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LES SEIGNEURS DE SAINT-GEORGES

XIVe - XVIIIe siècles

 

Un exemple de transmission et d'extension des propriétés,

droits et privilèges seigneuriaux

 

I.- COUTUMES DE BRETAGNE IV.- DE COSNOAL DE SAINT-GEORGES

           La châtellenie de Nostang

          Lieuzel

II.- EVOCATION DES SEIGNEURS FONDATEURS V.- DE MARNIERE DE GUER
           Saint-Georges Kerpunze  Saint-Nudec VI.- PREROGATIVES ET PRIVILEGES
          Kermérien - Le Pélem - Le Cranno VII.- HIER ET AUJOURD'HUI
          Des Portes, seigneurs de Kersabiec

Bibliographie

III.- L'ASCENSION DES SIEURS DU CARTIER ET DE VILLENEUVE

Autres Sources et Archives(n° 1 à 47)

          Seigneurs protestants - Seigneurs ligueurs

Tableaux généalogiques      ( Bulletin n° 27 - 1996)

 

Il n'y a point de Coutume qui accorde plus à la noblesse de race que celle de Bretagne qui conserve encore aujourd'huy, article 542, l'assise du Comte Geffroy en l'an 1185, qui porte que les Baronnies et fiefs des Barons et Chevaliers, appartiendront entièrement à l'aîné, qui est seulement obligé de donner quelque chose d'honnête à ses puînés".

Me Denis Le Brun, Avocat au Parlement - Paris 1743

"Combien que selon la coutume, ordonnance et établissement du duché et pays de Bretagne, entre les nobles les fils puînés ne doivent prendre, n'avoir en la succession de leurs pères et mères, nul ni aucuns héritages à en jouir héritellement, mais seulement y avoir provision par manière de bienfait, leur vie durant tant seulement ... ... a mondit seigneur le Duc baillé, cédé, livré et transporté, à en jouir héritellement et perpétuellement en fief d'apanage pour lui et ses hoirs mâles procréés de sa chair en loyal mariage, le nombre de 6000 livres de rente de levée à l'usage et coutume des pays où elles sont assises ...".

Partage donné par le duc Jean V à Pierre de Bretagne son fils puîné - 2 mars 1438

Dom Morice - Preuves II - c. 1319 - c. 1320

de St-Georges

 

I.- COUTUMES DE BRETAGNE

L'acte de partage du duc Jean V en 1438 rappelle les règles fondamentales en matière de succession chez les nobles :

 

· le fils aîné est héritier principal

· les puînés peuvent pendant leur vie jouir des revenus attachés à des seigneuries

· éventuellement, ce bénéfice se transmet aux fils, mais en cas d'absence d'héritier mâle, l'apanage prévoit le retour des terres et de leurs revenus au "seigneur chef de nom et armes", à défaut au duc ou au roi.

 

Les règles de succession qui ont leurs sources dans le droit romain subissent des modifications au cours des siècles et, en Bretagne, on compte trois Coutumes successives ; leur application est en permanence l'affaire de la Justice.

Chez les roturiers l'égalité est la règle du partage, elle deviendra la règle générale.

On trouvera dans l'exemple de la seigneuries de Saint-Georges, ou de celles qui lui sont annexées, bon nombre de successions collatérales, imposées par le décès d'un seigneur "sans hoir de son corps".

Les grandes seigneuries sont du ressort de la juridiction royale du Châtelet à Paris, où exercent une centaine de notaires. Les autres nobles et les roturiers, en cas de succession collatérale, adressent une "requête" à la juridiction du fief, à celle du seigneur supérieur ou à la sénéchaussée royale selon les Coutumes de l'époque.

Les juges exercent la mainmise sur l'ensemble des biens après avoir apposé leurs sceaux et procédé aux "mesurages et prisages" détaillés. Des "bannies" à la sortie de la messe paroissiale ou sur les marchés font appel à témoins ou opposants.

La cour de justice saisie de la succession examine les titres, entend les témoins, vérifie les filiations à travers les "extraits baptistaires" ou déclarations des prêtres et familiers.

Les héritiers présomptifs ont avocats et procureurs, car il s'agit de savoir non seulement si la requête est légitime mais de décider quel est le parent le plus proche du défunt ("proximité de lignage"), et "habile à lui succéder", questions souvent délicates et qui relèvent des juristes.

Pendant une année la justice seigneuriale est suspendue, celle du roi lui est substituée, et les juges des sénéchaussées d'Hennebont, Quimperlé, Auray ... se déplacent pour la rendre. Enfin, la sentence de mainlevée de succession est rendue en faveur de l'héritier reconnu principal ; dans le cas d'une succession noble le nouveau seigneur nomme aussitôt ses officiers de justice et adresse au seigneur supérieur et à la Cour des Comptes la déclaration de ses biens.

Si un puîné a vendu des terres qui lui étaient en quelque sorte prêtées, le nouveau seigneur peut en exiger le retour par "retrait lignager".

 

L'ensemble de ces dispositions juridiques vise à éviter le démantèlement des seigneuries. S'il se produit : "démembrement" avec "atournement", c'est à dire changement de seigneur à qui les vassaux doivent obéissance, ou si au contraire des achats, dons ou héritages permettent de fondre ces acquisitions dans la seigneuries d'origine, voire d'en constituer une nouvelle, c'est après examen juridique et décision ducale ou royale, enregistrée au Parlement de Bretagne.

La reconnaissance du droit des femmes à la seigneurie, au moins par représentation des fils, est maintenue après le double mariage d'Anne de Bretagne avec des rois de France.

 

Les inventaires, les "aveux" à la Cour des Comptes et les actes de justice conservés sont les documents de base du chercheur.

Extraits des Coutumes générales du Pays et duché de Bretagne

Traité des successions, par Me Pierre Hévin, doyen des avocats du Parlement - 1745

w "Et aura l'aîné par préciput, en succession de père et mère, et en chacune d'icelles le château ou principal manoir, avec le pourpris qui sera le jardin, colombier et bois de décoration, et outre les deux tiers ; et l'autre tiers sera baillé aux puînés par héritage, tant fils que filles pour être partagé par l'aîné entr'eux en égales portions ..." - Article 541.

w "Et les autres biens qui se trouveront esdites successions collatérales, par quelque moyen que ce soit, seront partagés entre eux noblement, savoir les deux tiers parts de l'héritage et meubles à l'aîné, et le tiers aux puînés, fils et filles par héritage" - Article 544.

w "L'héritier mâle ou les descendants de lui, en quelqu'âge qu'ils soient seront préférés, pour le droit d'aînesse, en toutes successions directes et collatérales aux filles et descendantes d'elles". - Article 547.

 

La châtellenie de Nostang

La donation du duc Jean V présente un autre intérêt : parmi les terres et seigneuries énumérées figure la châtellenie de Laustenc pour 120 livres de revenus et celle de Quereboën (Quiberon)

 

B. d'Argentré, sénéchal de Rennes, puis Arthur de la Borderie, voient dans la châtellenie de Laustenc (Nostang, de Lost Stanc, queue, bout de l'étang ou rivière d'Etel) une seigneurie ducale avec sa juridiction antérieure à la sénéchaussée d'Hennebont, laquelle s'est imposée avec le développement de la ville neuve, face au vieil Hennebont de la rive droite du Blavet, dominé par son château aujourd'hui disparu, mais dont l'emplacement demeure reconnaissable.

Les seigneuries de la rive gauche du Blavet dont nous suivons la fusion ou les séparations ont pour cadre cette châtellenie de Nostang limitée par la rivière d'Etel, Languidic et Inzinzac, le Blavet, l'océan.

Au XVe siècle, les terres sont réparties entre plusieurs nobles et roturiers aisés, vassaux des Rohan et du duc, et dont la richesse inégale s'est construite au Moyen Age.

Quelques textes éclairent l'histoire locale avant le XVe siècle et témoignent du peuplement des lieux :

w le don fait par le duc Conan IV en 1160 (1) aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, d'une aumônerie à Laustanc, Notre-Dame de Bonne Nouvelle, dite maintenant chapelle de Locmaria ;

w l'accord entre Pierre de Bretagne *, et Hervé de Léon, conclu en août 1264, au sujet des droits communs sur les terres d'Hennebont, Saint-Caradec, Caudan, Languidic, des droits à percevoir sur les navires entrant dans le Blavet, sur la construction du pont et des moulins d'Hennebont (2) ;

w les achats réalisés par l'Abbaye de la Joie en 1280 dans les paroisses de Nostang, de Kervignac, en 1284 à Lézevry en Plouhinec ("Lesuvri en Ploesnec"), en 1308 aux villages de Locmaria en Nostang et Coëtulaire en Plouay ; les vendeurs sont plusieurs habitants de Nostang (3).

Actes significatifs de la dispersion des propriétés, de la relative richesse de certains roturiers, de la politique foncière de l'Abbaye de la Joie.

La propriété des terres est l'ambition commune ; elles assurent par le labourage et la pâturage, la vie de l'exploitant, elles sont pour les nobles ou roturiers riches un placement sûr et parmi les plus "rentables" au sens des Cartulaires : qui apportent une rente.

 

Au XVIe siècle, la justice était donnée en la "Cour d'Hennebont et Nostang" ; au XVIIIe siècle, en la Cour d'Hennebont, Port-Louis et le Port de Lorient, où elle était tenue de siéger à tour de rôle (4).

 

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* Autre Pierre de Bretagne : fils puîné de Jean I Le Roux, mort en 1268, avant son père (Dom Morice : Table généalogique des ducs de Bretagne)

II.- EVOCATION DES SEIGNEURS FONDATEURS

 

La féodalité a fait des serviteurs fidèles des ducs ou des rois : compagnons d'armes, conseillers ou administrateurs, les détenteurs de domaines d'autant plus importants que les services rendus ont été appréciés ... ou qu'était plus proche la parenté avec le souverain.

