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NEOLITHIQUE MOYEN: EXPANSION CHASSEENNE AUX

ABORDS DU RUISSEAU DE PONT-CHRIST. BRECH (56)

   

Alain Le Guen

S.A.H.P.L.

 

La prospection en zone rurale.

 

            La Découverte d'un site préhistorique fut-il modeste, n'est pas le fruit du hasard mais plutôt le résultat d'une longue observation de la topographie d'une zone environnementale déterminée. La prospection au sol, en Bretagne intérieure, est rendue difficile à cause de la succession des landes, zones boisées et, terres agricoles. Ces diverses configurations du paysage ne facilitent pas la recherche d'indices permettant la localisation d'éventuelles stations préhistoriques.

            Il est primordial d'étudier avec attention les cartes de l'I.G.N., où sont mentionnés les cotes se rapportant au sol, les affleurements rocheux, les ruisseaux, les chemins de terre, les sentiers… Sur le terrain, il faut s'armer de patience ; ne pas s'engager à la légère ; décupler son sens de l'observation… Parcourir de nombreux champs labourés en quête de silex taillés, de tessons de poteries, équivaudrait à rechercher une "aiguille dans une meule de foin ! " ou, plus précisément à rechercher un "artefact de la Préhistoire sur des hectares de labours".

            La méthode de prospection au sol la plus fiable doit prendre en considération tous les facteurs topographiques dont le principal, à mon avis, est la situation du réseau hydrographique. L'eau, élément vital conditionne la survie des hommes et des animaux ; dès lors, le moindre cours d'eau revêt une importance capitale. Sa proximité permettra aux premiers "chasseurs-collecteurs" de traquer le gibier venant s'abreuver ou, de se livrer à l'aide de nasses ou de claies, à des activités de pêche… Plus tard, aux aurores du Néolithique moyen, période envisagée pour le ruisseau de Pont-Christ, en Brech, les semi-nomades de la côte du Morbihan emprunteront les mêmes cheminements...

 

La néolithisation de l'Armorique.

 

            La période Néolithique est caractérisée par le passage entre une économie de prédation, chasse, pêche, cueillette (Mésolithique) et une économie de subsistance, naissance de l'agriculture et sédentarisation.

            En Armorique, l'apparition d'une économie dite néolithique débute vers environ 5800 Av. J.C. Elle se développe dans un premier temps sur la bordure littorale. Deux facteurs contribuèrent à l'installation des premiers agriculteurs-pasteurs venus du sud : un accès plus aisé par la côte lors de leurs migrations, en évitant les parcours scabreux à travers l'hinterland et, en second lieu l'assurance de bénéficier de conditions climatiques favorables dues à la proximité de l'océan.

            Au Vème millénaire des preuves récentes apportées par des découvertes archéologiques permettent de mentionner un "Néolithique ancien". La grande architecture mégalithique se met en place se met en place aux alentours de 4500 Av J.C. Deux courants néolithiques abordent la péninsule armoricaine : l'un venant du Danube le second du bassin de la Méditerranée. Ces premiers pionniers néolithiques se trouvent à leur arrivée dans l'Ouest, confrontés à des populations structurées et hiérarchisées issues du vieux fonds mésolithique-côtier. Une période de transition, (le choc des cultures) se met obligatoirement en place…On peut penser qu'elle se passe "en douceur" ; d'un côté des agriculteurs-pasteurs, de l'autre…des "côtiers".

 

 

L'expansion chasséenne.

 

            Le Néolithique moyen armoricain, 4000-3500 Av. J.C. voit l'arrivée de nouveaux pionniers-défricheurs, les Chasséens, lancés dans ce que l'on pourrait qualifier de "Conquête de l'Ouest" !... Le Chasséen est une culture néolithique qui tire son nom de la station éponyme du Camp de Chassey, système défensif de Saône-et-Loire. Cette population d'éleveurs et de cultivateurs, à démographie galopante (excusez l'expression!...) pratiquant l'écobuage, sans cesse à la recherche de nouveaux pâturages et de terres à exploiter, va poursuivre son avancée vers les régions du ponant. Comme leurs prédécesseurs, ces nouveaux colons vont devoir composer avec les véritables propriétaires du sol, les gens du littoral… Par le biais d'échanges respectifs, produits du sol contre produits de la mer, une symbiose va s'instaurer. Sur le plan matériel, les connaissances des uns et des autres, en matière d'architecture mégalithique, de nouveaux types de poteries, d'outillage lithique, d'exploitation raisonnée des ressources locales du sol et de la mer, vont s'améliorer et accroître un certain bien-être…

