! Page précédente Accueil  Plan du site

 

 

BIFACE TRIANGULAIRE A TALON CORTICAL

 sur galet de quartzite à grain fin de couleur gris bleuté

   

découvert par Marc Galludec (SAHPL)

présenté par Alain Le Guen (SAHPL)

 

 

Description de la pièce

 La face supérieure présente quatre enlèvements dont les deux principaux déterminent la partie distale, en pointe, de l’outil. Ce premier travail visant à donner un contour triangulaire à la pièce, a été obtenu par la technique dite au « percuteur dur ». Les arêtes provoquées par l’enlèvement des éclats corticaux sont légèrement émoussées. Le talon, en partie proximale du biface conserve son cortex d’origine, comme il est fréquemment d’usage lors des prélèvements de galets marins sur les plages fossiles de l’époque quaternaire.

 Cette face supérieure très épaisse par rapport à la longueur de l’outil, est opposée à une face inférieure plane, ce qui donne à l’objet une coupe transversale en triangle isocèle. Le côté droit de la face supérieure est approximativement rectiligne, le côté gauche franchement convexe. Le profil du galet d’origine correspond très certainement à un choix délibéré de la part du futur utilisateur de l’outil, la partie corticale la plus lourde étant positionnée dans la paume de la main de ce dernier.  

La partie inférieure du biface est occupée par une large plage de cortex, sur environ la moitié de sa surface. Les bords de la pièce ont été rendus tranchants par la technique de retouche « en écailles ». « C’est la retouche dite « moustérienne » classique. Large et courte, plus large à sa partie distale qu’à sa base, elle figure les écailles d’un poisson, d’où son nom. Elle s’obtient au percuteur de pierre ou de bois » (F. Bordes). « En gros, la retouche partage les caractéristiques du débitage et de la taille. Quand le percuteur ayant servi à la retouche est en matière dure, la retouche est creuse, en gouge. Quand le percuteur est de bois, elle est plus plate. Mais en plus des caractéristiques dues au percuteur, d’autres viennent de la technique utilisée. » (F. Bordes). En l’occurrence, nous retrouvons les deux caractéristiques liées à l’obtention des tranchants : percuteur dur / percuteur tendre !...

            

 

Biface triangulaire partiel à talon cortical

sur galet de quartzite à grain fin de couleur gris bleuté (Dessins Marc Galludec)

 

Mensurations du biface

Longueur hors tout

138 mm

Largeur maximale

98 mm

Position de la plus grande largeur par rapport à la longueur

55 mm

Largeur à la mi-hauteur du biface

85 mm

Largeur aux trois quarts de la hauteur

55 mm

Epaisseur maximale

56

Poids : 680 grammes

 

Utilisation du biface

 

« Aux temps préhistoriques, comme de nos jours, « la technique n’est jamais qu’un moyen », l’outil définit par sa morphologie ou son usage étant la fin » (F. Bordes)

Le biface, outil polyvalent permet en effet de se servir, en toute hypothèse, de ses côtés tranchants, à des fins de découpe de peaux d’animaux, de leur chair, de leurs os, « substantifique moelle » (Rabelais) ;  de se servir également pour le raclage de ces mêmes peaux (confection de vêtements, d’abris temporaires, …). Le biface peut être utilisé comme « pioche » pour déterrer des tubercules ou préparer des trous de poteaux, ou écorcer des pieux pour la chasse au gros gibier. Autre possibilité, l’homme préhistorique peut s’en servir comme moyen de défense ou d’attaque, en combat rapproché lors de conflits territoriaux… ; mais, en aucune manière, il ne peut affronter la faune sauvage où la seule possibilité est l’utilisation de pièges naturels ou artificiels …

 Datation relative

Paléolithique moyen. Appartenance typologique : Acheuléen supérieur (final ?), à situer dans une fourchette de 150 000 à 200 000 ans

 Espèce humaine : Pré-néandertaliens

 Conclusion

 A l’échelle des temps préhistoriques, le façonnage d’un biface est le fruit d’un « savoir faire », d’un apprentissage millénaire ; la technique utilisée à Plouhinec est identique à celle utilisée lors de la récente découverte de deux pièces au lieu-dit Kernours en Kervignac, par un sociétaire de la SAHPL.[1]

La réalisation remarquable et la fraîcheur exceptionnelle du biface tiennent peut-être à son enfouissement dans une formation sableuse à gros grains, d’un lambeau de plage quaternaire. Son apparition à marée basse pose une fois de plus le délicat problème du « trait côtier » de notre littoral à l’époque considérée.

 

A Kerloret, Ile de Groix, le 1er février 2007

 

v