Rechercher * Page précédente Accueil  Plan du site

 

LA LENTE DESTRUCTION DES ALIGNEMENTS

MEGALITHIQUES DU GUELDRO

 

 

Thierry Le Nézet

(SAHPL)

 Plan des alignements

Notification du classement "Monuments historiques"

 voir aussi

 

 

Entre les étangs et le bourg, suivant la crête qui va de Kerouzine à la rivière d’ Etel, en passant par les villages de Kerzine, Gueldro-Hillio, Keroué, Kerguésec, Kervelhué, Kerlaschuin pour aboutir au Gueldro-Marec, se dressait l’un des alignements de Plouhinec comprenant le Gueldro-Hillio. Il était orienté Sud-est. Beaucoup de ces pierres ont été brisées et employées en matériaux de construction.

En 1965, la Société Polymathique du Morbihan signale que le groupe le plus imposant se situait au Sud du bourg, au voisinage du moulin du Gueldro.

 

En 1825, Mahé signale trois ou quatre lignes parallèles de pierres verticales hautes d’environ quatre pieds au Gueldro et signale également un menhir de dix-neuf pieds abattu à Keroé, tout près du Gueldro.

En 1847, Cayot Délandre signale en ce même Gueldro un groupe de pierres se composant de pierres plus colossales que celles de Kerouzine.

"Plusieurs d’entre elles ont quatre à cinq mètres d’élévation et deux mètres de large. Le nombre de lignes qu’elles formaient ne pouvait être déterminé avec certitude, parce qu’il a été détruit un très grand nombre de menhirs. J’ai compté huit lignes en certains endroits, mais je crois qu’il devait y avoir onze autrefois, car ce dernier nombre se trouve dans les grands alignements d’Erdeven et de Carnac et dont ceux de Plouhinec étaient peut-être le prolongement. Ces alignements sont disposés à peu près de l’Ouest à l’Est."

En 1853, le Docteur Fouquet signale des alignements considérables près du moulin du Gueldro. Il précise : " le public commence à prendre goût à ces questions, à ces discussions et je crois qu’il est bon d’exciter vivement son intérêt  en faveur de nos vieux monuments, que le vandalisme atteint chaque jour et qu’il fera bientôt disparaître de notre sol si l’on n’y prend garde" (Vannes le 21 septembre 1853).

En 1889, Girard dira : "C’est à Plouhinec que commencent les allées de pierres druidiques qui s’étendaient jusqu’à Carnac et sont disposées d’Est en Ouest".

 En 1907, Zacharie Le Rouzic signale des restes d’alignements près du Sud-Est du village du Gueldro. Deux de ces menhirs viennent d’être brisés par  des carriers. "Un tumulus circulaire bien conservé sur la hauteur au Nord-Nord-Est des menhirs précédents et au Sud-Est du village du Gueldro, non loin et à l’Ouest de la route du Magouëro  à Plouhinec.          Exploré sans résultat par F.Gaillard, est à refouiller, la chambre doit être en sous-sol."

 Le saccage du Gueldro

 Ce saccage se serait donc produit vers 1958-1960.

 En 1961 P.R. Giot écrivait :

"C’est trop souvent que j’ai eu dans mes rapports l’occasion de sonner le glas, à la suite de la destruction de tel ou tel monument mégalithique non encore protégé (et même parfois protégé).

       La commune de Plouhinec a connu de très nombreux monuments mégalithiques. Une liste dressée par Zacharie Le Rouzic en mentionne 14 groupes. Parmi ceux-ci (dont j’ignore ce qui est préservé encore, pas grand-chose, je le crains), les seuls spectaculaires étaient les restes d’alignements du Gueldro. Ils étaient même indiqués sur la carte Michelin (avec une erreur de localisation, du moins il y a quelques années de sorte qu’en suivant les indications de cette carte il était impossible d’y arriver) et sur le Guide Bleu. Les indications de Le Rouzic ne reprenaient que les indications cumulées des anciens inventaires de Mahé, Fouquet, Rosenzweig et Gaillard.

