Meucon - Saint Avé
La vie de châteaux
30/03/2008
Devinez où se trouve notre rendez-vous ce dimanche… ?
Oui, place Glotin, c’est facile ! Le plus difficile c’est l’horaire,
il change toujours et pour compliquer l’affaire…Changement d’heure !
Comment vais-je mettre mon portable à sonner ? avance…
recule ? Gagné, nous sommes à l’heure mais bons derniers. Il en
faut !!! mais ne comptez pas sur Yvette pour l’être ( la
dernière) il parait qu’elle est même souvent la 1ère , je
n’ai jamais été là pour le savoir !
Bien c’est parti…Claude nous annonce la vie de
châteaux, quelle journée en perspective !
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Le
premier arrêt sera Kerango, en Plescop, la résidence de campagne des
évêques de Vannes, à partir du XVème siècle. Quelques évêques y
meurent : Mgr Fagon le 16 février 1742 et Mgr de Bernin le 23
septembre 1774. Après le décès de Mgr Fagon ce fut l’archidiacre
J.F.Dondel de Kergonano qui fut élu vicaire capitulaire… Le lieu fut
d’abord la propriété de la famille Desvaux en 1448. La visite
guidée sera faite par le propriétaire des lieux M. Jean Jarry. Il ne
reste que les communs car la résidence a subi les avatars du temps et
de la Révolution. Les murs sont en granit, les entourages de fenêtres
en tuffeau et la sablière en briques. Dans un des pavillons, une belle
charpente et à côté, des caves voûtées qui servaient pour les
réserves alimentaires, Loïc nous explique la fabrication du plafond de
l’étage à savoir, des bâtons de châtaignier trempés dans un lait
de chaux, de terre…du torchis pour faire le hourdis…
Nous
remercions notre guide et admirons le châtaignier-sculpture
tricentenaire avant de reprendre le car et de nous diriger vers
Kergohler en Plaudren, c’est un ancien manoir du XVème siècle qui
fut une seigneurie, propriété de la famille Nas, Lucas Nas en 1464 et
Jehan en 1481, comme le signalent les montres de Vannes qui eurent lieu
à ces dates. Ensuite, les familles Le Clerc, Dibart et Cassel se
succèdent. Le manoir est remanié au fil des siècles, le colombier est
du XVIIè, la chapelle privée de 1687 est dédiée à la Ste Famille.
Dans un champ, tout près, des pommiers sont tellement chargés de gui
qu’on les reconnaît à peine ! Il n’y a pas de vent, autrement
c’est sûr ils danseraient !
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Maintenant
direction le camp romain de Kerfloch un peu difficile à trouver mais
une gentille dame nous y emmène. C’est incroyable, on dirait vraiment
que l’armée romaine vient de quitter les lieux ! La légion
romaine en campagne élève un camp retranché à chaque halte, ne
serait-ce que pour une seule nuit, mais celui-ci a servi beaucoup plus
longtemps ! Le camp mesure 580 m x 290 m, il était réalisé en
deux heures ; chaque équipe de deux, un piocheur, un pelleteur n’avait
que 3 m3 de terre à traiter. A l’intérieur, les tentes
étaient toujours disposées de la même façon, grâce à ce plan
standard, en cas d’alerte, les hommes savaient exactement où ils
devaient aller se poster et ce qu’ils devaient faire. Quelle
organisation ! A cet endroit était le croisement de deux voies
romaines importantes : Vannes-Corseul et Rennes-Carhaix. La voie
romaine était réalisée de la façon suivante : Les fondations,
formées de gros blocs de pierres grossières pour une bonne assise et
un bon drainage, ensuite une couche de sable ou de graviers pour une
égalisation du niveau puis une bande de roulement formée d’un
mélange de sable fin, gravier, chaux ou terre. Contrairement à une
idée reçue, les voies n’étaient que très rarement pavées à l’exception
des entrées de villes. C’est à ce moment que Louis nous parle d’Ambrosius
Aurelianus… mais qui était ce personnage au nom tellement évocateur
de l’Empire romain ? Eh bien, il ne l’était pas, romain. Ce
fut un chef de guerre breton du Haut Moyen-âge, il était, dit-on, issu
de l’aristocratie bretonne romanisée. Formé aux techniques
militaires romaines, il commence la guerre contre les Anglo-Saxons en
460, conflit qui donne à son successeur Uther Pendragon ( père du roi
Arthur) la notoriété qu’il a aujourd’hui. Ambrosius Aurelianus ne
connaît pas une telle reconnaissance ! Cependant, il aurait été
parent de Pol Aurélien, évangélisateur du Léon, il pourrait aussi
être à l’origine du mythe arthurien…
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Il est l’heure ! Vous savez, les
estomacs crient…Nous partons vers le restaurant : « La
Ferme » à St Avé.