La géographie détermine souvent l'Histoire et autorise les hypothèses sur l'implantation des seigneurs fondateurs ; hommes d'armes, tenus à l'assistance envers leur suzerain et protecteurs des populations - à qui ils demandaient leur aide - les premiers seigneurs de Saint-Georges, Kerpunze, Saint-Nudec, occupaient des positions stratégiques facilitant la défense ou l'intervention contre des ennemis arrivés par la mer.

Le lecteur trouvera dans les tableaux intitulés "L'union des seigneuries" ... et dans les tableaux généalogiques, le fil conducteur d'une lente mais constante progression de la seigneurie de Saint Georges dont l'apogée de la richesse précède de peu la ruine.

S'ils usent du mécanisme des alliances matrimoniales pour assurer aux successeurs le bénéfice des héritages tant paternels que maternels - en cela imités dans toutes les classes sociales - les nobles sont soumis aux aléas et aux règles de succession qui façonnent, en définitive, le visage des seigneuries.

 

Saint-Georges

Le saint, très populaire après le retour des Croisés qui ont rapporté son exploit légendaire en Libye, est à l'origine d'ordres militaires, de décorations et aussi de multiples toponymes ou patronymes.

Très tôt, les seigneurs et châteaux de Saint-Georges et du Rongouët ont dû jouer le rôle de défenseurs de la région de Nostang.

Saint-Georges situé près de la vieille route de Nostang à Languidic était en outre à proximité de la voie romaine du Vieux Passage en Plouhinec à Landévant et de celle de Vannes à Hennebont (5). Des étangs poissonneux, un ruisseau avec moulin, de belles terres en assuraient la richesse.

Les homonymies rendent hasardeuses les références aux "montres" revues ou aux "comptes des guerres" dans les textes transcrits par Dom Morice ou Dom Lobineau.

On peut cependant retenir Eon Saint-Georges qui rend hommage au vicomte de Rohan, le 20 juillet 1396, à Hennebont en même temps qu'Henri de Saint-Nudec, Jehan de "Kerbuns", Jehan des Portes, Pierre du Terre, Guillaume de Guer, Alain de Baud, Gieffrezic du Poü, Henri de la Sauldraye ... tous nobles de la même région (6).

Le nom subsiste à Languidic jusqu'à la fin du XVe siècle, il se fond en Kerpunze vers 1415 à Nostang ; dès lors seul le titre demeure, spécifique des seigneurs du lieu. D'autres Saint-Georges, au nord de la Bretagne n'ont aucun lien avec ceux du sud, mais les textes anciens ne les distinguent pas nécessairement.

Kerpunze

Kerpuncze, Kerpincze, Kerponse, selon les actes, désigne en breton le "lieu du puits", en fait des lieux divers et une seigneurie qui, à l'origine, avait son berceau à Inzinzac sur le plateau rocheux, site dominant qui contrôlait la route de Plouay à Inzinzac par Calan, elle-même tronçon du chemin antique qui reliait Carhaix à Lochrist par Guilligomarc'h, puis Vannes. La construction de l'actuel château d'eau, près du hameau de Kerpuns, a montré les soubassements d'une construction très ancienne qui a pu précéder l'habitation d'Henri de Kerpunze et d'Henri son fils à Keroman où ils résidaient de 1448 à 1481 (7).

La seigneurie s'étendait sur les paroisses d'Inzinzac, Cléguer, Caudan. "Mr de Kerpunce, dont la conduite du corps mort à Saint-Caradec" fut faite le 8 octobre 1680, semble son dernier représentant.

Au milieu du XVe siècle un rameau est fixé à Kerpunz en Riantec. Avant le pont-chaussée qui relie Kerner au bourg de Riantec, une petite presqu'île était délimitée par la lagune de Gâvres, le ruisseau et les marécages du Dreff ; Kerpuns, en son milieu, plus loin Toul-Lann, offraient une possibilité d'intervention rapide à l'embouchure du Blavet, par où arrivait l'ennemi.

Puis les extensions sont apparues à Nostang et Kervignac, créées par le mariage d'Eon de Kerpunze et de Blanche de Saint-Georges (8).

Saint Nudec

Alors en Caudan, Saint-Nudec est encore plus significatif des préoccupations militaires. Sa butte, dans l'actuel bois départemental, permet l'observation de tous les mouvements aussi bien en amont qu'en aval du Blavet.

Des flancs abrupts face au coude du fleuve, un marécage et un ruisseau contournant, rappellent la configuration d'un oppidum ou d'une butte de défense.

Saint-Nudec d'un bord du fleuve, Locoyarn de l'autre, devaient constituer des bastions rapprochés de la défense d'Hennebont ; plus tard Villeneuve compléta ce dispositif.

Les Thomas sont cités seigneurs du lieu depuis le début du XVe siècle au moins.

René Thomas, héritier de Saint-Nudec par son père, de Saint-Georges et de Kerpunze par sa mère, prend en priorité le titre de seigneur de Saint-Georges ; son patronyme et son titre l'identifient sans équivoque parmi les hommes d'armes de la garnison d'Auray, commandés par Olivier d'Arradon, vers 1554. Il se trouve en compagnie de Guillaume du Plessix-Josso, du sieur de Kerhuelic en Baud (9).

La constance avec laquelle ses successeurs ont porté Saint-Georges à la tête de leurs titres de possession laisse penser qu'ils se réclamaient d'une importante et ancienne seigneurie de la châtellenie de Laustenc, ou d'ancêtres de glorieuse mémoire.

 

Kermérien - Le Pélem - Le Cranno

Les fiefs Les fiefs 2

Tableau généalogique

Vassaux des Rohan, les seigneurs de Kermérien, du Pélem et du Cranno ont laissé les traces d'un passé lointain, notamment dans les actes de la principauté de Guémené.

L'aveu de Jan de Kermérien en 1419 (10) précise l'identité de son "auteur" Yves de Kermérien qui vivait donc au milieu du XIVe siècle.

Cette famille présente de multiples branches à Quintin, Guilers, dans la juridiction de Kaer-Aës (Carhaix), à "Scazre" (Scaër), et dans l'évêché de Vannes où elle est stabilisée au XVe siècle.

Les successeurs d'Yves et de Jan font état d'héritages dans la "paroisse de Lennon" en 1441 (11) (Leinhon).

Après le décès de Janne de Musuillac le 21 juin 1443, son fils Pierre de Kermérien fait aveu de la seigneurie du Pélem en Plouguer, déclaration renouvelée en 1542 par Vincent Rouxel, Louys Rouxel en 1558 et enfin par Louise des Portes en 1603 après le décès d'Anne Rouxel sa mère, et celui d'Adelice de Baud, sa cousine. Cette seigneurie du Pélem, dont le site au sud de Carhaix surplombe le canal de Nantes à Brest, comprenait plusieurs villages : Le Pélem, Leinhon, Goariva, Kerléon, Kergauran, Kernévez, Sibinel, en Plouguer, et le Moustoir, tous placés sous la juridiction de Carhaix (12).

 

Les Rouxel dont la lignée aboutit à Anne, sont eux-mêmes dispersés en Bretagne et, pour les risques d'erreurs que comportent les homonymies, ne seront pas cités parmi les hommes d'armes qui, comme les Saint-Georges, des Portes, ou de Kermérien, figurent dans les actes transcrits par Dom Morice ou Dom Lobineau.

Le tableau "l'union des seigneuries de Kermérien et du Cranno" résume la succession des seigneurs, la fusion des fiefs en 1500 par le mariage de Blanche de Kermérien et d'Alain Rouxel et le trajet complexe des successions éclairé par un document probant : la mainlevée de succession, en faveur de Vincent Rouxel, prononcée par les juges d'Hennebont le 7 mai 1513 (13).

Le document *, un grand parchemin abîmé, mais dont l'essentiel est lisible, éclaire avec certitude la généalogie et justifie la demande par l'examen des "proximités de lignage".

Après le décès de Pierre Rouxel, le fief du Cranno est transmis à ses frères puis à son neveu, finalement, l'union des seigneuries est accomplie en la personne de Vincent Rouxel, déjà héritier de Kermérien - Le Pélem.

A la génération suivante, un autre Louis Rouxel admet en 1559 un partage avec sa soeur Marguerite, le premier décède sans héritier, la seconde n'a qu'une fille, Adélice de Baud, qui décède en 1594 sans descendance.

Finalement, c'est Anne Rouxel, "juveigneur", qui bien que décédée fin 1584 ou 1585 est prise en compte dans la transmission des seigneuries à Louise des Portes, sa fille.

Tableau généalogique

Ainsi, Louise des Portes, dame de Kersabiec et de Saint-Georges, réunit à ses fiefs ceux de Kermérien, du Cranno et du Pélem.

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*Louis Galles ne semble pas en avoir eu connaissance ce qui l'a conduit à quelques ambiguïtés et contradictions dans son "Dictionnaire des terres" (A.D.M.)

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Des Portes, seigneurs de Kersabiec 

Tableau généalogique

La charte fixant le nom du domaine de Porzou en la paroisse de Ploemeur "à la demande d'un "... René des Portes" écuyer, gentilhomme de bonne et ancienne extraction de noblesse" donnée par François 1er "roy de France, duc de Bretagne" en 1516 induirait que le toponyme à l'origine du nom serait le berceau des familles des Portes ... s'il n'apparaissait avec un manoir en Guilligomarc'h en 1443 ; or le manoir revient toujours à l'héritier principal (14).

