Rechercher     Page précédente    Accueil      Plan du site

 

Landévant – La rue de l’Église en 1950

 

LANDÉVANT - ANECDOTES DE LA GUERRE 1939-1945

 

 

Claude Le Colleter

d'après les témoignages de Maurice Jéhanno

 

 

 

Maurice Jéhanno, 86 ans, commerçant né à Landévant et y résidant encore actuellement, avait 15 ans en 1939. Il se souvient bien de quelques épisodes qui ont marqué le bourg durant la douloureuse période de l’occupation allemande. Ses parents tenaient un café-forge-maréchalerie, route de Port Louis à Landévant (en face de l'actuelle pharmacie).

Voici quelques anecdotes des années 1943-1944 qu'il a bien voulu évoquer

Un avion s'écrase à Kergurun

Un jour, il aperçoit un avion allié en difficulté qui allait s'écraser.

« Je prends mon vélo et je me dirige vers le lieu du crash. L'avion s'était brisé en plusieurs parties. Il n'y avait personne à l'intérieur. Adossé à un arbre et assis sur le sol, le pilote, la jambe ensanglantée attendait d'éventuels secours. Je n'ai jamais su ce qu'il était devenu. Un autre avion sera abattu plus tard près de Kerbol, proche de Landévant mais sur la commune de Languidic ».

 

Surveillance de la voie ferrée.

Les groupes de résistance patriotes organisent et réalisent de nombreux déraillements de trains à proximité de Brandérion.

« En 1944, je faisais partie des jeunes de Landévant réquisitionnés par obligation pour surveiller la voie ferrée près de Kerbol sur Languidic. Bien entendu nos résultats étaient inexistants ».

Les obus tombent

« Je me trouvais à l'atelier, un obus est tombé juste à côté ça a fait un vacarme épouvantable. Une autre fois un obus est tombé sur la route en face et un éclat a percé le manteau de ma sœur qui se trouvait à l'intérieur du magasin. Une maison de la rue de l'église a été endommagée ainsi qu'une autre maison située rue d’Auray. Quelques voisins avaient creusé un abri dans le fossé d'un talus (derrière l'actuelle maison des associations) et nous allions nous réfugier quand les attaques aériennes commençaient ».

Il est vrai qu’à Keraude, non loin de la chapelle Saint-Nicolas, il y avait une batterie alliée, dirigée par des gars du Finistère. Lors de l'attaque de Nostang pendant l'été 1944, les Allemands ne pourront rejoindre que difficilement le bourg de Landévant car ils ne pourront franchir le pont du Palais (rivière limite Landévant-Nostang).

Présence allemande

« Les Allemands venaient souvent boire dans le café de mes parents. Un jour, l'un d'entre eux, gradé de l'Organisation Todt, à demi ivre est entré dans la cuisine. Il avait beaucoup de décorations sur son uniforme. Il les a a arrachées. On les lui a ramassées. Il a pris son briquet et a mis le feu dans le tissu de ses insignes en criant : « Krieg … Hitler … mitraillette … ! »

On était jeune et on jouait au football. Les Allemands avaient proposé un match de football. Le vicaire, responsable du club de foot avait accepté; il se disait qu'on lui offrirait des ballons, rares à l'époque. Je jouais ailier, les Allemands m'appelaient Moritz, ils m'obligeaient à trinquer avec eux. J'ai dû boire un verre de cognac cul-sec, contre mon gré, ce qui n'était pas dans mes habitudes ».

L'arrivée des Américains

« Les Américains sont arrivés par Mané Gouëllo en Landaul pour se diriger vers Lorient. A l'embranchement de la route du Pouldu, j’ai vu deux Allemands se rendre. Je suis allé avec un Landévantais, Lily Le Ny en direction de Baud, à dix kilomètres, au lieu dit Mane Commün pour prévenir les FFI afin qu'ils les récupèrent ».

Fin de guerre

« Pendant la poche de Lorient, j'étais militaire à Auray et je venais ravitailler les troupes qui étaient en ligne, à savoir le 71e régiment d'infanterie. Une bonne partie de ce régiment était originaire des Côtes d’Armor. On faisait le ravitaillement (sucre, café, haricots ...) sur le parking de l'église paroissiale, le sergent faisait les bons pour les effectifs et moi je pesais avec une balance romaine... Un jour, en effectuant le ravitaillement en camion sur Brandérion, beaucoup de papiers sur la route.....

Que se passait-t-il?

Les prisonniers allemands venaient à pied de Lorient pour se diriger vers Kervalh-Auray d'où ils seraient transférés. Pas de chance pour l'un d'entre eux, il a trébuché, est tombé et quelqu'un l'a poignardé. Triste fin ... »

Landévant – La rue de l’Église en 1950

Des Allemands fusillés

« Il y a eu des Allemands fusillés sur la place Cadoudal (à l'époque c'était la cour de la gendarmerie). Leurs corps ont été enterrés dans une prairie à Mané Lann Vras. Ensuite leurs corps ont été récupérés par les autorités ».