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LANESTER

Du hameau à la  ville actuelle

 

Signification toponymique du lieu-dit

 

Claude Le Colleter

(SAHPL)

 

 

 

A l’approche du centenaire de la commune fondée en 1909, il m’a paru intéressant d’effectuer des recherches sur la toponymie du lieu, quelques compléments cartographiques, ainsi que sur l’implantation de la première mairie au début du XXème siècle.

 Les formes d’écritures anciennes sont Lanerster(1750), Lannester ou Lann ester(1880).

Lanerster (Cassini 1750) Lannester (1882) Lann ester( recensement parcellaire 1900)

Dans l’ouvrage « Secrets et mystères de nos Ker », Job Jaffré dont les écrits  sur la toponymie sont bien documentés  donne l’interprétation suivante :

Lan a le sens de monastère, d’établissement religieux.

Or il y a un prieuré à Saint Guénaël dont le souvenir est conservé par deux lieux-dits. Il est possible qu’il ait eu de l’importance et qu’il soit à l’origine de Lanester, peut-être même l’établissement initial ».

   Cependant il admet aussi la traduction commune locale à savoir, « la lande de la rivière ».

Considérant donc que des recherches sur la microtoponymie locale pourraient  donner des indices supplémentaires voir différentes à la traduction  du toponyme, les recherches que j’ai effectuées conduisent aux résultats suivants :

la cartographie

Lanester apparaît essentiellement sur deux cartes avec d’anciennes graphies :

Carte de Cassini (vers 1750)

Forme gaphique : Lanerster . On remarque la présence  du « r »  mais l’orthographe de Cassini est  souvent très  approximative  et phonétique

 

Carte Baumal (1882

1/ la traduction du « Lann »

En général quand il s’agit d’un lieu cultuel, prieuré, monastère, le nom du saint local suit le substantif. Ici il s’agit d’ « Ester » qui ne figure dans aucune liste d’hagionyme (personne sanctifiée).  Ce « Ester » tel qu’il se trouve ici et nous le verrons par la suite ne doit pas à mon avis être considéré comme un nom patronymique.

 La recherche microtoponymique à partir du cadastre napoléonien (1818) dans l’environnement géographique immédiat de cet emplacement  donne les résultats suivants :

 Lann-Vras, Lann-Scarh, Lann-Coquillé, Lann-Touldrain, Lann-Kerfréhour, Lann er Fetan, Lann-Gaseg, Lann-coste-forn sans compter quelques Parc-Lann, disséminés aux alentours.

On notera aussi un Lann-treh-vihan : la lande du «  petit passage » ainsi qu’un Parc Lann ester.

En consultant le vieux cadastre (état des sections des propriétés foncières; archives municipales) plus de 50% des parcelles avoisinantes sont classées comme « lande », le reste se partageant entre terres, pâtures, jardins…

De toute évidence, toutes ces parcelles sont à traduire au sens descriptif de lann signifiant lande.

   

1)      traduction de ester :

Dans certains lieux d’Europe « ester » signifie rivière, c’est le cas d’une rivière hongroise la Dynester , affluent du Danube lequel se nommait Ester au moyen-âge, et sur laquelle se trouve la petite bourgade d’Opusaszer.

Dans le nord de la France coule l’Yser et à Quimper, le Steir.

En Morbihan à Saint Philibert, le village de Pen er Ster, ainsi que Penester qu’à Etel, à l’embouchure de la rivière.

Et de l’autre côté du Blavet on trouvera côté Locmiquelic : Stervins, Sterbouest, Sterville, voire Sterlin….

Le « lettier » de la baie d’Audierne va évoluer en «  estier » pour donner le français moderne « estuaire » avec tout le sens que lui donne la proximité maritime.

« Lande sur la rivière » ou mieux « lande sur l’estuaire » voici ce que l’on peut considérer comme étant la traduction la plus pertinente.

A la fin du XIXème siècle le quartier de Kerentrech-Lanester s’appelle aussi Kerenster (village sur la rivière).

 

1909 : Le petit hameau devient une ville

 

     Lanester, petit hameau (on dit aussi « écart ») existe sur la carte de Cassini (1750), c’est là qu’on l’identifie la première fois ; il se trouve aussi sur le cadastre napoléonien de 1818 (6 habitations) ainsi que sur la carte Baumal de 1882, comprenait donc quelques maisons et se situait au croisement de l’avenue Kessler et de la rue Robespierre .

      En 1898 y habite  Jean Dugor, premier maître fourrier de la marine, Louis le Goff, charpentier au port de Jean le Coroller, ouvrier au port, Jean Le Mentec, second maître et la famille Mauduit y possède une maison.