Aux XVe et XVIe siècles, plusieurs rameaux existent :

w à Guilligomarc'h, avec un Jacob des Portes, en 1427 ;

w à Ploemeur avec les seigneurs de Kerivily et du Brensent ;

w à Riantec : la branche de Kersabiec qui, dans le cadre de cette étude, est seule considérée.

Militairement, la seigneurie de Kersabiec protège Blavet des débarquements éventuels rive gauche du fleuve ; c'est en outre un fief du duc.

 

En 1401 un "aveu" à la Cour des Comptes de Nantes est fourni par "Alain des Portes, fils aîné et principal héritier de défunt Henry des Portes qui décéda novembre 1400, à quoi le rachat appartient à Mondit Seigneur de Bretaigne ...". Le rachat, ancêtre de notre droit de succession, s'adresse au duc Jean V ; les ducs en dispensaient des serviteurs fidèles. Variable selon les Coutumes, il équivalait en général aux revenus d'une année.

Plusieurs documents permettent de comprendre l'importance de Kersabiec :

w l'aveu de Jehanne Thomas, après décès de Claude des Portes, rédigé vers 1551, et qui donne les tenues et rentes de la seigneurie qui revient à son fils Jan (II) des Portes (15) ;

w l'aveu de Louise des Portes du 5 mai 1603, qui précise les superficies exprimées en "journaux"* du manoir, des métairies et terres en Riantec, dont Locpezran**, Locmalo, l'isle de Gavffre, Locmichaëllic, la Maladrie (léproserie) ; en Merlevenez : Saint-Salvador (ou Salvatore) ;

w l'aveu du 12 juin 1679, par Paul du Vergier, sénéchal d'Hennebont, petit-fils de Marie des Portes, où il indique l'origine de ses propriétés : "lesdites choses lui sont advenues et échues par assiette de partage des biens de la succession de défunt écuyer Jan des Portes ... ayeul dudit seigneur du Vergier ..." (16).

Une description complète du manoir de Kersabiec en 1754 est donnée à l'occasion de son achat pour 20000 livres par Thomas Rapion de la Placeliere, capitaine sur les vaisseaux de la Compagnie des Indes (17).

De 1400 à 1603, les déclarations se succèdent après les décès, faisant état d'acquisitions et parfois de ventes dans des villages qui n'apparaissent plus.

* Un journal : la superficie qu'un tenancier pouvait labourer dans une journée.

** Locpezran : de Loc'(h), lagune d'eau saumâtre et Pezran, dérivé régional de Pierre (?), l'église paroissiale est Saint Pierre. Le toponyme a pu précéder Blavet lui-même rebaptisé Port-Louis en 1618.

Parmi les ventes faites par Jean II des Portes, celle de la "terre de Kerpincz" en Inzinzac en 1551, pour 7250 livres. (Les tenues de Kerpunz et Le Dreff en Riantec sont conservées). En 1565 il réalise avec son cadet, Raoul des Portes, la transaction qui fait de ce dernier, et à titre définitif, le seigneur de Sain-Nudec.

Mais, par ailleurs, son mariage avec Anne Rouxel depuis 1556, est porteur d'une attribution d'héritage qui va doubler les fiefs de ses descendants.

Leur fils aîné, René, décédera sans descendance en 1591. Leur fille, Louyse des Portes, fera elle-même une transaction avec sa soeur Marie qui assurera aux fils de cette dernière la propriété de Kersabiec.

 

III.- L'ASCENSION DES SIEURS DU CARTIER ET DE VILLENEUVE

Généalogie famille de Cosnoal

Rôle rentier de la seigneurie de St Georges, de la Villeneuve et du cartier en 1780 (Ouest)

Rôle rentier de la seigneurie de St Georges, de la Villeneuve et du cartier en 1780      (est)

Cosnoal ou de Cosnoal ? Les hésitations des greffiers ou des prêtres témoignent de leur ignorance du rang social autant que du lieu d'origine de cette famille que les auteurs des Nobiliaires ou Armoriaux situent en Angleterre.

Le plus ancien connu, Henri Cosnoal est dit sieur du Cartier en Merlevenez à la fin du XVe siècle. Les successeurs se prévaudront de la seigneurie du Cartier pendant tout l'Ancien Régime, mais le toponyme a disparu.

Avec Pierre Cosnoal, reçu Maître auditeur à la Chambre des Comptes de Nantes en 1532 (18), commence la lignée de magistrats ou militaires qui, par leurs mariages, s'enrichissent de seigneuries nouvelles : Saint-Georges, Kermérien - Le Cranno, puis Lieuzel en Pleucadeuc, ou font alliances avec de puissantes familles : les marquis de Pont-Callec, les Charette de Monbert ...

La dernière de Cosnoal est appelée "Présidente" ou marquise, car mariée à un Président à mortier du Parlement de Bretagne, marquis de Guer.

Maître François Coasnal, ainsi désigné en 1545 est le premier sieur de Villeneuve, alors situé en Kervignac ainsi que "Locoziern" (Loc - Gouziern de Saint Gouziern ou Gunthiern - Locohiern => Locoyarn).

En février 1553 (19), il est dispensé de la "montre" devant les seigneurs de Rohan "attendu le service continuel qu'il rend au Roi" Henri II, et dont la rétribution lui permet d'acquérir des terres à Arradon, au Hirgair et à Locoyarn. En 1562, il donne baillée (location) d'une tenue à Lopriac.

L'anoblissement est patent avec Maurice, son fils, qui obtient d'Henri III, par le décret de Sa Majesté, donné à Chenonceaux en mai 1577 (20) l'affranchissement des fouages à Kerorben et Villeneuve.

On sait que les nobles étaient exemptés du paiement des fouages prélevés à raison d'une imposition par feu ou foyer (d'où le nom) en compensation de leurs charges militaires ou comme ils le rappelaient de leur "don du sang". C'est aussi l'origine des tentatives de fraude et d'usurpation de titre, révélées par les contrôles des Commissaires à l'occasion de la Réformation des terres de la noblesse, examinées et sanctionnées par "Nosseigneurs de la Chambre des Comptes".

Maurice de Cosnoal confirme sa noblesse par un contrat avec les Révérends Pères Carmes d'Hennebont qui assure à sa famille les prééminences (banc réservé, armoiries) et l'enfeu : sépulture dans une chapelle particulière, "prohibitive à tous autres".

Les enfants de Maurice et de Louise des Portes sont baptisés d'abord en l'église de Saint Gilles près la clôture d'Hennebont, Georges de Cosnoal y est baptisé le 22 juillet 1586. Il a deux parrains : Georges de Talhouët, seigneur de Keravéon et de Coëtrivas, Julien des Portes, sieur de Saint-Nudec, la marraine est Renée Bizien, dame de Saint-Georges par son mariage avec René des Portes.

De novembre 1587 à février 1588, les baptêmes se font à "N.D. du Paradis sise en la rue Neuve, faubourg d'Hennebont" ... "pour cause des corps pestiférés que l'on enterre au cimetière de l'église paroissiale d'Hennebont".

 

Seigneurs protestants - Seigneurs ligueurs

 

La décision prise par le pape Léon X de vendre des indulgences afin de faire face aux dépenses entraînées par la construction de la basilique Saint Pierre a été lourde de conséquences pour l'unité de l'Eglise, la paix dans les nations et les lents et fragiles progrès de l'esprit de tolérance.

Le mouvement de Réforme, né des thèses de protestation affichées par Martin Luther en 1517, se propage en Europe du nord puis atteint la France sous l'impulsion donnée de Genève par Calvin.

Il s'affirme avec modération en Bretagne en 1552. Isabeau de Navarre, mère d'Henri 1er de Rohan-Gié pratique publiquement le culte protestant à Blain ; en 1553 on compte une vingtaine d'églises réformées dont celle fondée à Pontivy par Henri 1er de Rohan-Gié (21), celles d'Hennebont, Vannes, Guérande, Josselin ...

On estime à une centaine les familles nobles bretonnes qui suivaient la religion protestante.

Le massacre de la Saint Barthélémy, en 1572, la désignation du duc de Mercoeur au rôle de gouverneur de la Bretagne, à qui le roi Henri III demande en 1587 de faire lever 40 000 écus en Bretagne, l'accession d'Henri IV au trône le 2 août 1589, suivie de la réaction des nobles "catholiques romains" groupés en Ligue de la Sainte Union, se traduisent par une guerre civile.

"Cette Union fatale qui a presque bouleversé la Monarchie, qui a ôté la vie à Henri III et réduit Henri IV aux plus grandes extrêmités, n'a causé nulle part plus de ravages qu'en Bretagne. Outre les motifs d'ambition communs à tous les chefs de la Ligne, le duc de Mercoeur qui était à la tête de cette faction en Bretagne avait des vues qui lui étaient propres ..... il ne songeait à rien moins qu'à s'emparer de la souveraineté du duché" (22). Dessein mis en doute par les historiens modernes.

 

On doit à Jérôme d'Arradon, seigneur de Quinipily et gouverneur d'Hennebont pour le duc de Mercoeur, la relation d'évènements qui ensanglantèrent le pays et auxquels furent mêlés les seigneurs de la région. Jérôme d'Arradon désigne par leur terre les nobles qu'il a commandés, connus ou combattus, car ils étaient très divisés. Ainsi, Maurice de Cosnoal est appelé "Villeneuve", Georges de Talhoët : "Keravéon" ; quant à "Saint-Georges", il ne peut être René des Portes dont la soeur dit qu'il est décédé en 1591, mais sans doute Rosmar de Saint-Georges (toponyme de Plouha - Côtes d'Armor) dont la famille sera fondue en 1672 en Harscouët de Saint-Georges.

