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MISE AU JOUR D’UNE STRUCTURE « ANTIQUE »

À QUÉVEN

 

 

Collectif SAHPL

 

 

En 2009, des substructions vraisemblablement antiques ont été mises au jour sur la commune de Quéven, à proximité du lieu-dit « Croixamus »,  dans une parcelle agricole dénommée « Le grand poteau » située en secteur nord-est de la commune. Cette découverte inédite réalisée par une équipe de l’INRAP (responsable J.F Villard) à la demande de la DRAC (Direction Régionale de l’Archéologie-Ministère de la Culture) résulte de la procédure obligatoire et légale du diagnostic archéologique préalable à toute importante opération d’aménagement. Nous vous proposons de découvrir par l’intermédiaire de ce reportage photographique les structures découvertes lors des sondages. Les images sont accompagnées de commentaires succincts et prudents dans l’attente d’une communication scientifique officielle du Service Régional de l’Archéologie à ce sujet.

 

A l’origine de cette découverte, il aura fallu la perspicacité de l’équipe de prospection aérienne et terrestre Bernard Ginet-Loïc Le Bail de la SAHPL en 1995 pour déceler, et confirmer par la prospection au sol l’année suivante, la présence d’un probable site archéologique sur la commune de Quéven au lieu-dit Croixamus. La déclaration du site par Bernard Ginet mentionnait l’existence d’un enclos d’âge indéterminé complété par un gisement de surface gallo-romain reconnu par la présence d’indices tels des tessons de poterie commune grise et rouge (dessins en Document Annexe) ainsi que débris de tuiles de couverture ou tégulae.

 

Nous distinguons sur la vue aérienne du site de « Croixamus » une forme linéaire curviligne de ton sombre qui se détache du sol environnant plus clair. Il s’agit du tracé probable d’un ancien fossé d’enclos remblayé à une époque indéterminée et qui apparaît en foncé aujourd’hui dans le paysage agricole en culture. Une plus grande humidité des terres remblayées dans cet ancien fossé au sol meuble plus profond pourrait expliquer cette différence de ton.

Le diagnostic archéologique de l’INRAP permettra d’évaluer la richesse en indices du site. Il a nécessité pour cela, la réalisation de décapage de la terre végétale (épaisseur de la terre cultivée de l’ordre de 20 cm qui ne présente pas ou peu d’intérêt en raison des multiples occupations humaines successives qui y ont laissé leurs empreintes). Ces décapages, au calepinage précis et intentionnel, se présentent ici sous la forme de larges saignées parallèles peu profondes réalisées à la pelle mécanique. Le site de Quéven a été l’objet de plusieurs saignées.

 

Ces décapages « à grande échelle » laissent la place aux investigations manuelles lorsque des indices archéologiques apparaissent à la surface des terres décaissées. Sur les clichés suivants, les structures découvertes sont en cours de dégagement par les équipes d’archéologues.

On aperçoit nettement sur une longueur relativement importante la base d’un mur bien dégagé sous la terre végétale cultivée et hors de portée des engins de labours. La largeur des murs et le soin apporté à leur mise en œuvre peut être révélateur de l’importance et la qualité de la construction érigée à cet emplacement.

Un linéaire de mur de fondation en moellons de granit. Photo Marc Galludec

 

5 fondations

Vue du parement de l’angle de la fondation. Photo Marc Galludec

 

  

Vue du fossé partiellement dégagé et nettoyé afin d’en reconnaître la géométrie et la nature du remblaiement.

 

Vue rapprochée de la coupe transversale du fossé. 

Photos  Marc Galludec

Les sondages ont révélé, en plus des substructions en maçonnerie soignée, un fossé d’allure rectiligne (donc différent du fossé curviligne visible sur le cliché aérien du site). Ce fossé est creusé dans le sous-sol rocheux dont une partie du comblement recèle des débris de tuiles de couvertures (tégulae et imbrices). Ces matériels sont souvent rencontrés en contexte gallo-romain et témoignent généralement de la présence d’une construction à proximité.

Ces seuls vestiges sont aujourd’hui insuffisants pour proposer une date probable d’édification de la construction dont on observe certains murs de fondation, ni permettre, par voie de conséquence, d’identifier l’origine et la qualité des premiers occupants de ce lieu. Vraisemblablement les sondages ont-ils permis la découverte, parmi les vestiges dans les niveaux de sols préservés (non remaniés), d’objets caractéristiques permettant d’affiner la période d’occupation du site (céramiques, monnaies, objets courants de la vie quotidienne…). Le rapport de fouille des archéologues devrait en faire mention. Ce document pourrait aussi évoquer et préciser la fonction du fossé curviligne apparaissant nettement en contraste dans les cultures sur la vue aérienne du site.

Aujourd’hui les sondages sont terminés, les vestiges protégés et recouverts de terre sont préservés dans l’attente d’une décision de la DRAC quant à leur devenir. Le projet immobilier de la municipalité de Quéven à cet emplacement, qui porte sur une surface totale de terrains de 13 hectares sur lesquels est notamment programmé un éco-quartier, sera peut être reconsidéré en fonction de l’importance archéologique de la découverte, qui pourrait s’avérer d’un intérêt patrimonial pour le pays de Lorient.

Ce compte-rendu succinct est l’occasion d’évoquer le travail de terrain, et aussi administratif, d’un groupe de prospecteurs agréés qui, par leurs découvertes, améliorent notre connaissance du peuplement des territoires morbihannais au cours des siècles voire des millénaires. Cette recherche porte ses fruits et aujourd’hui, ce n’est pas moins d’un millier de sites à enclos d’âges indéterminés que le groupe de prospection a déclaré officiellement. Seuls les sites menacés pourront faire l’objet de sondages sur décision.

La découverte à « Croixamus » n’est pas sans rappeler une autre découverte dans un contexte similaire à Vannes-ouest courant 2009, au Boisy où une équipe de bénévoles du CERAM a mis au jour un établissement rural gallo-romain délimité par des fossés rectilignes sur la foi de témoignages datant du XIXe siècle. Des fouilles de ce site sont programmées prochainement, elles seront réalisées par le CERAM. La villa gallo-romaine nous livrera alors son passé.

 

  le boisy 010

Le Boisy - Vannes : les archéologues (A. Triste et S. Daré) mettent au jour

les fondations d’une construction gallo-romaine. Photo G. Mousset

 

DOCUMENT ANNEXE

 

Dessins des tessons de « céramique commune » collectés dans les labours sur le site de Croixamus 

accompagnant la déclaration du site à la DRAC.

 

 

 

Kerzec Izel I Dessins

Céramiques communes (Dessins de B Ginet)

 

 

 

 

Dossier rédigé par Georges Mousset