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Belle-Isle en Terre

28 10 2007

 

C’est la rentrée et le plaisir de se retrouver toujours place Glotin après l’été. Ce matin, le rendez-vous est à 9H non à 8H, c'est-à-dire à 8H qui en font 9 ! Bref, nous étions tous là et à 8H. ! Il fait assez beau, la route est libre, et nous arrivons à Louargat, notre premier arrêt, devant une église qui s’appelle ND des Neiges et pourtant le soleil brille ! C’est là que nous faisons la connaissance de Marc Ferron qui sera notre guide pour la journée. Mais… quel est ce léger accent qu’a ce monsieur ? Serait-ce l’accent breton de cette région ? Mr Ferron s’en explique très vite et c’est ainsi que nous apprenons que cet accent serait celui acquis à Jersey, là où il vécut jusqu’alors ! Oh my God ! Voila, il nous explique, sa maman est de Belle-Isle et un jour où elle vendait ses oignons sur un quai du port de St Hélier elle rencontra un jeune homme qui devint le papa de Marc ! il s’en excuse mais nous le rassurons !!!

Le Menhir de Pergat, 10 m 30Nous repartons, direction, le menhir de Pergat, c’est le quatrième  plus haut d’Europe, 10 m30; il a été tagué l’an dernier ! Sur la gauche, un autre menhir, plus petit comporte une entaille profonde en son milieu, peut-être un polissoir pour les épées des chevaliers ! Déjà, nous les devinons dans un rayon de soleil, mais les plus cartésiens nous ramènent à la réalité, non non, peu plausible ! Dommage !

Du car, sur les hauteurs du Ménez Bré (320m) nous devinons une chapelle dédiée à St Hervé ce saint qui naquit aveugle parce que sa mère, une princesse, ne voulait pas qu’il puisse voir les horreurs du monde ! Il est vrai que notre société n’existait pas !

Nous arrivons à Locmaria, petit village aux rues étroites où se trouve la chapelle de Notre Dame de Pendreo, le nom breton, qui en français signifie ND de la coqueluche ou mieux dit contre la coqueluche, en témoigne le visage tout rouge du bébé atteint de la maladie, représenté dans un des vitraux. Mais avant d’entrer, notre guide nous fait visiter le cimetière qui entoure la chapelle. Devant nous un ossuaire, dirait-on, c’est en réalité la sépulture de Lady Mond, avec laquelle nous ferons plus ample connaissance sans tarder. Nous y voyons la tombe de Maurice Noguès, pilote breton né à Rennes (1889- 1934) qui servit dans une escadrille pendant la 1ère guerre mondiale et qui, en 1922, réalisa la 1ère liaison commerciale Bucarest- Constantinople- Ankara et en 1931, inaugura le 1er service postal France- Indochine. Sur sa tombe, des plaques rappellent son passé d’aviateur telles que : « les vieilles tiges à leur camarade » ou encore « le personnel de la Cie Air-France ». Entrant dans la chapelle, nous découvrons un très beau jubé, classé MH en 1911 et restauré depuis peu, il représente les 12 apôtres chacun avec son attribut : par exemple St Thomas et son équerre, St André et sa croix etc…Les vitraux modernes et lumineux sont de HM Magne, réalisés par les ateliers Léglise de Paris.

100 marches pour un peu d'eauUne promenade nous conduit à la fontaine de ND de Pendréo que nous atteindrons après avoir monté environ100marches. Certains les ont comptées mais…Comme c’est curieux de monter pour aller voir une source !

Nous reprenons le car pour rejoindre Belle-Isle en Terre, Benach en breton, beaucoup de boutiques portent des noms en cette langue et la population britannique est en forte augmentation, nous fait remarquer notre guide. Nous nous arrêtons devant le Centre régional d’initiation à la rivière, installé dans ce qui fut la résidence de Lady Mond. Cette dame n’était pas anglaise mais bretonne elle s’appelait Marie-Louise Manach (1869-1949) fille d’un meunier de Prat-Gueguen, ce qui lui valut le surnom de « Belle meunière ». Elle « monta » à Paris à l’occasion des obsèques de Victor Hugo avec les propriétaires du moulin de son père. Elle quitte son village pour aller travailler à St Brieuc à l’hôtel de la Croix Rouge et très vite, elle quitte la Bretagne pour s’installer dans la capitale où elle est d’abord fleuriste puis elle fréquente les milieux d’artistes, mais « n’te promène donc pas toute nue » aurait dû lui dire Feydeau qui devait écrire sa pièce ou n’allait pas tarder à le faire…Elle n’eut pas ce conseil donc elle passa 2 mois en prison pour  outrages !!!Elle épouse un Guggenheim qui s’éteint à Londres la laissant seule. C’est dans cette ville qu’elle rencontre l’Infant d’Espagne. De1900 à 1906 elle partagera sa vie et sera même reçue par le Pape Pie X. En1910, elle fera la connaissance de Robert Mond, le « Roi du nickel »qu’elle épousera le 06 12 1922. Sa vie se partagera dorénavant entre Londres, Paris, Dinard et Belle-Isle, son village natal où son mari décèdera en 1938. Elle s’intéresse à la culture bretonne : langue et coutumes et sera à l’initiative de la création du Gorsedd qui fait revivre la lutte et les sports athlétiques bretons. Elle refusera aussi l’occupation de son château par les troupes allemandes et pour cela, sera incarcérée 2 mois à la prison de Guingamp.

