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Bulletin n°38 - 2009-2010

 

 

OUTILS ACHEULÉO-MOUSTÉRIENS

NoyaloÎle TasconPenerf

 

 

Marc Galludec

SAHPL

 

 

Lors de la canicule de 2003, le niveau de l’eau de l’étang de Noyalo, commune de l’est du Golfe du Morbihan, baissa de façon spectaculaire découvrant ainsi de vastes zones sablo-vaseuses qui ne tardèrent pas à attirer de nombreux oiseaux et moi par la même occasion, étant passionné d’ornithologie.

Mon regard fut attiré par de « très vieux cailloux » portant une épaisse patine et aux formes évoquant une taille intentionnelle ; je les ramassai, persuadé d’avoir découverts des outils très anciens. J’entraînai avec moi quelques membres de la SAHPL dans cette aventure, et ces « artéfacts » furent bientôt identifiés : de simples dreikanters, galets modelés par le vent, le sable et le gel au tertiaire et au quaternaire, prenant parfois des formes qui rappellent celles d’outils préhistoriques.

Parmi ces « cailloux » se trouvait malgré tout un outil bel et bien taillé par la main de l’homme : un racloir, confectionné sur un de ces dreikanters en quartzite, fortement patiné et éolisé. Les enlèvements occupent les trois quarts de la périphérie de la pièce et sont faits au percuteur dur sans retouches secondaires, confectionnant une arête sinueuse ; une zone réservée à la préhension est intacte. Des traces d’utilisation sous forme d’écrasements de l’arête sont visibles sur une grande partie du tranchant.

Cet outil vraisemblablement ancien rappelle l’Acheuléen sans pouvoir préciser davantage son âge réel.

 

Racloir en quartzite - Noyalo

Lors de mes promenades ornithologiques, je fus entraîné par mon ami Bernard Macé, dans l’est du golfe du Morbihan, sur l’île Tascon, charmante petite île accessible par une voie carrossable à marée basse.

Dans ce milieu minéral, c’est instinctivement que l’on scrute l’estran à marée basse à la recherche de rares témoignages des très anciens peuplements. Un coup d’œil sur la mer et les vasières à la recherche d’oiseaux, et un autre au sol n’est pas un exercice aisé. La première découverte est celle d’une pointe moustérienne tirée d'un éclat de galet de quartz. Le bulbe de percussion a été enlevé et la base amincie par de grands enlèvements : est-ce pour faciliter un emmanchement ? D'une taille de 95 mm, cette pointe conserve sur une face une partie corticale du galet d'origine. La face d'éclatement est très irrégulière, ce qui est dû à la médiocrité du matériau ;  la pointe et les deux côtés sont finement retouchés sur les deux faces, un des côtés présente une arête rectiligne alors que l’autre est très sinueuse.

La matière est un quartz blanc parcouru de nombreuses micro-fissures et ingrat à tailler ; malgré cela, l’artisan a confectionné un outil sûrement efficace.

Pointe moustérienne - Ile Tascon

 

La prospection continue après cet encouragement, et deuxième trouvaille : un gros éclat de quartzite débité selon une méthode Levallois un peu particulière, « proto-levallois ? » : le plan de frappe est large et non préparé, la face d’éclatement présente un bulbe de percussion et ne porte aucune retouche ; sur la face supérieure, apparaissent les enlèvements antérieurs au débitage sans retouches ultérieures : un outil « brut de débitage ».

 

Eclat levallois sur quartzite - Ile Tascon

 

Ces deux outils sont difficilement datables avec précision mais semblent appartenir à une période de transition Acheuléen/Moustérien du Paléolithique moyen (-300 000 à -35 000).

Un quatrième outil est trouvé non loin de la Tour des Anglais, à Penerf en Damgan. Il s’agit d’un biface partiel sur un éclat de quartzite à gros grains de quartz. Il n’y a pas de bulbe de percussion : cet éclat a-t-il été obtenu en fracassant de gros galets sur une enclume dormante et en exploitant les éclats ainsi obtenus ? Toute la périphérie est retouchée, y compris la base régularisée ; les enlèvements sont effectués au percuteur dur sans retouches secondaires et forment une arête sinueuse.

Ce biface partiel peut être rattaché à une industrie déjà reconnue dans les parages et rappelant l’Acheuléen (-300 000 à -100 000 ans).

 

 

Biface partiel – Penerf en Damgan