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PRESENTATION D’UNE SERIE D’ARMATURES  DE POINTES DE FLECHES

DU NEOLITHIQUE SAHARIEN - Début du IVème millénaire

Alain LE GUEN            Membre de la SAHPL

 Industrie lithique : perçoirscoches - pointes de flèches 

 

Dessins: Planche I Planche II

Inventaire: Planche I Planche II

Bibliographie

 

Lors de la conférence du samedi 8 janvier 2005, Mlle Danielle Delaloy, membre et sœur de Madeleine Delaloy ancienne secrétaire de la SAHPL décédée en fin d’année 2000, a fait don à notre Société d’un lot « d’armatures de pointes de flèches sahariennes ». Au nom de notre Société, qu’elle en soit vivement remerciée. Ce lot m’a été confié par notre Président Yves Cocoual le 15 janvier 2005 afin de procéder à l’étude du matériel : typologie des pièces, dessins au trait et description du lot.

 Essai de localisation du site

 Le Néolithique propre au Sahara a subi les influences capsiennes de l’Epipaléolithique du Maghreb. L’expansion du Caspien supérieur issue du sud Constantinois s’étend jusque dans les stations du Chott-Melghir et se prolonge vers le « Bas-Sahara ».

Au sud de Ouargla les gisements du Néolithique saharien se situent en bordure des « sebkhas fossiles »(vastes étendues salines)

Prélèvement de la récolte d’outillage

 De nombreux sites de la région de Ouarlaga ont été « écrémés » depuis fort longtemps  par divers prospecteurs présents dans la région.

Les armatures de pointes de flèches des familles C et D par la prouesse technique de leur façonnage, la diversité et l’élégance de leurs formes, le choix des matières, furent l’objet de bien des convoitises ; un tri systématique s’opéra sur les nombreux petits gisements de surface, à proximité des « sebkhas »

 Conclusion

 On peut raisonnablement considérer que le lot aimablement remis à la SAHPL par Danielle Delaloy provient du « Bas-Sahara » ; dans ce lot, la présence de « scies » exclusivement capsiennes dans le Maghreb, s’est perpétuée dans le Néolithique saharien dit de tradition capsienne

INDUSTRIE LITHIQUE

 Le nombre restreint de pièces récoltées ne justifie pas l’emploi de la liste typologique utilisée habituellement pour la classification de ce genre de matériel. Cependant, il faut souligner la présence de deux groupes importants d’outils : le groupe des perçoirs et celui des pièces à coches(s)

         Le groupe des perçoirs

 Perçoirs : définition du Larousse : « outil qui sert à faire des trous ». Instrument préhistorique formé par une lame ou un éclat dont une extrémité a été réduite en pointe par retouches successives.

Dans ce groupe on peut ranger les « becs, mèches de foret, tamponnoirs, tarières » dont l’usage est l’obtention d’un trou dans des matériaux tels que les roches dures, l’os, la corne ou le bois ... Suivant la finesse de l’outil utilisé il peut servir également au perçage des tests d’œuf d’autruche afin d’obtenir des rondelles d’enfilage servant de grains de collier.

         Le groupe de pièces à coches

 L’outil le plus caractéristique est la scie

Scie : pièce présentant sur un bord (plus rarement les deux) une fine denticulation très régulière. (J. Tixier)

Ce genre de pièce caractérise le Néolithique de tradition caspienne ( Epipaléolithique du Maghreb)

La morphologie des bords fonctionnels de cet outil est identique à celle de nos « couteaux-scies ». Ici, son utilisation se trouve justifiée par la découpe de test d’œuf d’autruche et très probablement par la confection  de récipients destinés au portage de l’eau ou de graines et baies sauvages, et de coupelles à usage domestique, ustensiles parfois décorés de motifs gravés.

             ARMATURES DE POINTES DE FLECHES

 Définition

 H.J. Hugot publie en 1959 un « Essai sur les  armatures de pointes de flèches du Sahara ». Dans ce  travail, chaque famille est identifiée par une lettre et chaque modification à l’intérieur d’une même famille par un chiffre.

L’auteur développe alors une classification en 9 familles subdivisées chacune en autant de groupes qu’il est nécessaire.

Dans cet essai, H.J. Hugot qui définit l’armature de point de flèche : « objet … dont est munie l’extrémité distale d’un trait qu’on lance avec un arc ou une arbalète » justifie sa préférence pour le mot armature : « Le terme pointe » employé seul est inexact : il évoque une forme effilée, un angle plus ou moins aigu dont la propriété est piquer ou de percer.

Or l’armature dite « à tranchant transversal » n° 42 (F4) du matériel récolté n’a aucune de ces deux qualités. Il existe aussi des armatures se terminant par une ligne courbe concave ou convexe … Le mot « pointe » sera réservé à la partie du trait et entendu comme ce qui est opposé à la hampe. L’armature sera par conséquent l’objet manufacturé qui arme la pointe.

 Armatures de pointes de flèches récoltées

 Le lot le plus important dont la morphologie varie peu est représenté par les familles C (7individus) : armatures foliacées, et D (28 individus) : armatures pédonculées de la classification de H.J. Hugot.

Au Sahara, les armatures de pointes de flèches foliacées et pédonculées sont soigneusement retouchées par enlèvements longs parfois en écharpe sur du silex préalablement chauffé. Le chauffage du silex est d’un  usage systématique pour ces familles d’armatures. Le chauffage a été pratiqué non sur le nucléus ou le gros éclat mais sur l’ébauche de la pièce.

Le matériau employé pour la fabrication des pièces récoltées est le silex local.

Le mode de fabrication des pièces montre une grande uniformité ; la retouche est bifaciale (elle se développe sur les deux faces de la pièce) : courante (elle atteint la totalité des surfaces travaillées) ; en pelure (enlèvements très minces) ; la direction des enlèvements est en écharpe (parallèle oblique) ; parfois en chevron.

 

 BIBLIOGRAPHIE

 

UMASSIP G. – Néolithique sans poterie de la région de  l’oued Mya (Bas Sahara), Mémoire n° 20 du CRAPE, Alger, SNED, 227p,                 131 fig.

BALOUP L . – Algérie préhistorique, Paris, 1958, 185p, 160 phot.

 BREZILLON M. – La dénomination des objets de pierre taillée, IVème supplément à « Gallia Préhistoire », Paris, 1968, 416 p, 227 fig.

 CAMPS G. – Les civilisations préhistoriques de l’Afrique du Nord et du Sahara, Paris, Doin Editions, 1974, 366 p, 100 fig., 30 pl., 39                tabl.

 GAUSSEN J. & M.- Le Tilemsi préhistorique et ses abords. Sahara et Sahel malien. Editions du CNRS, Paris, 1988, 272 p., 165 fig.

 MATEU J. & FAVERGAT G. – Découverte d’une station néolithique au Tanezrouft occidental, Lybica, t. 13, 1965, 157-182

 TIXIER J. – Typologie de l’Epipaléolithique du Maghreb. Mémoire n°2 du CRAPE, Paris, AMG

 

 

NOTE

 Si certains membres de la SAHPL se trouvent être possesseurs de matériel préhistorique, qu’ils n’hésitent pas à prendre  contact avec notre Société. Je me mettrai, dans la mesure de mes modestes connaissances, à leur disposition pour étudier, dessiner et répertorier le matériel. Cela me permettra de progresser dans un domaine qui m’est cher.

Alain Le Guen

Kerloret  -  Ile de Groix

Membre de la SAHPL