STAGE DE TERRAIN DE KERNEVEL DU 10 AU 12 NOVEMBRE 2006 L’occupation
néolithique de Cartographe
S.I.G. – Organisateur du stage (Synthèse
des résultats sur les 8 ans de Prospection) Région
de l’Aven – Zone Odet / Laïta
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Depuis
huit ans, je suis chargé de l’inventaire archéologique de la région
bordant la rivière Aven. Dans ce cadre, j'ai organisé un cinquième séminaire
de prospections thématiques sur ce territoire. Ce travail s’inscrit
dans un contexte particulier et concerne divers organismes de recherche. Mon
expérience acquise auprès de M. Pierre Gouletquer et de l’association
Tumulus (UBO) me permet d’avoir une bonne vision de ce travail
d’inventaire (Prospections et inventaire sur le Bas Léon et la commune
de Dirinon (29)). La première étape de l’étude consiste à contrôler
les sites repérés par photographies aériennes. Dans ce cadre, la
prospection au sol, dont je suis chargé, analyse et échantillonne des
objets récoltés sur des parcelles où l’on a vu des enclos ou des
villas (observation de fossés ou de murs), pour les dater. L’objectif
est de transmettre des fiches archéologiques complètes pour le Service Régional
d’Archéologie de Rennes qui coordonne la fabrication de la carte archéologique
de la région Bretagne. Celle-ci est l’outil premier de l’archéologie
préventive qui précède tout aménagement. Les fouilles éventuelles
sont alors confiées à l’INRAP ou au service départemental d’archéologie.
Au
cours de ces premières prospections, nous avons mis vite en évidence
autre chose que de simples tessons de la protohistoire, de l’époque
romaine ou du haut moyen Age. Nous avons commencé à relever une quantité
importante de pierres taillées ou polies. Cela, m’a permis d’ouvrir
cette recherche d’abord centrée sur Trégunc sur l’ensemble du
territoire de l’Aven. Pour mettre en valeur ces découvertes, je me suis
rapproché du PCR (Programme collectif de recherche sur mésolithique). De
là, est née une collaboration entre différents chercheurs et
prospecteurs de la région Bretagne. L’objectif étant une analyse fine
du territoire et son étude dans un contexte plus large sur les périodes
du mésolithique et du néolithique. A partir de là, j’ai intégré mes
recherches avec les études précédentes effectuées par Grégor Marchand
(Chercheur au CNRS – UMR 6566) dans
la partie Est du territoire et les recherches de prospecteurs locaux comme
M. Raymond Le Floch, M. Le Roux, M. Perry, M. Gueguen, M. Scoazec (sur la
commune de Névez) et Mme Delaloy. Après
les diverses prospections engagées depuis 8 ans et le complément fait
avec les anciennes études, l’analyse du territoire devient plus fine et
nous pouvons commencer à avoir une bonne vision de l’occupation humaine
aux différentes périodes. De la même façon, nous avons aujourd’hui
une idée précise des roches employées par les hommes de la préhistoire
pour fabriquer leurs outils (avec l’aide de Rodrigue Tsogou –
Doctorant à Rennes 1) et les échanges pouvant exister dans ces périodes
anciennes. Nous appliquons ici les méthodes utilisées sur d’autres
territoires comme on le fait en région Centre (voir l’ouvrage récent :
« L’analyse
des résultats nous a permis de mettre sur pied sous la direction de Grégor
Marchand une première synthèse avec le mémoire de Master de Claire Le
Bloa soutenu en 2006. Mon travail de cartographe m’a permis en outre de
constituer et compléter une base de données précises sur cette zone
d’étude. Il en ressort un certain nombre de résultats que
j’exposerai dans une deuxième partie. Dans un premier temps je vais
vous présenter le travail du dernier séminaire de novembre dernier. I
/ Séminaire de terrain du 10
au 12 Novembre 2006 – Kernevel (29) Je
tiens aussi à remercier l’ensemble des prospecteurs qui depuis des années
m’accompagnent et m’aident dans cette entreprise. (Jean Claude Sonic
en particulier pour le
reportage photographique lors de ce dernier séminaire) Nous
pouvons avoir ainsi, une vision intéressante sur les hommes vivant entre
– 4500 et – 1500 avant JC
sur ce territoire. Grâce à des découvertes récentes comme celle
d’une flèche datant du Néolithique ancien par M. Scoazec de Nevez (29)
nous savons aujourd’hui que la sédentarisation s’est faite assez tôt
dans cette partie du territoire breton. A partir de toutes ces découvertes
il était important d’observer l’ensemble du territoire, d’où la nécessité
d’un nouveau séminaire de terrain pour compléter les espaces vides. (Voir
tableau des résultats du séminaire) Dans
le premier cas nous avons constitué des équipes de prospecteurs qui ont
étudié les parcelles libres d’accès, c’est à dire non semées. Le
problème de ces zones vides, réside dans la difficulté d’accéder à
des terrains « lisibles ». En effet, la zone est caractérisée
par la prédominance de prairies du fait de l’élevage et la présence
de grandes zones boisées. Nous avons sur ce territoire beaucoup plus de
problèmes pour la prospection archéologique au sol, au contraire du pays
Léon par exemple. Il m’est arrivé durant ce séminaire de parcourir,
au Nord de Bannalec, des kilomètres sans voir un seul champ cultivé.
