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Fort de l’expérience engrangée depuis l’an 2000, j’ai organisé entre le 11 et le 14 novembre 2004, un nouveau séminaire de terrain abordant divers thèmes  concernant l’inventaire archéologique de la basse Cornouaille à travers la prospection. Avec le soutien financier du Conseil Général du Finistère, à travers l’association Tumulus (U.B.O. de Brest) et dans la poursuite de notre travail de l’année 2003, nous nous sommes installés sur la commune d’Elliant (29) au cœur de notre zone d’étude. Grâce à l’accueil très adapté de l’Institut rural, nous avons pu, dans une bonne ambiance, travailler dans les meilleures conditions.

Comme tous les ans, les participants au stage étaient d’origine et d’âge divers. Le lien entre tous est l’intérêt pour l’archéologie de terrain. Pour l’aspect scientifique et l’analyse des informations, j’ai fait appel à des chercheurs expérimentés : Gregor Marchand (Chercheur au CNRS), Yvan Pailler (Docteur en Préhistoire), Yohann Sparfel (Titulaire d’un DEA en Préhistoire) et Rodrigue Tsogou (Doctorant en géologie – Université de Rennes 1). Pour compléter l’équipe, des étudiants en archéologie, des personnes connaissant bien le territoire étudié et des chercheurs libres (Prospecteurs membres du programme commun de recherche sur le mésolithique du CNRS et de la société archéologique de Lorient), nous ont accompagnés. Concernant les territoires étudiés, à partir d’Ergué Gabéric et de la faille sud Armoricaine (Analysée en novembre 2003), j’ai procédé à un élargissement vers le nord, en effectuant un début d’inventaire sur la commune de Briec et vers le sud en réalisant une prospection systématique sur les communes de Saint-Evarzec, Fouesnant, Pleuven, La Forêt-Fouesnant et Saint-Yvi.. En outre, grâce à Jean Pierre Toulerastel et ses informations, j’ai fait réaliser une analyse des bords de l’estuaire de la vallée de l’Odet et un inventaire archéologique de Concarneau en collaboration avec la Mairie.

 En bref, ce séminaire de terrain avait pour objectif de répondre à plusieurs interrogations que nous avions soulevées dans les éditions précédentes : l’occupation lithique en basse Cornouaille, existe-t-il un modèle commun avec le reste de la Bretagne ? Quels liens y-a-t-il entre les carrières d’extraction et la fabrication des outils ? Faire un inventaire pour ARKAE des données archéologiques sur Ergué Gabéric, Briec et Concarneau grâce aux informations accumulées par les photographies aériennes réalisées par Roger Bertrand (Société archéologique de Lorient) pour toutes les périodes. Compléter enfin, l’inventaire lancé par Pierre Gouletquer (CNRS) sur la Bretagne avec ses « chercheurs libres ».

 ORGANISATION

 Pour répondre à ces questions comme pour l’année précédente, avec l’aide de la vingtaine de personnes ayant participé au stage, j’ai défini des équipes de terrain composées de 5 à 6 individus. La répartition de ces groupes s’est faite géographiquement et selon le thème.

 Une première équipe dirigée par Jean Claude Sonic, s’est occupée de l’inventaire des données archéologiques sur la commune de Briec. Ils ont essentiellement travaillé sur le sud de la commune et débordé sur l’ouest d’Edern.

Une seconde équipe dirigée par mes soins (Yann Bougio) s’est occupée de poursuivre l’inventaire sur la commune d’Ergué Gabéric et sur la commune de Concarneau avec le soutient logistique de ces municipalités.

Une troisième équipe dirigée par Jean Pierre Toulérastel et Emilie Condron a travaillé sur l’inventaire le long de l’estuaire de l’Odet (sur les deux rives entre Quimper et Combrit / Bénodet). Une pré-étude avait montré une occupation néolithique intéressante. Il y a un lien avec les découvertes faites dans le pays Bigouden ces dernières années.

Une quatrième équipe dirigée par Bernard Ginet s’est occupée de l’inventaire entre le Jet et Le littoral. Elle a cherché à voir l’occupation lithique dans cet espace en lien avec nos découvertes précédentes dans la région. En particulier pour ce qui est de voir la dispertion du grès lustré dans la zone.

La dernière équipe dirigée par Rodrigue Tsogou s’est occupée de l’aspect géologique du territoire et des matériaux de substitution au silex abordés dans les articles précédents et notamment étudiés par Yvan Pailler et Estelle Yven (Docteurs en Préhistoire). Une analyse des roches utilisées pour les haches polies a été effectuée sur la commune de Pleuven en particulier, ainsi qu’une recherche de carrière de fibrolite. Un suivi de l’ultra-mylonite et du grès lustré a enfin été effectué durant cette recherche.

Comme chaque année, j’ai eu la chance d’avoir des personnes qui m’ont communiqué ou présenté des objets archéologiques majeurs permettant d’affiner nos réflexions sur les matériaux. Ainsi, sur Melgven et Ergué Gabéric, des haches en dolérite et fibrolite, de taille importante, m’ont permis de découvrir des outils néolithiques inédits.