Au menu : Kir, terrine de poissons, rôti de
porc, frites , tarte aux pommes. Vin, café.
Un épisode qui aurait pu mal tourné s’est passé
à l’entrée du restaurant : une pendule, probablement fatiguée
par les changements d’heure s’est brusquement laissé tomber… aux
pieds d’André !!!
Cet
après-midi, nous allons suivre Mme et M. Dubois qui ont déjeuné avec
nous et qui nous font l’amabilité de nous faire visiter leur manoir
de Rulliac en St Avé. La porte s’ouvre et c’est un
émerveillement ! Quel bonheur de trouver sur nos parcours autant
de belles choses. Merci Claude. La façade qui donne sur la cour d’honneur
est classée MH en 1925, la porte est ornée de pilastres avec losanges,
cercles, fronton à coquille, entablement avec 3 musiciens. La partie
sud, écroulée fut reconstruite fin XIXème, on en profita pour créer
des ouvertures au sud et à l’ouest ! Dans la cour d’honneur,
des tilleuls vieux de 400 ou 500 ans sont remarquables et pour cela,
répertoriés dans un ouvrage ! Après avoir fait le tour du
manoir, les propriétaires nous invitent à entrer. Nous découvrons d’abord
la cuisine à l’emplacement de l’ancienne salle de gardes avec une
cheminée monumentale, au-dessus de l’évier, un trou…on ne sait pas
à quoi il pouvait servir. Nous poursuivons par la salle de réception
qui possède encore quelques boiseries curieuses, on nous explique que
sur le bois on a peint des motifs imitant de la tapisserie que les
propriétaires de l’époque ne pouvaient s’offrir.
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De
là, nous partons au manoir de Tréviantec, à quelques kilomètres.
Arrivé quasiment à l’état de ruines en 1964, le manoir doit sa
renaissance à la pugnacité de la famille Le Guen. Les 1ers documents
qui le concernent remontent au XVème siècle, ce fut le siège d’une
seigneurie appartenant à la famille d’Arz, Donoal Arz y meurt en
1426. La façade est un mélange de styles gothique flamboyant
tardif et prémisses de la Renaissance avec fenêtres à meneaux. La
lucarne sud s’orne d’un grand fronton triangulaire avec
demi-colonnes, cordillère et coquille. Un fronton rectangulaire avec
armoiries aujourd’hui disparues abrite une fuite en Egypte commandée
par les propriétaires actuels à un artiste de Pluneret. A cheval sur
la lucarne, un ouvrier s’est représenté, il tient un outil dans la
main gauche et de la droite son bonnet. Eh oui, il peut y avoir du vent
là haut et on pourrait perdre son couvre-chef si l’on n’y prenait
garde.
Parmi les hôtes illustres qui ont vécu ici, citons
René d’Arradon, celui qui eut un rôle important pendant les guerres
de la Ligue. Contournant le bâtiment, nous découvrons la façade nord
avec ses trous de boulins, puis nous entrons dans la salle du manoir, c’était
la salle publique où se rendait la justice ; 3 oculi permettaient
de voir et entendre ce qui se passait dans la salle sans être vu,
vidéo-surveillance de l’époque en quelque sorte ! Sur le
tablier de la cheminée sont représentées des armoiries, trois épées
pour les Kergoët, trois glands pour les Glain de St Avoye et trois
perroquets pour les Guyot d’Asnières de Salins. Avant de quitter les
lieux, nous admirerons le superbe escalier à vis, quelque peu lézardé
à la suite du tremblement de terre de 1947, ne l’oublions pas, comme
nous l’a dit notre guide, Tréviantec est situé sur une faille
sismique principale qui va de la pointe du Raz au sillon de Bretagne
près de Nantes. Loïc notre « cailloutologue » confirmé
nous apprend ce qu’est le leucogranit, à propos, cette profession de
cailloutologue est une nouvelle définition entendue dans le tout
nouveau Robert ou Hachet ou plutôt Robert Hachet!!!
Contents de la visite, nous remercions M. Le Guen et
repartons pour Lorient, il fait encore jour !
Le voyage de retour sera agrémenté par la lecture
des acrostiches de Marie-Noëlle faite par Claude.
Encore une belle journée ! A bientôt.
JM |
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