Le 2 août 1589, Henri IV accède au trône ; les Ligueurs ne veulent pas d'un roi Huguenot et, au Poitou, Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur, déclenche la guerre civile.

En septembre, Jérôme d'Arradon emploie "Villeneuve" à des missions de confiance, principalement de courrier vers Mercoeur ou vers ses quatre frères, comme lui partisans de la Ligue.

"Le lundi 9 dudit mois (octobre) mon frère de Camors arriva à Hennebont venant de Rome et avait été pris prisonnier, de quoi il s'en était échappé, la grâce à Dieu, lui et Saint-Georges, gentilhomme à lui, de quoi je loue mon bon Seigneur".

A la fin de l'année, Saint-Georges, capitaine de Guémené est sommé sous la menace d'être canonné de rendre le château et la ville, par les partisans du duc de Mercoeur, venus de Pontivy qu'ils assiègent. Un accord écrit du 7 décembre prélude à la capitulation. Les habitants qui se sont retirés dans le château "auront une sûreté pourvu qu'ils signent l'édit d'Union"c'est à dire qu'ils abjurent s'ils sont protestants dans les six mois (23). Les armes, chevaux, équipage du sieur de Saint-Georges lui sont laissés ; on l'aidera à percevoir ses gages jusqu'au jour de la capitulation. "Le 22 janvier 1590, le château de Guémené a été remis en l'obéissance de Monseigneur le Prince de Guémené ... mis sous la garde des officiers de Monseigneur et des habitants de la ville" (24).

Episode caractéristique des guerres de la Ligue qui, pendant neuf années, virent se succéder dans les mêmes places fortes et châteaux, partisans et adversaires d'Henri IV.

Après avoir pris le couvent de Sainte Catherine du Blavet, les Ligueurs visent Hennebont qu'ils occupent en 1590, et Blavet. (Jérôme d'Arradon distingue "Locpezdran" de Blavet qui, pour lui, désigne la pointe, la place forte).

En janvier 1590, Saint-Georges et Querelan sont faits prisonniers par les Royaux, commandés par Kéravéon (Georges de Talhouët, parrain de Georges de Cosnoal en 1586), puis échangés contre d'autres prisonniers.

En mars "le 25 dudit mois j'envoyai la Vigne et Saint-Georges avec 25 hommes la moitié cuirasses et l'autre arquebusiers pour secourir le sieur de Kerouzeré que les Blavetins et Rochelois tenaient assiégés au presbytère de Plemur ... ils se battirent bien ... et revinrent le même jour".

Avril : "Le lundi 16 dudit mois Saint-Georges, gentilhomme à moi, fut tué par un soldat dans la tour des Carmes, sans y penser, de quoi j'eus un extrême regret, d'autant que je l'aimais car il était fort homme de bien".

"Le mercredi 11 mai, je fus contraint de capituler avec le Prince de Dombes (Henri de Bourbon) à cause de l'épouvante que les habitants d'Hennebont avaient, lesquels se voulaient, en dépit de moi, rendre, de quoi je crevais de dépit et en pensai enrager".

"... et fus conduit par les sieurs de Guémadeuc et de la Giffardière" à Vannes.

"Le samedi 22 (juillet) Villeneuve nout dit que le bruit était que les Parisiens avaient tué 15 000 hommes de Henri de Valois et du Roi de Navarre lequel il disait être mort. Dieu veuille qu'ainsi soit".

"Le samedi 11 d'août, je reçus une lettre de Madame la duchesse de Mercoeur, écrite en chiffre, par laquelle elle me mandait que les Espagnols devaient descendre à Blavet pour attaquer Hennebont".

"Le jeudi 12 (octobre) ledit Villeneuve alla à Sainte Catherine trouver mondit frère d'Arradon et lui porta les lettres que Monseigneur le duc de Mercoeur lui écrivait et 4 cuirasses allèrent avec lui et 3 arquebusiers". "Le même jour, mon frère d'Arradon et mon frère du Plessis revinrent de Sainte Catherine du Blavet, ayant fait démanteler les murailles du jardin et en fait tuer de ceux de Blavet par les nôtres".

En décembre 1590 Jérôme d'Arradon quitte Vannes avec son frère, baron de Camors pour participer au siège d'Hennebont assiégé par le duc de Mercoeur. Ce dernier a l'appui de 3 500 soldats commandés par Don Juan d'Acquila, capitaine général de l'armée espagnole.

Du Pré, mis à la tête des troupes royales françaises capitule après avoir subi 645 coups de canon. Le sieur de Quinipily reprend ses fonctions.

Les escarmouches sont incessantes, les populations sont obligées de subvenir à l'entretien des troupes, elles sont souvent pillées. En 1592, Notre Dame du Paradis est incendiée ; les Ligueurs prennent le château de Pont-Callec en février, le seigneur de la Tévinière (Jean Papin) est en fuite ; le baron de Camors vient informer son frère "qu'il est du parti contraire, de quoi je fus très marry".

La même année une sentence de mainlevée de succession en faveur d'Adelice de Baud, après le décès de son oncle Rouxel, précise (25) : "Extraits des Registres du Conseil d'Etat et des Finances de Bretagne, établi à Nantes sous l'autorité de Monseigneur le duc de Mercoeur, gouverneur du Pays et de Messieurs des Etats d'iceluy, attendant la présence d'un roi reconnu catholique". Le gros de la flotte espagnole est sur la "rivière de Nantes".

Pour mettre fin aux guerres, Henri IV abjure le protestantisme le 25 juillet 1593. Il obtient alors le ralliement de plusieurs nobles ; l'année suivante, Le Prestre de Lezonnet, gouverneur de Concarneau, très décu par l'attitude de Mercoeur qui prétend que l'abjuration n'est qu'une feinte, prend le parti du roi.

Catherine de Parthenay, dame douairière de Rohan, peu disposée aux compromis, écrit alors : " Les autres rois ont pensé faire beaucoup de bien en tenant une religion ; celui-là en tient deux tout à la fois, les avoue toutes deux également, les observe aussi bien l'une que l'autre ; n'est-il pas doublement digne du nom de "très chrétien" (26).

Ce n'est qu'en 1598 que le duc de Mercoeur est "réduit à l'obéissance du roi". Dans les articles secrets de l'édit signé à Angers par le représentant d'Henri IV le 20 mars 1598 et trois jours après à Nantes par Philippe Emmanuel de Lorraine, on lit : "Sa Majesté veut et entend que ledit sieur de Mercoeur remette le Gouvernement de Bretagne ez mains de Sa Majesté, et en sa disposition, en faveur du mariage de César Monsieur, fils naturel de Sa Majesté, et Mademoiselle de Mercoeur (César de Bourbon, enfant de Gabrielle d'Estrées et d'Henri IV ; il a 4 ans), pour récompense duquel Sa Majesté lui accorde 235 000 écus, aussi pour les grandes dépenses qu'il a faites durant la guerre, et 16666 écus de pension par chacun an".

Le roi a "bonne volonté" de gratifier les sieurs de Goulaine, de Quinipily, d'Arradon, du Faouet ...

15 000 écus sont encore destinés au duc de Mercoeur "Sa Majesté voulant (lui) donner moyen ... de récompenser aucuns de ses serviteurs qui ont fait de grandes pertes durant ces guerres ..." (27).

Dans les semaines qui suivent "tous les ecclésiastiques, nobles, officiers de Justice et habitants (sont) remis et rétablis dans la jouissance et dispositions de leurs biens".

Aucun exercice de la "Religion prétendue réformée" n'est autorisé à Nantes, "aucun exercice de religion autre que Catholique, Apostolique et Romaine à Hennebont et faux-bourgs".

Le 6 avril 1598, Jérôme d'Arradon est nommé capitaine de 50 hommes d'armes par un édit d'Henri IV.

L'édit de Nantes prononcé le 13 mai 1598, apporte l'amnistie aux Huguenots et des garanties pour l'avenir ; il se heurte à la forte opposition du clergé catholique et de ses partisans.

L'accord réalisé entre Henri IV et Mercoeur prévoyait le départ de la flotte espagnole, avec interdiction de s'abriter dans un autre port du royaume. Les Espagnols quittent "la rivière de Nantes" mais en juin 1598 ils occupent Blavet et pillent les deux partis.

Le déclin du protestantisme en Bretagne

Par décret d'avril 1603, Henri II de Rohan obtient de son royal cousin l'élévation de sa vicomté en duché-pairie ; l'assassinat d'Henri IV en 1610, l'importance prise par Richelieu, nouveau gouverneur de la Bretagne, amènent sa disgrâce.

Les troubles se poursuivent et les troupes réfugiées dans des forteresse continuent leurs exactions. Le 17 mai 1614 René de Cosnoal, sieur de Kersabiec, âgé de 22 ans, est inhumé en l'église des Carmes "lequel fut tué dans la paroisse de Kervignac d'un coup d'arquebuse par ceux de Blavet qui lors venaient ... piller ladite paroisse".

Le Parlement de Bretagne supplie le roi que "Blavet mal défendue contre les excursions des pirates soit proprement rasée" et à cette fin délègue l'un de ses Conseillers : Jan de Marnière. Louis XIII, après avoir donné des ordres en ce sens, fait étudier le site par ses plus hauts représentants en 1616, par l'ingénieur Alléaume, et signe le 17 juillet 1618 les lettres patentes qui érigent le lieu de Blavet en ville et communauté, ordonne d'en continuer les fortifications et sous le nom de Port-Louis, accorde à ses habitants des droits et privilèges pendant dix ans.

En mai 1621, Henri II de Rohan est élu général des Huguenots. Il combat à la Rochelle ; la fin du siège en 1628 provoque sa soumission. Après le décès de son père en 1638*, Marguerite de Rohan doit se soumettre à la volonté du roi pour conserver son duché-pairie : elle épouse Henri Chabot le 6 juin 1645 en s'engageant à élever ses enfants dans la religion catholique de leur père, mais reste fidèle à la religion de son enfance.