Le hameau fait partie de la section cadastrale de Kervido, le plus grand village de proximité.

 Au début du XXème

    La commune trouve son autonomie le 26 février 1909, après quelques discussions. Au départ les habitants des quartiers de Kérentrech sont favorables à une intégration avec la commune de Lorient, d’autant plus de  nombreux Lorientais ou Ploemeurois sont propriétaires fonciers dans ce même quartier de Kerentrech-Lanester. Dans l’attente de la création d’une paroisse et vu l’éloignement de Caudan, les enfants sont baptisés en 1907 dans un hangar transformé en chapelle près du pont St Christophe (Hôtel de Toulouse, actuel Bougainvillé)

        Quant au choix de « Lanester » en tant que nom de commune, les nombreux hameaux, les « Ker », les « Toul »  ont une connotation péjorative de « petit village », Lannester, par contre de nombreux bourgs commence par lann,  il est très centré géographiquement pour y bâtir les bâtiments administratifs, indépendamment des antagonismes qui existaient à l’époque entre le quartier du Plessis et celui de Kerentrech.

     Voilà quelques raisons qui ont pu influencer le choix des élus de l’époque.

Non loin de cet épicentre, naîtra ensuite, car il ne figure pas sur les relevés 1900, un « petit Lanester » (actuelle place commerciale) comme existait déjà « petit Resto », « petit Kerpont, petit Kerrous, etc. »  sur le territoire communal.

 

Emplacement du village de Lanester

Situé au croisement des rues Kessler, Robespierre, M. Sembat

 

Suite à la fondation de la commune le Lanester-bourg (ancienne mairie, rue Jules Guesde) va apparaître et le site primitif va dorénavant porter le nom de Petit Lanester.

 

1909 : Nouvelle commune, nouvelle mairie

 

Le 18/04/09 Jean La Halper , le premier maire est élu à l’unanimité (21 voix/22)

 Dès la création de la commune en 1909 le choix du site est porté à l’intersection de la route des quatre chemins (J. Guesde et F. Mitterrand actuelle)  et celle conduisant à l’école publique (actuelle Joliot Curie construite en 1887), l’endroit choisi étant un passage bien fréquenté, bien centré qui deviendra « Le Bourg ».

C’est certainement la présence de cette école qui  déterminera le choix définitif.

 Voici un résumé des extraits des livrets de délibération du conseil municipal de 1909 à 1922. On y constate que l’implantation de la nouvelle mairie va durer 12 ans.

1) location d’un appartement

-le 16/10/1909 : le conseil municipal constate que le local actuel est trop restreint, M. le Maire fait connaître qu’il y a un appartement disponible au 1er étage de la maison Le Mouël. Le conseil municipal décide de retenir cet appartement au prix annuel de 90 francs.

-Le 30/01/1910, visite sur le terrain des conseillers, la construction d’un nouveau bâtiment s’impose.

-1914-1918 la 1ère Guerre mondiale et l’arrêt de tous les projets.

2) achat d’une maison particulière

-28/01/1921 Le maire expose que le local actuel ne remplit pas les conditions de salubrité et de distribution intérieure…Il rappelle à l’attention de l’assemblée d’acquérir l’immeuble appartenant à M. Louis Le Garff….Cet immeuble, (une ancienne boulangerie) comprenant un grand corps de bâtiment et de terrain, que le propriétaire consent à céder amiablement à la commune au prix de 25 000 francs, répond parfaitement au service auquel il serait affecté. Le conseil municipal, après avoir visité l’immeuble considère qu’il réunit toutes les conditions nécessaires et que le prix demandé est acceptable, autorise le maire à signer la promesse de vente, vote par ces motifs l’acquisition de l’immeuble moyennant le prix de 25 000 francs, la situation financière de la commune ne permettant de se libérer qu’au moyen d’un emprunt pendant 30 ans ayant effet à partir de 1922. L’immeuble sera rénové à plusieurs reprises et servira comme mairie pendant 50 ans jusqu’en 1992.

 

Cette maison (photo des années 30 collection C.L.C) fera usage de mairie de 1922 à 1992.

La Maison des Associations y a actuellement  trouvé sa place.

 

 

Pourquoi pas une promenade ?

Allez donc en randonnée au Lanester  de Baden, sur la rivière d’Auray, un superbe paysage en perspective.

 

 

 

 

     

 

Bibliographie

 

 

Secrets et Mystères de nos Ker, Job Jaffré

 

Documents Archives Municipales de la Ville de Lanester

 

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