            La richesse attisant la convoitise, un système défensif va se mettre en place à l'image de leur camp d'origine, celui de Chassey. D'importants ouvrages comportant fossés et palissades vont jalonner les centres vitaux où se développe la culture Chasséenne (Gavrinis, Locmariaquer…) Les collines et escarpements rocheux offriront des positions idéales à l'implantation de camps retranchés permettant une surveillance accrue du territoire conquis (Le Lizo en Carnac). A même le littoral, des sites tourneront le dos à la mer, protection naturelle de la côte sauvage et, renforceront leurs fossés et talus de défense en direction d'éventuelles attaques venant de l'intérieur du pays (Le Croh Collé, sur la presqu'île de Quiberon).

 

Le ruisseau de Pont-Christ.

 

            Peut-on parler de flair, lorsque sous vos yeux défile un paysage de molles collines descendant en pente douce vers un ruisseau tranquille!... La fréquence routière entre deux localités, Pluvigner, notre lieu de résidence à l'époque, et Auray, lors de déplacements, me permit un jour de tomber sous le charme d'un mouvement de terrain : la cote 62.

            Madame au volant, l'arpenteur des champs labourés observant le paysage, la décision fut prise d'aller voir de plus près ce que dissimulait ce coin de terre… Durant les périodes de labours, j'entrepris une prospection méthodique des sillons de cette zone sensible ; de quoi en avoir parfois "plein les bottes, par temps de pluie !..." mais, cette incursion en territoire chasséen fut révélatrice des échanges intercommunautaires pratiqués à l'époque néolithique entre la côte morbihannaise et l'intérieur du pays profond…

 

Localisation du site.

I.G.N. Carte de Baud N° 7-8 ; au 1/25000ème

Sur la R.N. 168 à partir du carrefour des Quatre Chemins de Brech, en prenant la direction de Pluvigner, la route suit un tracé rectiligne aboutissant au lieu-dit Pont-Christ.

Avant le franchissement du ruisseau qui sert de limite entre les communes de Brech et de Pluvigner, sur la gauche, un tronçon de l'ancienne route borde un vaste champ cultivé, terrain de mes premières investigations. La partie haute de cette pièce de terre se situe à la cote 62 ; elle est agrémentée de quelques résineux; la partie N.E. est boisée.

 

 

L'industrie lithique du champ de la cote 62.

 

Se révèle peu représentative. Le matériau de base, le silex, est tiré de galets provenant des cordons littoraux des plages fossiles ; région d'Erdeven ou de Quiberon ? Le poids de matière importée est de 1710 g.

            Le nombre d'éléments récoltés sur ce champ s'élève à 287. Sont pris en compte : les galets testés (9) ; les nucléus (2) ; les produits de préparation et de débitage ; les déchets de taille (254) ; les éclats et lamelles à fines indentations (il faut un compte-fils pour les repérer...) (17). L'outillage du fonds commun se limite à un grattoir caréné sur entame de galet     un grattoir unguiforme ; un perçoir sur éclat ; deux microlithes de facture mésolithique.

Il faut ajouter à cette liste, un fragment de lame épaisse, à bords abattus par retouche abrupte normale ; de section plano-convexe ; en roche grise et, la découverte peu banale, dans un contexte chasséen, d'un fragment de hache naviforme bien que cet objet caractérise le Néolithique final. (Dessin fig. 3)

A citer également dans le domaine de la céramique, parmi les tessons gisant sur le sol, un échantillon portant une légère carène ; à pâte bien cuite, noirâtre sur la face interne, légèrement rougeâtre sur la face extérieure ; à dégraissant de petits grains de quartz.

A la cote 62, la faible représentation de l'outillage ne plaide pas en faveur d'une station chasséenne importante ; cependant la présence de tessons de céramique autorise à imaginer un lieu d'habitat temporaire, une sorte de halte chasseurs-collecteurs. L'installation d'abris en torchis sur un point haut dominant le ruisseau de Pont-Christ serait alors envisageable et cadrerait avec les préoccupations de l'époque. Quand à la durée du séjour des semi-nomades, elle est difficile à estimer, compte tenu des impératifs liés aux migrations animales…

 

L'accès aux territoires de chasse et de pêche.