Le protestantisme décline en Bretagne, la Révocation de l'Edit de Nantes le 18 octobre 1685 provoque le départ de France de 200 à 300 000 fidèles et lui porte un coup fatal.

IV.- DE COSNOAL DE SAINT-GEORGES

Généalogie famille de Cosnoal

Pendant les guerres de la Ligue, naissances et baptêmes se suivent à Hennebont : Maurice de Cosnoal, baptisé en 1592 a pour parrain René d'Arradon, gouverneur des villes et châteaux de Vannes, Auray, Malestroit, et le 10 décembre 1593 Hiérosme d'Arradon, "gouverneur d'Hennebont, Blavet, Quimperlé" est parrain de Hiérosme de Cosnoal. "Dieu doint la grâce à l'enfant d'être homme de bien et donne heureuse et longue vie aux compère et commère'". A cette occasion, Maurice de Cosnoal père, ajoute pour la première fois à son titre de Villeneuve ceux de Saint-Georges et Kermérien recueillis par Louise des Portes, son épouse.

En 1596, tous deux concluent une "transaction-partage" qui équivaut à une vente avec Marie des Portes et son époux Jacques du Vergier ; en effet, pendant plus de trente ans, ces derniers et leurs héritiers verseront environ 15000 livres aux de Cosnoal, qui resteront seigneurs en fait de Kersabiec. Puis, vers 1630, la seigneurie de Kersabiec appartient enfin à Paul du Vergier, sénéchal d'Hennebont.

Maurice de Cosnoal ne goûte pas longtemps la paix retrouvée après les guerres de la Ligue, il décède le 14 avril 1598.

Louise des Portes gère ses nombreuses seigneuries jusqu'en 1605.

Après le décès de sa mère, le fils aîné Georges de Cosnoal doit payer 1817 livres pour le "rachat" de la seule seigneurie de Kersabiec dont il est toujours titulaire. En juin 1606, il s'engage à payer cette somme pour le 1er octobre ; dix paroissiens de Nostang l'accompagnent chez les notaires d'Hennebont et le cautionnent sur la garantie de leurs propres biens (28). Il devient à son tour capitaine. Sa femme et lui prennent quelques libertés avec les règles de l'Eglise. Des papiers de famille (29) revèlent qu'une Bulle du pape Urbain VIII a été donnée en octobre 1628 accordant dispense de consanguinité et de deux bannies "avec permission de mesnager ensemblement à l'avenir en toute sûreté de conscience déclarant la lignée (dé)ja obtenue dudit mariage et celle qui en pourra provenir ci-après vraie et légitime ...". Comme à cette date il a eu deux filles de Marguerite des Portes (une cousine ?), l'hypothèse la plus vraisemblable est qu'un mariage a été prononcé par "parole de présent", formule plusieurs fois condamnée par la hiérarchie catholique car elle n'observait pas le cérémonial de l'Eglise.

* Henri II de Rohan, tué lors du siège de Rhinfeld, est inhumé dans la cathédrale protestante de Genève.

Le 25 janvier 1629, le mariage est solennisé en l'église "Saint Bizhui" (Saint Bieuzy) de Nostang, fondée par les Cosnoal mais les époux ne signent pas le registre paroissial et ne sont pas désignés parmi les présents.

En 1633, Georges règle avec son frère cadet Hiérosme le partage qui fait de ce dernier le seigneur du Cranno. Vers la même époque, la seigneurie du Pélem est vendue.

Le 30 juillet 1636, le capitaine Saint-Georges reçoit du roi "l'ordre de la levée de cent hommes". Il est placé sous les ordres du duc de Brissac, lieutenant pour le roi en Bretagne qui lui verse une rente. Celle-ci s'ajoute aux versements des vassaux dont les tenues sont réparties sur 13 paroisses, à l'ouest de l'évêché de Vannes. Ces revenus sont affectés en partie à l'entretien d'une compagnie armée "de 47 mousquets, 35 piques, 39 bandoulières, 2 halebardes, une caisse avec ses baguettes" (30).

Après le décès de son frère, fin 1638, Hiérosme de Cosnoal, sieur du Cranno, devient tuteur des mineurs. Ce n'est que le 21 octobre 1644 que les trois fils : Georges, Hyacinthe, Joseph, sont "nommés" en l'église Saint Salomon de Vannes. Ils ont respectivement 13, 12 et 9 ans ; parrains et marraines sont roturiers. "Ont été témoins les soussignants" ... et les trois jeunes nobles signent le registre de catholicité, preuve officielle de leur filiation, exigible lors des successions.

Hiérosme de Cosnoal sert Louis XIII et Louis XIV, il devient gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi. Père d'une fille qu'il marie il rédige son testament en 1669 (31), fait de nombreux dons à ses serviteurs fidèles de Lignol, et lègue la seigneurie du Cranno à la branche aînée de sa famille selon la Coutume ancienne. Puis il vient mourir au manoir de Saint-Georges et est inhumé le 19 juillet 1670 en l'église de Nostang.

Les nièces font de riches mariages. Les trois jeunes nobles ont des destins différents.

Georges, l'aîné, n'a guère le temps de se prévaloir de son titre de seigneur, il meurt jeune dans des circonstances inconnues.

Joseph, le plus jeune, prend le vieux titre du Cartier avec les terres qui en dépendent. Il épouse la fille d'Antoine Baurin, sieur du Mouchon, capitaine de Guémené. Ses descendants auront le même titre, détiendront l'enfeu de l'église des Carmes, la terre et le manoir de Toulelan (Toul-Lann), des terres à Groix ... et les halles d'Hennebont. Celles-ci ont été construites après un procès qui a opposé Antoine Baurin aux bourgeois d'Hennebont, hostiles à leur édification sur la place Notre Dame du Paradis ; ils accusent le capitaine d'avoir obtenu "subrepticement" les lettres patentes du roi lui donnant cette permission. La Chambre des Comptes de Nantes rend sa sentence le 6 juin 1641, ne pouvant désavouer le roi elle ordonne que les habitants d'Hennebont "entreront aux droits ou seront subrogés au lieu et place dudit Baurin" ... à charge de lui payer 700 livres de dédommagement (32). Les documents postérieurs montrent qu'Antoine Baurin a construit ses halles, mais ne disent à quel endroit.

Lieuzel

C'est le second des fils, Hyacinthe, qui va prolonger la lignée des seigneurs de Saint-Georges, par son mariage avec Françoise Ermar, héritière de la seigneurie de Lieuzel, en Pleucadeuc.

Le manoir de Lieuzel, entouré de douves jusqu'au XXe siècle, à proximité d'un moulin à eau - toujours en place - devient avec Saint-Georges la demeure où se succèdent naissances, mariages et décès jusqu'en 1764.

Le fief est remarquable par l'importance des métairies : de la Porte et du Haut-Lieuzel, Launay, la Ville-Bonnet, La Prévôtais, la Morinais, Vieille-ville, Lestec, Fontaineuve, Clézio, Pont-Orhan, le Patil, les pièces de terre de la Ville Eschâtelains, La Combe, Penhoët, Coédelo, la Grassais, la Drévalais, La "Fosse du Bouc" (Fausse Thuboux), la Barre, la Frégonnais ...

Les seigneurs de Lieuzel possèdent aussi des terres en Bohal, Tréhal, des maisons et tenues à Pontivy, ainsi que le fief de Kerhuillic* (alors en Baud) et Treusach**, apporté par Guyonne de Kerhuelic après son mariage avec Jean Ermar vers 1580.

* Kerhuillic, en Saint Barthélemy depuis l'érection en commune de 1867

** Treusach, en Guénin actuellement

Au décès de Hyacinthe de Cosnoal un procès oppose son fils aîné Pierre-Hyacinthe aux deux puînés qui contestent le "prisage" des biens paternels et maternels, et nous offre l'occasion de connaître l'importance des deniers dotaux de Françoise Ermar, que le contrat de mariage du 21 février 1666 fixait à 50 000 livres, et aussi la valeur relative des différentes seigneuries ou terres d'après les rentes annuelles en 1717 (33).

La terre de Kermérien 5 918 livres La terre de Kerhuillic 3 044 livres

La Villeneuve 4 213 livres Lieuzel 2 901 livres

Saint Georges 3 104 livres Le rôle de Pontivy 2 108 livres

Le 6 novembre 1698, Pierre-Hyacinthe de Cosnoal, fils aîné des précédents, épouse Marie-Gabrielle de Guer, fille des seigneurs de Pont-Callec. Le contrat de mariage approuvé par le recteur de Clohars-Carnoët et celui de la Haye-Pesnel en Normandie, parents de la demoiselle, est des plus simples :

"1."Chacun paiera et acquittera ses dettes sur ses propres biens".

"2."Il a été reconnu que ledit seigneur futur époux n'a point d'autres meubles que ceux qui ont été "compris dans l'inventaire fait après décès de dame Françoise Ermar, sa mère et tutrice et que ladite "demoiselle future épouse n'a aucuns meubles mais seulement ses habits, linges, bagues, parures et "dentelles à son usage".

"3."Ledit seigneur prend ladite demoiselle avec tous ses droits échus et à échoir" .... "le droit de "douaire est fixé à 4 000 livres par an" (34).

Signent : les futurs époux, la marquise de Pont-Callec, la comtesse du Coscro, les prêtres, Maître Guesdon, notaire, "Registrateur garde-code".

