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Gourin 

La route des ardoisières. 22 Octobre 2006

 

     8h30 nous nous retrouvons place Glotin pour la 1ère sortie de l’année. Le car est là, les participants aussi, le soleil que nous avions pourtant convié ne viendra pas, remplacé par un intrus de taille: la pluie, elle ne nous abandonnera pas de la matinée, les nappes phréatiques en frétillent c’est une consolation!

La route est tranquille, les paysages dans la brume. Nous voici déjà à Gourin où nous attendent nos 2 guides:

    Antoine l’historien et Jopic le géologue, tous deux font partie de l’association TPMN (Traditions et Patrimoine en Montagnes Noires). Le car nous emmène en pleine campagne sur le site des ardoisières, comme ce doit être plaisant de s’y promener sous le soleil! Aujourd’hui, contentons-nous de ce que nous avons, c’est très bon pour le teint dit-on! Chacun avance sur le sentier débroussaillé à notre intention, pour ma part je regrette vivement d’avoir laissé mes bottes à la maison et ne suis pas la seule j’ai également la preuve s’il en était besoin que les ardoises ne laissent pas passer l’eau, qu’elles sont bien imperméables elles! contrairement à mes chaussures qui seraient en papier buvard.

Les Ardoisières - Note géologique (Joseph Le Guernic)

    Au bout d’1 km bien arrosé nous sommes devant un des sites les plus importants des ardoisières. Jopic nous explique fort bien comment de ce trou on parvient à la fabrication de l’ardoise mais la pluie ayant délavé mes notes …je ne vous en dirai pas plus! Tout près se trouve une bâtisse en ruine, c’était l’endroit où les ouvriers taillaient les ardoises, c’est aussi l’endroit où Antoine va nous raconter ce qui s’est passé le 10 Février 1911, dans l’ardoisière de Guernanic, au puits d’où nous venons. Ames sensibles n’écoutez pas, nous prévient le narrateur! Un jour , le tunnel d’accès à la chambre d’extraction de l’ardoise s’éboula, 6 personnes restèrent coincées, prises au piège, 50 m sous terre, les pelleteuses et autres engins n’existant pas à cette époque, une réunion de crise se tint pour décider de l’attitude à adopter. Après estimation de la situation et dans l’incapacité de porter secours aux pauvres emmurés il fut décidé d’arrêter le pompage de l’eau et par conséquent de mettre fin à leurs souffrances si toutefois ils vivaient encore. Des kermesses furent organisées pour aider les familles des ouvriers. Le site de Guernanic resta fermé pendant un an à la suite de cette catastrophe et le souvenir est encore présent dans la région aujourd’hui.

   Sur le chemin du retour, les plus courageux ou les mieux protégés ou les plus curieux peuvent voir de nombreux restes de l’exploitation, comme les ateliers où les fendeurs travaillaient à la fabrication de l’ardoise, les murs en étaient si peu hauts que l’ouvrier ne pouvait même se tenir debout. A quoi bon il était toujours assis!

    Le car et un peu de répit, je ne parle que de la pluie, direction le restaurant: la chaumière.

   Il faut se rendre à l’évidence: les vêtements de pluie de ville ne sont pas les vêtements de pluie des champs, ils ne sont faits ni pour les sous-bois ni pour les ardoisières car certains de nos amis sont très mouillés, trempés jusqu’aux os, littéralement. Voilà, après avoir mis les vestes à sécher devant la cheminée pour les plus chanceux, nous nous installons pour le déjeuner dont voici le menu:

Entrées variées
Jambon braisé
frites, haricots verts
tarte aux pommes 
le tout bien arrosé!

    Pendant le repas, la pluie, fatiguée de nous attendre, est allée arroser d’autres promeneurs. Nous ne sommes pas encore sous le soleil mais qui sait?

 

   Huit chapelles ont été répertoriées sur le territoire de la commune. Nous ne les verrons pas toutes mais commençons par celle de Saint Philibert: elle est située sur la butte de Landévec qui serait un diminutif de Landévennec, elle fut construite en moellon de schiste en 1668, Salou Noël étant maître d’œuvre, 3 coupoles lui donnent une forme de trèfle, la charpente en peuplier a été rénovée en 1878. A l’intérieur sont conservées de très belles statues: un St Philibert grandeur nature, un St Mathurin, un St Corentin, une ND de Bonne Nouvelle et surtout une Ste Anne Trinitaire classée MH, volée en Décembre 1979 et heureusement retrouvée. Le Christ aux outrages ou Christ souffrant en bois polychrome est du XVIème siècle. Devant la chapelle, un calvaire, qui auparavant se trouvait dans une propriété privée, orne le pâtis. Tout près, Loïc, notre spécialiste, nous montre du poudingue que nous ne pourrons avaler, pas assez arrosé, mais nous enrichirons notre collection de minéraux.

    Du car, nous verrons la chapelle Saint Nicolas, elle fut terminée en 1507 et est classée MH.

    Poursuivant notre périple, nous arrivons à la chapelle Saint Hervé, c’est la plus populaire des Montagnes noires, classée MH depuis 1922, elle recevait, nous dit Antoine, notre guide, 10 fois plus de pèlerins que toutes les chapelles environnantes on y bénissait les chevaux jusque 100 parfois 150, n’oublions pas que c’était l’énergie de l’époque, ils ne devaient pas tomber malades…3 messes étaient célébrées: à 6h, 7h30 et 10h30. Elle fut reconstruite, sur l’emplacement d’une ancienne chapelle, de 1518 à1536, par Yves de Boutteville, abbé de Langonnet et fils de Jean de Boutteville, baron du Faouët.

     Maintenant, nous arrivons au château de Tronjoly, il fut la propriété des familles Kergoët de 1426 à 1669 puis des Lollivier, Rouxel et Lescoët. Hermine de Lescoët épouse le baron Joseph de Salvaing de Boissieu qui décède en 1955, le manoir reviendra à sa fille Madeleine bien connue de tous et appelée par son prénom. Elle vendra le domaine, qui compte environ 20 ha, à la municipalité en 1984.

 

  L’église St Pierre et St Paul sera notre dernière visite, quelque peu dans la pénombre, elle fut édifiée en 1490 par le recteur Payen Daviou. Le plus remarquable est certainement la Vierge de Pitié, en bois polychrome du XVIème siècle qui se trouve dans un des bas-côtés de la nef.

   Je ne vais pas clore ce chapitre consacré à Gourin sans parler des Américains de…Gourin que nous rappelle la réplique pur plastique de la statue de la Liberté, située place Stenfort pendant la période estivale. Tout au long du chemin, Antoine nous a raconté cette histoire qu’il connaît bien puisque ses parents émigrèrent vers le Nouveau Monde dans les années 20. Lui est né à leur retour en France mais il a toujours de nombreux cousins de l’autre côté de l’Atlantique. Avant, les Gourinois partaient jeunes, gagnaient de l’argent rapidement et revenaient vivre au pays; maintenant beaucoup restent vivre là-bas, il est plus facile de revenir en vacances de nos jours, peut-être est-ce la raison?

 

 Nous quittons Antoine et reprenons la route de Lorient après une belle journée, même si elle fut un petit peu…mouillée!

JM