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LES CHEFS, LES PEUPLES ET LE LIBRE ARBITRE

chronique occidentale de la guerre 1939-1945

 

 

   

"Qui ne répondrait dans ce monde à la terrible obstination du crime si ce n'est l'obstination du témoignage".

                                                                                                                                              Albert Camus - 1945

   

 

I.- LA VOIE DE L'ASSERVISSEMENT

 

 

 "Ce n'est pas victoire si elle ne met fin à la guerre"

Michel de Montaigne - Essais-1580

 

   

Après la guerre de 1914-1918, à laquelle participèrent presque tous les grands chefs de 1939-1945, le chaos économique et politique dans lequel se trouva l'Allemagne, un chômage massif, l'expansion démographique, les traces laissées par le traité de Versailles dans l'esprit du peuple et, en particulier chez le Corps des officiers qui n'a pas la conviction d'avoir été vaincu mais plutôt trahi par l'arrière, la séparation en deux du territoire national, sont à l'origine des tensions graves qui précédèrent la seconde guerre mondiale ; leur exploitation assura le succès d'aventuriers politiques.

 1920 - Naissance du Parti national socialiste des travailleurs allemands (N..S.D.A.P.) par contraction Parti nazi, Hitler s'impose par ses qualités d'orateur ; il quitte l'armée et devient un agitateur politique professionnel. Les S.A., Sturmabteilung, troupes de choc à l'uniforme brun, sont recrutés sous le premier commandement d'un repris de justice, Emil Maurice.

 1923-24 - Echec du putsch de Munich. Hitler est condamné à 5 ans de forteresse. A la faveur d'une amnistie générale, il en sort l'année suivante après avoir écrit Mein Kampft, Mon combat.

 1925 - L'ouvrage est publié en juillet sans provoquer d'émotion particulière dans les démocraties occidentales pacifistes, pourtant alertées par les intellectuels allemands. Les intentions et l'idéologie y sont clairement définies :

"Le sol sur lequel nous vivons à présent n'est pas un cadeau accordé par le Ciel à nos aïeux; Ils ont dû "le conquérir au péril de leur vie. De même, à l'avenir, notre peuple n'obtiendra pas de territoires, et "par là de moyens d'existence, à titre de faveur consentie par un autre peuple, mais il devra les "conquérir à la pointe d'une épée triomphante".

Dès la première page on peut lire " ... un Empire austro-allemand doit être reconstitué et doit devenir la grande patrie germanique" ... parce que "des peuples de même sang doivent être dans le même Reich".

La conquête d'un espace vital à l'est est affirmée avec force. Son idéologie est empreinte d'une conviction quasi-mystique : "Je crois donc aujourd'hui agir dans le sens voulu par le Créateur tout puissant : en luttant contre le juif, je défends l'oeuvre du Seigneur ...". Extrait des chefs d'inculpation au Tribunal de Nuremberg : "Mein Kampft ne doit être considéré ni comme un exercice de style ni comme l'expression définitive d'une politique ; son importance réside surtout dans l'attitude agressive que révèlent ses pages".

1925 -  Hitler a renoncé aux actions illégales de prise du pouvoir. Alors qu'il a pris conscience que le soutien de l'Armée lui était indispensable, et alors que celle-ci a toujours considéré qu'elle avait l'exclusivité des armes, il favorise la création de la S.S., Schutzstaffel, échelon de sécurité.

C'est une unité d'élite composée d'hommes à la morphologie nordique, à l'uniforme noir et insigne se rapprochant du double S, issu de la mythologie nordique et germanique et qui symbolisait la force et le pouvoir, force dévouée corps et âme à Hitler, essentiellement bras armé du parti nazi. Himmler qui se consacre au nazisme en deviendra le chef quatre années plus tard ; il est acquis au concept de supériorité de la race nordique.

05/1926 - Création de la Jeunesse hitlérienne, déjà en uniforme, qui doit fournir les futurs cadres sûrs endoctrinés à cet effet.

 27-08-1928 - Traité général de renonciation à la guerre dit "Briand Kellog" qui sera signé par 63 nations dont l'Allemagne, l'Italie, le Japon.

 1931 - Reinhard Heydrich, officier exclu de la Marine "pour cause d'indignité" après avoir refusé de reconnaître un enfant, est chargé par Himmler de l'organisation du S.D., Schirheitsdienst, service de sécurité, chargé de neutraliser les oppositions au nazisme.

 1932 - L'idée d'un travail obligatoire pour les "races inférieures" s'exprime dans un discours d'Hitler à Munich.

"Il ne s'agit pas de supprimer l'inégalité entre les hommes, mais au contraire de l'approfondir. Le "même droit ne vaut pas pour tous ... Je veux vous dire, mes camarades,  ce que sera l'ordre social "futur : il y aura d'abord les chefs de notre peuple. Puis viendront les éléments les plus divers. Il y "aura la foule des membres du parti, organisée hiérarchiquement ; ils constitueront la classe moyenne. "Et il y aura la grande masse des anonymes, la collectivité des serviteurs. Plus bas, il y aura cependant "encore la classe soumise des races étrangères, la classe moderne des esclaves". (1)

 "Celui qui jette au feu des livres jettera au feu des peuples"

Henri Heine - 1797-1856

 


1933 - L'année décisive - Dans un climat d'intrigues généralisées, Hitler, aidé par les industriels et les banquiers qui subventionnent ses campagnes, accède au pouvoir avec les apparences de la légalité ce qui rassure l'Armée et lui vaut sa confiance.

30/01 - Il est appelé à la Chancellerie du Reich par le Président Hindenburg.

27/02 - Incendie du Reichstag, les communistes sont accusés d'en être responsables ; en plein tribunal le Bulgare Dimitrov désigne les coupables : Goering et son parti ; Hitler obtient alors de Hindenburg un décret qui suspend les libertés fondamentales.

05/03 - Les élections donnent 43,9 % des voix au parti national-socialiste.

23/03 - Hitler se fait conférer les pleins pouvoirs pour quatre ans.

01/04 - Décret du boycott des commerçants, médecins et avocats juifs. Les autodafés sont provoqués dans les universités, les livres brûlés ; l'exode des Juifs commence ; de grands savants partent aux Etats-Unis. Création de la Gestapo (Geheime Staats-Polizei), police secrète d'Etat, par Goering, Himmler, Heydrich.

14/07 - Le N.S.D.A.P. étant décrété seul légal devient parti unique.

Juillet - Concordat avec l'église catholique qui apaise les craintes.

1933 voit aussi l'ouverture de plusieurs camps où l'on "concentre" les opposants. Le journaliste Fernand de Brinon recueille une interview d'Hitler, dont il diffuse le texte sous le titre "France-Allemagne" suivi d'articles à la louange du parti nazi.

Franklin Delano Roosevelt, démocrate convaincu, est élu Président des Etats-Unis d'Amérique ; son mandat sera renouvelé trois fois.

 1934  - La Libye est créée à partir de la réunion de deux colonies, la Tripolitaine et la Cyrénaïque, obtenues par l'Italie en 1912 ; les troupes italiennes y demeurent en permanence.

En Allemagne, les camps de prisonniers passent sous le contrôle des S.S. qui louent la main d'oeuvre aux entreprises.

02/08 - Décès d'Hindenburg ; le gouvernement promulgue aussitôt la loi qui réunit dans les mains d'Hitler les fonctions de chancelier et de Président du Reich.

03/08 - Chaque membre des armées de terre, de mer, de l'air, jusqu'aux plus hauts officiers, doit prêter serment de fidélité, non à la Patrie ou à la Constitution, mais à Adolf Hitler, personnellement. A chaque incorporation, tout soldat prêtera ce serment jusqu'en 1945.

 

 1934 - Décret qui rend obligatoirte le Service du travail, accompli en uniforme. Par ses discours enflammés - mais contrôlés - et l'efficacité de ses services de propagande, Hitler entraîne la majorité du peuple allemand dans un sentiment commun de fierté envers le Reich et son chef (Führer), qui n'aurait pu se développer sans d'importantes réalisations sociales ; il fond la nation dans une pensée unique "Un peuple, un Führer, un Reich".  

La loi qui a réuni en sa personne les pouvoirs-clefs de l'Etat est ratifiée par 88 % des voix lors du plébiscite organisé à cet effet.

 

 Un régime de terreur s'attaque aux opposants et neutralise les hésitants.

15 juillet - Le chancelier Dolfuss est assassiné par des nazis autrichiens.

 En France, le colonel de Gaulle exprime sa pensée militaire dans l'ouvrage "Vers l'armée de métier", évolution qu'il juge entraînée par les progrès techniques constants. Il préconise la création de divisions motorisées, autonomes, capables de manoeuvrer l'adversaire.

Deux ans auparavant, il avait souligné que "l'art de la guerre doit être avant tout un art de création entre les mains d'hommes de caractère et de décision, sachant s'adapter aux circonstances, au lieu de vouloir plier à tout prix ces dernières à des schémas d'écoles préalablement établis et donc inadéquats".

Il heurte ainsi les opinions du Haut Etat-Major, celle du maréchal Pétain, fidèles à une doctrine défensive qui a valu la victoire en 1918 et aux plans préétablis et statiques, méfiants à l'égard des chars dont ils ont conservé l'image de la fragilité et le souvenir des pannes de moteurs ...

 1935 - Hitler rétablit le Service militaire obligatoire ; 36 divisions sont prévues en temps de paix, le traité de Versailles autorisait 7 divisions d'infanterie. Les réactions sont molles à l'Ouest. L'Etat-Major allemand estime que l'armée de terre sera constituée vers 1943, la Marine et les fortifications vers 1945 ; dix années seront nécessaires pour mener à bien le réarmement. Toutefois, Goering donnera une forte avance à l'aviation malgré des carences en bombardiers lourds et gros transporteurs. Karl Dönitz qui a reçu la mission de créer et d'organiser l'arme sous-marine allemande a conçu une tactique nouvelle : le groupement par "meutes" de sous-marins guidés par radio depuis un centre d'opérations installé à terre, l'attaque se déroulant de nuit, de préférence ; l'entraînement commence immédiatement.

03/10 - Avec une armée du XXè siècle, l'Italie attaque une Ethiopie féodale.

 1936 - 07/03 - Occupation allemande de la zone démilitarisée en Rhénanie, sans grandes réactions en France : le général Gamelin demande la mobilisation générale, trois députés seulement le suivent. Léon Blum, chef du gouvernement nomme François Darlan chef d'état-major général de la Marine, puis commandant en chef des forces maritimes, "Amiral de la Flotte".

Juillet - Le général Franco est à la tête d'un soulèvement armé contre le gouvernement légal de l'Espagne. Les démocraties occidentales choisissent la politique de "non-intervention", alors que l'Allemagne et l'Italie interviennent en apportant leur assistance militaire ; pendant trois années elles expérimentent leurs armes et tactiques. Seuls les volontaires des Brigades internationales aident l'armée républicaine espagnole.

Josip Broz organise en France le passage des Yougoslaves.

 1937 - 01/01 - L'amiral Leahy, éminence grise du Président Roosevelt, lui conseille de déclarer la guerre au Japon afin de prévenir toute agression, et également de s'opposer aux ambitions d'Hitler et de Mussolini. Roosevelt estime que les problèmes politiques intérieurs des U.S.A. ne lui permettent pas de prendre cette décision.

 1938 - 11/03 - Un coup de force : l'Anschluss permet à l'Allemagne d'absorber l'Autriche sans heurts, avant le referendum qui devait confirmer son indépendance.

07/04 - Sans déclaration de guerre, les armées de Mussolini envahissent l'Albanie en dépit des conseils du maréchal Badoglio.

28/05 - Hitler donne au général Keitel qu'il a placé à la tête de l'Etat-Major suprême des forces armées, l'O.K.W. (Oberkommando der Wehrmacht) des instructions secrètes pour "l'opération verte" en Tchécoslovaquie.

16/07 - Ludwig Beck, chef du Grand Etat-Major de l'O.K.H. (Heer : armée de terre), remet un premier memorandum au général Brauchitsch, commandant en chef de l'armée ; il proteste contre une guerre offensive, même "guerre-éclair".

Dans la première semaine d'août, Beck tient conseil avec les autres généraux puis prévoit leur démission collective : privée de chefs la guerre ne pourra avoir lieu. Mais il est le seul à démissionner "Brauchitsch m'a laissé en plan".

31/08 - Le général Beck est démis de ses fonctions et remplacé par le général Halder mais le devoir d'obéissance a été contesté au plus haut niveau. Après une harangue d'Hitler sur le défaitisme les officiers supérieurs envisagent un coup d'Etat pour l'arrêter ainsi que les principaux chefs nazis ; l'accord de Munich réduit leur plan à néant : on n'arrête pas un chef d'Etat qui conquiert un pays sans combat ! (2). La minorité allemande de la région des Sudètes comptait 3,5 millions d'individus dans un état de 15 millions d'habitants ; en suscitant une revendication d'autonomie qu'ils accompagnent de menaces d'intervention, les dirigeants allemands préparent le démantèlement de la Tchécoslovaquie.

Septembre 1938 - Les ministres anglais et français Daladier et Chamberlain, signent l'accord de Munich qui reconnaît l'annexion du pays des Sudètes par l'Allemagne.

A Londres, Winston Churchill s'indigne et avertit : "N'imaginez pas que ce soit la fin. Ce n'est que le début de la note à payer. Ce n'est que la première gorgée, l'avant-goût d'une coupe d'amertume qui nous sera présentée une année après l'autre" (3).

01/10 - Le pays des Sudètes est occupé par la Wehrmacht. Résultats : Hitler est encouragé à persévérer dans une politique de force et d'intimidation ; les petites nations perdent confiance et recherchent des compromis avec l'Allemagne hitlérienne ; l'U.R.S.S. opère un revirement politique qui la conduira au pacte germano-soviétique.

09/11 - "Pogrom" juif (anti-juif): persécutions sur tout le territoire allemand à l'instigation des autorités.

 


1939 - mars - Fin de la guerre d'Espagne ; de nombreuses familles viennent se réfugier en France, notamment dans la région de Lorient.

15/03 - Entrée d'Hitler dans Prague ; les yeux se dessillent mais la Wehrmacht s'approprie un matériel de guerre considérable.

Avril - On estime à 280.000 le nombre d'Allemands détenus dans les camps.

23/05 - Le Führer annonce à ses généraux son intention d'attaquer la Pologne. Du fait de la mobilisation de 7 millions d'hommes, l'économie commence à manquer de bras ; Hitler précise sa solution : "la population des territoires non-allemands ne fera pas de service militaire et sera disponible pour le travail".

Mai - Staline remplace Litvinov, partisan d'une alliance avec la France et l'Angleterre, par Molotov, au ministère des Affaires Etrangères.

23/08 - Signature du pacte de non agression germano-soviétique auquel est ajouté un protocole secret qui porte sur le partage de la Pologne et la délimitation des zones d'influence.

30/11 - Néanmoins sans illusion, et désireuse de protéger Léningrad par un glacis qui l'entourerait, l'U.R.S.S. attaque préventivement la Finlande. Hitler réclame ouvertement le retour de Dantzig et de régions où prédominait la population germanique.

31/08 - Un commando de S.S. déguisés en soldats polonais par le S.D. de Heydrich, attaque la station de radio de Gleiwitz, cité allemande de Haute Silésie.

01/09 - L'incident sert de prétexte ; sans déclaration de guerre la Wehrmach envahit la Pologne. La résistance est héroïque ; la propagande allemande prétend que la cavalerie et les lanciers ont tenté de s'opposer aux chars. A la tête du XIXè corps d'armée, et sous le commandement de von Kluge, le général de corps blindé Heinz Gudérian est un des principaux artisans de la défaite polinaise survenue en moins de six semaines, illustration du concept de guerre-éclair ou Blitzkrieg, facilitée par la non-intervention française et celle pourtant promise de l'aviation anglaise.

02/09 - "Winston is back" : message lancé par l'Amirauté britannique à tous les postes de la Royal Navy quand Chamberlain confie à Winston Churchill le Ministère de la Marine à la tête duquel il s'était déjà trouvé en 1914.

03/09 - En fonction des traités d'assistance avec la Pologne, l'Angleterre et la France déclarent la guerre à l'Allemagne.

17/09 - Les armées soviétiques envahissent l'est de la Pologne.

03/11 - Les généraux allemands conscients de l'inachèvement du réarmement combattent les projets d'Hitler d'une attaque à l'Ouest. L'idée d'arrêter le Führer est reprise ... puis abandonnée.

08/11 - Echec d'une tentative d'assassinat d'Hitler à la cave de la Bürgerbraü à Munich (4).

 23/11 - Violent sermon d'Hitler aux chefs d'Etat-Major sur leur esprit de défaitisme ; il supporte mal ce qui peut être un frein à la réalisation de ses projets et en vient à mépriser bon nombre de généraux.

Dans son étude de 1939, "L'arme sous-marine", Dönitz perfectionne sa tactique : ses meutes doivent attaquer de nuit, en surface, annulant ainsi la détection en plongée par l'asdic et réduisant les possibilités de riposte ; son rapport passe inaperçu de l'Amirauté anglaise.

En Pologne, les Juifs de Vienne sont déportés et rassemblés. Au ghetto de Varsovie, immédiatement créé, l'extermination des Juifs polonais commence en provoquant délibérément l'inanition. Les images filmées par le cinéma officiel ne sont pas diffusées en Allemagne par souci de ne pas inspirer de pitié. Tous les Polonais non Juifs résidant sur le territoire du Reich d'avant 1918 sont incorporés dans l'armée allemande ou expulsés.

 


1940 - "La drôle de guerre".

 Elle dure près de 8 mois. L'expression traduit l'étonnement des soldats désoeuvrés, l'incompréhension des populations qui ont le souvenir d'impressionnants défilés militaires alors qu'une relative passivité est de règle sur le front. Cet immobilisme découle de la conception du Haut Etat-Major français qui a misé sur une stratégie de position, appuyée sur des défenses naturelles et la ligne Maginot ; il convient d'attendre les attaques de l'adversaire, elles sont en principe vouées à l'échec, la contre-offensive de l'infanterie suivra. Cet immobilisme favorise cependant le développement de l'industrie de guerre et le réarmement français sans combler deux ans de retard.