De cette union, Louis Marc de Cosnoal reste l'unique héritier après le décès de son frère aîné. Sa richesse se traduit par son titre de comte de Saint-Georges et aussi par son alliance avec la célèbre famille Charette, branche de Montbert (au nord de Nantes). Son épouse est fille d'un Conseiller du Parlement ; Renée Françoise Charette a pour grand-père le Premier Président de la Chambre des Comptes de Bretagne, pour aïeul le maire de Nantes en 1636.

Le comte et la comtesse de Saint-Georges perdent très tôt leurs deux premiers enfants dont leur seul fils, décès lourd de conséquence pour la survivance du nom de Cosnoal qui s'éteindra aussi dans la branche du Cartier et Toul-Lann.

Les mariages de leurs filles prolongent leur ascension sociale. Hyacinthe-Gabrielle de Cosnoal épouse à Pleucadeuc le 3 septembre 1755 Claude-René Paris, comte de Soulange, lieutenant des vaisseaux du roi, fils de marquis. Le mariage est célébré par Augustin Hilarion Paris de Soulange, vicaire général du diocèse de Vannes et aumônier de Madame Adélaïde, la troisième fille de Louis XV.

Le décès du comte de Saint-Georges en 1762 va leur donner les titres et les terres liés à la branche aînée, mais Hyacinthe-Gabrielle décède après la naissance de sa fille Louise-Marie.

Anne-Marie de Cosnoal épouse un seigneur local mais important d'Augan : Amador-Mathurin Ermar, branche de Beaurepaire ; leur fille, Ursule-Cécile, devient en 1743 la compagne de Joseph Annibal de Farcy, issu d'une famille de Paimpont qui a donné un Président à mortier du Parlement de Bretagne.

Soit par partage, soit par succession, ils apparaissent propriétaires de terres dans la seigneurie de Kermérien-Le Cranno.

 

V.- DE MARNIERE DE GUER

Eléments de Généalogie

Châteaux et moulins

C'est Louise-Rose Madeleine de Cosnoal, la cadette, qui conclut le mariage le plus important, en 1764, avec le marquis de Guer, René-Jean de Marnière, qui va devenir Président du Parlement de Bretagne ; la descendante du ligueur épouse le descendant de Jan de Marnière, chargé de contrôler la destruction des remparts de Blavet en 1614.

Le registre paroissial de Pleucadeuc mentionne une dispense de consanguinité du quatrième degré, accordée par le Saint Siège et dont la nécessité n'apparaît pas dans les tableaux généalogiques. La famille de Marnière n'a cessé de s'enrichir par le jeu des alliances, par sa permanence au Parlement de Bretagne, par ses placements dans les terres et moulins, par ses investissements dans les emprunts du royaume, à tel point qu'au XVIIe siècle elle a obtenu - ou s'est attribué - le titre de marquis de Guer, et a acquis en 1685 l'imposant château de Coëtbo qui domine toujours la vallée de l'Aff.

Leur jeune nièce, Louise-Marie de Soulange, décède en 1778 ; les seigneuries de Saint-Georges, la Villeneuve, Kermérien-Le Cranno, reviennent au marquis et à la marquise de Guer, et non aux descendants d'Anne-Marie de Cosnoal qui n'a pas eu de fils, la proximité avec l'ancêtre commun Louis Marc de Cosnoal et "l'habileté à succéder" ont joué contre le petit-fils d'Anne-Marie. "Maître Daniel-Marie de Poilpré se désiste et remet son office entre les mains de Monsieur le marquis de Marnière de Guer, héritier de Mademoiselle de Soulange". Registres de la juridiction de Kermérien-Le Cranno du 14 juillet 1781 (35). Le petit-fils d'Anne-Marie, Louis-Ange de Farcy, décède d'ailleurs en 1789.

Dans la même décennie, Louise-Rose de Cosnoal fait valoir ses droits au titre et, au moins, aux rentes seigneuriales du Cartier, après le décès de son cousin au huitième degré, Paul-René de Cosnoal, lieutenant de la maréchaussée en Bretagne, dont le fils seigneur de Groix disparaît.

La dame de Saint-Georges se retrouve à la tête des seigneuries d'origine.

 

Toute la construction s'écroule à la Révolution avec le départ à l'étranger de René-Jean de Marnière et de son fils, officier de l'Armée des Princes. Quand le marquis revient en France, tous ses biens ont été saisis ; leur vente commencée en 1793 se poursuit jusqu'en 1800 ; la plupart des biens de la marquise ont été vendus. Plusieurs tenues n'ont pas trouvé d'adjudicataire.

Armand Constant de Marnière, l'officier émigré, est amnistié, ainsi que son père en mars 1803 ; il obtient aussitôt mainlevée des biens non vendus. En juin il entame une procédure visant à obtenir "une inscription sur le Grand Livre, de la somme de 482 161 francs, montant du produit de la vente des biens de sa mère, ce qui fait à peu de chose près la totalité de sa fortune". Son argument principal repose sur l'absence de partage après le décès de Louise-Rose de Cosnoal, sa mère, en 1790, sur le fait que son père resta en jouissance de ces biens et que "de là vint l'erreur" qui les fit vendre.

Macaire, Directeur des Domaines et de l'Enregistrement dans le Morbihan, répond "qu'il n'a été rappelé dans ses droits de citoyen français qu'à la condition exprimée par l'article 17 du Senatus Consulte du 6 Floréal, An X, de renoncer aux créances qui pouvaient lui appartenir sur le Trésor Public ... Sa demande est réprouvée par l'acte qui l'admet au bénéfice de l'amnistie" (36).

Après la mort de son père en septembre 1804, Armand-Constant prend le titre de marquis de Guer, par lequel il signe désormais tous ses actes, et s'emploie à reconstituer sa fortune. Issu d'une famille de juristes de haut niveau, c'est un homme instruit, aussi devient-il Directeur des Mines sous le Consulat.

En juin 1812, il figure en second rang sur la liste "des 30 plus imposés dans l'ordre que leur assigne la quotité de leurs contributions", après Monsieur de Malestroit de Bruc, héritier adoptif du marquis de Pont-Callec, devant Harscouët de Saint-Georges de Nostang, du Bouétiez d'Hennebont et Monistrol de Lorient.

Peut-être bénéficie-t-il du "Milliard des Emigrés" accordé sous la Restauration, plus sûrement il doit à celle-ci sa nomination aux fonctions de Préfet de la Mayenne, puis de Préfet du Lot et Garonne en 1815, du Morbihan en 1816 ... Après un congé, il devient Conseiller Général du Morbihan dans l'arrondissement de Lorient en 1822, Préfet de la Charente en 1823. Il prend sa retraite en 1828 et se retire au manoir de Saint-Georges qu'il a racheté, pour y mourir comme bon nombre de ses ancêtres.

Venu de l'évêché de Saint Brieuc, établi au château de Rongoët, le maire de Nostang qui signe l'acte de décès du 1er mai 1830, est Monsieur Harscouët de Saint-Georges.

 

VI.- PREROGATIVES ET PRIVILEGES

 

La remise des terres et des rentes qu'elles procurent par le duc ou le roi, les devoirs d'obéissance et d'assistance militaire des seigneurs envers leur souverain, qui se répercutent sur les vassaux en devoirs identiques, sont les fondements d'une société féodale hiérarchisée qui renforce sa solidité par le droit de justice et l'autorité morale déférée par l'Eglise grâce aux prééminences.

Le seigneur s'adresse au roi, après un procès ou une succession, pour obtenir une lettre de reconnaissance par le souverain de sa place et de ses droits. Ainsi, François 1er donne-t-il à Jan Thomas et Marie de Kerpunze une "lettre de maintenance et sauvegarde au sujet des prééminences, droits et devoirs seigneuriaux en leurs maisons de Saint-Georges et de Saint-Nudec" ; il accorde en 1515 la même reconnaissance de la seigneurie de Kermérien à Alain Rouxel, après le décès de Marie Le Gal, puis la confirme en 1526 à Vincent Rouxel. En 1560, Marie Beaujouan, épouse de François Cosnoal, obtient du roi le partage de la succession de ses parents "... car de Nous plaist. Nantes le XIIIe jour de juin 1560, de notre règne le premier" (37). Le premier et le dernier, puisqu'il s'agit de François II, mort la même année, à seize ans, le jeune époux de Marie Stuart au tragique destin.

Les demandes au souverain concernent parfois les foires et marchés, sources de taxes perçues sur les marchands. En 1560, François II permet deux foires par an à Saint-Antoine en Kervignac, à Jehan Bouetiez et François Cosnoal, l'une le 13e jour de juin, fête de Saint Antoine de Padoue, l'autre le second jour de septembre, jour de Saint Antoine.

En 1595, le sieur de Guer et de Coëtbo*, en reconnaissance de son appui à Henri IV pendant les guerres de la Ligue, reçoit du roi le droit de deux foires près de la chapelle Saint Nicolas, non loin du château.

En 1648, Marguerite des Portes obtient de la reine régente, Anne d'Autriche, le droit de tenir trois foires au bourg de Saint-Caradec-Trégomel (38).

Le rappel des droits de justice seigneuriale est systématique dans les "aveux" rendus aux différentes Cours, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.

Dans l'aveu de la seigneurie du Cranno à la Cour d'Hennebont, en 1523, Alain Rouxel "... dit et confesse tenir Cour et juridiction haute, basse et moyenne sur ses hommes ... et la faire tenir et exercer par son sénéchal, procureur et greffier, s'il les y peut instituer. Avec, peut instituer notaires, tabellions et sergents en sadite juridiction, en laquelle il a pareillement gibet et justice patibulaire à deux potences, et pouvoir de faire punir ses hommes délinquants jusques à donner supplice" (39).