Cette situation explique ainsi la pauvreté des résultats dans ces
espaces. Nous avons pu cependant compléter notre base de données à
travers certaines parcelles disponibles. Dans
le tableau et la carte en pièce jointe vous pourrez constater que nos équipes
ont pu mettre en évidence 37 nouveaux sites (un site correspond à
environ 30 pièces de la même période) ou indice de site. Nous avons été
ici à nouveau dans la moyenne des séminaires précédents (environ 40
nouveaux sites par séminaire, soit environ 250 en 5 occasions). La
prospection s’est passée selon la méthode traditionnelle :
observation et prélèvements dans les sillons des vestiges (pierres taillées
ou aménagées, tessons, tegulae et scories). Nous ramassons tout ce qui
peut nous donner un indice du passage de l’Homme dans le passé et pour
une datation précise. Nous observons ensuite les concentrations pour déterminer
l’implantation exacte de l’habitat. Pour la première fois une équipe
a pu utiliser un GPS pour situer cet aspect (grâce à Annette Flageul,
archéologue amateur aguerrie qui a rejoint notre équipe cette année,
pour la zone de Fouesnant). Sur la totalité du week-end nous avons
prospecté 62 champs pour un résultat positif à 59 % pour les champs
prospectables.
A
signaler dans les découvertes faites cette année par nos équipes 2
sites d’importance : Loj-Nahennou en Bannalec avec 54 pièces et
Kerandreo Loyan en Riec-sur-Belon. Dans le premier cas, on a retrouvé 4
éclats retouchés caractéristiques du Mésolithique final. Dans le deuxième,
on est face à un habitat du Néolithique final avec un grattoir et une
pointe de flèche (ci-contre). A
noter aussi la présence le long de l’estuaire de l’Odet d’une
concentration importante de sites inédits, avec la découverte une
nouvelle fois cette année, de deux sites néolithiques sur la commune de
Combrit : Kerlec Penker et Kerlosquet, mis à jour par notre équipe
de prospection géologique, avec sur le premier site un outillage et un éclat
de dolérite de type A retouché, de Plussulien (22). Concernant
cette même équipe, pas de nouvelle carrière découverte (en particulier
de fibrolite ou de grès lustré). Un aspect qui fera l’objet dans les
mois à venir d’un travail spécifique par Yvan Pailler. Par contre,
nous avons pu compléter notre carte des faciès de cette zone géographique
marquée par la faille sud armoricaine avec l’aide de Rodrigues Tsogou.