En préconisant la formation de divisions mécanisées, de Gaulle avait rencontré plus de compréhension de la part d'hommes politiques de droite ou de gauche, notamment chez Paul Reynaud,  que chez ses supérieurs : "Les divisions blindées sont un outil trop pesant et peu maniable ..." "... nous faisons des chars un auxiliaire de l'infanterie" (Général Gamelin).

Il en avait trouvé aussi chez des militaires allemands qui avaient suivi le même cheminement de la pensée, et Gudérian confiera après la guerre à Monsieur de Cossé-Brissac, chargé de l'interroger, qu'il avait lu pendant quinze années tous les articles de de Gaulle, qu'il n'avait pas reçu l'assentiment de ses propres supérieurs mais rencontré plus d'intérêt de la part d'Hitler. "La plus puissance armée de l'ouest du continent, la France la possédait. L'arme blindée la plus forte numériquement dans toute l'Europe de l'Ouest, la France la possédait. En mai 1940, les forces combattantes anglo-françaises à l'ouest disposaient de plus de 4.800 blindés, les forces allemandes d'un effectif théorique d'environ 2.800, y compris les auto-mitrailleuses ; en fait, du côté allemand, nous disposions en gros de 2.200 blindés au commencement de l'attaque. Nous nous trouvions donc en présence d'une supériorité du double, aggravée par le fait que les chars français étaient supérieurs aux nôtres pour le blindage et le calibre, mais inférieurs en moyens de commandement et en vitesse ..." "... Pourquoi les sommes consacrées aux fortifications ne furent-elles pas employées à moderniser et renforcer les moyens mobiles ? On méconnut les impulsions données en ce sens par de Gaulle, Daladier et d'autres personnalités" (5).

Toutefois, ces personnalités ne conçurent pas l'appui aérien apporté aux chars.

04/01 - Wladyslav Sikorski, généralissime et Premier Ministre du gouvernement en exil obtient l'autorisation de créer une armée polonaise en France ; elle va participer aux campagnes de Norvège et de France.

Mars - Paul Reynaud succède à Daladier à la tête du Gouvernement.

Avril - Occupation de la Norvège par les Allemands.

05/05 - Hitler, par une loi, traduit en actes ses volontés exprimées en 1934 et en mai 1939 : les populations polonaises et tchèques sont requises et déportées vers des camps de travail.

10/05 - Offensive générale allemande : invasion des Pays-Bas, de la Belgique, de la France. L'échec en Norvège provoque la démission de Chamberlain ; le roi appelle Churchill qui accepte la charge de Premier Ministre. Il prévoit un exil possible du gouvernement au Canada en cas d'invasion de l'Angleterre et fait établir le plan "Catapult" de prise de force de la flotte française en cas de rupture de l'alliance franco-britannique.

 13/05 - Churchill "Je n'ai à vous offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur" ... "Vous me demandez quel est notre but ? je vous réponds en deux mots : la victoire, la victoire à tout prix, la victoire malgré toutes les terreurs, la victoire quelque longue et dure que puisse être la route, car hors la victoire il n'est point de survie ...".

14/05 - Les blindés de Gudérian percent dans les Ardennes ; l'armée franco-britannique, avancée en Belgique, est attaquée par le flanc et les arrières. Face à des formations massives, les chars français en groupements fractionnés, peu mobiles, et les chars anglais pourtant rapides, sont anéantis. L'absence de moyens de transmission prive le Commandement allié de toute information et, partant, de toute possibilité de manoeuvre dont il n'a d'ailleurs pas une suffisante expérience pratique.

Dans une époque où la vitesse ne cesse de s'affirmer comme caractéristique moderne de la puissance, la tactique allemande de la guerre-éclair, grâce à l'alliance des deux mobiles char-avion et à la transmission radio,après avoir créé la surprise, emporte la décision.

18/05 - Le maréchal Pétain est nommé ministre d'Etat et Vice-Président du Conseil.

26/05 - Dunkerque - Cinq divisions françaises protégent le retrait de 200.000 soldats et marins britanniques et de 130.000  Français qui réussissent à s'embarquer. Montgomery, après avoir mené de méritoires combats défensifs, prend le commandement du IIè Corps britannique en pleine bataille de Dunkerque et réussit à le faire rembarquer dans de bonnes conditions.

01/06 - Charles de Gaulle, qui, à la tête de la 4ème Division Cuirassée de Réserve s'est illustré à Moncornet pour protéger Laon, est promu général de brigade à titre provisoire.

05/06 - Reynaud le nomme sous-secrétaire d'Etat à la Défense ; de Gaulle ne participe donc plus à la bataille d'Abbeville, dont il avait réduit la tête de pont des trois-quarts. Le même jour, à Sedan, l'attaque générale allemande est le prélude à la débâcle.

10/06 - Entrée en guerre de l'Italie.

12 et 13/06 - Weygand propose une demande d'armistice. Pétain l'appuie : "L'armistice est à mes yeux la condition nécessaire à la pérennité de la France éternelle".

13/06 - A Darlan : "Il va falloir nous tenir épaule contre épaule. La France a besoin d'une sorte de consulat. Si j'avais à faire choix d'un Premier Consul c'est vous que je choisirais". Le surlendemain Darlan se rallie à l'armistice.

03 et 16/06 - A Londres, délégué par Reynaud, de Gaulle élabore avec Churchill un projet d'union politique franco-anglaise afin d'éviter l'armistice et de poursuivre la lutte à partir des territoires d'Outre-Mer. Eventuellement, le gouvernement anglais demande d'être consulté sur les conditions de l'ennemi ; l'accord donné au gouvernement français d'entamer des pourparlers avec les Allemands l'est sous la condition que les navires de la Marine Nationale seraient conduits dans les ports anglais.

15 et 16/06 - Pétain refuse de sanctionner le projet de Reynaud de partir Outre-Mer avec la Marine et ce qui pourrait être  sauvé de l'Armée. Il estime cette solution déshonorante devant ceux qui seraient prisonniers. Reynaud, mis en minorité, démissionne : le Président Lebrun nomme Pétain Président du Conseil sur proposition de Reynaud.

17/06 - ... "C'est le coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec moi, entre soldats, après la lutte et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités". Pétain désarme les combattants avant tous pourparlers et semble ignorer qu'au-dessus des soldats il y a un gouvernement nazi.

Ce même 17 juin, le Préfet de Chartres refuse de signer une déclaration qui attribuerait à des soldats noirs un crime commis par des Allemands ; menacé et frappé par des officiers, il tente de s'entailler la gorge. C'est le premier combat de Jean Moulin.

 "Je m'apparaissais à moi-même, seul et démuni de tout, comme un homme au bord de l'océan qu'il prétendrait franchir à la nage" (Charles de Gaulle)

18/06 - De Gaulle a regagné Londres et lance d'un modeste studio de la B.B.C. un appel à tous les Français à s'unir à lui "dans l'action, dans le sacrifice et dans l'espérance". Il refuse l'armistice : "La France a perdu une bataille, mais la France n'a pas perdu la guerre ... Quoi qu'il arrive la flamme de la résistance ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra jamais... Froudroyés par une force mécanique, nous pouvons vaincre dans l'avenir par une force supérieure. La guerre est une guerre mondiale".

Peu de gens l'entendent, encore moins peuvent ou veulent le rejoindre.

19/06 - Rommel, à la tête de la 7è Panzerdivision, baptisée "division fantôme" en raison de la rapidité de ses mouvements, enregistre la capitulation des troupes françaises et anglaises en Normandie (6). Depuis le franchissement de la Meuse, les 13 et 14 mai, son armée, dit-il, a fait "100.000 prisonniers" (?), elle est en majorité équipée des excellents chars tchèques sur lesquels l'Allemagne a fait main basse en 1939 et qui constituent le quart de ses Panzerdivisions.

18 et 19/06 - Hitler, Mussolini et son gendre, Ciano,  se  réunissent à Munich.  Hitler  leur  explique  qu'il    " ...importait que, au cours des négociations, un gouvernement français continuât à fonctionner en territoire français . Cela serait de beaucoup préférable à la situation créée par la fuite du gouvernement français à Londres où il poursuivrait la guerre".

La flotte ? sans elle le gouvernement français n'aurait plus intérêt à signer l'armistice ; il faut éviter qu'elle ne rejoigne l'Angleterre dont elle doublerait la puissance navale ; en la désarmant dans des ports, sous la surveillance allemande et italienne, elle serait neutralisée (7).

L'ensemble de ces considérations conduit à laisser au gouvernement français un domaine de souveraineté théorique, c'est l'origine des deux zones, l'une d'occupation, l'autre "libre".

21/06 - Convention de Rethondes

Dans le wagon où fut signé l'armistice en 1918, celui de 1940 est conclu.

D'emblée, le général Keitel remet à la délégation française le texte des conditions en précisant que "les dispositions fondamentales en étaient inaltérables et qu'elles devaient être acceptées ou rejetées en bloc".

Parmi les points arrêtés : la création des deux zones, l'Alsace et le Nord sont zones interdites ; une armée d'armistice de 120 à 130.000 hommes acceptée "pour une période transitoire", l'extradition d'émigrés qui avaient bénéficié du droit d'asile et qui, pour Keitel, étaient des "fauteurs de guerre, des traîtres allemands" ;  pour la quasi-totalité les bâtiments de la marine de guerre seraient désarmés dans leurs ports d'attache d'avant-guerre (Art. VIII) l'Allemagne s'engageait à ne pas s'en emparer ; Art. X : interdiction à tous les ressortissants français de reprendre les armes contre l'Allemagne ; les frais d'entretien des armées d'occupation seront couverts par un versement de 400 millions de francs par jour..

23/06 à Rome - Les Italiens ne demandent qu'une démilitarisation de 50 km. à partir de la frontière et l'occupation des minces zones conquises par leurs soldats, dont la ville de Menton.

20-25/06 - Après avoir rejeté la responsabilité de la défaite sur les Anglais, le maréchal Pétain voit parmi ses causes profondes : "... trop peu d'enfants, trop peu d'armes, trop peu d'alliés ...", et une attitude générale du peuple chez qui "l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice" ... ce qui impose un "ordre nouveau".

Il lance le message bien accueilli : "Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur". Culpabilisée et désemparée par le désastre militaire, profondément respectueuse du passé d'un grand soldat dont les 84 ans accentuent le caractère vénérable, la Nation presque unanime est prête à suivre le "sauveur de la France" et sa politique.

Fin mai - La Bretagne accueille des milliers de réfugiés des départements du Nord, du Luxembourg et les blessés du front.

15/06 - Koenig qui s'est illustré dans la campagne de Norvège, notamment à Namsos, débarque à Brest avec son unité de la Légion Etrangère et assiste à l'arrivée des Allemands pour qui le port et l'arsenal constituent des objectifs majeurs.

17-18/06 - Les avions allemands mouillent les mines magnétiques dans les rades des ports de guerre. Les navires français en état de marche reçoivent l'ordre de départ, les autres sont sabotés voire sabordés.

19/06 - Le chalutier La Tanche qui transporte de nombreux jeunes désireux d'échapper aux Allemands saute entre Groix et Larmor (près de 200 victimes) - Koenig quitte Brest et rejoint l'Angleterre.

21/06 - L'amiral de Penfentenyo de Kervéréguen organise un combat pour l'honneur aux Cinq Chemins de Guidel ; il s'expose sur place puis se retire à l'Amirauté après avoir ordonné de cesser le combat. L'emploi inconsidéré d'un signal blanc qui a induit les Allemands en erreur et provoqué la mort de plusieurs des leurs lui vaut de sévères accusations. Une résistance également symbolique est liquidée entre Hennebont et Lanester. Les conditions de l'entrée des troupes à Lorient et du rassemblement des militaires, place d'Armes, sont précisées.

Des draps blancs en croix avertissent les bombardiers que la ville est ouverte à l'envahisseur.

Les troupes entrent en fin d'après-midi. Au moins deux témoignages d'un accueil avec bouquet de fleurs par deux  demoiselles du quartier de Kerolay, exceptions chez une population atterrée mais symbole de la pénétration des idées nazies et prémices de la collaboration (8). Environ 6.000 hommes de troupe et marins vont à pied à Pont-Scorff, dans le champ de Prat-Caradec. Prisonniers, ils sont pourtant persuadés d'être rapidement démobilisés.

 23/06 - Premières évasions, grâce à des parents ou amis qui réussissent à faire passer des vêtements civils (9).

 

L'amiral Dönitz est accueilli par l'amiral Lothar Arnaud de la Perrière, redoutable sous-marinier de 1914-1918 ; ils inspectent les abords du port de pêche et l'anse de Keroman ; la décision est prise de faire de Lorient la base principale des sous-marins allemands. "La conquête de la côte atlantique signifiait pour les Allemands une amélioration essentielle quant aux bases navales et surtout quant aux bases sous-marines. Avec la porte qu'on venait d'ouvrir sur l'Atlantique, la route des sous-marins vers leurs secteurs d'opérations devenait beaucoup plus courte et beaucoup moins dangereuse. Du même coup s'accroissait le nombre de sous-marins au contact de l'ennemi" (10). - Général Fahrmhacher, Amiral Matthiae.

 

25/06 - Les Allemands pressent les marins-pompiers de Lorient d'éteindre l'incendie des citernes dont le mazout est convoité ; le capitaine L.L. ... (fusilier-marin, engagé à 17 ans dans la précédente guerre) utilise des poudres périmées impropres à la production de mousses efficaces (11). Une cuve explose, provoque l'incendie du village du Cosquer et la mort de 25 personnes.

27/06 - Les troupes allemandes sont à Bordeaux ; la voie ferrée vers l'Espagne étant la condition du trafic avec ce pays, elles poursuivent leur pénétration jusqu'à la frontière ; la décision est prise d'utiliser le port comme base italo-allemande.

28/06 - De Gaulle est reconnu chef des Français Libres par Churchill.

29/06 - René Cassin, professeur de droit international rejoint de Gaulle et rédige les accords Churchill-de Gaulle du statut de la France Libre, force indépendante, représentative des Français combattants.

29/06 - Le gouvernement quitte Bordeaux pour Vichy.

Dans notre région, les prisonniers quittent Prat-Caradec pour être enfermés dans les haras d'Hennebont puis ils sont acheminés en Allemagne, la plupart y resteront cinq années.

En juin encore, l'imagination fertile de Churchill lui fait dire que des "ports préfabriqués" permettraient des débarquements sur n'importe quel point du continent. Il n'a aucune confiance dans l'engagement des Allemands de respecter la flotte française et il se méfie de Darlan, rallié à Pétain.

 

Les Anglais restent seuls dans la lutte, en proie à une double hantise : celle de repli du gouvernement au Canada, et celle d'une fermeture de la route des Indes par Gibraltar et Suez ; leur flotte est faible en Méditerranée.

 

 

03/07 - L'opération Catapult est déclenchée

A Porsmouth et Plymouth, 2 vieux cuirassés français sont saisis, ainsi que 2 contre-torpilleurs, 8 torpilleurs, 5 sous-marins ... et les équipages internés, ceux qui le désireront seront rapatriés.

A Mers-el-Kébir, l'amiral Gensoul, sous la menace d'être canonné, se voit proposer quatre solutions dont un départ aux Antilles avec des équipages réduits. Les consultations entre Sir Somerville et Gensoul sont vaines. Avant la fin de l'ultimatum Gensoul reçoit le message qui émane de l'amiral Le Luc : "l'Amiral de la flotte a donné l'ordre à toute force navale en Méditerranée de vous rallier immédiatement en tenue de combat. Vous aurez donc à donner des ordres à ces forces ... Vous répondrez à la force par la force. Appelez sous-marins et aviation si nécessaire".

Sans liberté de manoeuvre dans la rade de Mers-el-Kébir, soumise à l'artillerie précise de la Royal Navy, la flotte française perd le cuirassé Bretagne, 2 autres sont mis hors de combat, ainsi que le Mogador. Le cuirassé Dunkerque s'échappe avec plusieurs contre-torpilleurs ; ils rejoignent Toulon.

Il y a 1297 victimes. Le retentissement est considérable chez les marins et dans les territoires d'Outre-Mer.

Dans un discours radiodiffusé de Londres, de Gaulle proteste. Il écrira dans ses Mémoires de guerre (12) : "C'était dans nos espoirs un terrible coup de hache. Le recrutement des volontaires s'en ressentit immédiatement. Beaucoup de ceux, militaires ou civils qui s'apprêtaient à nous rejoindre tournérent alors les talons ...". L'amiral North, en prenant connaissance des ordres, avait barré Catapult et écrit sur l'enveloppe : Boomerang ; la lettre véhémente de reproche qu'il adressa à l'amirauté anglaise lui valut d'être mis à la retraite d'office, trois mois plus tard.

A Alexandrie, l'amiral Cunningham "ignore" les messages de Londres et  conclut un accord avec l'amiral Godfroy : 1 vieux cuirassé, 4 croiseurs lourds et 3 torpilleurs débarquent leur mazout et entreposent les culasses des canons à l'ambassade de France.

Cette flotte reprendra sa liberté d'action en 1943 pour continuer la guerre aux côtés des Alliés ; aucune sanction ne frappe Cunningham.

 Le Richelieu, qui de Brest a rejoint Dakar le 23 juin, repart aussitôt pour convoyer les croiseurs auxiliaires transporteurs des réserves de la Banque de France. Attaqué par les avions-torpilleurs, éventré, il revient à Dakar. Après sa modernisation à Brooklyn en 1943 il reprendra la lutte aux côtés de la Royal Navy.

Les navires qui ont pu rejoindre Fort-de-France, dont le croiseur Emile Bertin (avec 800 caisses de lingots et 4.000 sacs de pièces d'or) participeront plus tard au débarquement en Provence.

Churchill dira par la suite : il fallait "montrer jusqu'à l'évidence que le Cabinet de guerre britannique ne redoutait rien et ne reculerait devant rien" (13).