 

Au milieu IVème millénaire avant J.C., nos Chasséens s'aventurent dans la dépression creusée par le cours du Loc'h. Ce dernier est alimenté, en partie, par notre discret ruisseau, à la cote 24, en amont du moulin de Treuroux. Le Loc'h importante rivière vient, en fin de parcours se fondre avec la rivière d'Auray, laquelle débouche dans le Golfe du Morbihan zone particulièrement peuplée et appréciée des populations chasséennes du Néolithique.

La remontée du Loc'h par les hommes accompagne la remontée des salmonidés ; certaines espèces sont marines et ne remontent les cours d'eau qu'à certaines époques ; d'autres demeurent dans les eaux douces : rivières et ruisseaux à eaux limpides. Parmi les différentes espèces de salmonidés figurent : le saumon commun (Salmo salar) ; la truite de mer (Trutta marina), qui elle aussi remonte les cours d'eau et la truite de rivière (Trutta fario), poisson sédentaire. L'anguille commune (Anguilla vulgaris) des eaux douces est aussi présente au ruisseau de Pont-Christ ; elle ne peut frayer qu'en mer. A la fin de l'automne elle quitte les rivières et les ruisseaux pour gagner les lieux de ponte situés dans l'Atlantique par des fonds de 1000 mètres !...

Mais, quittons le domaine halieutique et égarons nous dans les sombres zones forestières de l'arrière-pays, sur des territoires et itinéraires de chasse de nos Chassé…ens ! Le gibier abonde… le cerf (Cervus elaphus) et le chevreuil (Capreolus capreolus) ; le sanglier (Sus scofra), peuplent les sous-bois. D'autres animaux de la famille des Mustélidés seront chassés pour leurs fourrures. Dans les régions marécageuses, la gent ailée ne sera pas épargnée : les ancêtres de nos espèces domestiques, de canards et d'oies figureront au menu de nos propres ancêtres !...

La ressource est là ; nos chasseurs-collecteurs sont à l'affût…

 

La clé des champs…labourés.

 

Elle se trouve en bordure du ruisseau, sur la pente d'une terre bien exposée au levant, protégée des vents dominants par un écran de feuillus… Une prospection plus poussée en direction du ruisseau s'avérait nécessaire en tenant compte des premiers indices de la cote 62.. Après contournement de la zone boisée, un dernier champ labouré semblait être l'endroit idéal à arpenter…

Si le paysage s'est radicalement transformé au fil des millénaires, les Néolithiques ont fait preuve, à l'époque, d'une parfaite connaissance de leur environnement ; ils ont choisi un lieu bien adapté à l'implantation d'un petit atelier de taille de galets côtiers de silex : un espace abrité au pied d'une colline, exposé au N.E. donc, bénéficiant d'un maximum d'ensoleillement et la proximité d'un ruisseau où les animaux venaient s'abreuver ; eaux vives permettant des activités de pêche…

 

L'atelier de taille et ses productions.

 

            La totalité des nucléus récoltés à la surface du champ s'élève à 35 pièces.

            Deux méthodes de percussion ont probablement été utilisées pour fractionner les galets : la percussion directe au percuteur de pierre (2 percuteurs en quartz ont été trouvés sur le site) et, la percussion lancée sur enclume privilégiée sur 24 nucléus. A l'exemple de la cote 62, 11 galets testés ont été rejetés.

            Les plans de frappe des nucléus n'étant pas toujours discernables, on peut toutefois estimer que la technique du débitage unipolaire des galets, "sur enclume", figure en bonne place. Très souvent les galets débités ont conservé une plage corticale. Les nucléus à plan de frappe multiples ont libéré principalement de petits éclats, parfois de courtes lamelles, leur nombre est représenté par une dizaine de pièces ; un unique exemplaire appartient au type du nucléus prismatique, à deux plan de frappe opposés.

 

            Produits de préparation : ce sont les divers éclats provenant de l'épluchage du galet : éclats d'amorçage revêtus du cortex ; éclats de décorticage laissant apparaître la nature du silex, tout en conservant une plage corticale. La chaîne opératoire se poursuivant, libère des éclats de mise en forme du nucléus : éclats d'angle ; la régularisation des arêtes donne naissance aux éclats et aux pointes à côte. D'autres éclats à dos naturel ou de préparation viennent grossir ces déchets de taille : lamelles brutes, éclats ou lamelles à crête…

 

            Produits de débitage : une fois le travail de préparation du nucléus achevé, le but final de l'opération consiste à extraire les meilleurs éclats, lames ou lamelles aptes à servir à l'état brut ou après retouche des bords, de supports d'outils standardisés.

