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REPÈRES POUR UNE INITIATION

 À LA

 NUMISMATIQUE IMPÉRIALE ROMAINE

 Louis Goulpeau

 

  

Remarques introductives 
I. Organisation générale du système et évolution  III Aspect descriptif ou Typologie d'une monnaie
     I.1. Le système sous le Haut-Empire

III.1. L’effigie

     I.2. Dérive durant le IIIème siècle

III.2. La titulature

     I.3. La réforme de Dioclétien

III.3. Le type du revers

     I.4. Le cycle des réformes au IVème siècle

Divinités - Personnifications - Célébrations -Génie constructeur de l’Empereur

II Données économiques et indices de dévaluation

Victoires - Scénes allégoriques - Vœux nombreux offerts à l’Empereur - Les frappes posthumes

     II.1. Recherche d’une équivalence

III.4. Les différents d’atelier

     II.2. Estimation du taux de dévaluation

 

 

 

Remarques introductives :

 

            · Il ne faut pas perdre de vue l’étalement dans le temps. L’Empire s’étale sur plus de 4 siècles.

            · L’éloignement dans le temps écrase la perspective chronologique. Entre Auguste et Théodose, il y a plus de temps qu’entre Henri IV et aujourd’hui. Un denier de la République a encore cours au milieu du IIIème siècle, soit plus de 4 siècles après son émission.

            · Une monnaie vaut, en principe, sa valeur réelle de métal, d’où parfois un équilibre délicat pour un système plurimétallique (fluctuation des rapports Or/Argent et Argent/cuivre).

            · Par convention les différents métaux seront repérés par les symboles :

               AV pour l’or, AR pour l’argent et AE pour les alliges cuivreux (bronze, orichalque..). 

 

I. Organisation générale du système et évolution 

I.1. Le système sous le Haut-Empire

            Le système de base créé par Auguste continue directement et en le simplifiant le système monétaire de la fin de la République.

            

  République

Haut-Empire
AV AR AE AV AR AE
  Aureus (8g) ® Denier (4,5g) Aureus (8g)  ® Denier (4g)
    x 25     ¯x 2      x 25    ¯ x 2
Quinaire

Quinaire    ® 

Sesterce (24g)
¯ x 2

   x 2

¯ x 2

Sesterce     ®

As Dupondius

x 4

¯

¯ x 2
Semis (1/2)    As
   ¯ ¯ x 2
Triens (1/3) Semis
   ¯     ¯ x 2
Quadrans (1/4)  Quadrans
   ¯
Sextans (1/6)
¯
Once (1/12)

 

I.2. Dérive durant le IIIème siècle

 

            Dès le milieu du IIème siècle, le quadrans disparaît (dernières frappes sous Antonin). Les conquêtes qui avaient un rôle moteur sur l’économie ralentissent puis s’arrêtent. L’Empire se met en position de défense (au nord et à l’est). La dynamique est rompue. La valeur intrinsèque du denier se détériore lentement (baisse du titre d’argent) (voir les chiffres en II.).

            Au début du IIIème siècle, Caracalla introduit un double denier (d’où l’appellation d’antoninianus traduit par antoninien, Caracalla n’étant qu’un surnom). Mais il y a tricherie et sur le titre et sur le poids. C’est une dévaluation déguisée. Par la suite, l’appauvrissement du titre et du poids sera tel que les derniers antoniniens ne seront plus que du cuivre saucé (mince pellicule d’argent). A la fin du IIIème siècle, le denier aura pratiquement disparu.

            On assistera même sous Trajan-Dèce et Postume à des essais, sans suite, d’introduction de doubles-sesterces en bronze. De même, après 270 AD, Aurélien tentera de restaurer au moins le poids de l’antoninien qui est alors en alliage de cuivre et d’argent à bas titre et saucé. Mais la confiance est perdue.

I.3. La réforme de Dioclétien

 

            La réaction de Dioclétien (à partir de 290 AD) va dans plusieurs directions :

* politique, par établissement d’un nouveau système d’équilibre des pouvoirs (à 4), la Tétrarchie,

             * monétaire, par mise sur pied d’un nouveau système.

    * économique, par essai de blocage des salaires et tarifs (l’édit du Maximum),

Le système est construit en faisant référence à un denier de compte (sans monnaie frappée correspondante) qui assure la liaison avec le système antérieur.