En juin, l'Amiral de Laborde avait enjoint à ses marins de rallier les ports anglais, puis s'était incliné devant la volonté de Pétain de respecter les clauses de l'armistice.

04/07 - Hitler accepte la demande française de constituer une flotte de haute mer ; devenu anglophobe, de Laborde en prend le commandement.

20/07 - Le général Catroux, gouverneur général de l'Indochine, est relevé de ses fonctions pour s'être opposé à la fin des combats. Il se met à la disposition de de Gaulle qui lui est d'un grade inférieur.

02/08 - Le tribunal militaire de la XIIIè région, réuni à Clermont-Ferrand, condamne de Gaulle à la peine de mort, après que d'autres tribunaux l'aient rétrogradé au rang de colonel, puis condamné à quatre ans de prison. Il continue son combat avec l'appui d'environ 7.000 hommes, dont les marins de l'île de Sein.

07/08 - Il obtient le concours financiers des Anglais par l'accord des chequers ; l'or français conduit de Vannes à la Martinique est sous séquestre des U.S.A., lesquels maintiennent leur ambassade à Vichy et s'abstiennent de tout contact officiel avec le chef des Français Libres.

 

Deux pouvoirs politiques et militaires de fait commencent donc à se développer ; plus ou moins rapidement,

avec plus ou moins de détermination, la plupart des Français prennent position en faveur de l'un ou de l'autre.

 

 

Le choix est plus simple, car la situation est plus claire, pour les Hollandais dont la reine Wilhelmine a rejoint Londres, pour les Polonais et les Tchèques dont les gouvernements légitimes sont en Angleterre. Il s'impose naturellement à la majorité des Belges quand le roi Albert se considère prisonnier sur place et refuse d'être utilisé dans l'administration du pays pour faire exécuter plus facilement les volontés de l'ennemi.

Quand le roi Christian X du Danemark sera sous surveillance dans son palais en 1943, il décidera de cesser d'exercer tout pouvoir, suivi par tout le gouvernement.

La Suède compensera sa neutralité par d'importantes initiatives humanitaires.

09/11 - Décrets de dissolution des centrales patronales et syndicales. Une Charte du Travail définit les relations entre employeurs et salariés.

11-11 - En dépit de l'interdiction de célébrer l'Armistice de 1918, les étudiants et lycéens manifestent sur les Champs Elysées leurs sentiments patriotiques.

Les actes d'hostilité envers l'ennemi se développent en France occupée, notamment dans les ports militaires (inscriptions, coupures de câbles, de lignes téléphoniques, premiers sabotages) (14).

 Hitler souhaite effectivement envahir l'Angleterre.

"Nous ne possédions, en été 1939, aucune force navale même approximativement suffisante pour affronter l'Angleterre sur le théâtre d'opérations décisif de l'Atlantique. Parmi les moyens les plus efficaces qui existaient alors à cet effet, c'est à dire les sous-marins, nous n'en comptions que vingt-trois capables d'atteindre l'Atlantique au départ de l'Allemagne ..." (sur 57 en service) - Amiral Dönitz (15).

L'Etat-major de la Kriegsmarine refroidit l'ardeur du Fuhrer : aucun succès ne peut être espéré si la suprêmatie aérienne n'est d'abord acquise ... et il faudra, au mieux, attendre le 15 septembre.

Les Anglais renforcent leur défense littorale mais c'est dans les airs que se livre la bataille d'Angleterre. Les bombardements d'aérodromes anglais font naître les pires craintes, celui de Coventry renforce la solidarité et la détermination britanniques. En bombardant Londres plutôt que les aérodromes, Hitler perd la bataille de l'air. De  juin à septembre, en dépit de l'expérience acquise dans la légion "Condor" en Espagne, puis dans les espaces aériens polonais et français, les aviateurs allemands, le capitaine Galland à leur tête, sont réduits peu à peu à la défensive depuis leur base d'Abbeville ; la majeure partie de la Luftwaffe est détournée de ce front pour préparer l'invasion de l'U.R.S.S. Il n'y aura pas d'invasion de l'Angleterre.

 Promu colonel en décembre, Galland devient Inspecteur de l'aviation de chasse (4).

 

L'Etat français et l'occupation du pays

 

Laval, partisan d'un régime proche des états totalitaires, manoeuvre pour obtenir une majorité en faveur d'une réforme constitutionnelle.

10/07 - Par crainte, lassitude ou résignation, les Parlementaires, par 569 voix contre 80, pour 666 votants, adoptent le texte qui confère à Pétain les pleins pouvoirs constituants exécutifs et législatifs.

11-12/07 - Sans attendre, Pétain promulgue une série d'actes constitutionnels. Par le premier il s'octroie les fonctions de chef de l'Etat "Nous, maréchal de France, chef de l'Etat français ...". Il désigne Laval pour exercer sa fonction en cas d'empêchement. Les bustes de Marianne, symbole de la République, disparaissent des mairies.

Le maréchal s'entoure d'amis, souvent connus à l'ambassade d'Espagne, qui développent la propagande autour du chef vénéré et s'efforcent de conduire une oeuvre de  Révolution Nationale, basée sur les principes traditionnels : Travail, Famille, Patrie. Dans cet entourage, Laval est isolé, son arrivisme inspire la méfiance.

De Gaulle ne reconnaît aucune légitimité au chef auto-prononcé de l'Etat français, et dénonce la politique de Vichy : on ne conduit pas une révolution nationale sous le contrôle d'un envahisseur.

La ligne de démarcation entre zone occupée et zone libre devient une frontière rigide, sauf pour l'Occupant ; même le courrier ne passe que sous forme de cartes postales conçues pour recevoir quelques mots.

En zone occupée, le général von Stulpnagel a autorité sur les Préfets et la police. Il impose les réquisitions de main d'oeuvre, de denrées, fixe les prix. La radio et la presse sont étroitement surveillées, censurées ...

Durant l'été les trois départements d'Alsace-Lorraine sont annexés : la langue française y est interdite, les fonctionnaires sont remplacés par des Allemands. Les organisations nazies encadrent la jeunesse, les oeuvres sociales, les organismes de travail.

Le gouvernement de Vichy proteste contre des mesures qui outrepassent les conditions d'armistice, sans le faire publiquement, et il ne peut s'opposer à ce que les nominations des hauts fonctionnaires en zone "libre" soient soumises à l'approbation des vainqueurs.

Pétain et ses amis créent les chantiers de jeunesse dans l'espoir qu'un encadrement à leur convenance dégagera les futurs "chefs". Léon Blum est arrêté et interné. Le gouvernement de Vichy l'accuse d'avoir contribué au désastre par l'impréparation militaire de la France.

Une réforme de l'enseignement est préparée : elle supprime les écoles primaires supérieures, les écoles normales d'instituteurs, la gratuité de l'enseignement après la classe de 3è. Les instituteurs obligatoirement bacheliers seront formés en dix mois dans des instituts de formation pédagogique.

Les bourses doivent être attribuées après examen et non plus selon un concours.

24/10 - Dans l'espoir d'obtenir la libération de nombreux prisonniers, Pétain s'entretient avec Hitler à Montoire et annonce par radio : "C'est dans l'honneur que j'entre dans la collaboration".

28/10 - Laval, nommé Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères, en fonction de cette politique, livre à l'Allemagne les avions français restés en Yougoslavie et en Roumanie, et facilite les livraisons de matériel de guerre, commandé en zone libre, par la Luftwaffe.

31/10 - Il envisage avec Goering une collaboration militaire franco-allemande, lors d'un entretien préparé par Otto Abbetz à l'ambassade d'Allemagne à Paris où il a été introduit par des journalistes collaborateurs, dont F. de Brinon.

01/11 - Pétain s'y oppose.


 

II.- LA CONQUETE DE LA LIBERTE

 

 

 

"Le général de Gaulle prit immédiatement parti. Il n'eut jamais d'hésitation sur la ligne de conduite à suivre. Contre l'ennemi les vraies possibilités immédiates étaient les territoires d'Outre-mer qui renforceraient l'allié, l'Empire britannique, donneraient à la France Libre le support territorial qui la rendrait suffisamment indépendante vis à vis de cet allié, et d'où partiraient des actions qui seraient un exemple pour la Nation momentanément impuissante". - Général Edgar de Larminat (16).

 

Mais la réalisation d'un tel plan est rendue aléatoire par la position personnelle des gouverneurs ou chefs militaires, soit en faveur du gouvernement de Vichy, par conviction ou respect du devoir d'obéissance, soit en faveur du "rebelle" qui, à défaut de légitimité, incarne et assume la légalité face à l'oppression.

Si le général Catroux, de retour d'Indochine, se rallie à de Gaulle, le chef militaire des troupes d'Afrique du Nord, le général Noguès, ne répond à ses lettres personnelles que par l'affirmation de sa fldélité à Pétain.

Par radio, et au cours de conférences, René Cassin conteste la légitimité du régime de Vichy qui a été établi sous domination étrangère.

De Larminat lui-même essuie un échec en Syrie, mais avant de rejoindre Londres, il fait passer en Palestine le colonel Kopanski et sa brigade polonaise après leur avoir remis un important armement.

02/07 - L'amiral Muselier crée le premier pavillon des Forces Françaises Libres (F.F.L.) avec la croix de Lorraine.

10/08 - L'équipe formée par René Pléven, Hettier de Boislambert et le colonel Philippe de Hauteclocque - qui a pris le nom de Leclerc depuis son départ de France - obtient le ralliement du Tchad, du Cameroun, puis de la majeure partie de l'Afrique Equatoriale Française. 

 23-25/09 - Les troupes gaullistes conduites par une escadre anglaise ne peuvent débarquer à Dakar ; les chefs français du Sénégal ont placé leur honneur dans l'obéissance au gouvernement de Vichy. Des territoires d'Outre-mer prennent le parti contraire : Tahiti, les Nouvelles Hébrides, la Nouvelle Calédonie, les Comptoirs de l'Inde, et, le 16 novembre, après une brève campagne militaire, le Gabon rejoint le camp gaulliste.

08/12 - De Gaulle est déchu de la nationalité française.

13/12 - Pétain qui ne supporte plus les initiatives insolentes de Laval - et le débraillé du personnage - le démissionne, le fait arrêter et conduire en résidence surveillée ; il l'exclut comme successeur éventuel.

17/12 - Otto Abbetz obtient sa libération, après intervention de Darlan, mais non sa réintégration.

25/12 - Darlan fait des offres de collaboration au Führer, à la Ferrière-sur-Epte.

 

                En Bretagne

 

Le 3 juillet, les nationalistes obtiennent des Nazis l'autorisation de tenir leur congrès au château des Rohan, à Pontivy. Leur but : créer un Etat breton. Ils se heurtent à l'hostilité de la population et à celle du clergé qui conduit une manifestation. Ils envoient des émissaires chargés de contacter le duc de Rohan, officier, prisonnier en Allemagne, en qui ils voient un chef possible mais qui les fait éconduire.

L'installation du 25è Corps d'Armée en Bretagne, en octobre, se traduit par l'occupation méthodique des villes, de toute la côté, des services principaux ; seule la presse collaboratrice peut exister.

Le 16, Dönitz installe son Etat-major  à Larmor et fait entreprendre l'inspection détaillée des ports de Brest, Lorient, Saint Nazaire, La Pallice.

"Sans cesse, j'avais fait ressortir l'importance, dans la bataille de l'Atlantique, de la rapidité de nos interventions. L'enjeu de cette bataille consistait en effet, pour nous, à couler plus de moyens de transport, donc de bâtiments de commerce nécessaires aux Anglo-américains pour l'acheminement des denrées alimentaires, des matières premières, des troupes, des munitions et des carburants que nos adversaires, les Etats-Unis et l'Angleterre, n'étaient en mesure d'en construire dans leurs chantiers" (17).

Le 11 novembre, l'amiral met en place son poste de commandement à Kernével. Dès qu'un sous-marin repère un convoi il en donne la position. De puissants émetteurs transmettent les ordres aux "meutes" rassemblées pour l'attaque qui dure parfois plusieurs nuits.

"Cette évolution du point de vue britannique soulevait les plus graves problèmes, parce que l'ennemi avait mis en oeuvre une forme d'attaque que nous n'avions pas prévue, et contre laquelle aucune riposte, ni tactique, ni technique, n'avait été envisagée" - Roskill - Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale (18).

Le 16, l'entrevue du Dr Todt et de Dönitz à Lorient annonce la construction des bases, sous abris bétonnés, sur la côte atlantique : les sous-marins seront répartis en fonction de leur rayon d'action.

   

Napoléon à Varsovie : "Le secret de la guerre est dans le maintien des communications et dans la possession de celles de l'adversaire"

 

 

La fin de l'année 1940 contient en germe les éléments fondamentaux du déroulement de la guerre en Europe.

Octobre - Badoglio, maréchal et vice-roi d'Ethiopie, qui a déjà qualifié de "suicide" la déclaration de guerre contre la France et l'Angleterre, déconseille à Mussolini l'attaque de la Grèce, à moins que la Bulgarie n'y participe. Le Duce passe outre, sans en  informer Hitler.

Rendu responsable des échecs qui suivent, Badoglio démissionne et, revenu à la vie civile, devient un opposant actif au régime fasciste.

23/10 - Quand Hitler rencontre Franco, on peut penser qu'il veut mettre en pratique le principe énoncé par Napoléon et que faute d'atteindre directement la Grande-Bretagne, il va attaquer son approvisionnement par la Méditerranée. Mais Franco refuse l'entrée en guerre de l'Espagne affaiblie par la guerre civile, et le Führer qui connaît peu les questions navales préfère réaliser ses rêves continentaux à l'Est, en dépit des objections du Grand Amiral Raeder pour qui l'ennemi est avant tout l'Angleterre.

11/11 - Pour la première fois, un porte-avion est utilisé par l'amiral Cunningham ; les escadrilles de l'Illustrious attaquent la flotte italienne à Tarente, immobilisent 3 cuirassés et renversent la situation stratégique.

C'est aussi pendant cette période que naissent ou s'organisent les mouvements de résistance à l'ennemi nazi. En France, l'O.S., organisation spéciale communiste, en liaison avec les travailleurs de la main d'oeuvre émigrée, apparaît dès octobre ; d'autres s'en inspirent et plusieurs chefs vont émerger : Rol Tanguy, Villon dans la région parisienne, Marcel Paul, Marcel Hamon en Bretagne, Debarge dans le Nord (19). Charles Tillon sera le chef du mouvement le plus actif : les F.T.P., Francs-Tireurs et Partisans, dont "Pierre" (Roger Le Hyaric), ouvrier à l'arsenal de Lorient, deviendra le principal animateur dans le Morbihan.

L'armée d'armistice voit simultanément se préparer des résistants qui gardent secrets des dépôts d'armes dissimulés dans la zone libre et vont s'organiser, s'étoffer et s'aguerrir dans l'Armée secrète, l'A.S.

En Hollande, en Belgique, en Norvège, après la Tchécoslovaquie et la Pologne, les mêmes réactions à la domination se produisent ; ce n'est que le début.

 "L'histoire des guerres n'enregistre pas un seul exemple de rôle aussi important du mouvement partisan que celui qu'il a joué dans la dernière guerre mondiale" - Cl. Gal Lothar Rendulic, historien du IIIè Reich.

Sans nécessairement avoir connaissance des principes napoléoniens, les partisans sabotent les voies ferrées, les câbles ou lignes téléphoniques, attaquent des convois ... et se retirent, tant est que "la stratégie est une affaire de bons sens" selon Foch ; la leur se résume par quelques règles strictes : le secret, la mobilité, la surprise, l'appui de la population.


 

1941  

 

Janvier - L'aviation anglaise bombarde prioritairement les sources de production d'armement, hollandaises, allemandes, belges ... Faute d'appareils (et de bombes ?) les ports français ne sont que faiblement attaqués ; les mines sont aussitôt draguées par des navires démagnétisés. L'organisation Todt installe ses ingénieurs, prépare l'accueil des travailleurs.

Février - La construction des blocs-abris commence à la base de Keroman.

10/02 - A Vichy un acte constitutionnel fait de Darlan le successeur éventuel de Pétain ; il devient Président du Conseil, et accapare les ministères des Affaires Etrangères et de l'Intérieur. Il nomme des amiraux anglophobes aux postes de la haute administration et prépare des opérations contre le Tchad.

 Mars - Création d'un Commissariat Général aux questions juives. Hitler fait connaître à ses généraux son intention de diriger personnellement les opérations à l'Est. Ses victoires rapides à l'Ouest lui ont donné le sentiment d'être un grand stratège et il méprise bon nombre de ses généraux.

 04 Mai - L'attaque de la Grèce par l'Italie tourne au désastre, Hitler décide d'aider Mussolini, ses armées déferlent en Yougoslavie puis en Grèce. Un retard d'un mois et demi est pris dans l'exécution du plan Barberousse.

 13 mai - Keitel transmet aux généraux l'ordre pris par Hitler d'exécuter les Commissaires politique au cours des opérations futures ce qui suscite l'émotion.

 22 juin - Invasion de l'U.R.S.S. De vastes opérations sont entreprises par trois armées allemandes réparties (certains experts disent "dispersées) sur trois axes principaux. La résistance des slaves considérés comme "sous-hommes" ralentit l'avance. "Dès les premiers combats, je me suis aperçu que tout ce qu'on nous avait raconté sur la Russie n'était que bourrage de crâne" - Maréchal von Rundstedt, au tribunal de Nuremberg. Les armées soviétiques ne reculent pas, certaines échappent à l'encerclement ; armées et industries se reforment à l'arrière. Les richesses de l'Ukraine et de la Crimée sont cependant à la disposition de l'Allemagne.

 04 juillet - Staline prescrit aux communistes des pays occupés de commencer la guérilla ; Josip Broz, sous le nom de Tito, l'entreprend avec les anciens combattants d'Espagne. Enver Hodja agit de même en Albanie.