 Afin d’affiner le travail après 3 jours ½ de prospection, comme pour le séminaire de novembre 2003, le dimanche après-midi (le dernier jour) a été consacré à l’analyse des résultats et à la constitution du tableau de synthèse avec l’aide de Yvan Pailler. Il faut savoir qu’au retour des prospections, le soir, chaque équipe nettoyait et référençait (situation géographique) les objets trouvés.

 CONTEXTE 

Bénéficiant d’un cadre idéal pour ce séminaire de terrain, j’ai fait réaliser deux conférences sur les travaux en cours en rapport avec notre étude. Yohann Sparfel a présenté son travail sur l’inventaire et les fouilles sur Molène, qui ne sont pas sans rappeler le même type d’analyse sur l’Ile aux Moutons par Gwen Hamon. Ces travaux sont à rapprocher de nos découvertes sur le continent et participent à notre dynamique collective. La deuxième portait sur la géologie et les matériaux de substitution au silex par Rodrigue Tsogou (doctorant en géologie). Ces interventions ont permis de cadrer nos recherches à long terme et d’ouvrir aux prospecteurs locaux des  perspectives de recherche.

 Durant le séjour, les équipes de prospection ont bénéficié de conditions météorologiques parfaites et d’un libre accès aux champs.

 RESULTATS

 Pour ce qui est des résultats de ce 5^ème  séminaire de terrain en Basse Cornouaille, il faut signaler un affinement des informations du fait du temps et de la qualité des prospecteurs. Au bout de 5 ans les yeux se sont affinés et les trouvailles progressent sensiblement. Le balisage systématique des champs dans le secteur étudié permet d’avoir une vision de plus en plus précise du territoire en complément de l’analyse effectuée par photographies aériennes.

Durant ce stage de prospection, l’inventaire sur le mésolithique et le néolithique s’est bien précisé. Sur la centaine de champs prospectés, une soixantaine de sites, comme en 2003, ont été repérés de périodes et qualités différentes.

Il ressort une nouvelle fois la prédominance des sites de l’époque Néolithique avec des pièces caractéristiques (Grattoirs et lames) en particulier sur la région de Quimper (Corniguel 1 – 2 – 3 et 4), dans le prolongement de l’estuaire sur Combrit (Botform) et Plomelin (Coat Timon).

Sur Ergué Gabéric, nous avons circonscrit le site de Maner Botbodern découvert à Elliant en 2003, où nous avions trouvé une hache en dolérite. De plus, on a mis cette année à jour un site Protohistorique sur Créach Ergué (nombreux débris de céramiques) et les restes d’une céramique décorée sur l’est de la commune. Sur Briec, l’inventaire lancé sur la partie sud ne fait apparaître que des indices, sauf sur Kernescop avec une occupation Néolithique. Les tessons médiévaux dominent dans cette zone.

Sur le sud du Jet peu de découvertes. Ceci confirme les théories d’occupation définies par Pierre Gouletquer par le passé. Le grès lustré est tout de même présent dans plusieurs zones, dans le prolongement du site de Kermorvan.

Concernant l’étude sur Pleuven, nous avons circonscrit quelques uns des matériaux utilisés pour la fabrication des haches polies.

A signaler, la présence de haches en dolérite remarquables sur la commune de Melgven au lieu dit Kervrez Pell (24 cm). Sur Bannalec et Ergué Gabéric découverte de haches en Fibrolite.

L’ensemble du travail fait une synthèse intéressante pour la suite en corrélation avec le travail précédent.

 CONCLUSION

 En conclusion, durant ce dernier séminaire de cette première campagne (2000 – 2004),  on retrouve une continuité entre les territoires de la Cornouaille et les périodes d’occupation. Comme le précise l’article suivant de Yvan Pailler, l’occupation du Néolithique récent est majoritaire sur la zone. On retrouve une série de grattoirs caractéristiques. Concernant les périodes plus récentes, l’occupation gallo-romaine s’avère caractéristique avec une concentration de villas sur des communes comme Trégunc. Sur l’ensemble de la prospection sur 100 champs prospectés, 60 nous donnent des sites ou des indices et 5 sont des sites avérés de plus de 50 pièces. (Correspondant à la limite donnée par le service régional d’archéologie de Rennes pour les déclarations). Pour l’avenir, il sera intéressant de poursuivre l’inventaire vers le nord de la zone au niveau de la vallée de l’Odet qui présente toujours un espace « vide » dans les résultats. En effet, on a juste des indices sur Briec de l’époque Gallo-Romaine. Concernant Ergué Gabéric, le premier inventaire est fini. Il faudra demander à ARKAE et  à un étudiant de sortir une monographie. Le travail sur les matériaux doit se poursuivre avec Rodrigue Tsogou et Gregor Marchand en particulier.