 

 AV     ®    AR  ®   AE    ®    ®    Ref
  x 24   x 5   x 2,5 x 2  
Aureus  5,47g      Argenteus      Follis   Antoninien Denier de compte
  5,47g      3,41g           10,5g      
           

 Mais le cycle inflationnel n’est pas arrêté pour autant d’où une rapide perte de poids du follis :

295 AD    #305 AD   307 AD   310 AD   313 AD    330 AD  
10,5g ® 8,12g ® 6,77g ® 4,54g ® 3,36g  ® 2,60g  
1/32   1/40   1/48    1/72    1/96   1/124 Pieds

 

I.4. Le cycle des réformes au IVème siècle

             Pour schématiser nous retiendrons :

· Sous Constantin I – 324 AD

            * passage d’un aureus (1/60 = 5,47g) à 1 Solidus (1/72 = 4,54g),

            * création du Milliarens (4,54g d’AR = 1/72)

* l’argenteus devient la Silique (3,41g d’AR = 1/96).

· Sous Constance II – 348 AD)

            * remplacement du follis dévalué par le Centenionalis (2,60g = 1/124),

            * puis en 356 AD, introduction de la Maïorina (double-centenionalis à 5,20g),

            * enfin, dévaluation de la silique (2,25g d’AR).

· Sous Théodose, à la fin du IVème siècle :

 

AV   AR   AE
Solidus x 15 Milliarens    
4,54g ® 4,54g    
        ¯ x 2    
    Silique x 10 Maïorina
    2,25g ®    4,54g
        ¯ x 2
        Centenionalis
        2,27g
       

 

II Données économiques et indices de dévaluation

  

II.1. Recherche d’une équivalence

             Le système économique étant très différent de celui que nous connaissons, il n’est pas facile de faire une comparaison. On peut quand même rechercher un ordre de grandeur des équivalences pour se fixer les idées.

            Les plus bas salaires au début de notre ère se situent autour d’un denier/jour [paye du légionnaire, salaire de l’ouvrier agricole (cf Nouveau testament), etc…]. En effectuant la comparaison avec un SMIG situé autour de 6000F/mois de 30 jours, on arrive à une équivalence grossière de :

6000F/30 jours = 200F/jour     soit     1 denier @ 200F

 

D’où en cascade :

1 Sesterce @ 50F

1 As @ 12,5F

1 Quadrans @ 3F

            Maintenant, qu’en était-il des prix ? Les exemples ne manquent pas, ne serait-ce pour le Ier siècle de notre ère que la série des tarifs relevés en 70 AD à Pompéï, tant pour des victuailles et biens de consommation courants que pour les prestations des prostituées :

Par exemple :       1 modius de blé à 12 As correspondrait à 28F/Kg pour ce blé,

                         ¼ de congius de vin à 1 As correspondrait à 18,5 F/litre (qualité à préciser),

                        1 entrée au cirque ou aux thermes à 1 quadrans donnerait 3 F la place.

     Mais nous aurions pu tout aussi bien choisir d'illustrer cette partie par les nombreux exemples figurant au tout début du IVème  siècle dans l'édit du maximum de Dioclétien

II.2. Estimation du taux de dévaluation

             Là également, donner des chiffres peut paraître hasardeux. Nous nous y risquerons en prenant comme base l’évolution de la paie du légionnaire :

                        225 deniers/an sous Auguste (point de départ du système),

                        350 deniers/an à la fin du Ier siècle AD,

                        600 deniers/an sous Caracalla (@ 215 AD),

                        1400 deniers/an au milieu du IIIème siècle (@ 260 AD),

                        25000 deniers/an à la fin du IVème siècle (@ 390 AD) (deniers.de compte).

            Le taux de dévaluation moyen qu’on peut en déduire évolue de :

                        0,4% / an au début de notre ère     à     2,7% / an à la fin du IVème siècle.

 Mais ces taux, faibles dans l’optique de notre économie moderne, se traduisent à long terme par une crise réelle pour des monnaies dont la valeur annoncée correspond à la valeur intrinsèque de leur contenu métallique. Pour les trois premiers siècles durant lesquels le même système est conservé, cela se traduira par :
              

AR (denier)

AE (sesterce)
· baisse du titre :

90% sous Auguste

40% sous Sévère-Alexandre (230AD)

15% sous Gallien (@ 260 AD)

2% vers 270 AD (monnaies saucées)

 

83% Cu + 15% Zn

83% Cu + 15% Zn

72% Cu + 7% Zn + 14% Pb + 7% Sn

70% Cu + 4% Zn + 17% Pb + 9% Sn

· baisse sur le poids

 

4,54g (Antoninien) sous Caracalla

@ 4g sous Trajan-Dèce (@ 250 AD)

@ 3g sous Claude II (@ 270 AD)

     autour de 2g (imitation saucée)

 

23g sous Auguste,

21,5g sous Sévère-Alexandre (230 AD),

20,3g sous Gordien III (240 AD),

17,7g sous Gallien (260 AD).