 10 août - Roosevelt et Churchill signent la Charte de l'Atlantique, le désarmement des nations bellicistes est affirmé indispensable en attendant la création d'un système de sécurité générale.

 Octobre

En France, l'exécution du Feldkommandant de Nantes est suivie de représailles sanglantes : 27 otages sont fusillés à Chateaubriant, 16 à Nantes, 5 au Mont-Valérien. L'occupation allemande prend un nouveau visage, les positions se durcissent ; les organisations de Résistance sont placées devant le dilemne : se considérer en guerre, utiliser tous les moyens avec leurs conséquences, ou se préparer à une phase violente mais ultérieure par l'organisation, le renseignement, la contre-propagande. Selon les mouvements les deux stratégies sont adoptées, elles exposent également à la délation et la répression.  

En U.R.S.S - Après quelques hésitations ou collaborations réelles de la part de nationalistes ukrainiens et d'anti-communistes le mouvement partisan se développe. Si plusieurs généraux allemands gardent secret l'ordre d'exécuter les Commissaires politiques, d'autres laissent se produire les pires exactions qui engendreront des réactions semblables.

"La guerre des partisans se développait dans les Balkans et réclamait l'intervention de forces de plus en plus puissantes" - H. Gudérian.

Staline fait partir ses ministres et les administrations vers l'Est, mais reste à Moscou organiser la défense. Le 7 août il se nomme commandant en chef après avoir reconnu des erreurs. Il préside la Stavka (du vieux russe signifiant "la tente" qui abritait le commandant en chef) ou "grand quartier général", les décisions mûrement réfléchies ne sont prises qu'après l'expression des opinions de chacun de ses membres.

 15 octobre - L'espion Richard Sorge - qui avait déjà averti Staline de la date de l'invasion allemande - lance son dernier message : "Pas d'offensive japonaise à craindre contre l'U.R.S.S.". Aussitôt les unités soviétiques quittent le front d'Extrême-Orient pour le front Ouest.

 27 novembre - Les Soviétiques contre-attaquent à Rostov que les Allemands évacuent ; le maréchal von Rundstedt est remplacé.

 Gudérian : "C'était la première sonnerie d'alarme ! mais elle ne constitua un avertissement ni pour Hitler, ni pour l'O.K.W., l'O.K.H. Depuis le 22 juin 1941, l'ensemble des pertes du front de l'Est se montait déjà à 743.000 hommes, soit 23 % de notre force totale de 3 millions et demi d'hommes" (20).

 Les généraux allemands conscients des difficultés accrues de leurs armées ralenties par la boue, par les interventions des partisans, puis par le froid (- 20° puis - 30° en vue de Moscou), persuadés de la sous-estimation de l'adversaire par le Haut Etat-major, demandent un repli sur des lignes fortifiées. Hitler prend personnellement le commandement de l'armée et, de son Q.G. de Prusse orientale, refuse tout recul. Le sacrifice des soldats se poursuit. Pour lutter contre le froid des régiments entiers troquent leur uniforme contre celui des soldats soviétiques, adapté aux basses températures ; seul l'aigle de leurs bonnets de fourrure les distingue de l'adversaire (d'après Gudérian).

 

 5 décembre - La Wehrmacht est arrêtée sur un front de 320 km qui enserre Moscou.

6 décembre - Sept armées - principalement sibériennes - entraînées à combattre dans le froid attaquent, forces dont on ne soupçonnait pas l'existence. L'armée allemande est refoulée, "le mythe de l'invincibilité germanique renversé" - Général Halder.

Parmi les principaux auteurs de ce renversement : les généraux Joukov, Koniev, Rokossovski et, à la tête de la XXè armée, Vlassov.

Grâce aux services qui développent le culte de sa personnalité, Staline tire le bénéfice moral des opérations, mais quoique jaloux de son prestige, il a la sagesse de laisser la liberté dans la conduite des combats à plus compétent que lui.

 

11 décembre - Ces premiers revers n'empêchent pas Hitler de déclarer la guerre aux U S.A., eux-mêmes placés devant l'attaque surprise des Japonais, à Pearl-Harbor le 7 décembre. Dönitz fait partir 5 sous-marins avec la consigne du silence-radio vers la côte Est des U.S.A. où ils opèrent avec quelques succès.

14 décembre - La façade Atlantique prend alors une importance accrue aux yeux d'Hitler qui décide d'édifier les ouvrages bétonnés connus sous le nom de Mur de l'Atlantique ; le but recherché est à la fois la protection des sous-marins, des ports militaires et une défense contre un éventuel débarquement ; les plages de la région quiberonnaise peuvent se prêter à une telle opération, en conséquence les ports de Lorient et de Saint-Nazaire qui l'encadrent doivent être puissamment fortifiés.

C'est la manifestation d'une stratégie défensive. Soumis aux mitraillages et torpillages par avion, les cuirassés et croiseurs allemands ne sont en sécurité que dans les fjords étroits. Le Bismark pourchassé en mai ne peut rejoindre Brest, et se détruit par explosifs. L'offensive est réservée aux U. Boote.

En Afrique et en Méditerranée, sur terre et sur mer, les combats font rage.

 

Mars - Leclerc surprend les Italiens à Koufra ; il fait le serment de ne déposer les armes qu'après avoir fait flotter le drapeau français sur Metz et Strasbourg.

L'Egypte a une importance stratégique considérable avec son canal et les possibilités d'accès aux richesses pétrolières. C'est l'opinion du Grand Amiral Raeder qui a voulu faire porter l'effort de guerre sur Malte et Suez afin de frapper l'Angleterre dans son approvisionnement. Hitler ne l'a pas écouté. Par contre, en mars, l'amiral Cunningham par des combats aéro-navals, frappe durement la flotte italienne au Cap Matapan. La Syrie et le Liban qui commandent la route de l'Inde et de Suez sont des objectifs franco-anglais. Cependant, au conseil de l'Empire du 3 mars, Leclerc et de Larminat sont hostiles à une opération insuffisamment soutenue par les forces gaullistes et qui conduira à une lutte fratricide.

 

En mai, l'arrivée d'avions de la Luftwaffe, autorisés par Vichy à se poser sur les aérodromes de Syrie, déclenche les bombardements anglais. Une brigade indienne, deux brigades  australiennes et six bataillons français se heurtent aux forces supérieures du général Dentz, fidèle à Pétain.

La Royal Navy et l'aéronavale l'emportent sur la flotte vichyste et Dentz conclut un armistice après de rudes combats entre Français. Le libre choix du ralliement ne gagne à de Gaulle que 5.668 hommes sur 37.736 (21).

La mainmise sur la Crête par les parachutistes allemands, au prix de lourdes pertes, l'attaque brusquée de Rommel placé à la tête de l'Africakorps venu à la rescousse des Italiens défaits en Libye, sont autant de développements d'une guerre devenue mondiale. Rommel rétablit la situation en Cyrénaïque et repousse la VIIIè armée britannique vers la frontière égyptienne, à la grande terreur des Juifs de Palestine.

Le général Koenig qui a participé à l'expédition de Syrie et du Liban réorganise les troupes ralliées du Levant et à la tête de la 1ère division légère des F.F.L. rejoint, en décembre, cette VIIIè Armée britannique.

Les non-ralliés reviennent en France au milieu des cérémonies de la  propagande pétainiste. A Tunis, le général de Lattre de Tassigny accueille un détachement en déclarant : "Rapatriés de Syrie, regagnez vos foyers, confiants dans les destinées de la France et de la Tunisie, et portez vos regards vers l'image sereine et magnifique du maréchal Pétain, notre guide et notre sauveur" (22).

 


 

1942

 

Churchill - "La guerre sous-marine fut notre plus grand fléau. Il eût été sage de la part des Allemands, de jouer leur va-tout sur cette carte".

 Dönitz, dans son ouvrage "Dix ans et vingt jours" dégage rétrospectivement ce qui, pour lui, fut l'erreur fondamentale : "A la vérité, notre gouvernement n'avait retenu aucune des leçons du premier conflit mondial. De nouveau, nous étions entrés en guerre avec un effectif de sous-marins insuffisant et n'avions rien fait pour le développer, parce que la direction politique et ses conseillers de l'Armée et de l'Aviation croyaient gagner, au plus tard à la fin de 1942, et sur terre, cette guerre où les plus grandes puissances navales constituaient nos adversaires principaux" (23).

C'est pourtant avec cet effectif insuffisant que les U. Boote remportent les plus grands succès ; encore connaissent-ils des déboires avec leurs torpilles qui malgré des coups au but n'explosent pas ; il fallut du temps pour comprendre que les détonateurs réglés en atelier n'avaient pas la même réaction sous l'eau ; le parc des torpilles reçut des coups sévères à Zeebruge, à Lorient.

"La seule chose qui m'ait vraiment fait peur pendant la guerre c'est le péril sous-marin" - Churchill (voir en annexe son graphique des pertes).

12 février - L'escadre de Brest trompe la vigilance anglaise par mauvais temps. Malgré son infériorité numérique, l'aviation de chasse allemande assure la protection permanente de la flotte qui franchit le Pas-de-Calais, le canal de Kiel. Fort de ce succès Galland multiplie près de Goering ses demandes d'accroissement des appareils de chasse et la construction en série d'avions à réaction, déjà conçus.

Mars - Dans la nuit du 28 au 29 mars, un commando britannique, transporté par une flotille qui remplace au dernier moment le pavillon hitlérien par l'enseigne blanche de la Royal Navy, détruit plusieurs installations du port de Saint-Nazaire. Eperonnée par un navire sacrifié qui explose le 29, la porte-écluse de la grande forme où fut construit le transatlantique "Normandie", est rendue inutilisable pour plusieurs années. Malgré les pertes aggravées du fait de la diversion manquée des bombardiers qui ont rencontré un brouillard imprévu, l'opération qui relève de la haute stratégie est réussie : les grands cuirassés allemands ne peuvent plus se faire réparer dans la seule forme à leurs dimensions et désertent le golfe de Gascogne (24).

La propagande présente l'évènement comme une tentative de débarquement vouée à l'échec, mais le haut commandement ne s'y trompe pas ; von Rundsdedt vient enquêter à Saint-Nazaire et provoque un conflit Armée-Marine.

Une autre conséquence est le transfert à Paris de Dönitz et de son état-major, le Kernével ne paraissant plus assez sûr. Les installations demeurent, les antennes servent de relais, d'autres sont édifiées à Sainte Assise près de Melun, plus puissantes encore.

 11/02 - Traduit devant la Cour Suprême de Justice, Léon Blum montre chiffres en mains que c'est avec un gouvernement de Front Populaire qu'a commencé le réarmement moderne de la France. L'ajournement sine die des débats par le Président lui assure une victoire morale incontestable.

 18/04 - Menacé par l'ambassadeur d'Hitler de voir la France placée sous l'autorité d'un Gauleiter, Pétain accepte de rappeler Laval qu'il nomme chef du gouvernement. L'anti-communisme de ce dernier, sa politique de collaboration sans cesse accentuée, le conduisent à instituer  :

·         la "relève" des prisonniers de guerre sur la base de 3 ouvriers volontaires contre le retour d'un prisonnier ;

·         la transformation de la Ligue des volontaires français, la L.V..F., association privée, en Légion tricolore officielle ;

·         en juin, le port obligatoire de l'étoile de David (jaune) pour les personnes de religion juive ;

·         entre le 2 et le 23 juillet, la rafle des Juifs conduits par familles entières au Vélodrome d'hiver, puis séparées dans les prisons de Draney. En zone sud, donc indépendamment de la volonté allemande, les Juifs sont internés au camp de  Gurs. De 1942 à 1944, 67.000 Juifs partirent à Auschwitz.

 

Mai - Rommel obtient d'Hitler l'abandon d'une opération aéroportée sur Malte. De la sorte, il facilite l'action des forces maritimes anglaises sur les convois de Libye !

27/05 - Heydrich, protecteur en Bohême-Moravie, est exécuté par des parachutistes tchèques venus d'Angleterre. En représailles, le village de Lidice est détruit, tous les hommes sont fusillés, les femmes et les enfants déportés. Dans tous les pays occupés les menaces pleuvent.

10/07 - Le chef des S.S. et Police en France : "... seront fusillés tous les proches parents masculins en ligne ascendante, ainsi que les beaux-frères et cousins à partir de dix-neuf ans des "fauteurs de troubles présumés". Toutes les femmes seront envoyées aux travaux forcés et tous les enfants jusqu'à dix-sept ans en maison d'éducation".

 12/08 - Laval en personne accueille à Compiègne un train de militaires rapatriés. La presse "collabo" ouvre largement ses colonnes aux prisonniers libérés pour qu'ils puissent inciter les travailleurs à partir en Allemagne.

 Septembre - L'échec de la relève devient évident et les besoins en main d'oeuvre ne font que croître dans une nation engagée dans une "guerre totale" qui impose une production des armements grandissante alors que la mobilisation des Allemands diminue le nombre des ouvriers. Sauckel, ministre allemand, obtient du gouvernement de Vichy la loi qui permet de contraindre tout homme de 18 à 50 ans et toute femme célibataire de 21 à 35 ans à des travaux jugés utiles.

Fin septembre - les pylônes géants de Sainte Assise qui transmettent les ordres de la Kriegsmarine sont dynamités par les F.T.P. (l'action fut revendiquée par des membres du réseau de Rémy, lequel à la fin de la guerre reconnu l'erreur). Le gouvernement de Vichy donne à la Gestapo l'autorisation de poursuivre les résistants dans la zone "libre".

30/10 - De Gaulle désigne le général Delestraint chef de l'Armée secrète qui groupe l'ensemble des mouvements gaullistes.

 21/11 - Le maréchal parle aux Français : "Vous n'avez qu'un seul devoir : obéir. Vous n'avez qu'un seul gouvernement : celui à qui j'ai donné le pouvoir de gouverner. Vous n'avez qu'une seule Patrie que j'incarne : la France".

   

L'opération Torch et ses suites

 

Juin - En Afrique du Nord, à Bir-Hakeim qu'il défend, Koenig refuse un ultimatum de Rommel ; il contient et retarde les forces allemandes permettant ainsi le repli de l'armée britannique.

 28/10 - Puis il rompt l'encerclement et participe aux combats d'El Alamein où Montgomery obtient par la victoire sur Rommel la consécration de ses lents effets de "grignotage".

 08/11 - Les Américains débarquent en Afrique du Nord, avec à leur tête le général Clark en Algérie et le général Patton au Maroc. Le but de l'opération - appelée "Torch" - est double : encercler les forces italo-allemandes en Libye, bloquer le détroit de Sicile, passage obligé entre Gibraltar et Suez.

 10/11 - Laval convoqué par Hitler, à Munich, accepte l'entrée des troupes allemandes en Tunisie. Dès lors, l'ennemi commun verra contre lui les troupes de Koenig passées sous le commandement de de Larminat, celles de Montgomery que les Polonais de Kopanski ont rejointes, l'armée américaine. Une semaine auparavant, Darlan en inspection a demandé aux officiers de s'opposer à toute tentative américaine, mais, incité par le général Juin, il proclame un cessez-le-feu, étendu à toute l'Afrique du Nord. Pétain lui enlève ses pouvoirs qu'il remet au général Noguès. Darlan utilise l'ambiguïté d'un télégramme dans lequel l'amiral Auphan fait part de l'"accord intime" du maréchal pour obtenir de Roosevelt une confirmation de ses fonctions. Reconnu "expédient provisoire" par le Président des U.S.A., il signe l'accord qui fait entrer l'Afrique dans la guerre aux côtés des Alliés.

 11/11 - Les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation et envahissent la zone sud. Jean de Lattre de Tassigny, placé à la tête de la XIIIè région militaire, quitte Montpellier avec son état-major dans l'intention de s'opposer à ceux qui viennent de rombre l'accord de Rethondes ; arrêté, il est emprisonné à Toulouse, puis au fort Montluc à Lyon.

Arrivés sur la côte sud, les Allemands promettent de respecter le camp retranché de Toulon. La zone occupée par les Italiens s'étend à l'est du Rhône, de la Suisse à la Méditerranée, Corse comprise.

Keitel : "Un débarquement est inévitable avec la flotte comme enjeu, il faut nous en emparer préventivement".  

 14/11 - Sur ordre secret de l'O.K.W., contresigné par Hitler : premièrement s'emparer par surprise de Toulon, deuxièmement s'emparer de la flotte, la division blindée des Waffen S.S. "Das Reich" quitte Le Mans et emprunte de nuit des voies désertes.

26/11 - Les pleins pouvoirs sont donnés à Laval. Par son intermédiaire, les Allemands gouvernent toute la France ; à leur demande, Pétain déchoit Darlan de la nationalité française.

 27/11 - Les blindés approchent du camp retranché de Toulon, l'amiral de Laborde lance l'ordre "Ici, amiral de la Flotte de haute-mer. Sabordez la flotte, sabordez la flotte". L'ordre est exécuté ; la nation perd 85 navires ; parmi eux, à une exception près, ceux qui s'étaient échappés de Mers-el-Kébir pour rallier Toulon. Quatre commandants de sous-marins n'ont pas obéi et rejoignent l'Afrique du Nord ou l'Espagne.

        De Gaulle dans ses Mémoires de Guerre évoque le "suicide le plus lamentable et le plus stérile que l'on puisse imaginer".

"Submergé de colère et de chagrin, j'en suis réduit à voir sombrer au loin ce qui avait été une des chances majeures de la France, à saluer par les ondes les quelques épisodes courageux qui ont accompagné le désastre et à recevoir au téléphone les condoléances noblement exprimées mais sourdement satisfaites du Premier ministre anglais".

Churchill, à la Chambre des Communes, au terme de son discours sur le sort de la flotte : "Elle a sauvé son honneur par un sacrifice suprême. De la fumée des flammes et des explosions, la France renaîtra".

Le 11, Weygand et l'amiral Auphan ont adjuré Pétain de protester contre l'entrée de la Wehrmacht en zone libre.