Rappelons que cet espace est caractérisé par la présence de roches
compressées comme l’ultramylonite de Tremeven qui possède les mêmes
propriétés de taille que le silex. La
dernière équipe dirigée par Roger Bertrand a permis de dater et
confirmer les sites gallo-romains de Kerjamet Stang Quinquis et Scalennou
en Bannalec, observés par photographie aérienne. Pour
conclure cette partie sur le séminaire 2006, je tenais à remercier Loïc
Langoët (Président de la section archéologie de l’Institut Culturel
de Bretagne) qui est venu le samedi après midi. Il nous a fait un exposé
sur le mégalithisme dans les Côtes d’Armor. La séance a été suivie
par une visite de quelques sites sur
la commune de Pont-Aven avec l’étude de deux allées couvertes et
d’un menhir. Cette partie nous a permis de confronter les méthodes de
relevés des monuments mégalithiques. Un nouvel inventaire sera mis en
place dans les années à venir pour ce territoire. Il n’existe pas
actuellement d’état des lieux ou de publications récentes comme sur
les Côtes d’Armor ou dans le Pays de Lorient. II
/ Synthèse du séminaire et intégration
dans le travail d’étude Concernant
le Mésolithique et le Néolithique nous avançons de manière très
positive, malgré les trous sur la carte archéologique. Les
dernières découvertes permettent de mettre en place des modèles
d’occupation sur cet espace. L’observation
des cartes de synthèses, fait ressortir un certain nombre de phénomènes
que Claire Le Bloa a mis en évidence dans son mémoire de Master. Les
dernières découvertes le confirment. La prédominance des habitats néolithiques
permet d’affiner les résultats. De là, on observe des critères
d’installation topographiques, hydrographiques et géologiques. Comme
l’avait observé déjà Pierre Gouletquer, les habitats néolithiques
sont situés à une certaine à distance du littoral de l’époque (fin
de la transgression flandrienne) à la différence du Mésolithique.
Ensuite, les plaines ou plateaux sont privilégiés pour avoir un regard général
des terres environnantes (voir les sites Maner Bot Bodern en Elliant et
Loj-Nahennou en Bannalec). La
dernière observation est tout particulièrement intéressante et concerne
l’étude du mobilier lithique en fonction de la géologie. En effet, les
populations néolithiques comme mésolithiques possédaient une véritable
capacité d’adaptation au milieu dans lequel elles se trouvaient. Comme,
le montrent les cartes, on n’utilisait pas les mêmes matériaux pour
l’outillage selon le lieu où l’on se trouvait. La cartographie montre
une concentration des outils en silex sur le littoral où les galets sont
présents en grande quantité. A l’intérieur des terres le long de la
faille sud armoricaine c’est l’ultramylonite qui prédomine, tandis
qu’à l’ouest c’est le
grès lustré avec la présence des gisements du Moulin du Pont et du
Porzay. Le territoire se découpe ainsi en trois zones d’habitat
importantes. A signaler la présence de silex et de grès lustré un peu
partout. On peut imaginer un échange commercial entre ces différents
groupes humains. Plus largement, à petite échelle, on retrouve des phénomènes
similaires autour des haches polies (dolérite de Plussulien (22)) et du
silex d’import comme celui venant du Grand Pressigny (37) (en Touraine). Les
prospections au sol entreprises depuis plusieurs années ont ainsi permis
d’avoir une vision assez précise de l’occupation humaine sur un
territoire à une période donnée. Au-delà, du travail fait en Aven le
complément effectué sur les autres territoires permettra d’avoir une
vision d’ensemble des phénomènes. La comparaison avec les travaux de
Pierre Gouletquer (Pays Bigouden et Finistère), Yvan Pailler (Bas Léon),
Estelle Yven (Vallée de L’Hyère et Trégord), Gérard Tournay (Pays de
Pontivy) ou Bernard Ginet (Pays au nord de Lorient) sont des indices
importants pour comprendre les relations entre ces hommes du passé. Au-delà
de ce travail sur le Néolithique qui devient aujourd’hui payant au vu
des informations que nous obtenons, il reste à effectuer sur ce
territoire, comme pour ceux qui l’entourent, des inventaires sur
l’ensemble des périodes. Ces études ne pourront se faire sans
l’implication active des professionnels de l’archéologie et un appel
aux étudiants des universités bretonnes. Au cours des prospections aériennes
et au sol nous avons recensé de nombreux sites de l’époque romaine, de
la protohistoire et de l’époque médiévale qui restent en suspens dans
l’étude. Les collections de céramiques commencent à être étudiées
par des chercheurs comme Gwenaëlle Hamon qui fouille sur des sites aux Glénan.
(découverte par exemple d’une céramique décorée de Enfin,
des communes comme Ergué Gabéric (29), suite à nos prospections, ont un
inventaire archéologique complet qui mériterait d’être publié. Ce
travail en vue de compléter la carte archéologique de
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