Dans le dossier que fournit Guillaume Le Gall, sieur de Kermorgant, pour être reçu sénéchal de la juridiction de Kermérien, en 1642, figurent les droits de justice depuis 1425, la "condamnation et exécution de mort par la juridiction de Kermérien qui fut pendu et étranglé aux patibulaires d'icelle ..." en 1482 ; la dernière sentence de mort date de 1501 (40).

En fait, les registres des juridictions seigneuriales ne fournissent que des actes de tutelles, de curatelles, des décrets de majorité anticipée ou de mariage, des inventaires après décès et jugements d'attribution des domaines congéables, ou procès de délits mineurs. Ce sont les sénéchaussées royales d'Hennebont, Auray, Ploermel, qui, généralement, punissent de prison après le XVIe siècle, et règlent des procès importants, y compris entre seigneurs.

Le Présidial de Vannes a le pouvoir de haute justice qui concerne le droit criminel punissable de la peine de mort. Et cependant ce droit est revendiqué par Vincent Rouxel qui obtient d'Henri II en 1553, un "mandement au sujet des patibulaires".En 1644, Marguerite des Portes, en 1659, Hyacinthe de Cosnoal, font confirmer par le Palais leurs droits de justice ; en 1702, Pierre-Hyacinthe de Cosnoal, après appel, obtient leur maintien (41).

Bien qu'ils aient délégué l'exercice de la justice à des officiers "gradués en loi" les seigneurs sont attachés à cette prérogative qui affirme leur puissance et l'obéissance qui leur est due, même si les fourches patibulaires quand elles subsistent ne servent plus que de perchoirs aux oiseaux et d'épouvantails aux hommes ; mais demeurent les Lann-Justice, toponymes probables des lieux où elles se dressaient.

* Jean Avril, sieur de La Grée, Premier Président de la Chambre des Comptes de Bretagne

Dans des lieux régulièrement fréquentés comme les églises paroissiales, pendant les cérémonies où le regard des vassaux se pose sur les hauts personnages du premier rang, en leur absence sur les dalles et vitraux, les prééminences sont rappels permanents du respect et de l'obéissance dus, comme si le "droit divin" invoqué par la royauté avait quelque retombée sur le seigneur.

En différentes occasions, celui-ci fait réaffirmer ses droits de tombe, de banc avec accoudoir, d'armoiries sur les vitraux et les murs, par le duc, le roi ou le Parlement, comme il le fait pour ses terres.

En 1455, une concession de prééminences est donnée en la chapelle de Lieuzel dans l'église paroissiale de Pleucadeuc, suivie de "lettres dédicatoires par le Saint-Siège apostolique" en 1517 et 1532 (42).

En 1499, un texte latin affirme les prééminences en l'église de Nostang ; elles sont rappelées par Hyacinthe de Cosnoal le 25 janvier 1683, lors de sa "déclaration" à Messieurs les Commissaires députés par Sa Majesté pour "la confection du papier terrier et réformation du Domaine d'Hennebont". Document détaillé, qui fait état des armoiries dans l'église paroissiale "avant la démolition de ladite, laquelle on rebâtit à présent de neuf", parmi lesquelles celles de Kerpunze : "d'azur à 3 croissants d'argent, 2 et 1", dans la maîtresse vitre de l'église, celles de Saint-Georges : "d'argent à une croix pleine de gueules" *.

"Déclare ledit seigneur être ... seul prééminencier de la chapelle Saint Fabien, de Saint Sébastien, et être seul fondateur de la chapelle de Saint Bihuy ... et (avoir) droit de prééminence à Saint Symphorien, Saint Thomin, Saint Cado en la paroisse de Nostang, Saint Lorans en Kervignac ; dans lesdites chapelles les armes de ladite seigneurie y sont". En 1683, l'écusson des Cosnoal "d'argent à 3 croix pattées et alésées de sable" est à l'église des Révérends Carmes d'Hennebont, "à Notre-Dame de Bonne Nouvelle - dans la chapelle de la Villeneuve - dans laquelle de toute antiquité est le sépulcre de Notre Seigneur, et l'image de Saint Yves" (43).

On le trouvait encore dans la chapelle Saint Antoine et dans celle de Sainte Suzanne, à Trévidel en Kervignac.

Le "droit de tombe" est reconnu en l'église de Lignol aux seigneurs de Kermérien et du Cranno en 1503. En 1512, le roi Louis XII confirme leurs prééminences dans l'église de Saint-Caradec-Trégomel ; François 1er le fait en 1516. A la fin du XVIIe siècle, l'inventaire après décès de Hyacinthe de Cosnoal fait apparaître deux procès-verbaux des "armes" trouvées dans les fondements de l'église de Saint Caradec-Trégomel en 1677, dans l'église de Nostang en 1680.

Il y a généralement plus d'un seigneur, propriétaire foncier, dans une paroisse et, avec l'accord du seigneur principal ou fondateur, d'autres blasons peuvent figurer sur les piliers d'une église ou dans les vitraux. Ainsi, en octobre 1469, Pierre de Kermérien obtient-il des Rohan, seigneurs suzerains, certains droits dans la toute nouvelle église de Kernascléden (44).

Mais l'importance de l'affichage des marques seigneuriales dans les lieux religieux est telle que l'on assiste à des tentatives d'annexion et passe-droits qui donnent motif à procès.

Marie Le Gal et Hervé du Quellenec doivent faire appel à témoins, en juillet 1512, pour que leurs droits exclusifs en l'église de Saint-Caradec-Trégomel ne soient pas contestés par le sieur Louis Kermarchzou, qui, sur "le conseil du seigneur du Faouët" avait ôté un de leurs écussons d'une fenêtre de l'église pour y mettre le sien. Le témoignage de Guyon Le Gouvello, seigneur du Coscro, leur est un appui précieux (45).

En novembre 1642, le tribunal donne raison à Marguerite des Portes, veuve de Georges de Cosnoal, contre le recteur de Lignol et le "général de la paroisse" au sujet des tombes dans l'église.

En décembre 1627, Jean Ermar, seigneur de Lieuzel, fait établir un procès-verbal de la présence dans l'église paroissiale de pierres tombales placées, sans son accord, par le seigneur et la dame de Cambout, les puissants barons de Pontchâteau, cousins du cardinal de Richelieu (46). Le 19 janvier 1630, un arrêt de la Cour du Parlement de Bretagne le maintient dans ses droits prohibitifs.

A Guer, l'attitude de Julien de Marnière est plus compréhensive envers les demandes de la famille Hudelor à laquelle il est rattaché par un lointain ancêtre d'Avaugour. En 1637, il autorise l'inhumation de Julienne Ferchault dans "l'enfeu du Boisglé, lequel enfeu consiste en quatre tombes audit seigneur, prohibitives à toutes personnes, ce qu'il a accordé à l'instance et prière de François Hudelor, sieur de la Chouannière ... et sans toutefois qu'il puisse nuire ni faire préjudice audit droit d'enfeu prohibitif qu'il a de tout temps immémorial".

Le 19 novembre 1637, Barbe Faruel, épouse de François Hudelor, est "ensépulturée par la permission qu'en fit Messire Julien de Marnière ... dans l'enfeu de la chapelle Saint Sauveur, prohibitive à toutes personnes".

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* Ce sont aussi les "armes" des Jobert, sieurs de St-Georges en Plouescat ; coïncidence ou ancêtre commun ?

Le 29 avril 1640, la même permission est accordée pour l'inhumation d'écuyer Charles Hudelor, en la chapelle de la Biffardière et le 5 avril 1652, Pierre Hudelor, seigneur de Lohingat est inhumé en l'enfeu du Boisglé, avec l'autorisation de Marie Maingard, veuve de Julien de Marnière (R.P. Guer).

Inséparable des inhumations dans les chapelles, la pratique de la séparation du coeur du reste de la dépouille mortelle semble remonter à l'année 1116, lors du décès de Robert d'Arbrissel, fondateur de l'abbaye de Fontevrault, dans laquelle furent religieuses au XVe siècle Madeleine et Anne de Rohan.

Lorsqu'en juillet 1542, Louis V de Rohan, seigneur de Guémené, dépose son testament, il envisage que sa mort se produise hors de Bretagne ou dans la province et précise ses volontés : "Si le décès ne adviendrait en Bretagne : mon corps conduit dans l'église du couvent de Pontivy, les religieux du couvent de Pontivy et ceux du couvent du Blavet au devant de mon corps" et dans la seconde éventualité : "... mon coeur en notredit couvent du Blavet et mes entrailles audit couvent de Pontivy, mon corps en ladite église de Guémené". - Acte ratifié le 5 novembre 1550 (47).

Ces exemples seront suivis par des seigneurs chefs de nom et armes, notamment par "haut et puissant homme Me Jan de Marnière, vivant Conseiller du Roi au Parlement de Bretagne, sieur de la Biffardière ; le corps fut inhumé en l'église de Guer, en la chapelle de Saint Sauveur faite par lui bâtie, lequel décéda à Rennes le 21e dudit mois, ses entrailles enterrées à Saint Yves, à Rennes, et le coeur aux Brûlais" - R.P. Guer 25.08.1627.

Et le 19 décembre 1643, toujours en la chapelle Saint Sauveur de Guer, est inhumé "le coeur de Messire Julien de Marnière, vivant Conseiller du Roi au Parlement de Bretagne, seigneur de la Biffardière et le jour précédent son corps aux Brûlais"..