Pétain, détenteur de tous les pouvoirs politiques et militaires, mais soumis à la pression de son entourage pro-allemand, n'a donné aucune directive. Lors de son procès en juin 1945, à la question : "Pourquoi n'avoir pas donné à la flotte l'ordre de gagner l'Afrique ?", il répond par une note : "Pour des raisons techniques l'ordre n'était point exécutable et la flotte eût été vouée à la destruction. Donc, en fait, le départ eût amené les mêmes conséquences que le sabordage.

En outre, l'ordre eût été le signal de la reprise des hostilités contre l'Allemagne et eût exposé la France à de terribles représailles, sans aucun bénéfice pour la cause alliée ..." (25).

L'armée d'armistice est dissoute. Laval va livrer aux Allemand le plan des dépôts d'armes et de munitions ; une partie restera dissimulée par des officiers patriotes.

 

En U.R.S.S., 1942 est aussi l'année de l'incorporation forcée des jeunes Alsaciens-Lorrains qui participent contre leur gré aux combats en U.R.S.S.

Vlassov, après avoir été décoré par Staline, dirige la contre-attaque entre Moscou et Léningrad. Mais son armée est encerclée en juillet ; il refuse de prendre l'avion et est fait prisonnier. En révolte contre le régime communiste, il propose sa collaboration à Hitler mais n'est pas autorisé à rester à la tête de ses troupes, qui sont dirigées vers l'ouest ou les Balkans. Vlassov lance en outre un appel à la désertion.

Hitler qui vise les pétroles du Caucase étend la guerre au sud. Friedrich Paulus nommé général des troupes blindées est mis à la tête de la VIè armée. Il maintient que l'exécution des commissaires politiques ne doit pas se produire. Après s'être distingué dans les combats de Karkov, il prend l'offensive en direction de Stalingrad fin juin, et se rend compte de "la prodigieuse capacité de résistance des Russes". En septembre, l'assaut est donné sans succès. Le froid et les brouillards givrants survenus en novembre gênent les observations alors que la contre-offensive est déclenchée ; la VIè armée est encerclée à la fin de l'année par les troupes de Tchouïkov et de Choumilov.

 


 

1943  

 

Sur le front de Stalingrad, les armées italiennes, roumaines et allemandes subissent le même sort. Paulus qui vient d'être nommé maréchal accepte l'ultimatum soviétique et capitule le 31 janvier, avec 91.000 hommes, 24 généraux ; son armée a eu 147.000 tués. Le matériel saisi ou détruit représente le quart du potentiel global de l'armée allemande.

 Hitler est furieux, lui qui a aggravé la situation en enlevant la IVè armée blindée pour l'envoyer vers le Caucase, avant de la rappeler.

"Le commandement d'Hitler a cessé d'avoir quoi que ce soit avec les principes stratégiques qui font la loi depuis des générations. Son tempérament violent, esclave de ses impulsions, ne reconnaît aucune limite et ses rêves dictent ses actes" - général Halder, mis en disponibilité peu après.

Le retentissement de la bataille de Stalingrad est immense ; les généraux allemands les plus lucides ne croient plus à la victoire et sous l'impulsion de Beck reprennent le complot contre Hitler. Dans la même année, trois projets d'assassinat échouent du fait de circonstances fortuites.

La victoire de Stalingrad galvanise Résistants et forces alliées, l'espoir renaît chez tous les peuples opprimés d'Europe.

En janvier, les troupes ukrainiennes et georgiennes de Vlassov arrivent en Bretagne ; il est difficile d'y distinguer les partisans de l'alliance avec l'armée allemande de ceux qui ont été menacés d'être condamnés à mourir de faim, ou des repris de justice libérés sous condition d'enrôlement. Plus ou moins de force, ils participent à l'occupation du pays.

Quant à la surveillance et la répression, le S.D. et la Gestapo n'ont pas attendu leur arrivée pour les exercer.

Pour tout le nord-ouest du pays le S.D. a sa direction à Angers, avec deux antennes à Rennes et à Nantes. Celle de Rennes est commandée en avril 1943 par le colonel Pulmer qui répartit ses services en plusieurs sections : surveillance de la police et des étrangers, contrôle économique et S.T.O. ; surveillance des communistes, francs-maçons, juifs ...

Le docteur Hermann Wenzel, un dentiste, est responsable des questions relatives à la Résistance. Des sections fonctionnent à Saint-Brieuc, Quimper, Brest, Vannes, Pontivy, Locminé (cf. Marcel Baudot).

La Gestapo établit un réseau d'informateurs bien rétribués, recrutés parmi les militants du Rassemblement national populaire de Déat, du Parti Populaire Français de Doriot, de la branche collaboratrice du Parti National Breton. Ces mouvements politiques ont de moins en moins d'influence sur l'opinion publique, mais les organismes mis en place et aussi les dénonciations spontanées de collaborateurs créent des pertes sensibles.

 

30/01 - La création de la Milice met en évidence la sujétion du gouvernement de Vichy au pouvoir nazi.

Mars - L'escadrille Normandie-Niémen, formée à partir des pilotes et "rampants" français, combat sur le front russe.

 24/12 - Darlan, objet du mépris général, est abattu par Bonnier de la Chapelle, jeune monarcho-gaulliste.

 30/12 - 25 jeunes résistants qui ont détruit le pylône de Sainte Foy et les câbles électriques d'un cantonnement près de Rennes sont jugés dans l'ancien Parlement de Bretagne. Condamnés à mort, ils sont exécutés le 30 décembre.

 

La conférence de Casablanca : décisions et conséquences

 

Du 14 au 21 janvier, Roosevelt, Churchill et leurs experts définissent les grandes lignes des actions militaires des Alliés :

·     la défaite de l'Allemagne est prioritaire par rapport à celle du Japon ;

·     un second front doit être créé en Méditerranée ;

·     le succès d'un débarquement sur le continent européen est conditionné par la victoire sur les sous-marins et la neutralisation des bases ;

Enfin, Roosevelt arrête le principe de la capitulation sans condition.

Le 2 février, de Lattre de Tassigny, déjà condamné à dix ans de réclusion pour "abandon de poste et tentative de trahison", s'évade la nuit de son transfert à la prison de Riom, aidé par son fils et sa femme. Il parvient à rejoindre Londres, puis Alger ; son expérience et son rang lui assurent le commandement de la 1ère Armée française.

 Les bombardements s'amplifient sur Lorient, Saint Nazaire ... sans conséquences stratégiques décisives.

Le 3 février, l'évacuation de la ville de Lorient est décidée par arrêté préfectoral ; dans les semaines qui suivent, la ville est pratiquement anéantie.

   Les destructions des navires alliés sont catastrophiques au cours du premier trimestre 1943, mais le repérage par radar centimétrique sans que l'adversaire le soupçonne, l'intervention des avions "Liberator" à long rayon d'action, les lancers de grenades à l'avant des chasseurs (sans rupture du contact Asdic), vont inverser la situation et annoncent le déclin des U.Boote. Les porte-avions d'escorte et leurs appareils gagneront la bataille de l'Atlantique.

 

Le Service Obligatoire du Travail

 

Le 16, en prolongement de la loi de septembre 1942, le S.T.O. est promulgué par Laval ; dès le 15 mars, il est utilisé au profit du Reich sur l'ensemble du territoire français. Il est prévu pour deux ans, et touche les "classes" 1940, 41, 42. Les pressions et menaces sont multiples ; les problèmes de conscience à l'égard des prisonniers sont exploités. Des membres de la hiérarchie catholique croient devoir s'inspirer de l'autorité supposée du maréchal Pétain : Monseigneur Martin, évêque du Puy, Monseigneur Auvity, évêque de Mende, qui écrit "Si vous ne partiez pas la relève des prisonniers en subirait le contre-coup ... Il est de notre intérêt de ne pas vous soustraire à cette mesure" (26). Paroles largement reproduites dans la presse collaboratrice ...

Mais, comme dans toutes les classes de la société, le libre arbitre prévaut et des religieux, non seulement mettent en concordance leur sacerdoce et la protection des traqués, mais participent délibérément à la Résistance.

En Allemagne, les prisonniers de guerre à qui l'on a proposé d'être transformés en travailleurs ne l'ont accepté, souvent contraints et forcés, que dans la proportion de un sur cinq (27).

 Parmi les requis du S.T.O. les jeunes gens des Chantiers de Jeunesse ou des services d'Etat sont les plus vulnérables. Le mouvement du Front National diffuse largement et énergiquement la politique du refus.

Les réfractaires sont poursuivis avec plus ou moins de conviction par les gendarmes qui parfois les préviennent, mais ils s'exposent à des départs forcés en camp de travail ; ils ont recours aux "caches" - et les agriculteurs bretons en abritent un grand nombre - aux fausses cartes d'identité, aux "prélèvements" de cartes et tickets d'alimentation. Leurs conditions illégales d'existence les conduisent peu à peu vers d'autres hors-la-loi : les maquisards.

 En mai, l'Organisation de résistance de l'Armée (O.R.A.), déjà puissante en zone sud, est organisée en zone nord.

 27/05 : "Au moment où dans cette guerre la patrie joue son destin la formation du Conseil National de la Résistance, organe essentiel de la France qui combat, est un évènement capital" - Message de de Gaulle.

Le C.N.R. est l'aboutissement des efforts constants du délégué du général, Jean Moulin, pour unifier tous les mouvements de résistance à l'ennemi. Il en résulte une unité du commandement de la France libre, à Alger, et la constitution du gouvernement provisoire de la République Française, présidée par de Gaulle, ce qui lui apportera la légitimité mise en doute par des Américains et reconnue seulement en 1944.

 30/05 - Hitler veut désarmer les grands navires immobilisés de sa flotte ; le grand-amiral Raeder offre sa démission qui est acceptée ; parmi les deux successeurs qu'il propose, Hitler choisit Dönitz. Ce dernier vient de perdre son fils Klaus au cours d'un combat entre sa vedette lance-torpilles et l'escort-destroyer "La Combattante", navire prêté par les Anglais aux Forces navales françaises libres. L'été voit l'arrestation du général Delestrain, puis celle de Jean Moulin qui sera torturé par Klaus Barbie, jusqu'à sa mort le 8 juillet.

 A l'Est

12/04 - Les Allemands annoncent la découverte d'un charnier de plusieurs milliers d'officies polonais abattus d'une balle dans la nuque, à Katyn, petit village d'U.R.S.S. près de Smolensk. Sikorski, Premier ministre du gouvernement polonais de Londres demande une enquête de la Croix-Rouge internationale, ce qui provoque la rupture de ses relations avec l'U.R.S.S. qui accuse l'armée allemande.

Ce n'est qu'en 1953 que la preuve sera apportée par une commission d'enquête américaine, après exhumation, de la responsabilité des Soviétiques qui ont voulu décapiter l'intelligentsia militaire polonaise susceptible de s'opposer aux plans de Staline.

Le 4 juillet 1943, au retour d'une inspection des troupes stationnées au Moyen-Orient, le général Sikorski est victime d'un accident d'avion, au-dessus de Gibraltar, dans des circonstances qui n'ont pas été élucidées.

La Stavka a reconnu les dons exceptionnels du général-major Alexis Antonov, aucune opération n'a désormais lieu sans sa participation ; la vaste contre-offensive qu'il contrôle va aboutir à la libération de l'Ukraine par les troupes de Koniev.

Les généraux allemands engagés à l'Est estiment que la guerre ne peut plus être gagnée.

C'est l'opinion exprimée par Dönitz, à l'Ouest "nous estimions depuis février 1943 que nous ne pouvions plus vaincre dans cette guerre au tonnage contre les deux plus grandes puissances maritimes". ... "nous nous trouvions ... sur la defensive : sur le front oriental devant l'écrasante pression soviétique, dans la tête de pont tunisienne, devant les attaques des Anglo-Saxons".

"Il n'en fallait pas moins poursuivre notre pression sur les lignes de communications maritimes pour fixer l'adversaire et limiter les moyens qu'il pouvait employer ailleurs ... Eût-elle cessé que l'adversaire aurait disposé d'un nombre élevé d'unités légères pour attaquer nos propres communications maritimes" (28).

 

Théâtre méditerranéen d'opérations

 

Churchill imprime à la stratégie anglaise une visée sur les Balkans, aussi donne-t-il à Tito la priorité dans les livraisons d'armes aux résistants d'Europe ; les Américains suivent avec réticence.

 

26/01 - Leclerc est à Tripoli ; après la conquête du Fezzan il intègre ses forces dans la VIIIè armée britannique.

Mars - Rommel malade rentre en Allemagne ; le général italien Messe à qui il a confié l'Africakorps fait replier les troupes en bon ordre en Tunisie.

11/05 - Les forces italo-germaniques capitulent au cap Bon.

10/07 - Sous le haut commandement d'Eisenhower, l'occupation de la Sicile par les troupes de Patton et de Bradley est suivie de l'attaque du sud de l'Italie.

25/07 - Badoglio, un des chefs de l'opposition est appelé par le roi pour remplacer Mussolini. Aussitôt des négociations secrètes sont engagées.

02/09 - Elles aboutissent à l'armistice avec les Alliés.

08/09 - Eisenhower débarque à Salerne. Les Allemands envahissent l'Italie.

10/09 - La flotte italienne se soumet à lord Cunningham devant la Valette (Malte).

 

En Allemagne (novembre) - Rommel reçoit la mission d'inspecter le mur de l'Atlantique du Danemark à la frontière espagnole.

Le général Beck trouve de nouveaux partisans parmi les généraux et un allié : Karl Gördeler, ancien bourgmestre de Leipzig, adversaire résolu du nazisme.

11/11 - A Berchtesgaden, une bombe dissimulée dans un nouveau modèle de capote militaire qui doit être présenté au Führer ne peut être utilisée : un raid d'avions empêche la présentation.

26/12 - Une conférence est annulée, Stauffenberg ne peut employer la bombe qu'il a préparée.

Décembre - A la conférence de Téhéran le poids de la puissance économique des U.S.A. et les succès militaires permettent à la stratégie américaine de l'emporter ; les chefs d'Etat alliés décident officiellement l'affrontement à l'ouest, en mai-juin 1944 et non dans les Balkans ; Roosevelt confie à Eisenhower la responsabilité du débarquement et des offensives.

30/12 - En prévision de ces évènements et pour plus d'efficacité, les Forces Françaises de l'Intérieur sont créées ; elles doivent englober tous les mouvements dont les membres sont répartis en petits groupes ; si l'unité du commandement est prévue la désignation du chef attendra.

 


 

1944

 

 

 

Pétain ne peut modifier les lois ou choisir ses ministres sans le consentement des Allemands qui lui imposent les ultras de la collaboration : Henriot (6/01), Déat (16/03), Darnand (13/06), chef de la Milice.

Dès janvier un décret donne à Darnand la "pleine autorité sur toutes les forces de l'ordre" ... gendarmes, G.M.R., police ...

En février, Sauckel obtient d'Hitler l'extension des mesures du S.T.O. à tous les hommes de 16 à 60 ans et aux femmes de 18 à 45 ans.

Selon les chiffres cités par le Tribunal de Nuremberg "c'est la France qui a fourni à l'Allemagne le plus gros contingent de main d'oeuvre. Au total 2.601.639 personnes ont été mises au service de l'occupant ... et qui se décomposent ainsi : 738.000 requis sur place en France, 875.952 requis pour le S.T.O. en Allemagne, 987.687 prisonniers de guerre" - cité par Isabelle Empereur-Bissonnet.

 La chasse aux réfractaires et résistants s'amplifie ; en même temps, la désobéissance aux lois de Vichy et des Nazis se généralise. Les réquisitions de denrées sont contournées, le "marché noir", liberté économique prise d'office, pallie parfois les insuffisances du Ravitaillement officiel, mais les trafiquants et profiteurs en développent largement les formes vénales.

Plus réconfortante, la solidarité brave toutes les autorités et les risques.

 03/01 - A Pont-Aven, la Gestapo arrête le Recteur et son vicaire, Joseph et François Tanguy, avec les deux aviateurs américains qu'ils cachent au presbytère. Déportés, les deux prêtres mourront le premier à Buchenwald en mai, le second en septembre à Flossenburg (29).

 Avril - Le maire de Keryado[1] (*), traqué par la Gestapo, trouve refuge dans la petite école publique de Bieuzy-Resto ; l'instituteur de Saint-Nicolas-des-Eaux fait la liaison entre le maire, et son épouse, Madame Le Maux, que la prudence tient éloignée. Une nuit tout le monde est réveillé en sursaut : ce sont les "terroristes" qui ont dévalisé le S.T.O. de Vannes et apportent des cartes de travail et tous les cachets qui permettront de les valider.

 Rentré dans son école l'instituteur de Saint-Nicolas-des-Eaux s'étonne du retard de ses deux meilleures élèves ; à la récréation, Amélie Le Merlusse et sa camarade viennent s'excuser, elles sont allées prévenir les Patriotes de la présence des Allemands ; elles ont 13 ans et demi (30).

 Pris parmi une multitude d'actions spontanées qui participent d'une complicité générale, ces exemples symbolisent le soutien actif aux maquisards ou pourchassés en tous genres. Si pernicieuse soit-elle, l'action des collaborateurs n'est le fait que d'une minorité, dans son ensemble la mentalité bretonne évolue de l'insubordination à la révolte.

Sur tout le territoire la situation se dégrade inexorablement pour la Wehrmacht : 100 trains allemands étaient nécessaires chaque jour, pour son entretien en France au début de l'année ; les bombardements et les sabotages font tomber la moyenne à 60 trains en avril, 32 en mai.

 20/03 - Hitler devant les chefs des 3 armées du front-ouest : "Les deux secteurs les plus favorables et par conséquent les plus menacés, sont les deux péninsules occidentales, c'est à dire le Cotentin et la Bretagne".

La lutte est sans pitié ; en témoignent le sort de l'ingénieur en chef Stosskopft du réseau Alliance, arrêté à Lorient et interné au camp de Struthof, l'assaut du Plateau des Glières en mars que les Résistants allaient évacuer, les 31 fusillés du Mont-Valérien en avril ...