Or, il vient d’être signalé que par la suite de l’exécution d’un plan de remembrement de la commune de Plouhinec avec abattage au bulldozer de talus et autres obstacles, tous ces blocs ont été arrachés et déracinés".

 En 1962, les services du génie rural envoyaient au préfet, lequel transmettait au Ministre des Affaires culturelles, les renseignements suivants :

"Les alignements du Gueldro sont situés dans une parcelle de lande rase d’environ 150 mètres de long sur 20 mètres de large. Ils sont constitués de deux alignements parallèles de formes à peu-près ovales dont la hauteur maximum est de 1 mètre. Avant les opérations de remembrement cette parcelle de lande était bordée au Sud par un chemin creux dont deux talus ont été rasés par un bulldozer, afin de construire un chemin rural de quatre mètres de large environ.

Pour permettre la construction d’un talus, il a fallu déplacer de quelques mètres cinq pierres qui actuellement sont renversées. En outre quatre pierres situées hors de l’alignement ont été enfoncées dans la parcelle 2 x N°46. Il serait aisé de reconstituer l’ensemble des deux alignements parallèles en replaçant à leur endroit initial les cinq pierres déplacées."

 On peut donc constater que le Génie rural minimise les dégâts aux yeux du ministre et rend acceptable officiellement  le saccage de plusieurs dizaines de menhirs.

 En 1962 P.R.Giot reprenait l’affaire du Gueldro et écrivait: "Nous avons attendu l’occasion d’étudier la question sur place avec nos collaborateurs, ce qui a été possible cet automne. A l’origine, les alignements du Gueldro devaient s’étendre sur plus de 500 m de la croix du carrefour du Gueldro vers l’Est et au delà du moulin du Gueldro vers l’Ouest.

La vraie partie importante des alignements se trouve dans la parcelle 21 d’une centaine de mètres de long sur vingt de large environ d’une contenance cadastrée de 16 ares 40 centiares, classe L2.

Cette parcelle 21 est en lande et a toujours été inculte, du fait des nombreux mégalithes qui la parsèment. Ces pierres sont pratiquement toutes couchées ou inclinées, mais indiquent nettement un minimum de 3 files allongées Nord Ouest-Sud Ouest.

En prenant des mesures de protection pour la parcelle ZX 21, nous pensons sauver l’essentiel significatif et représentatif de ce qui subsiste de ces alignements. Non seulement cette parcelle doit être classée Monument historique, mais je pense qu’il ne coûterait pas cher de l’acquérir. C’est aussi l’avis du maire de Plouhinec et de son secrétaire (mais en fait ces édiles n’ont pas l’air de s’y intéresser beaucoup)."

 En 1963, Le Courtois écrivait :

"Voici les renseignements que j’ai obtenus :

Le chemin passant près du Moulin de Gueldro a été construit il y a environ trois ans par l’entreprise Coudray, en accord avec le génie rural. Cette entreprise n’a aucunement préservé les mégalithes. Ceux-ci ont été en partie enfouis ou rejetés sur les côtés du chemin (46+10). Plusieurs d’entre eux ont été cassés, d’autres furent chargés sur des camions, seuls les 41 menhirs situés sur la parcelle 21 ont été préservés."

 

Plan des alignements du moulin du Gueldro.

On mesure son importance ainsi que les destructions commises lors de la construction de la route.

Le 9 juin 1998, le journal Ouest-France relate que les services techniques de la commune on relevé seize pierres de la parcelle 21 et les ont déplacées pour les aligner parallèlement à la route.

Perdant leur position d’origine, ils perdent leur signification. Ils étaient classés Monuments historiques et toute manipulation devait passer par l’assentiment de l’Etat.

On doit aussi constater que ces pierres se trouvant maintenant au bord de la route, cela aurait permis de construire récemment sur le terrain concerné. Ces alignements remarquables situés à Plouhinec auront servi au long des siècles à construire des routes et des bâtiments. Aujourd’hui, la pierre n’est plus indispensable à la construction.

C’est le béton et l’asphalte qui les font disparaître en même temps que des millénaires de civilisations trop peu connues.

 Une société sans passé est une société sans avenir.

Notification du classement " Monuments Historiques"