            Il est bon de noter que dans chaque zone de préparation et de débitage des nucléus que l'on qualifie habituellement d'"atelier", le pourcentage d'outils finis reste relativement faible ; cela tient au fait que ces produits ont été acheminés vers les campements ou haltes saisonnières et le plus souvent perdus sur les itinéraires de chasse ou de pêche !...

            Les produits de préparation des nucléus représentent un total de 180 éclats (dont 7 pièces dessinées à la figure 1 ; n° 12 à 18).

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Fig.1- L'atelier de taille. Ruisseau de Pont-Christ (Brech, 56)

1 à11 : nucléus ; 12 à18 : produits de préparation des nucléus.

Typologie de l'outillage lithique

 

 

GROUPE D'OUTILS DU FONDS COMMUN.       (Fig. 2)

 

 

N° des pièces

 

CARACTERES PARTICULIERS

 

 

N° 1 à 4

N° 5 à 6

    N° 7

    N° 8

    N° 9

    N° 10

    N° 11

      N° 12 ...........

   N° 13

    N° 14

    N° 15 à16

    N° 17

    N° 18

    N° 19

    N° 20 à 22

    N° 23

    N° 24

 

 

Grattoirs carénés sur entames de galets.

Grattoirs simples sur éclats.

Eclats à bord abattu arqué (retouche abrupte normale).

Lame à bord abattu arqué (bord gauche à retouche abrupte sur enclume).

Lame à tête arquée (retouche abrupte sur enclume).

Lame denticulée au bord gauche (très bel outil ; couteau scie ?).

Fragment de lamelle à bord abattu (partie distale).

Armature à tranchant transversal, caractérisant les armatures du NEOLITHIQUE MOYEN. (à retouches abruptes sur enclume). CHASSEEN.

Trapèze à deux côtés concaves, de tradition mésolithique côtier.

Burin sur lame épaisse (bord de la partie distale, retouchés).

Eclats à retouche abrupte sur enclume.

Large éclat à retouche envahissante.

Partie proximale d'une belle lame, à bord droit finement retouché.

Eclat à retouche abrupte normale.

Lamelles à bords finement retouchés.

Lame finement retouchée, sur les bords de la partie distale.

Eclat denticulé.

 

 

 

 NOMBRE TOTAL D'OUTILS DU FONDS COMMUNS : 24 pièces  

 

Définition de la retouche "abrupte sur enclume (croisée)" : il s'agit d'une retouche abrupte dont les enlèvements partent des deux faces de la pièce et forment un dos. Les départs des retouches se présentent très souvent avec des traces d'écrasement. (J. Tixier)

 

            Les éléments récoltés, toutes pièces confondues, sur ce petit atelier de taille proche du ruisseau de Pont-Christ, représentent un total de 276 pièces ; pour un poids de matière de 3935 g.

 

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Numériser0005.jpg

Fig. 2- L'atelier de taille. Ruisseau de Pont-Christ (Brech, 56)

Outillage du fonds commun.

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Néolithique final 2300 avant J.C.

Un éclat de technique Levallois.

             Autre pièce exceptionnelle dans ce contexte chasséen ; un superbe éclat Levallois (Figure 3), découvert près du ruisseau.

            La seule définition correcte de l'éclat  Levallois est : "éclat à forme prédéterminée par une préparation spéciale du nucléus avant enlèvement de cet éclat". (F. Bordes, 1961). Cette technique de débitage du nucléus s'effectue au percuteur de pierre. Elle remonte à un demi-million d'années !...

Numériser0004.jpg

Le fragment de Hache naviforme de la cote 62.

Hache bipenne ? Les faces de la hache sont grossièrement planes ; les flancs ont subi un polissage assez soigné. Le tranchant poli présente un profil caractéristique, très accentué, en "étrave de canoë"; ce tranchant est légèrement mousse.

La fracture provoquée vraisemblablement au niveau de la partie mésiale de la pièce, là où devait se trouver une perforation biconique si l'on se réfère aux instruments perforés armoricains, possède la même patine que l'ensemble du fragment.                