Dans notre région, la torture est pratiquée à Guémené, Quimperlé. Deux tribunaux militaires sont créés à Port-Louis et à Penthièvre. On trouvera dans la première citadelle les corps de 70 fusillés et dans la seconde 52 victimes. Le général Fahrmbacher et l'amiral Matthiae n'en souffleront mot dans leur ouvrage "Lorient 1940-1945" publié en Allemagne en 1956 (31).

La situation politique évolue aussi du côté gaulliste.

Janvier - A Brazzaville, dans son discours, de Gaulle promet d'accorder aux hommes de l'Empire "la possibilité de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires".

05/03 - Le Conseil national de la résistance publie son programme et le 23 définit le Statut des Comités Départementaux de Libération qui doivent refléter l'ensemble des opinions résistantes, mais que le général de Gaulle entend cantonner à un rôle consultatif provisoire, à une mission de remise en marche de l'activité économique et au contrôle des actions de justice qui ne manqueront pas de se produire au lendemain de la Libération.

Les futurs préfets sont prévus alors que les Américains préparent leurs propres officiers d'administration : l'A.M.G.O.T. (Allied Military Government in Occupied Territories).

   15/04 - De Lattre de Tassigny prend le commandement des forces  françaises en Afrique du Nord; Il réorganise les grandes unités qui doivent participer au débarquement prévu en Provence.

En avril, Koenig vient à Londres au titre de délégué militaire du Comité Français de Libération Nationale, de commandant des Forces Françaises en Grande-Bretagne d'une part et des F.F.I. d'autre part. Les conditions de la lutte clandestine sont mal appréciées et il entre en conflit avec le Comité d'action de la résistance (le COMAC) ; persuadé néanmoins du rôle de la résistance, il va s'efforcer d'obtenir des parachutages massifs d'armes au profit des F.F.I. qui en sont cruellement dépourvues.

02/06 - Le C.F.L.N. devient Gouvernement provisoire de la République Française, présidé par de Gaulle qui revient alors à Londres.

 En Italie, Mussolini emprisonné par ordre du roi dans les Abbruzes puis libéré par des parachutistes allemands en septembre 1943, essaie, à l'instigation d'Hitler, de reconstituer un état fasciste : la république de Salo. Il fait arrêter les responsables de sa chute.

En janvier, à Vérone, il fait fusiller 6 anciens membres du Grand Conseil fasciste dont son gendre, Ciano. La population le rend responsable des  exactions allemandes, des crimes de la Milice. Il s'enfuit vers la Suisse déguisé en soldat allemand. Reconnu par une patrouille de Résistants, il est fusillé le lendemain, sans jugement avec sa maîtresse Clara Petaci.

Les corps sont expédiés à Milan, puis exposés avec ceux d'anciens hauts dignitaires du régime ; pour les soustraire à l'acharnement de la population, notamment celui des mères des soldats tués, on doit hisser les corps suspendus par les pieds, hors de portée.

Badoglio prend la tête du gouvernement. Après le retrait du roi en faveur de son fils un gouvernement démocratique voit le jour le 22 avril avec la participation du communiste Togliatti, dans un climat de guerre civile.

La progression des Alliés vers le nord est lente en dépit de l'aide des anti-fascistes. La bataille du Monte-Cassino est suivie de la prise de Rome le 4 juin.

Alors que l'artillerie est utilisée massivement par les Soviétiques, les Anglo-américains emploient les bombardiers sur l'Allemagne. Le maréchal de l'Air britannique Arthur Harris obtient des succès par les bombardements de Lübeck, Rostock et, le 30 mai 1942, l'opération des "1000 avions" détruit Cologne. Les grandes villes de la Rühr sont ensuite visées. Harris est persuadé que cette tactique ruine le potentiel industriel et sape le moral de populations entières.

Des historiens modernes démontrent que la production allemande atteignit son maximum fin 1944 ; pour eux, les bombardements des larges zones retardèrent l'entraînement au bombardement de précision d'objectifs vitaux (32). - D'après Daniel Hary.

Les deuils provoqués par ces bombardements, exploités par Goebbels surtout lorsqu'il a vent d'un projet de désindustrialisation de l'Allemagne, l'espoir qu'il fait partager dans les armes nouvelles que le Führer promet, la discipline et l'abnégation du soldat allemand fidèle en général au serment prêté à Hitler, font que la lutte sera acharnée jusqu'au bout dans la plupart des combats.

 En Pologne, l'avance des troupes soviétiques et polonaises en été  leur fait découvrir l'horreur des camps d'extermination.



[1]Jean Le Maux - 1892-1947 - Comptable - Maire de Keryado - destitué de ses fonctions par le Préfet du Morbihan, aux ordres de Pétain-Laval, échappe à la Gestapo. Il retrouve ses responsabilités à la Libération.

 


 

III.- LA LIBERATION ET SON PRIX

   

 

 Overlord (Suzerain)

 L'impétuosité du général Patton qu'il insufflait à ses subordonnés avait permis d'avancer en Sicile en 38 jours de Palerme à Messine ; ses soldats l'appelaient le "Vieux sang et sueurs" (old blood and guts) ; depuis l'opération Torch, les généraux allemands avaient appris à le redouter ; par deux fois, ce trait de caractère lui fit perdre son sang-froid : il gifla un simple soldat, il ordonna de renvoyer au front un homme commotionné (le médecin-chef de l'hôpital n'en fit rien). Rappelé, privé de commandement, il dut faire des excuses publiques.

En mars, Eisenhower lui confie l'organisation et l'instruction de la IIIè Armée ; en outre, il en fait une pièce maîtresse de la vaste entreprise de désinformation, connue sous le nom de Fortitude, dont tous les aspects concourent à faire croire à l'Etat-major ennemi que le débarquement aura lieu au nord de la Seine. Une armée fantôme est créée avec ses cantonnements réels, des ordres fictifs, certains par radio. Les services de renseignements allemands évoquent une "IXè Armée Patton". Ce dernier tenu - tardivement - au courant du projet de débarquement en Normandie (Overlord) en propose une variante car il se méfie du bocage normand : un débarquement secondaire dans la région de Morlaix  qui permettrait de prendre les Allemands en tenaille, et un assaut mené par les blindés et non l'infanterie ; le  succès serait aussitôt exploité, dans la lancée, vers l'est (33).

Eisenhower et le S.H.A.E.F. (Suprême Headquarters Allied Expeditionnary Forces) s'en tiennent au plan initial : Montgomery a le commandement des forces terrestres alliées dans la réalisation de la première phase.

Le débarquement est précédé d'une intense activité aérienne ; certains bombardements sur la façade atlantique contribuent à tromper l'ennemi sur la zone où il se produira. Aucune force n'est transférée à l'Est où la Stavka lance la puissante et décisive offensive sur le Dniepr.

05/06 - Les parachutistes du S.A.S. (Special Airborne Service) entrent en action à Plumelec, dans le Morbihan, sous le commandement du lieutenant Marienne. Leur rôle est de retarder le déplacement des troupes allemandes vers la Normandie et d'instruire les F.F.I. dans le maniement des armes. Leur implantation a été préparée depuis 1942, région de Saint Marcel. Les messages codés parviennent aux F.F.I. ; ils correspondent à l'application des plans de sabotage des lignes téléphoniques, des câbles électriques, des transports ferroviaires et routiers.

06/06 - Débarquement des Alliés sur les plages de Normandie. Informé le même jour de Gaulle s'adresse à tous les Français "C'est la bataille de France et c'est la bataille de la France".

Des officiers d'active ou de réserve rejoignent les F.F.I. ; ils sont les bienvenus à condition qu'ils ne se prévalent pas de leur grade. L'armée de métier n'a plus beaucoup d'effectifs dans le Nord de la France, la majorité attendra l'arrivée des armées "régulières" pour reprendre le service.

Koenig lance un message d'union totale entre F.T.P. et O.R.A. tandis que le Bureau Central de Renseignements et d'Action, le B.C.R.A., lié à l'Intelligence Service anglais, lance un appel à la formation de "maquis mobilisateurs".

Le caractère général des sabotages contribue à laisser l'Etat-major allemand dans l'incertitude ; surpris par les opérations du Cotentin il persiste à penser qu'elles dissimulent "l'invasion" principale qui serait dirigée par Patton, absent en Normandie.

Dans un rapport à Hitler, von Rundstedt, commandant en chef à l'ouest, avait écrit : ce sera dans "la zone où la Manche est la plus étroite, dans le secteur Somme-Pas-de-Calais" ... "C'est là que se trouve la route la plus courte vers la Rühr et le coeur de l'Allemagne industrielle". De fortes unités sont maintenues dans l'expectative ; le haut-commandement perd quinze jours avant de les appeler.

L'action de la Résistance se déploie dans toute la France ; ses interventions mobilisent des troupes, retardent les mouvements vers la Normandie, entretiennent un climat d'insécurité chez l'ennemi. Mais la répression devient féroce. Les combats de l'été ou les exécutions sont marqués pour l'avenir par les monuments, nombreux en Bretagne, érigés à la mémoire des victimes.

10/06 - Le village d'Oradour-sur-Glane est détruit ; la population enfermée dans l'église est brûlée vive par les soldats de la division Das Reich. Les otages de Tulle sont exécutés.

10/06 - Koenig souhaite que l'aide aux Alliés se fasse au rythme de leur progression et lance l'ordre "Freiner au maximum les activités de la guérilla".

14/06 - "La Combattante" transporte de Gaulle de Portsmouth à Courseulles où sont les Canadiens.

16/06 - Les parachutistes, après Pluvigner, rejoignent Landévant et  Kercadic en Sainte Hélène ; leur seule présence provoque des enrôlement massifs mais souvent prématurés. La délation rétribuée ou non continue à exercer ses ravages, les "maquis mobilisateurs" sont dénoncés. L'ennemi a l'avantage de pouvoir concentrer en quelques heures des troupes transportées par camions, appuyées dans la manoeuvre d'encerclement par l'artillerie et les blindés au besoin.

16/06 - Les maquisards du Mont Mouchet en Auvergne sont dispersés.

18/06 - Après avoir infligé des pertes importantes à l'ennemi, les combattants de Saint Marcel doivent décrocher et se disperser. Le marquis de Saffré en Loire-Inférieure subit le même sort le 28 juin.

 06/06 - Premier encerclement d'un port militaire, Cherbourg, première "poche" ; Rommel constate l'échec de la défense du littoral, le mur de l'Atlantique n'a rien empêché. Il est impressionné par les moyens techniques de l'adversaire, l'installation des deux ports artificiels, par l'écrasante supériorité de son aviation. Bien qu'il soit convaincu du caractère inéluctable de la défaite, il hésite à s'engager dans le complot Beck-Gördeler, ainsi que le lui demande son chef d'état-major, Speidel ; il doit beaucoup à Hitler.

19/06 - Les plates-formes du port artificiel face à Vierville sont détruites par la tempête.

26/06 - De Brinon : "Par tous les moyens nous aiderons l'Allemagne. A ses côtés notre volonté de vaincre est plus forte que jamais".

27/06 - Cherbourg est libéré.

02/07 - Von Rundstedt préconise une retraite sur le Rhin ; il est relevé pour "raison de santé".

04/07 - Succès et drames se suivent. A Loudéac, le commandant Coupeaux, industriel d'Hennebont, le lieutenant Maurice Farines et cinq autres membres de "Libé-Nord" qui préparaient un parachutage en bordure de la forêt de Saint Guillaume sont pris et tués sur place. Henri Dieulangard, huissier de justice à Lorient, également réfugié à Loudéac, échappe à l'exécution (30).

 Le S.H.A.E.F. décide de rendre opérationnels 30.500 F.F.I. avant le 1er août. Koenig confie au colonel Eon le commandement des cinq départements bretons. L'appréciation du chef d'Etat-major des armées américaines : "La Résistance a dépassé toutes nos prévisions. C'est elle qui en retardant l'arrivée des renforts allemands et en empêchant le regroupement des divisions ennemies à l'intérieur, a assuré le succès de nos débarquements. Sans vos troupes du maquis, tout était compromis" - général George Marschall - Conférence de presse du 19 mars 1946.

09/07 - Rommel demande l'autorisation de retirer ses troupes, comme il l'a fait pour la Libye, Hitler refuse. Le maréchal est désormais convaincu que seule l'arrestation du Führer peut sauver des milliers de vies humaines ; il souhaite sa comparution devant un tribunal et non son assassinat.

11 et 15/07 - Par deux fois Stauffenberg, qui a fait le sacrifice de sa vie mais joue de malchance, doit renoncer à l'attentat contre Hitler.

17/07 - Rommel est grièvement blessé près de Livarot, lors d'une attaque aérienne alors qu'il a mis en réserve de grandes unités et reçu l'accord de leurs chefs dans l'éventualité d'une action politique décisive.

20/07 - Stauffenberg fait exploser sa bombe mais Hitler reste en vie, atteint physiquement et moralement. L'auteur de l'attentat est exécuté le soir même  par un conjuré, Fröhm, qui croit ainsi échapper aux poursuites. La Gestapo procède à un grand nombre d'arrestations, notamment à Paris. Les S.S. prennent la place des généraux arrêtés, Himmler prend la tête des armées du ministère de l'Intérieur. Beck se juge responsable de l'échec et se suicide.

24/07 - Goering fait remplacer le salut militaire par le salut nazi dans l'armée.

 21/07 - Le maquis du Vercors est attaqué. L'artillerie, les parachutistes combattent avec l'infanterie contre les maquisards qui tiennent pendant trois jours avant l'ordre de dispersion.

La progression des Alliés est lente dans le bocage normand, propice à la défensive. Montgomery agit avec prudence - certains lui reprocheront de "l'attentisme" mais il fixe aussi de puissantes forces ennemies.

25/07 - Bradley déclenche les bombardements par avion er artillerie (opération Cobra) qui anéantissent des unités allemandes à l'ouest de Saint Lô, en particulier la plus puissante : la Panzern-Lehrn, formée des instructeurs de blindés.

28/07 - Bien que sa IIIè Armée ne soit opérationnelle que le 1er août, Patton provoque des interventions offensives en direction de Pontaubault et Avranches puis engage ses blindés dans la trouée ; après quoi ses colonnes se précipitent vers la Bretagne et les pays de Loire.

01/08 - Bradley, chef des 1ère et 3ème Armées U.S. ne dépend plus que d'Eisenhower (deuxième phase).

01/08 - A l'approche des troupes soviétiques les forces polonaises déclenchent l'insurrection de Varsovie, sans doute prématurément. Staline peu enclin à soutenir des forces nationalistes qui le gêneront dans ses plans d'après-guerre maintient ses armées à l'est de la Vistule, inactives, pendant que l'armée allemande détruit méthodiquement et totalement la capitale ; les insurgés sont anéantis.

Hitler au général Jodl : "Si nous perdons la France comme champ de bataille, nous perdons la base de la guerre sous-marine. C'est une vérité évidente : c'est de France que part la guerre sous-marine ...".

Le Führer conserve l'espoir de remporter une victoire, même partielle, ses troupes sont encore fortes, plus nombreuses que celles des Alliés.

Il sait aussi que des armes nouvelles V1, V2, une autre génération de sous-marins plus rapides, un char géant "Maus" sont prêts à entrer en jeu, ainsi que les avions à réaction que Galland attend toujours, mais il ne sait pas que les Américains ont pris une avance décisive dans la construction de la bombe atomique qu'ils destinent à l'Allemagne.

 Le S.H.A.E.F. a fixé un double objectif à Patton : premièrement s'assurer de Brest qui a joué un rôle-clef pendant la première guerre mondiale dans le transport du matériel et du ravitaillement ; deuxièmement, couper la Bretagne et emprisonner les armées allemandes en verrouillant un axe Rennes-Vannes-Quiberon.

Patton a fait le pari qu'il prendrait Brest en une semaine et ordonne aux généraux Wood et Grow de contourner les villes qui peuvent les ralentir ; il a compris l'aide que pouvaient lui apporter les F.F.I. et délègue un agent de l'O.S.S. près du colonel Eon.

06/08 - Jean Marin, à Loudéac, aux civils armés qui l'ovationnent, confirme "Vous devez être les garde-flancs de l'armée américaine qui se dirige vers Brest et Lorient" (34). Mais un contre-ordre à Grow, des retards dus au ravitaillement en essence et à des affrontements au Huelgoat, à Châteauneuf-du-Faou, permettent au général parachutiste Ramcke d'organiser une solide défense, avec pour points d'appuis les forts construits par Vauban autour de Brest. Bradley impose l'arrivée de l'artillerie avant de reprendre les combats ; le rôle des blindés n'est pas d'intervenir dans les rues minées d'une ville en ruine.

01/08 - La bataille commence ; malgré l'appui des bombardiers moyens qui lâchent des bombes au napalm, celui des "forteresses volantes", la capitulation ne se produit que le 18 septembre. La ville est totalement détruite, le port ravagé par les Allemands est inutilisable.

Le même sort advient à Saint Malo ; il faut recourir au napalm pour venir à bout de l'île Cézembre, le 1er septembre.

Wood, après avoir libéré Rennes et Vannes, ne peut franchir le Blavet à Hennebont ; il subit des pertes à Caudan et fait se replier les éléments avancés qui avaient dépassé Quéven. Lui aussi estime que les blindés ne doivent pas s'aventurer dans des rues minées et obtient le remplacement de ses unités.

En fait, ces chefs partagent l'opinion de Patton qui avait reproché à Overlord de ne pas prévoir l'immédiate offensive vers l'Est. Wood : "Atteindre la Loire à Angers ferme le réduit breton autant qu'atteindre la mer à Quiberon".

Sans être grand admirateur de von Clausewitz - le général théoricien qui s'était opposé à Napoléon - Patton croit à la primauté de l'anéantissement de l'ennemi sur l'occupation du territoire, surtout si le territoire est ami.

Les rudes combats menés, les pertes subies à Brest : 9.813 tués ou blessés américains, l'aide apportée par la Résistance dont les généraux se méfiaient tout d'abord ne sont pas étrangers à un changement de plans.