 

            Ceci étant précisé, et bien que les empereurs successifs se soient efforcés de les retirer de la circulation pour les envoyer à la refonte, il n’empêche qu’un denier d’Auguste a encore officiellement cours au milieu du IIIème siècle comme en témoignent certains enfouissements monétaires. In fine, on aboutit à une contradiction. Un sesterce de bronze de 15g est censé valoir 1/8 d’un antoninien pesant 3g (bronze saucé d’une mince péllicule d’argent). Après circulation et usure de la mince pellicule, ce n’est plus crédible d’où thésaurisation des monnaies de bronze durant cette période.

III Aspect descriptif ou Typologie d'une monnaie

  

III.1. L’effigie

 · Elle figure conventionnellement au droit (l’avers = D/) de la monnaie.

            C’est celle de l’empereur en titre (Augustus), de l’impératrice (Augusta), de l’héritier désigné (Caesar) alors souvent le fils (éventuellement adoptif) de l’empereur ou plus rarement d’un parent ou d’un proche que l’empereur souhaite honorer. Il convient d’y ajouter les effigies des empereurs précédents décédés et divinisés.

            Les effigies sont le plus souvent aspectées à droite mais celles aspectées à gauche ne sont pas rares. Elles sont généralement de profil, plus rarement vues de ¾.avant ou arrière.

 · L’effigie peut représenter la tête seule ou être en buste.

      * La tête peut être nue, laurée, diadèmée (IVème s.), voilée (posthume) casquée ou à couronne radiée.

      * Le buste peut être nu, drapé, cuirassé, drapé et cuirassé, en manteau consulaire (paludamentée).

      * Des accessoires divers peuvent être ajoutés : lance, bouclier, mappa et volumen (IVème s.), etc…

· Pour les effigies féminines, une étude de l’évolution de la coiffure et de la mode vestimentaire reste à faire.

      * coiffure évoluant depuis le chignon d’abord bas sur la nuque puis plus haut sur la tête,

      * coiffure plus élaborée des épouses de la dynastie antonine avec diadème et stéphanée (début IIème),

      * apparition de coiffure type "afro" à partir des Sévères, puis évoluant durant le IIIème siècle.

· La couronne radièe pour les hommes et la croissant sous le buste pour les femmes sont des signes de doublement de la valeur :

    * dupondius pour deux As à partir de Néron.

    * antoninien pour deux deniers durant le IIIème siècle,

    * plus rarement double-sesterce sous Trajan-Dèce et Postume.

III.2. La titulature

             C’est l’ensemble des titres du personnage représenté. Elle se développe autour de l’effigie au droit de la monnaie. Si elle est donnée complète, elle peut être trop longue et se poursuivre au revers pour les grands modules tels les sesterces. La tendance générale est à une titulature longue (voire très longue) au début du règne lorsque le personnage a besoin de se faire connaître. En fin de règne surtout si celui-ci est long, la titulature se réduit au minimum (voir des exemples en fin de partie).

            Les noms, titres et qualificatifs sont donnés sous forme abrégée et à la queue leu-leu sans séparation, d’où une lecture qui nécessite un certain entraînement pour isoler les groupes significatifs de lettres.

(Cliquer pour agrandir le tableau)

tableau_numismatique 80_%_.jpg (120107 octets)

Gallien : début de règne      D/ IMP C P LIC GALLIENVS P F AVG
  fin de règne D/ GALLIENVS AVG

 

III.3. Le type du revers

Il est particulièrement varié. Il est utilisé pour :

     - exprimer la doctrine officielle de l’Empire (asseoir l’autorité de l’ Empereur),

     - développer la propagande impériale (parfois à la limite de l’intoxication),

     - faire connaître les grands évènements (victoire, conquête, construction, naissance, etc   ),

     - célébrer les anniversaires impériaux, émettre des vœux pour l’empereur et ses proches.