A Nostang : "Le cinquième jour de novembre 1686, a été inhumé en l'église de céans le coeur de feu Messire Hyacinthe de Cosnoal, décédé à Lieuzel et ledit coeur conduit dudit Lieuzel, par nous recteur de Pleucadeuc à la paroisse dudit Nostang ; et ont assisté au convoi Mathurin du Vergier, seigneur du Ménéguen, sénéchal et premier magistrat d'Hennebont, Charles de Douville, seigneur de Kerfrézec, écuyer Jacques du Bouëtier .. qui se sont retirés sans signer ...". Quatre jours après son décès à Lieuzel et ses obsèques à Pleucadeuc, le coeur de Pierre-Hyacinthe de Cosnoal est inhumé le 29 janvier 1741, dans l'église paroissiale de Nostang, apporté par le prêtre de Pleucadeuc, en présence des prêtres de Nostang, Merlevenez, Kervignac (R.P.).

Sans qu'il ait souhaité un tel don symbolique, les funérailles de Louis-Marc de Cosnoal sont célébrées en 1762, à Pleucadeuc, en présence des recteurs de Pleucadeuc, Pluherlin, Molac, du sénéchal et du procureur de Malestroit et autres nobles qui signent le registre.

A ce cérémonial s'oppose la modestie de l'enterrement dans la même église le 23 mars 1754 de "Marie de Guer, dame de Saint-Georges, décédée le jour précédent au château de Lieuzel, à environ soixante douze ans. On été présents plusieurs des paroissiens qui se sont retirés sans signer".

Les marques de considération du corps social s'expriment après la mort dans le respect de la hiérarchie, ce qui n'est pas spécifique du régime féodal.

VII.- HIER ET AUJOURD'HUI

Pendant trois générations, les Harscouët de Saint-Georges donnèrent des maires et des conseillers généraux à Nostang, Pluvigner et Grand-Champ, pendant que le fils d'Armand Constant de Marnière se contentait d'être "propriétaire" à Kerrousseau en Quéven. Au fond du cimetière communal, une grande mais simple tombe porte l'épitaphe gravée "Famille du marquis de Guer".

La Seconde Guerre Mondiale renouvela la tragédie dans l'ancienne sénéchaussée d'Hennebont du fait de l'importance de la base des sous-marins à Lorient. Un Etat-Major de la Kriegsmarine occupa le château de Rongouët.

Après le débarquement du 6 juin 1944 et le repli des troupes allemandes, toute la région fut sur un pied de guerre qui ne cessa qu'avec la capitulation de l'Allemagne.

Après les bombardements sur Lorient, les destructions et les souffrances se poursuivirent dans les "poches" de l'Atlantique. Les ponts et maisons d'Hennebont, en août 1944, puis au fil des mois, les églises de Caudan, Guidel, Merlevenez, Kervignac, Nostang ... subirent les tirs d'artillerie ; leurs clochers faisant fonction d'observatoires étaient devenus objectifs militaires. Le clocher de la basilique d'Hennebont fut lui-même gravement endommagé en 1945 ; le bourg de Sainte-Hélène avait été incendié en septembre 1944.

Le château de Kerrousseau fut incendié par les Allemands quand ils le quittèrent en août 1944.

Des Etats-Majors FFI s'installèrent d'abord à Kerfrézec en Sainte Hélène (Jean Le Coutaller), à Penhoët (Dieulangard et le bataillon Valmy des Côtes du Nord), à Rongouët (Jean Rucard). Puis, après l'ordre donné par le Général de Larminat - mais freiné dans son exécution - d'occuper des positions moins exposées, le moulin de Saint-Georges devint le P.C. du 4ème bataillon du Morbihan.

Après la Libération, la citadelle de Port-Louis livra les corps de 70 victimes torturées avant d'être abattues.

Une stèle, devant ce qui reste du château de Villeneuve, est élevée à la mémoire de 10 fusillés dont une femme de 83 ans, victimes de la dénonciation de deux "collaboratrices" ; arrêtées, livrées à la Justice, les deux femmes furent relachées faute de preuves.

Le monument de Mané-er-hoët face au vieux pont de Nostang, celui de Keruisseau, ont été érigés à la mémoire des soldats américains et des FFI tombés sur le front de Lorient.

Les soldats polonais hébergés et entraînés au château de Coëtbo participèrent à l'expédition de Narvik, en Norvège, et y furent décimés en 1940.

Le château de Villeneuve ne montre plus qu'un four, de belles colonnes, une grande cuve de granit venue du moulin, et au nord un mur du XVIe siècle. Le propriétaire de ce qui fut un des plus beaux châteaux de la région fit partir toutes les pièces de valeur dans sa propriété des Côtes d'Armor, la paix revenue.

Le château de Lieuzel, trop vétuste pour être restauré, fut transféré à la pointe de Pen-Lan en Billiers ; ses pierres servirent à construire l'hôtel de Roche-Vilaine, dans un style moyenâgeux. Les engins de l'agriculture moderne imposèrent aux fermiers successeurs le comblement des fossés autour de l'enceinte.

Le château de Kermérien fut endommagé par l'ouragan de 1987 ; plus tard, la vieille tour de la Lohière s'effondra en partie, vaincue par la pluie, le vent ... et les ans. Mais des sites intacts, des bâtiments bien entretenus à Kermérien, plus modernes à la Lohière et Saint-Georges, les moulins de Lieuzel et de Guer, et le grand château de Coëtbo, restent les témoins bien présents du travail des hommes et des grandeurs du passé.

Gilbert Baudry

Membre de la S.A.H.P.L.

 

 

des Portes

Losangé d'or et d'azur à un grand losange de gueules en abyme

de Marnière de Guer de Cosnoal

 

BIBLIOGRAPHIE - TRAVAUX CONSULTES

w Gaëtan d'Aviau de Ternay - Dictionnaire des Magistrats de la Chambre des Comptes de Bretagne 17, rue Saint Romain - 75006 Paris - Edité en 1995.

w Charles Floquet - Le protestantisme à Pontivy - La chronique dePontivy - Octobre 1986 - N° 38 p. 15 et suiv.

w Louis Galles - Manuscrits groupés en un Dictionnaire des terres - A.D.M.

w Me Pierre Hévin - Coutumes générales du Pays et duché de Bretagne - Successions en Bretagne au XVIIIe siècle - Imprimé chez Vatar à Rennes - 1745 - A.D.M.

w René de Laigue - La noblesse bretonne aux XVe et XVIe siècles.

w Denis Le Brun - Traité des successions - T. III - Paris 1743 - A.D.M.

w Julien de Marnière de Guer - Hévin : "Question de droit et de coutume : ... comment se détermine la proximité en retrait lignager". - Archives Départementales d'Ille et Vilaine - 1F10.

w Dom Hyacinthe Morice (1) - Mémoires pour servir de preuves ... Pr.

et dom Taillandier (2) - Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne - 1756 - T. II - Supplément "Journal de Jérôme d'Arradon".

w Louis Rosenzweig, archiviste départemental 1 - cartulaire général du Morbihan

2 - fonds 3J6 de ses manuscrits non publiés - A.D.M.

 

Aveux à la Chambre des Comptes de Bretagne

Archives Départementales de la Loire Atlantique - A.D.L.A.

 

w de Cosnoal B 1589 - B 1598 - B 2418

en plus, Inventaires aux A.D.M. : B 2789 - B 2859

w Ermar B 1953/11
w de Kermérien B 1084 - B 1140 - B 1568/1 et 2 - B 1579 - B 2406 - 20 J 201

w de Kerpunze B 1572 - B 1578 et B 1578/3

w des Portes B 599 - B 1565/9 - B 1578/3

w Rouxel B 1084 - B1568 - 1 double d'aveu archivé aux A.D.M. E 5296

w de St Georges B 1572

w Thomas B 1578/3 - B 2406 - B 2407

 

 

AUTRES SOURCES ET COTES D'ARCHIVES

 

1 Dom Morice - Pr I c 638

Rosenzweig 3J6/1

2 Rosenzweig - Cartulaire I N° 321

3 Rosenzweig - Cartulaire I N° 476

4 Rosenzweig 3J/5

5 René Balanec - Voies romaines en Morbihan - Bulletin de la SAHPL 1988

6 Dom Morice - Pr. II c 374

7 de Laigue - o.c. Réformations, Inzinzac

8 A.D.L.A. B 1572

9 Dom Morice - Pr. III c 1112

10 A.D.M B 5293

11 A.D.L.A B 1140

12 A.D.L.A. B 1084

13 A.D.M B 5218

14 de Laigue - o.c. Guilligomarc'h

15 A.D.M. 6A1 et A.D.L.A. 1578/3

16 A.D.L.A. B 1587

17 A.D.M. B 2754

18 G. d'Aviau de Ternay - ouvrage cité - A.D.M. B 2859

19 A.D.M. B 2859

20 A.D.M. E 5252

21 A.D.M. 3J6/3 et Ch. Floquet o.c.

22 Préface de Dom Taillandier dans Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne o.c.

23 Dom Morice - Pr. III c 1503

24 Rosenzweig 3J6/4

25 A.D.M. B 5298

26 Ch. Floquet o.c.

27 Dom Morice - Pr. III c 1664

28 A.D.M. B 2770

29 A.D.M. B 2789

30 A.D.M. B 2789

31 A.D.M. B 2827 et B 2859

32 A.D.L.A. B 265 - A.D.M. B 2772

33 A.D.M. E 5135

34 A.D.M. B 2476

35 A.D.M. B 5470

36 A.D.M. Q 504

37 A.D.M. B 2518

38 A.D.M. BJ6/3-4

39 A.D.L.A. B 1568

40 A.D.M. B 2793 - E 5496

41 A.D.M. E 1648

42 A.D.M. B 2872

43 A.D.L.A. B 1589

44 A.D.M. B 2859

45 A.D.M. E 1648

46 A.D.M. B 2872

47 A.D.M. 3J6/3

 

 

A.D.M. : Archives Départementales du Morbihan à Vannes

A.D.L.A. Archives Départementales de Loire Atlantique à Nantes

 

 

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