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L’HISTOIRE DU CIMETIERE DE KERENTREC’H

 

 

 

Hélène Lettry-Hério

(SAHPL)

 

 

Il y a bien longtemps, du temps des Grecs et des Vénètes, les voyages entre l’Irlande et ce qui était alors l’Armorique n’étaient pas rares. C’était alors des échanges commerciaux.

Lorsque le Christianisme se répandit en Grande-Bretagne, on vit alors les échanges devenir non plus commerciaux mais avec un but évangélisateur. C’est ainsi que Sainte Ninnoch vint au Vème avec tout son entourage s’installer sur la grève près de l’étang et de la fontaine devenus aujourd’hui Lannenech (Ploemeur).L’Abbé Saint Phélan était-il venu avec elle ?

On ne sait, mais quand elle ouvrit son monastère de femmes, l’Abbé Saint Phélan vint, lui, ouvrir son monastère au bord du Faouëdic. L’eau y coulait claire et abondante descendant des hauteurs environnantes d’un côté de la colline où des habitations prirent peu à peu le nom de Kervérot, de l’autre celle où beaucoup plus tard on construisit l’église de Kérentrec’h.

Le monastère dura plusieurs siècles et dans sa chapelle, les riverains s’y firent enterrer comme il était d’usage à l’époque. Après l’ordonnance de Villers-Cotteret, il fallut bien ouvrir un vrai cimetière ; on choisit un emplacement en un site un peu plus élevé que le monastère trop près du ruisseau.

En 1666, quand la Compagnie des Indes vint s’installer sur «  la lande du Faouëdic », il est bien reconnu qu’existait déjà dans le village de Kervérot plusieurs longères appartenant à des familles « Le Venedy », descendantes des Vénètes ; on y trouvait aussi le monastère de Saint Phélan.

Ma grand-mère était née en1860 et elle me racontait qu’alors existaient les ruines du monastère, mais quand il fut question de faire venir le train jusqu’à Lorient, il a été nécessaire d’élever un grand talus dominant la zone marécageuse et tout naturellement, pour cette élévation, on se servit des blocs de granit du monastère (comme en 1946 on se servit des grosses colonnes de granit de l’église Saint Louis pour combler le boulevard Svob).

Les habitants qui, au cours des ans, avaient peu à peu construit des maisons hors les murs de la ville, dans ce qui était devenu Kerentrec’h, continuaient à se faire enterrer là où l’avaient été leurs ancêtres, près des ruines du monastère. Quand le train arriva à Lorient, ils furent obligés de faire le détour par le passage à niveau et de descendre la rue Cosmao-Dumanoir.

Les premières années, quand il y avait grande marée accompagnée de pluies torrentielles, le creux où coulait autrefois le ruisseau se remplissait d’eau et j’ai vu de mes yeux de petite fille (1921 1922) les familles qui suivaient le corbillard se déchausser et avancer dans l’eau. Ma grand-mère, très digne, préférera rebrousser chemin, disant : « j’irai plus tard leur faire une visite de condoléances ».

Pour remédier à ce problème, il fallut construire le « petit pont » qui enjambait ce passage.

Quand on construisit l’église de Kérentrec’h « Notre Dame de Bonne Nouvelle », on ne chercha pas un emplacement pour ouvrir un nouveau cimetière et tous les habitants du quartier continuèrent à rejoindre leurs ancêtres, sans même se rappeler qu’ils devaient ce lieu à Saint Phélan, abbé qui était pourtant vénéré au Vème siècle, d’après les « Vies de Saints Bretons » écrites soit en breton soit en français (traduction).

       

          

                                                                               Hélène Lettry-Hério, née en 1918

                                                                                    Lorient, le 23 octobre 2006