On peut artificiellement regrouper les thèmes développés.

a) Divinités

            Elles sont censées être honorées par l’Empereur qui se prétend familier avec elles.

            Elles sont accompagnées de leurs attributs caractéristiques (légendes très diversifiées).

                        * Foudre et aigle avec Jupiter,

                        * Lyre avec Apollon,

                        * Pétase et caducée avec Mercure,

                        * Trident avec Neptune, etc…

            La légende peut chercher à marquer l’idée de proximité entre la divinité et l’Empereur.

                        Exemple : NEPTVNO COMES AVG dans la série du bestiaire sous Gallien ;

                                    Comes qui donnera le titre de Comte portant le sens "proche de".

                                    Titre porté au Haut-Moyen-Âge par les nobles proches du roi.

b) Personnifications  (de vertus, de qualités, de provinces)

            Elles sont aussi accompagnées d’attributs. Parfois, seul l’attribut sert d’illustration.

                        * Fortvna avec gouvernail et corne d’abondance,

                        * Liberalitas avec abacus :

                                                depuis la scène complète de distribution par l’Empereur,

                                                en passant par un gros plan sur l’Empereur seul assis,

                                                jusqu’à la Libéralité seule debout,

                        * Fecvnditas sous les traits de l’Impératrice avec plusieurs enfants,

                                    sous Faustine jeune, on suit les maternités successives (de 1 à 6).

                        * Virtvs en habits militaires,

                        * Concordia : depuis l’Empereur face à un légionnaure dont il tient les mains,

                                                jusqu’aux deux mains croisées seules.

            Nous aurions pu choisir : Pax, Spes, Pvdicitia, Pietas, Secvritas, etc…

            Il existe de multiples variantes qui introduisent des nuances dans la doctrine officielle.

c) Célébrations d’évènements remarquables

            - Passage d’une comète sous Auguste,

            - La paix universelle pour le peuple romain sous Néron :

                        marquée par la fermeture des portes du temple de Janus :

                        PACE PR TERRA MARIQ PARTA IANVM CLVSIT

            - Millénaire de Rome sous Philippe,

            - Commémoration d’une fondation de colonies (attelage de bœufs mené par un prêtre),

            - Venue de l’Empereur dans une cité émettrice (type ADVENTVS).

d) Génie constructeur de l’Empereur  par exemple :

            - Le port d’Ostie sous Néron,

            - Le Macellvm Maximvm sous Néron,

            - Le Collosevm sous Titus,

            - Le pont sur le Danube sous Marc-Aurèle, etc…

e) Victoires ou conquêtes

            - Type IVDEA CAPTA sous Vespasien,

            - Type ORIENS RESTITUTA après la reconquête du Proche-Orient,

            - Nombreuses variantes de VICTORIA AVG à toutes époques,

            - Nombreux types avec l’Empereur ayant un captif enchaîné à ses pieds.

f) Scénes allégoriques pour donner une image de marque (souvent propagande voire intox).

            - Célébration du rôle vrai ou fictif de l’Empereur dans la restauration des provinces,

                  Série des RESTITUTOR GALLIAE (etc…)

                  L’Empereur relève la province personnifiée et dotée de ses attributs,

            - Proclamation de la bonne entente qui existe :

                                                entre les empereurs (CONCORDIA AVGG),

                                                entre ceux-ci et l’armée (CONCORDIA EXERCITUM),

                alors que l’on sait              que ces empereurs se combattent sournoisement,

                                                     ou qu’ils sont contestés par l’armée ou la milice,

                                                     (exemple de Commode assassiné par sa garde prétorienne),

            - Proclamation        ~ du calme régnant dans l’Empire (SALVS REIPVBLICAE),

                                       ~ de la position dominante de l’Empire (GLORIA ROMANORVM),

                                       ~ de la paix régnant aux frontières (VICTORIA ROMANORVM),

                                       ~ du caractère éternel de Rome (INVICTA ROMA),

                au moment où l’Empire est envahi, les frontières craquant de toutes parts.

g) Vœux nombreux offerts à l’Empereur

            - Sous une forme de vœux du peuple au souverain,

                        SPQR OPTIMO PRINCIPI, longue série sous Trajan,

                        SPQR AMPLIATORI CIVIVM sous Antonin le Pieux,

            - Vœux anniversaires (sous forme développée) à partir d’Antonin,

                        VOTA SOL DECENN et VOTA VIGENNALIA pour Antonin,

                        VOTA SOLVTA DECENNALIVM pour les 10 ans de règne de Marc-Aurèle,

- Vœux anniversaires (forme abrégée) dans une couronne de laurier à partir de Gallien,

                        Par exemple en 4 lignes : VOT XV MVLT XX ou VOT XX MVLT XXX

                        à lire :            Vœux de 15ème anniversaire, souhaits pour le 20ème,

                                             Vœux pour le 20ème anniversaire et souhaits pour le 30ème.