Le Château au bord de la route

 

Après avoir vu le château et le parc, nous faisons un petit tour dans le centre du bourg, nous voyons l’église actuelle et l’ancienne église, aujourd’hui désaffectée et qui a servi de halles, sur la place, notre guide nous montre la crêperie de Jeanne Kergroës devenue célèbre pour avoir appris aux japonais à faire les crêpes à la mode, à la mode…de chez nous !

 

 

Nous avons faim…Le restaurant Relais de l’Argoët nous accueille. Au menu :

Fondant de saucisse, pousses de poireaux,
Cuisse de canard confite, sauce tandori, miel et agrumes
Poire pochée, sauce caramel, glace vanille

…Le repas fut délicieux !

Tout le monde est ravi, c’est reparti, car nous avons encore beaucoup de choses à découvrir !

Nous reprenons le car et notre guide nous suggère, pour ceux qui le souhaiteraient, une promenade digestive !!! …La forêt de Coat an Noz nous accueille et au bout du sentier nous découvrons le château du même nom qui fut la propriété de Lady Mond avant qu’elle ne fasse construire la réplique au centre de Belle-Isle en Terre. Ce château fut racheté par Robert Mond en 1929 à la famille de Sesmaisons.

Maintenant, il nous reste à découvrir la plus petite commune du département (3 km2, 75 habitants) mais pas la moins jolie : Loc-Envel. La commune se situe à l’orée des forêts de Coat an Noz et Coat an Nay. Elle doit son nom aux frères jumeaux qui se nommaient tous deux Envel, ils étaient venus de Grande-Bretagne au VIème siècle avec leur sœur Youna. Ils avaient établi leur ermitage sur les deux rives de la rivière le Guic et avaient fait vœu de ne jamais la franchir, les frères d’un côté, la sœur de l’autre, le tintement de la cloche leur servait d’intermédiaire ! Mais après les pluies d’orage, les eaux faisaient tant de bruit qu’ils ne s’entendaient plus. Alors Envel dit à la rivière : « tais-toi que j’entende la clochette de ma soeurette » et depuis le Guic roule sans bruit sur son lit de cailloux !

L'église de Loc EnvelL’église du XVIème siècle de style gothique flamboyant est remarquable, en forme de croix latine. Autour, le cimetière existe toujours, y sont inhumés les Faucigny-Lucinge, Coligny, Sesmaisons apparentés à la famille de Mme Giscard d’Estaing. A droite du porche d’entrée, on voit 3 fenêtres, c’est de là que les lépreux avaient l’autorisation de suivre les cérémonies religieuses. Les pierres de crossette et la base des rampants sont sculptés d’animaux, des singes nous font des risettes !Entrons dans l’église ! C’est une merveille, le jubé, les statues, les sablières et clés de voûte en bois polychrome sont d’une grande beauté. Le vitrail central de1540 raconte la légende de St Envel. Au fond de l’église, l’horloge porte la date de 1777.

Le Calvaire de Gurunhuel

 

 

 

La lumière décline et nous avons encore une visite, ce sera la dernière, nous partons pour Gurunhuel qui se traduirait par le « tonnerre d’en haut », là, le calvaire se dresse au milieu du cimetière, il date de 1594. Le vent, les pluies l’ont quelque peu endommagé, les larrons que la douleur torture sont particulièrement impressionnants, leurs âmes quittent leurs corps, un ange prend celle du bon larron tandis que le diable s’en va avec celle du mauvais. St Michel terrasse le dragon, la vierge recueille le corps de son fils, tous les éléments sont présents pour l’éducation de nos ancêtres qui ne savaient pas lire.

 

 

Nous prenons le chemin du retour, abandonnant notre guide sur le bord de la route, la nuit est là, une heure plus tôt qu’hier…Les têtes dodelinent du trop plein des belles images imprimées au cours de cette sortie.

Encore une belle journée ! A bientôt.

JM