Patton et ses adjoints vont pouvoir mener l'offensive vers les pays de Loire et le bassin parisien, les F.F.I. empêcheront l'ennemi de sortir des poches dans lesquelles il s'est enfermé.

03/08 - Camp allemand : Fahrmbacher, commandant supérieur en Bretagne, quitte Pontivy et rejoint les bunkers de Lorient-Keroman ; après avoir prévu des bouchons retardateurs sur l"axe Dinan-Brest, il ordonne le repli des troupes sur Saint Malo, Brest, Lorient, Saint Nazaire. Artilleur de formation il répartit efficacement en trois jours les canons nombreux jusqu'ici tournés vers la mer, et fait raser les arbres de la motte du vieux château d'Hennebont.

06/08 - Il refuse par téléphone l'ultimatum de reddition adressé par Wood à l'amiral Matthiae.

07/08 - Son artillerie détruit une partie de la ville d'Hennebont ; Américains et F.F.I. y sont stoppés ; les Allemands ont fait sauter 3 ponts.

Dans leur ouvrage "Lorient 1940-1945", Fahrmbacher et Matthiae s'indignent de tirs par les fenêtres menés par des civils - ce qui confirmerait le climat insurrectionnel - mais ils taisent l'exécution de 52 civils souvent très âgés et fusillés entre le 7 et le 11 août.

09/08 - A Manéhuillec en Caudan, des cultivateurs guident les Américains à travers un champ de mines ; une importante batterie est enlevée. Les mêmes auteurs parlent d'une trahison ce qui leur permet de passer sous silence l'exécution de 6 cultivateurs de Keriec, le soir-même, et sans jugement ; parmi eux, L. Le Lannier et L. Guillermic, ils avaient 14 ans.

Ils désignent le comte Bernstof, capitaine de réserve ukrainien de l'armée Vlassov, comme artisan du barrage opposé aux libérateurs et "ignorent" le ralliement de soldats de la même armée aux maquisards ou aux forces alliées, à Moustoir-Remungol, Riec-sur-Belon ... un peu partout, mais en nette minorité.

En Allemagne : von Rundstedt qui a laissé son commandement au maréchal von Kluge, participe aux séances du tribunal qui juge les conjurés. Dönitz et lui, au nom de la discipline et de l'honneur militaire, ont condamné l'attentat. Les accusés sont systématiquement humiliés.

08/08 - Les premiers condamnés sont pendus par des cordes minces, nus, accrochés à des crochets de boucher, comme l'a voulu Hitler qui se fait projeter le film des exécutions le soir-même (35). 4.984 Allemands seront exécutés pour leur participation au complot.

Dans la marine les pertes sont considérables en Manche et dans le golfe de Gascogne : 21 U. Boote détruits entre le 6 juin et le 1er août, 20 autres disparaissent au mois d'août ; ordre est donné du repli sur la Norvège.

 

Le débarquement en Provence et ses prolongements

 

Le premier plan de l'état-major d'Eisenhower établi en décembre 1943 prévoyait les débarquements simultanés en Provence et en Normandie ; en mars 1944, la décision fut prise de reporter celui de Provence afin de laisser à la flotte le temps de rejoindre la Méditerranée et de disposer d'un nombre suffisant de péniches de débarquement.

Churchill, auteur d'un projet d'invasion par l'Istrie, Liubliana, la Hongrie, l'Autriche, a tenté de dissuader Roosevelt et Eisenhower d'opérer en Provence.

05/08 - Il fait une nouvelle tentative, puis le 9 août récidive ... en vain.

12/08 - A Berlin, la Kriegsmarine annonce qu'un débarquement est imminent. Hitler autorise le transfert de la 11è Panzerdivision depuis Toulouse dans la vallée du Rhône.

15/08 - Dans la nuit les parachutistes anglais et américains sont lancés sur le Muy, Draguignan. La flotte et les bombardiers assurent les préliminaires aux débarquements proprement dits de Cavalaire, Pampelonne effectués par les Américains ; des commandos français sont aidés par les F.F.I.

16/08 - Koenig, de Londres, recommande aux Partisans d'éviter les fortes concentrations.

16/08 - Les éléments de la 1ère D.B., débarqués la veille au soir, attaquent l'ennemi dans le massif des Maures. La jonction est faite avec les paras.

16/08 - Amiral Kranke, commandant de la Kriegsmarine en France : "Il est essentiel que les ports importants des côtes sud et ouest restent interdits à l'ennemi aussi longtemps que possible quand le front de l'ouest aura été replié sur la Seine, de façon à ralentir le courant des renforcements ennemis".

17/08 - Ordre d'opérations de l'état-major du Führer : " ... les forteresses et les secteurs de défense sur les côtes occidentale et méridionale de la France seront défendus jusqu'au dernier homme".

17/08 - Au soir, en Provence, 130.000 hommes et 18.000 véhicules sont sur la tête de pont ; de Lattre de Tassigny arrive à son P.C. de Cogolin ; toute l'armée B qu'il commande poursuit son débarquement commencé le 15 et engage l'offensive. A ce moment elle est forte de 134.000 Algériens, 26.000 Tunisiens, 73.000 Marocains, environ 15.000 hommes des F.F.L., 13.000 Corses, 20.000 évadés de France (36).

L'afflux des F.F.I. l'enrichira de 137.000 combattants aussi enthousiastes que dans l'Ouest de la France, et aussi peu entraînés aux combats classiques ; leur présence sera particulièrement appréciée quand il faudra relever les troupes noires, l'hiver suivant.

20/08 - Les combats de l'armée B pour la prise de Toulon et de sa base sont précédés d'une bataille navale. Selon les défenseurs les affrontements sont de violence inégale mais le plus souvent très durs ; les derniers combattants à se rendre sont ceux de la Kriegsmarine.

28/08 - En même temps le général Monsabert contourne Toulon avec ordre de prendre Marseille, ce qu'il réalise avec beaucoup d'indépendance à l'égard de son supérieur. La capitulation est obtenue au prix de pertes sérieuses, principalement chez l'adversaire.

Sur le front ouest les Alliés avancent irrésistiblement. Le maréchal von Kluge, successeur de Rundstedt est convoqué par Hitler ; il semble qu'il ait participé au complot - quoique tardivement - et préfère se suicider le 19 août.

19/08 - L'insurrection parisienne commence sous l'autorité de Rol-Tanguy.

20/08 - Pétain est arrêté par les Allemands ; il sera ensuite conduit à Belfort.

22/08 - Après une intervention pressante de de Gaulle près d'Eisenhower et contrairement aux plans prévus, Leclerc reçoit l'ordre de marcher sur Paris avec la 2è D.B.

Les généraux Choltitz et Speidel, le consul de Suède, Nordling, parviennent à un accord qui sauve Paris de la destruction ; le dernier ordre réitéré d'Hitler coïncide avec la libération de la capitale.

26/08 - De Gaulle descend triomphalement les Champs-Elysées.

27/08 - Par l'intermédiaire de l'amiral Auphan laissé en liberté, Pétain désire assurer la passation règlementaire des pouvoirs à de Gaulle ; en toute logique, ce dernier qui n'a jamais reconnu la légalité de l'Etat pétainiste, oppose une fin de non-recevoir à son représentant.

La masse des civils armés, l'emprise du Parti communiste font craindre à de Gaulle une situation à l'italienne ; il nomme aussitôt Koenig gouverneur militaire de Paris.

Tout en reconnaissant le rôle des communistes il conserve à l'égard de leur idéologie le jugement et les sentiments qui l'animaient en 1919 ; sur sa demande il avait été affecté à une division de chasseurs polonais et, par la suite avait combattu la cavalerie de Boudienny qui menaçait Varsovie. Pour son allant la plus haute décoration : Virtuti Militari, lui avait été attribuée par la jeune république polonaise.

De Gaulle a des réactions très froides à l'égard des chefs de la Résistance armée, notamment envers ceux qui, entre l'ouest du Rhône et le sud de la Loire, ont libéré l'équivalent de 30 départements.

Au nom de l'armée française "une et indivisible" il engage les volontaires F.F.I. et leurs chefs à rejoindre l'armée, mais à titre individuel. De Lattre les intègre pourtant par unités entières avec leur propre commandement ce qui provoquera d'épineux problèmes de relation entre officiers d'origines et de compétences différentes.

Jusqu'en mars 1945, les effectifs alliés vont demeurer inférieurs à ceux dont la Wehrmacht peut disposer ; Eisenhower n'a pas un char, pas un homme de trop pour maintenir sa poussée. Pourquoi ne pas décider la mobilisation de plusieurs "classes" ?

De Gaulle : "qu'eussions-nous fait de la foule des appelés, quand nous n'avions à lui donner ni armes, ni cadres, ni équipement et qu'il eût été à la fois criminel et dérisoire de la pousser telle quelle en rase campagne devant les canons, les chars, les avions de l'armée allemande" (37).

08/09 - Pétain, Laval et leurs principaux collaborateurs sont transférés à Sigmaringen, alors que Reynaud, Daladier, Blum, Weygand, Jouhaux sont détenus dans le Haut-Adige.

10/09 - De Gaulle remanie le G.P.R.F. Entre deux communistes que le Parti propose, Charles Tillon et Casanova, il choisit comme ministre de l'Air l'ancien chef des F.T.P. "Je sais ce que vous avez fait".

14/10 - La Gestapo a la preuve de la participation de Rommel au complot contre Hitler. Le maréchal a le choix entre le suicide et "la comparution humiliante devant un tribunal du peuple". Son choix sauvegarde sa famille. Son décès présenté comme une suite de l'aggravation de son état de santé donne lieu à des funérailles nationales en présence de von Rundstedt qui représente la Werhmacht.

19/10 - Les partisans de Tito libèrent Belgrade.

23/10 - Les chefs d'Etat alliés reconnaissent officiellement le G.P.R.F. La légitimité de de Gaulle est enfin reconnue par Roosevelt qui l'invite aux U.S.A.

28/10 - De Gaulle signe l'amnistie de Maurice Thorez, secrétaire général du P.C., réfugié en U.R.S.S. mais considéré comme déserteur au regard de la loi. Le P.C.F. dissout ses gardes patriotiques.

10/11 - Le chef du G.P.R.F. signe à Moscou le pacte franco-soviétique et rééquilibre ainsi les alliances de la France.

La poursuite de l'offensive

 

Les Américains remontent à la fois la route des Alpes par Sisteron, Digne, et la vallée du Rhône. Ils entrent dans Lyon en partie libérée, le 3 septembre.

Après avoir combattu sur la côte l'armée B française remonte également vers le nord-est. A la suite d'un accrochage violent avec son supérieur, de Larminat quitte la 1ère armée dans laquelle il ne peut jouer le rôle qu'il estime être le sien.

06/09 - Un bataillon ukrainien se débarrasse des officiers allemands, passe aux F.F.I. du commandant Petit.

12/09 - Le plan grandiose d'Eisenhower, établi en décembre 1943, trouve son expression dans la jonction des branches "normande" et "méridionale" d'une immense tenaille qui enserre les Allemands ; les troupes qui n'ont pu franchir le Rhône sont faites prisonnières.

17/09 - La colonne du général Elster, de 20.000 hommes, se rend aux Américains et non aux F.F.I. qui ont empêché sa progression par des harcèlements constants ; les Américains leur permettent de conserver un armement réduit en cas d'attaque par "les terroristes".

Depuis le 6 juin, 470.000 soldats et officiers ont été faits prisonniers.

Les soldats de la 1ère Armée dégagent les forts du col de Larche en les prenant à contre-sens de leur direction de tir. Ils ont contre eux des unités disparates mais aussi les parachutistes aguerris ramenés de Crête. Le bataillon ukrainien du commandant Petit (F.F.I.) est intégré dans la 1ère Armée. De Lattre a pour objectif en s'engouffrant dans la trouée de Belfort d'empêcher le repli ennemi au delà du Rhin. Il engage la 1ère Armée dans les combats, rendus plus difficiles par un automne pluvieux et un hiver précoce, dans les Vosges et l'Alsace.

20/11 - Des éléments motorisés sont en vue du Rhin.

22-25/11 - Leclerc et sa 2è D.B. se rendent maîtres de Strasbourg. Le serment de Koufra est tenu ... "Maintenant on peut crever". Patton libère Metz, Nancy et prépare une offensive sur la ligne Siegfried qui lui permettra d'entrer en Allemagne.

Mais l'approvisionnement ne suit pas ; le manque de ports de débarquement, la rapidité de l'avance alliée (48 jours au lieu des 90 prévus) provoquent la pénurie d'essence et le rationnement des obus.

16/12 - L'offensive allemande dans les Ardennes remet en cause ces préparatifs. Objectif d'Hitler : atteindre la Meuse, repousser les Alliés vers la mer, reprendre Anvers, obtenir une paix blanche qui permettrait de se retourner contre les Russes.

 

L'exploit de l'état-major de Patton

 

16/12 - Préparée par Hitler la contre-attaque allemande surprend les Alliés ; des soldats revêtus d'uniformes américains ajoutent à la confusion initiale. Eisenhower convoque immédiatement les chefs d'armées et organise la riposte. Il doit demander à Patton de diriger l'ensemble de la IIIè Armée vers le nord, vers Bastogne, donc d'opérer un changement d'axe de 90°. Il est difficile de se représenter l'ampleur d'un tel mouvement et la qualité de l'organisation qui le réalise ; quelques chiffres y aideront. Pour transporter plusieurs centaines d'unités de combats et d'intendance, 133.178 déplacements de véhicules sont nécessaires qui totalisent 2 millions et demi de kilomètres parcourus ; plusieurs dizaines de dépôts de munitions et d'essence sont transférés ainsi que plusieurs hôpitaux de proximité ; 35.000 km de lignes téléphoniques sont installés, 62.000 tonnes de matériel et de ravitaillement sont déplacées (38).

En cinq jours, dans le calme mais sans repos, sous la pluie et le feu ennemi, une toute nouvelle ligne de bataille est déployée.

Les Américains résistent bien à Bastogne mais le temps bouché neutralise l'aviation. Patton commande une prière à l'aumônier afin que le Tout-Puissant fasse cesser la pluie, mais le beau temps ne revient que le 23 décembre. Aussitôt l'aviation alliée intervient et accentue le recul de l'ennemi. Patton décore l'aumônier.

Au cours de la reconquête du terrain perdu les Américains découvrent que la Wehrmacht a fusillé des soldats faits prisonniers.

08/01/1945 - Hitler décide de raccourcir le front.

16/01 - La Ière Armée de Hodges et la IIIè de Patton font leur jonction.

22/01 - Les derniers éléments blindés S.S. quittent les Ardennes.

23/01 - reprise des derniers villages ; la contre-attaque a échoué, von Rundstedt avait jugé l'entreprise "chimérique".

 

1944-1945 - Ports et "poches"

 

Après les avancées des Américains sur l'Atlantique, puis le rejet de l'ennemi dans un mouvement général vers le coeur de la France, la situation est caractérisée sur la façade ouest par la libération de tous les petits ports alors qu'aucun des grands n'est utilisable.

 12/08 - Le port de Nantes, libre depuis le 12, ne peut être utilisé du fait du contrôle des deux rives de l'estuaire de la Loire, à Saint Nazaire, au pays de Retz ;

28/08 - Bordeaux libérée par les F.F.I. le 28 août, sauvée de la destruction par un feldwebel anti-nazi qui a fait sauter les amorces d'explosifs, de même que Rochefort, ne peuvent être accessibles, l'estuaire de la Gironde étant contrôlé au Verdon, la pointe de Grave, Royan et l'île d'Oléron par de puissantes unités, sous le commandement de l'amiral Schirlitz.

04/09 - Anvers, prise intacte par les Anglais le 4 septembre, ne peut être abordée par les Liberty ships qu'après réduction des poches de l'Escaut, de la presqu'île de Walcheren, le 3 novembre.

12/09 - Celui du Havre, investi après une semaine de bombardements par l'aviation et les cuirassés britanniques doit être remis en état.

18/09 - Les combats terminés à Brest, le constat des dégâts portuaires est catastrophique : le port ne peut jouer le rôle espéré.

18/09 - A Saintes, de Gaulle évoque les destructions et le sort des populations retenues prisonnières : "Les poches doivent être et seront réduites par la force", mais il souhaite que les opérations préservent les ports.

21/09 - Amiral Krancke "Je vous mets en garde contre l'objectif de l'ennemi qui est de toute évidence de récupérer les ports intacts. Ne souscrivez aucune promesse qui puisse limiter votre liberté d'action ... Ne prenez aucun engagement écrit" (39).

L'amiral Schirlitz, à La Rochelle, va faire le contraire mais n'en exhorte pas moins soldats et marins : "Tenir à tout prix. Penser que nous formons un obstacle sérieux pour l'ennemi, nous fixons des troupes qui pourraient être employées sur le Rhin".

L'histoire a retenu sous le nom de "poches" les territoires occupés par l'ennemi qui lui permettent d'interdire l'accès aux ports de Bordeaux, Royan, La Rochelle-La Pallice, Saint Nazaire-Pornic, dont les civils se dénomment eux-mêmes "les empochés" ; la plus petite, Dunkerque, est entourée par les F.F.I., une brigade blindée tchèque, renforcés plus tard par des fusiliers-marins ; en face 13.000 soldats aguerris.

Partout l'ennemi est contenu par un mince cordon de troupes F.F.I., au début soldats sans uniformes, le plus souvent réduits au dénuement vestimentaire, pourvus seulement d'armes légères ; 70.000 Français maintiennent 78.000 Allemands qui disposent de puissants moyens matériels et de l'avantage d'une organisation bien rodée. Les F.F.I. n'ont alors ni téléphone, ni radio, ni fils de fer barbelés, ni abri ou écran de protection en dehors des talus, mais ils sont totalement résolus à remplir le rôle ingrat que les circonstances et les conceptions du S.H.A.E.F. leur imposent. Deux cent mille civils sont coupés du reste de la nation.

