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Xème - XXIème SIECLE : MELRAND, UN VILLAGE EN CONSTANTE  EVOLUTION

 

Maud Le Clainche

Responsable d’exploitation

 

Du Xème au XlVème siècle, sur un plateau dominant la Sarre en MELRAND, un village de 17 bâtiments naît, s'épanouit et est abandonné sans que l'on sache pourquoi. Il était dépendance du seigneur du Porhoët dont le château était situé au Castennec (BIEUZY LES EAUX). Le village et son terroir font l'objet depuis plus d'un siècle de l'attention d'individus et de collectivités soucieux de protéger, d'étudier et de médiatiser son histoire.

 

         C'est à la faveur d'une fouille sur un autre site (tumulus de l'Age du Bronze), de la tradition orale et de l'étude du cadastre de 1828 qu'Aveneau de la Grancière met au jour un village dont il estime, en 1902, qu'il date de la protohistoire. Le toponyme Iann Gouh MELRAND ne laisse aucun doute sur le caractère anthropique des irrégularités de terrains très visibles. I1 en fait une description savoureuse toute emprunte du romantisme de l'époque, en précisant l'aspect défensif des lieux munis de protections, du caractère politique important du site puisqu'il y voit un château et de l'organisation remarquable de l'implantation des bâtiments avec forge, maisons bien alignées... Il est vrai que le Moyen‑Age rural est alors mal connu et donc ses composantes mal identifiées. Dans les années 40, les archéologues mettront en doute cette datation gauloise, forts d'autres études et d'une attention plus minutieuse au matériel archéologique. En 1977, lorsque Patrick André reprend l'étude des lieux, une évidence s'impose, nous sommes au Moyen‑Age. Cette datation est avérée par l'onctueuse, céramique produite dans le Sud du Finistère entre le IXème et le XIVème siècle. Pendant plusieurs années, les vestiges conservés sur 1,5 ha sont mis au jour et le matériel archéologique étudié. Un plan plus réaliste que celui du début du siècle se dessine, laissant voir une organisation tout aussi intéressante que celle, fantaisiste, d'Aveneau de la Grancière. Une place centrale primitive naît de l'installation de maisons et bâtiments annexes et des voies de circulation prennent forme à la faveur d'une extension postérieure vers le Nord. Des différences chronologiques et architecturales sont lisibles lors des fouilles, marquées par une hauteur des murs qui augmente, des chaînages d'angles plus élaborés et des montants de portes en pierres et non plus seulement en bois. Ainsi peut-on définir un noyau primitif puis postérieurement mais toujours médiévales, des extensions.

 

         Peu à peu les collectivités prennent conscience de l'intérêt scientifique du site mais tout autant de son caractère abrupt et peu accessible à un public non averti. En 1985, naît l'idée de confier à une archéologue le soin de mettre en valeur ce fragile et peu spectaculaire patrimoine. Le concept de Ferme archéologique prend forme, s'appuyant sur un respect des vestiges et sur l'archéologie expérimentale, alors peu répandue en France. Elle permet de retrouver des gestes, des techniques, des postures d'une époque tout en se basant sur la recherche traditionnelle. Sont alors lancées des reconstitutions architecturales grandeur nature (bergeries, chaumières, four, abri à bois, poulailler), une centaine de cultures de variétés attestées {condimentaires, potagères, techniques...) et l'introduction d'un cheptel le plus représentatif possible de celui de l'époque (vaches pie noire bretonnes, chèvres des fossés, poules gauloises dorées et moutons d'Ouessant). Le porc a volontairement été banni pour des raisons pratiques et de sécurité, pourtant il aurait fallu introduire en ces lieux quelques cochons de BAYEUX, se rapprochant assez bien de ceux élevés à l'époque. Le public peut alors peu à peu s'immerger dans l'ambiance de la vie quotidienne rurale de l'époque et les archéologues vérifier un certain nombre d'hypothèses formulées à la faveur de l'étude des vestiges, des archives et de la maigre iconographie. Les techniques tout autant que les matériaux sont choisis avec soin, afin de donner aux réalisations un caractère scientifique mais tout à fait attractif. Dans les années 2000, sont abordés d'autres thèmes, bien que le champ d'investigation des premiers n'ait pas été épuisé, sur la conservation alimentaire (pour les humains et les animaux, la métallurgie (chaîne opératoire de la transformation du minerai en outil) et un matériau essentiel à l'époque, le bois. Ce qui intéresse s'inscrit dans le champ des pratiques quotidiennes, impossibles à saisir dans les archives, trop rarement abordées par l'iconographie et dont les vestiges souvent organiques nous échappent.

 

Les expérimentations menées s'inscrivent donc dans le long terme, seule approche susceptible de gommer les effets du manque de savoir‑faire et d'éléments concrets sur cette période. Le multipartenariat se justifie alors plus que jamais, mettant ainsi plusieurs angles d'approche pour une même question et permettant une meilleure appréhension de ces aspects essentiels de la vie quotidienne. Les institutions s'impliquent alors financièrement, scientifiquement et techniquement pour épauler l'équipe en place. En parallèle à ces recherches, sont en permanence privilégiées les moyens d'approche adaptés à tous les types de public. Les scolaires sont en particulier choisis comme vecteur important de cette mise en valeur originale d'un patrimoine longtemps délaissé au profit du spectaculaire et de l'événementiel.

 

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