De ce constat, on peut admettre que le bris de l'objet date de son façonnage ; sous les coups répétés d'un percuteur dur, les deux cupules de préparation, avant l'alésage ont cédé provoquant la rupture d'un matériau de mauvaise qualité…

            Un dilemme reste pourtant à trancher pour le découvreur de l'objet ; lors de l'exécution d'un instrument perforé, à quel moment de la chaîne opératoire l'artisan va-t-il procéder au travail de perforation, l'exercice le plus délicat !... Si l'on s'en tient aux rares ébauches de supposées "bipennes" trouvées hors contextes ou inscrites aux inventaires des collections, c'est après le stade du piquetage-bouchardage que les pièces présentent sur chacune de leurs faces une cupule destinée à rencontrer son opposée ; ces "trous borgnes" sont les indices d'une tentative de perforation avortée… Le polissage des flancs et des tranchants n'intervenant qu'après l'alésage de la perforation. Logique ou pas, la motte de terre qui protégeait la précieuse relique est restée muette !...

            Revenons à des considérations plus terre à terre :

Longueur du fragment : 78 mm. ; largeur : 45 mm. ;  épaisseur : 48 mm. ; hauteur du tranchant : 51 mm. Poids du fragment : 270 g. Nature de la roche : bleutée, à gros grains ; une épidiorite du type B ? (roche basique reconnue par MM. Giot et Cogné, 1952).

 

Plaidoyer en faveur de l'art mégalithique armoricain.

 

            Permettez-moi, en guise de conclusion, de mettre l'accent en tant que Lorientais de naissance, sur l'importance que prend le domaine maritime en matière d'art mégalithique aux IVème et IIIème millénaires, car à notre époque il attire de nombreux visiteurs lors des migrations saisonnières en période estivale.

            Au temps des découvreurs et précurseurs du mégalithisme armoricain, l'interprétation d'un art basé essentiellement sur la gravure aboutit à un corpus de signes et figurations relevés dans différents monuments de la période Néolithique. A l'époque, prévalait un culte de la déesse-mère, parfois extrêmement schématisée, protectrice d'un monde agraire.

            Le vent semble avoir tourné, venant jeter le trouble sur nombre de signes, pour le moins énigmatiques. Si la déesse-mère est toujours présente, elle porte désormais son regard vers l'océan et ses abysses ; la hache-charrue est devenue… cachalot ; de prétendus fers-de-lances… avirons de gouverne (Prajou-Menhir, en Trébeurden, 22) ; (au Luffang, en Crach, 56), la déesse s'est métamorphosée…en poulpe (aucune allusion aux déboires de certains hardis navigateurs…) et, au (Mané-Lud, en Locmariaquer, 56), un génial constructeur naval a esquissé ses premiers types d'embarcations…

Notre littoral breton a le vent en poupe ; c'est bon, ça sent l'air du grand large, ça décoiffe !...                          

   

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BILIOGRAPHIE

   

BORDES F., (1979) – Typologie du Paléolithique ancien et moyen. Bordeaux, éd. C.N.R.S., 103 p., 108 pl.

 BREZILLON M. – La dénomination des objets de pierre taillée. IVe supplément à "Gallia Préhistoire", Paris, 1968, 416 p., 227 fig.

 CAMPS G. (dir), (1998) – L'Homme préhistorique et la mer. Paris, Ed. C.T.H.S., 446 p.

 GIOT P.R., MONNIER J.L., L'HELGOUAC'H J., (1998) – Préhistoire de la Bretagne. Ouest France Université, 589 p.

 INIZAN M., REDURON M., ROCHE H., TIXIER J., (1995) – Technologie de la pierre taillée. Meudon : C.R.E.P. (Préhistoire de la pierre taillée ; tome 4)

 LE GUEN A., (1971) – Une hache bipenne symétrique découverte à Saint-Sauveur en l'Île de Groix. Société Lorientaise d'Archéologie. Travaux.

 LE GUEN A., (1972-1973) – Une station du Néolithique moyen sur la côte sauvage de Quiberon. Société Lorientaise d'Archéologie. Travaux, p.8-9.

 LE ROUX C.-T., (1975) – Il ya plusieurs millénaires… Fabrication et commerce des haches en pierre polie. Les dossiers de l'Archéologie. Bretagne préhistorique, n° 11, bimestriel, juillet-août 1975, p. 42-55.

 LE ROUX C.-T., (1999) – L'outillage de pierre polie en métadolérite du type A. Les ateliers de Plussulien (22); travx. Du lab. "A.P.Q.A.", n° 43.

 ROLLANDO Y., (1985) – La préhistoire du Morbihan. Le Vannetais littoral. bul. de la S.P.M., (tome III juillet 1984).

 TIXIER J., (1963) – Typologie de l'Epipaléolithique du Maghreb. Mémoire n° 2 du C.R.A.P.E., Paris, A.M.G.