                    Ces vœux très courants au IVème siècle sont parfois un peu anticipés.

h) Les frappes posthumes ou de célébration d’un personnage divinisé

            - La légende est alors CONSECRATIO et les types de revers sont :

                        soit un char funèbre (durant le Ier siècle),

                        soit un autel allumé voire un tertre funéraire (pyrée),

                        soit un aigle (homme) ou un paon (femme), symboles d’éternité,

Ces grandes familles de type du revers n’ont pas la prétention d’être exhaustives et, de toute façon, viennent s’y ajouter de nombreux types exceptionnels.

 

III.4. Les différents d’atelier

            A part un important intermède au cours du Ier siècle avec l’atelier de Lyon (souvent marqué par un globe situé à la pointe du cou de l’effigie au D/) et quelques exceptions en période de troubles lors des changements dynastiques ou des usurpations, l’immense majorité des monnaies impériales romaines étaient frappées à l’unique atelier de Rome. Mais à partir du IIIème siècle, le volume croissant des frappes entraîna la création d’autres ateliers et la multiplication des officines au sein de ceux-ci. L’autorité instaura alors des moyens de contrôle sous forme de différents permettant l’identification de l’atelier, de l’officine et des émissions concernées et donc des responsables d’éventuelles malfaçons.

          Vers le milieu du IIIème siècle, on voit apparaître de temps à autre des lettres dans le champ qui ont été interprètées comme des marques d’atelier ou d’officines. Mais leur caractère non systématique rend douteux qu’il puisse s’agir d’un contrôle organisé. Ce n’est qu’à partir de Gallien, puis surtout d’Aurélien que le caractère systématique est certain et que les classements traditionnels en tiennent compte.

Un différent d’atelier se situe à l’exergue du revers de la monnaie et comporte alors trois indications :

* un groupe de lettres caractéristique de l’atelier :

LN pour Londinum, TR pour Trèves, LVG ou LG pour Lyon, AR ou ARL ou CONST pour Arles, R pour Rome, MD pour Milan, T pour Ticinum, AQ pour Aquilée, OST pour Ostie, K pour Carthage, SIS pour Siscia, SER pour Serdica, SM pour Sirmium, TS ou TES pour Thessalonique,H pour Héraclea, CONS pour Constantinople, N pour Nicomédie, K ou CVZ pour Cyzique,ANT pour Antioche, ALE pour Alexandrie, plus quelques autres plus épisodiques.

 

L’indication d’atelier peut être précédée ou non des lettres SM pour Sacra Moneta.

      * une lettre caractérisant l’officine selon deux systèmes différents de numérotation 
            
le système latin : P, S, T, Q pour prima, secunda, etc…
le système grec: A, B, G, D, ε, etc…
 

sans préjuger de la sphère géographique de l’atelier (les deux systèmes pouvant coexister). La lettre d’officine peut être placée avant ou après l’indication d’atelier.

       * des symboles (·, ê, Ë, ƒ, palme, chrisme, etc…) insérés :

                    entre, devant ou après les différents d’atelier et d’officine,

                        dans le champ, à droite ou à gauche du type de revers,

                        dans le champ existent parfois des combinaisons de lettres.

            Les multiples combinaisons permettent de multiplier les différents. Ainsi, on peut trouver pour Trèves :

                        PTR ou TRP, ATR ou TRA, ·PTR ou P·TR ou PTR· ou ·PTR· ou ·P·TR·, etc, etc…, avec d’autres symboles.

            La reconstitution de la chronologie des séquences des différentes combinaisons est un travail de recherche souvent bien avancé et elle peut d’ores et déjà servir à déterminer la date de frappe d’une monnaie trouvée en fouille. Mais les spécialistes vont plus loin puisque par étude charactèroscopique (identification des coins, des graveurs et de leur style), c’est l’histoire même des ateliers de frappe qui est l’objet de leurs investigations.

 

 

Louis GOULPEAU

                                                                                                            Kerroch en Ploemeur (56)