direct n’ont « rien compris » M. l’abbé sait écrire à l’envers !!!Et ce mot est CELTE, un peu trop revendiqué par les bretons à son goût !

   

 

Maintenant, entrons dans l’église, à droite du porche se trouve une Vierge à l’Enfant sous laquelle on lit « Olivier sire du Chastel » 13 statues de belle facture représentent les apôtres et St Paul, elles ont toutes le nez cassé ! Entre les deux portes, la statue n’est pas celle du Christ mais celle de St Pierre.  Au dessus, des hermines déroulent une banderole sur laquelle est écrit : « A ma vie » la devise d’Anne de Bretagne qui vint à plusieurs reprises implorer Notre-Dame en ce lieu. En 1708, à la suite d’un incendie, la voûte de l’édifice s’écroule, les dégâts ne sont pas réparés, c’est le déclin du sanctuaire. A la Révolution , le bâtiment est pillé et vendu. En 1810, 12 paroissiens se cotisent pour racheter l’ensemble. La restauration commence en 1840, après une visite de Mérimée. En 1888, a lieu le couronnement de la Vierge à l’Enfant sous le nom de ND du Folgoët, comme le décrit le vitrail de Hirsch. En entrant ce qui frappe c’est la dentelle de pierre du Jubé en pierre noire de Kersanton du XVème siècle, il se compose de 3 arcades en plein cintre, chacune des arcades est surmontée d’une longue ogive servant de piédestal à 3 statues aujourd’hui manquantes. Nous pourrions encore parler des 5 autels, de la chaire qui remplaça le jubé ainsi le prêtre était plus proche des fidèles, des écussons martelés à la Révolution sauf ceux  placés très hauts, à ce propos, M. l’abbé nous raconte que s’ils n’ont pas été martelés c’est que l’échelle n’était pas assez haute, et bien sûr de l’histoire de Salaün ar Foll, ce simple d’esprit qui meurt en 1358 et qui est à l’origine du pèlerinage.

 

    Les estomacs crient famine ou presque. Le Coq en pâte à Lesneven nous accueille ; au menu :

            Rillons de canard, copeaux de foie gras en salade

            Paleron de bœuf fondant à la lie de vin

            Choc-chocolat et croustillant cacao caramel,  Vins    café.

    Le déjeuner se déroule dans la bonne humeur et les discussions… sérieuses !    Nous quittons M. Castel en le remerciant chaleureusement.

  

 

Après avoir traversé Lesneven, nous nous dirigeons vers La Roche Maurice , une forteresse impressionnante sur un promontoire dominant l’Elorn. Notre guide sera M. Coativy, maître de conférence à l’UBO de Brest. Le site est occupé depuis le néolithique, on y a trouvé une hache en pierre polie. Auparavant, le lieu s’appelait Roc’h Morvan, en breton, du nom de Morvan, vicomte du Faou à qui on doit la construction de la forteresse. Ce vicomte du Faou est chassé par les vicomtes de Léon. La seigneurie est partagée en deux, la branche aînée est dépouillée, la branche cadette s’installe à La Roche Maurice. Les fouilles archéologiques entreprises sur le site montrent que le 1er niveau est le remblai occasionné par l’effondrement de la toiture, ensuite se trouvait l’endroit où l’on conservait la nourriture et les armes, au 1er étage, la demeure des seigneurs, au dessus les pièces pour les femmes et les enfants. En 1363, la seigneurie passe dans les mains des Rohan par le mariage de Jeanne de Léon avec Jean de Rohan. A la fin du XVème siècle le château est délabré, transformé en prison puis sert de carrière au XVIIIème, il est vendu par les Rohan 1 F symbolique

Dans une anfractuosité du château, ont été retrouvé des paires d’éperon, les chevaliers avaient coutume de les dissimuler ainsi avant de se rendre. On a aussi retrouvé des meules pour faire la farine et des galets de l’Elorn qui devaient servir de projectiles pour catapultes.

   

Du pied de la forteresse à laquelle nous ne pouvons accéder, nous descendons vers l’enclos paroissial constitué comme tous les enclos d’une église, d’un ossuaire et d’un calvaire. Le calvaire avec le Christ en croix est entouré de deux anges, du bon et du mauvais larron. L’église est édifiée  sur l’emplacement de l’ancienne chapelle castrale fondée par les Rohan dont on peut voir les macles sur les montants de l’entrée, nous les retrouverons aussi à l’intérieur dans le vitrail. En pénétrant dans l’église, l’œil qui s’habitue à la pénombre ne voit que le jubé, très différent de celui de ND du Folgoët car il est en chêne polychrome et date des années 1570. Du côté de la nef on voit 9 apôtres et 3 papes ; du côté du chœur de nombreux saints : St Pol Aurélien, Ste Apolline, Marie-Madeleine….Les sablières sont également remarquables, elles représentent des scènes de la vie courante : les labours, le corbillard, le couvreur…Le vitrail de 1539 a été réalisé par Gilles le Sodec, le verrier qui a également réalisé les vitraux de La Martyre. Cette verrière relate la passion du Christ depuis l’entrée à Jérusalem jusqu’à la Résurrection en passant par la mort. A la fin du Moyen-Age, l’habitude fut prise d’enterrer les morts dans les églises : les prêtres dans le chœur ; les nobles dans les enfeus ; les paroissiens les plus riches le plus près du chœur et les pauvres au fond. Tous les 20 ou 30 ans, on enlevait le dallage, on retirait les ossements et on les mettait dans la chapelle des morts : l’ossuaire que nous visitons maintenant.

    L’ossuaire est de style Renaissance léonarde, construit en 1639. Des inscriptions latines illustrées par une danse macabre représentant toutes les couches de la société: le pape, le riche, l’homme de loi, le fossoyeur nous rappellent que nous sommes tous égaux devant la mort : « souviens-toi, homme que tu n’es que poussière » ou « aujourd’hui, c’est moi, demain, ce sera toi » L’ankou brandit un dard au lieu de sa faux habituelle en proclamant : « je vous tue tous » Au soleil couchant, la pierre de Logonna prend une jolie couleur dorée.

 

 C’est l’heure de quitter notre guide qui nous aura consacré une grande partie de son dimanche. Nous le remercions vivement.

    Dans le car, sur le chemin du retour, nous voyons quelques éoliennes ; la vue est bien dégagée, comme nous le dit Claude : « ça s’est levé ! »

    Encore une belle journée !           A bientôt.

JM