Sur le pourtour de la poche de Lorient, les F.F.I. des Côtes-du-Nord viennent renforcer leurs camarades du Morbihan. Le bataillon Valmy, premier arrivé les 12/13 septembre, comporte une compagnie de Loudéac avec à sa tête le capitaine Dieulangard ; leur uniforme disparate surprend les combattants voisins : des casques français, des pantalons noirs de tankistes allemands, des galoches ou sabots et de grandes capotes polonaises bleu-mauve à capuchon trouvées dans un dépôt de vêtements qui n'avaient pas suivi une unité en Norvège ; elles sont vite enviées car il pleut beaucoup cet automne et les seuls abris sont des gourbis (30).

Face à un ennemi qui n'a pas l'ambition de rejoindre l'Allemagne ce sont les plus faibles qui sont les plus agressifs et sur tout le front ouest leurs patrouilles offensives font de nombreux prisonniers et détruisent ou ramènent armes et munitions.

Parmi les nombreuses tâches auxquelles le gouvernement provisoire de la République Française est confronté, l'organisation des F.F.I. en unités traditionnelles, donc pourvues d'artillerie, leur habillement, leur ravitaillement et approvisionnement requièrent ses soins.

14/10 - Par décret le Président du G.P.R.F. crée le Commandement des Forces Françaises en opérations sur le front de l'ouest (F.F.O.) qu'il confie au général de Larminat ; cette nomination est bien accueillie par les F.F.I. "Mission N° 1 : coordonner l'action des commandements locaux, et réorganiser les troupes F.F.I. pour - dans un premier temps - tenir efficacement le front de l'Atlantique, et -dans un second temps - libérer les "poches" encore occupées par les Allemands ; mission N° 2 : mettre sur pied et instruire des grandes unités à partir des F.F.I. régionaux, en vue de leur engagement ultérieur sur un autre front " (40.

 Le jugement du S.H.A.E.F. : "... sans les F.F.I. la libération de la France et la défaite de l'ennemi en Europe occidentale auraient été bien plus longues et beaucoup plus coûteuses" - Général Eisenhower.

Sur le plan tactique, les forces françaises relèvent :

·      au nord de la Loire, du commandement de la 94è Division U.S. et, par son intermédiaire, du XIIè groupe d'armées de Bradley ;

·      au sud de la Loire, sans formation alliée, de Larminat a l'administration et la disposition de ses forces sous l'autorité du général Devers, commandant le VIè groupe d'armées ;

·      à Dunkerque, F.F.I. et Tchèques, relèvent de Montgomery ;

·      au-dessus d'eux, stratége, répartiteur et coordonnateur des unités : Dwight Eisenhower. Au sommet, Roosevelt et le général Marshall, après avoir organisé l'économie de guerre, répartissent les armées et leur matériel entre le front occidental et le Pacifique ; ils nomment les chefs en tenant davantage compte des capacités humaines et militaires que de l'ancienneté.

11/08 - Le clocher de Caudan, observatoire allié, est abattu lors d'un coup de main allemand.

12/08 - Parachutistes français, F.F.I. et Américains délogent l'ennemi d'Erdeven.

25/08 - La "poche" de Lorient est ceinturée par l'organisation des F.F.I. en trois secteurs, de la Laïta à Plouharnel.

27/08 - Explosion provoquée de 3 à 4.000 obus à Kerlugerie en Riantec, l'auteur, sous-officier polonais, est exécuté le soir-même.

11/09 - Première attaque sur Sainte Helène, repli du bataillon Le Coutaller durement canonné.

14/09 - Raid dans le no-man's land et importante récupération des munitions cachées dans deux chalands, au milieu de la rivière d'Etel, par trois volontaires du bataillon Valmy (41).

15/09 - 800 Allemands franchissent l'embouchure de la Vilaine, au Moustoir, mais sont repoussés par les F.F.I. appuyés par 9 chars et des éléments U.S.

18/10 - Demandée par le colonel Morice (Chenailler) l'évacuation de la tête de pont de Nostang-Sainte Hélène est approuvée par de Larminat ; une tête de pont n'a de sens que dans la perspective d'un mouvement offensif ou retardateur. Pour des raisons encore mal déterminées la décision n'est pas suivie d'effet.

20-21 puis 28/10 - Durs combats supportés par les combattants au sud de Nostang, les "fusants" font des victimes. Les Allemands occupent Sainte Hélène et raflent le cheptel.

02-03/11 - 6 F.F.I. du commandant Le Garrec traversent un champ miné et dynamitent le pont Lorois ; des avions américains et l'artillerie achèvent sa destruction (42).

29-11 - Le clocher de Guidel, observatoire allemand, est détruit ; ceux de Merlevenez et de Kervignac subissent le même sort.

08/12 - Chars et lance-flammes du général Fortier éliminent les occupants de la falaise d'Etel ; la ville évacuée le 7 novembre reste exposée aux tirs. La presqu'île de Quiberon est totalement coupée de la région de Lorient, les relations se font par mer, les îles restent occupées, la poche en plusieurs parties a pris sa configuration définitive.

 


 

1945

   

 

La liquidation des poches de l'Atlantique ne pouvant être réalisée qu'en engageant des divisions modernes avec les F.F.I. des emprunts sont proposés à Eisenhower et Devers par le chef  du G.P.R.F. et le général Juin, apprécié par les Américains depuis qu'à la tête du corps de montagne il leur a ouvert la route de Rome. Il est chef d'Etat-major général depuis le 12 août 1944. Eisenhower estime que les armées sont trop engagées dans les Vosges pour autoriser des ponctions près de la Ière Armée Française (Armée B). Après la fin des combats dans les Ardennes et sur l'insistance de de Gaulle, Eisenhower reconsidère sa position.

05/01 - Les bombardiers américains détruisent Royan alors que de Larminat avait fixé pour seuls objectifs possibles l'extrêmité de la pointe de Grave et celle de la presqu'île d'Arvert. 3.500 civils perdent la vie pour des raisons non encore expliquées.

Février - Conférence de Yalta, à laquelle la France n'est pas invitée. Roosevelt, Staline, Churchill y règlent le sort de l'Allemagne vaincue et partagent l'Europe en zones de leurs influences respectives.

13/02 - Bombardement de Dresde, septième ville d'Allemagne, sans doute la plus belle avec de nombreux trésors de l'art, mais noeud de communication, ville de garnison et de l'école de l'armée de l'Air. Les Anglais incendient la ville.

14/02 - Les Américains continuent avec de fortes bombes explosives. Il y a vraisemblablement 35.000 victimes tuées le plus souvent par des souffles brûlants.

23/02 - La Combattante saute sur une mine (ou est torpillée par un sous-marin de poche Seehund) ; son commandant et 67 hommes d'un équipage breton en majorité périssent.

Gudérian, nommé chef d'Etat-major général de l'armée de terre (O.K.H.) au lendemain de l'attentat de juillet, s'oppose de plus en plus à Hitler. Speer l'informe du dessein du Führer "de faire détruire toutes les usines, les installations de distribution d'eau et les centrales électriques, les voies de chemin de fer et les ponts, avant l'entrée de l'ennemi. Speer soutenait avec raison que cette folie provoquerait une détresse et une mortalité immenses dans la population, sans exemples dans l'histoire du monde. Il me demandait à parer cette intention. Je le luis promis volontiers ..." (43).

18/03 - Speer remet à Hitler un mémoire qui déclenche un commentaire courroucé "Si la guerre est perdue, le peuple courra aussi à sa perte. Ce destin est inéluctable. Il n'est pas nécessaire de ménager à ce peuple les bases dont il aura besoin pour mener ensuite une vie primitive. Au contraire il vaut mieux détruire nous-mêmes ces choses car ce peuple s'est montré le plus faible et c'est exclusivement au peuple plus fort de l'Est qu'appartiendra alors l'avenir. D'ailleurs ne survivront aux combats que les médiocres, car les bons sont tombés" (44).

19/03 - L'ordre de "la terre brûlée" est édicté, suivi d'un ordre d'exécution le 23, signé de Bormann.

Speer explique aux organes d'autorité les conséquences qu'entraînerait l'obéissance à cet ordre et Gudérian fait bloquer la distribution d'explosifs "Sans doute nous ne pûmes pas tout empêcher, mais l'étendue des dégâts fut sensiblement réduite".

 21/03 - Gudérian essaie d'obtenir d'Himmler qu'il intervienne près du Führer pour conclure un armistice "Il est encore  trop tôt mon  cher général".  Hitler  s'en  prend à  la Convention  de Genève :  si  les  hommes       "... capitulent aussi vite à l'Ouest, c'est uniquement à cause de cette stupide Convention de Genève qui leur assure un bon traitement après la capture. Il faut la dénoncer".  Jold et Gudérian s'y opposent (45).

24/03 - Les Américains franchissent le Rhin supérieur, se dirigent vers Darmstadt et Francfort.

26/03 - En Hongrie, nouvelle offensive soviétique.

27/03 - Les chars de Patton entrent dans les faubourgs de Francfort.

28/03 - Gudérian a des rapports de plus en plus tendus avec Hitler qui accuse un général d'avoir été négligent et ses soldats d'avoir flanché. Gudérian les défend : "La troupe a fait son devoir". Il coupe la parole au Führer qui décide que la santé du chef d'Etat-major nécessite un long repos, c'est à dire qu'il le congédie définitivement.

31/03 - La Ière Armée française force le passage du Rhin inférieur. L'opération est réalisée par le 151è Régiment d'Infanterie formé par les Résistants intégrés et le 4ème Régiment de Tirailleurs marocains. La route de Stuttgart est ouverte.

12/04 - Décès de Franklin Roosevelt ; Harry Truman prête serment de fidélité à la Constitution.

16/04 - La Ière Armée canadienne atteint Groningue. Les Allemands font sauter les digues du Zuidersee condamnant des milliers de Hollandais dans des zones devenues inacessibles.

24/04 - Note d'Himmler aux chefs de camps d'extermination : "Aucun détenu ne doit tomber vivant dans les mains de l'ennemi".

25/04 - Jonction à Torgau d'éléments des troupes américaines et soviétiques.

26/04 - Pétain obtient des Allemands le droit de transiter par la Suisse pour rejoindre Vallorbe, gare internationale. Il est arrêté par Koenig et interné.

 

La libération des poches

 

De Gaulle a obtenu la mise à disposition du général de Larminat d'un ensemble de forces groupées sous le nom de Détachement d'Armée de l'Atlantique (D.A.Atl.). Depuis le 25 mars, le général d'Anselme a pris le commandement du secteur Royan-presqu'île d'Arvert, le général Marchand celui qui doit libérer l'île d'Oléron, le colonel de Milleret, le secteur de la pointe de Grave. L'infanterie d'origine F.F.I. est à peu près équipée, les Espagnols républicains vont participer aux combats, les anti-fascistes italiens regagnent leur patrie pour continuer les leurs. Les unités qui arrivent sont encore plus variées : Antillais, spahis marocains, troupes noires d'A.E.F. Somalis, tirailleurs nord-africains ..., et Bretons du 10è Régiment d'artillerie ou du 10è R.A. coloniale équipés de canons 155 Court Schneider, fabriqués aux U.S.A. Les chars appartiennent au 13è Dragons et à la 2è D.B., Leclerc présent. Les avions Dewoitine basés à Vannes-Meucon vont intervenir également et la marine nationale apporte sa contribution par mer et par terre.

14/04 - L'attaque est déclenchée sur les secteurs de Royan et de la pointe de Grave. L'artillerie pilonne les ouvrages fortifiés et les champs de mines dont les plans ont été fournis par la Résistance au colonel Adeline en septembre 1944. Six cents bombardiers américains interviennent le permier jour, et reviennent avec des bombes au napalm ; l'une d'elles éclate et incendie le château que Leclerc et des officiers supérieurs venaient de quitter un quart d'heure auparavant. Les blockhauss doivent être pris un par un pendant quatre jours.

17/04 - Celui de l'amiral Michahelles est enlevé de haute lutte avec l'état-major. Les tirs sont interrompus sur le dernier réduit de 800 hommes à qui d'Anselme offre la reddition avec les honneurs de la guerre par l'intermédiaire des officiers allemands. Le commandant du réduit demande un délai de réflexion de 12 heures.

18/04 - La reddition des survivants avec la clause proposée termine la bataille. Les premiers Français entrés dans ce qui reste de la ville lisent sur un panneau "Royan, ville détruite par erreur".

Dans la pointe de Grave les combats se livrent encore plus durement. Un fossé anti-char barre la presqu'île ; il faut l'enlever puis l'aménager pour le passage des chars ; une zone inondée gêne la progression, tout le reste est miné. Les renforts arrivent de Royan.

Le Lorraine et le Duquesne, navires anciens mais pourvus de pièces de 203 et 340 déversent leurs obus sur les ouvrages fortifiés du Verdon.

20/04 - Alors que le commandant en chef s'est rendu avec son état-major les marins du bataillon Narvick refusent la reddition dans le dernier blockhauss. L'ouvrage bombardé en piqué par l'aviation, attaqué par les chars est enfin enlevé d'assaut par l'infanterie en fin de journée. Lors du regroupement des prisonniers les hommes valides défilent la tête haute devant leurs vainqueurs.

 Citation du général de Larminat à chaque unité (ordre général N° 102) : "A mené pendant 7 jours dans la pointe de Grave, du 14 au 20 avril, un combat exceptionnellement dure contre un ennemi enragé à se défendre, allant jusqu'à se faire sauter plutôt que de se rendre, très fortement armé et appuyé sur des ouvrages cuirassés à toute épreuve, couvert par un terrain d'inondation dont les passes étroites étaient littéralement bourrées de mines. A tué 947 Allemands, pris 100 ouvrages bétonnés et 90 pièces de canon, fait 3.300 prisonniers. Fait d'armes qui mérite de prendre rang dans les annales de cette guerre" (46).

 

23/04 - La 2è D.B. et Leclerc partent en Allemagne ; l'artillerie française revient au nord de la Gironde sur le front de La Rochelle.

30/04 - Pendant que des opérations de diversion fixent les puissantes unités de l'amiral Schirlitz qui s'attend à l'assaut, le débarquement s'effectue sur l'île d'Oléron où à peu près toute la population aide les attaquants. Ici encore les Allemands résistent farouchement, mais les Italiens enrégimentés aspirent à la fin des combats.

1er mai - La neige tombe sur les combattants des poches de l'Atlantique mais les combats sont chauds ; ils se terminent à Oléron.

 

De Larminat à Bordeaux : "Au début mai 1945, les troupes victorieuses de la pointe de Grave défilèrent dans Bordeaux ... Au dessert, discours, et je fus amené à prendre la parole ... En prévision des combats de Royan et Grave, mon médecin-directeur Reilinger avait fait une collecte de sang. Bordeaux, avec sa population, sa faculté, son école du Service de Santé de la Marine, est une des premières villes médicales de France. Nous n'en obtînmes rien et le sang fut fourni par les cheminots de Saintes (gros noeud ferroviaire) et leurs familles, tous réputés communistes. Je ne leur cachai pas qu'à mon avis les braves garçons tombés à la pointe de Grave ne s'étaient pas fait tuer pour perpétuer leurs privilèges et mauvaises habitudes. Que les plus élémentaires convenances prescrivaient ... d'entourer et choyer nos blessés qui étaient nombreux dans les hôpitaux de la ville. Que j'espérais que pour la reconstruction, les entrepreneurs seraient aussi efficaces qu'au service de Todt, et nos soldats avaient payé pour savoir que leur béton était solide ... L'effet produit fut affreux" (47).

 

Le dénouement

 

05-06/04 - Le camp d'extermination d'Ohrdruf, succursale de Buchenwald est libéré. Patton y fait venir Eisenhower pour qu'il se rende compte par lui-même de l'inhumanité à laquelle a conduit le système nazi.

12/04 au 02/05 - Bataille de Berlin.

22/04 - Les armées de Joukov et de Koniev se rejoignent et encerclent la capitale. Avant l'assaut final la Stavka porte à 25.000 canons la puissance de feu, soit 600 pièces disposées en profondeur par kilomètre de front. La lutte prend vite la forme de combats de rue, elle est acharnée jusqu'au dernier moment.

29/04 - Joukov signe la victoire quand le drapeau rouge flotte sur le Reichstag.

30/04 - Suicide d'Hitler et d'Eva Braun précédé de leur mariage. Goebbels se suicide avec sa femme après avoir empoisonné leurs 6 enfants. Par testament, Hitler a désigné Dönitz pour lui succéder.

1er/05 - Dönitz, chef du gouvernement élimine Himmler et s'efforce de protéger de l'invasion russe le maximum d'Allemands qui fuient vers l'ouest. Dans ce but et pour parvenir à la conclusion d'un armistice avec les Anglo-américains, il lui faut l'appui des chefs d'armée.

"C'est seulement si vous exécutez mes ordres sans hésiter que nous pouvons éviter le chaos et l'effondrement ... Le serment de fidélité que vous avez prêté au Führer vous devez le reporter automatiquement sur moi qui suis son successeur" (48). Il délègue l'amiral Friedebourg près de Montgomery.

02/05 - Le général Weidling après de vains pourparlers avec les Russes  : "J'ordonne que toute résistance cesse immédiatement ...". Il rend les 70.000 derniers défenseurs de Berlin à Tchouïkov ; le nombre de victimes civiles et militaires est inconnu ; plus de 100.000  soldats soviétiques ont perdu la vie.

04/05 - Leclerc en garde-flanc de la IIIè Armée U.S. parvient au "nid d'aigle" de Berchstesgaden et y plante le drapeau français. Keitel fait savoir que les combats à l'ouest ont perdu toute signification. L'amiral Friedebourg signe avec Montgomery l'acte de capitulation des armées "en contact" du Danemark, de la Hollande, des îles Frisonnes.

05/05 - Kesselring capitule devant le général Devers, près de Munich.

Après avoir fait incendier les Messerschmitt à réaction qui lui ont été livrés mais n'ont guère servi, le général Galland se constitue prisonnier en atterrissant sur l'aérodrome de Salzbourg.

Dönitz dissout le Verwolf, organisation de sabotage et délègue Friedeburg au Q.G. d'Eisenhower, à Reims, dans une ultime tentative d'armistice séparé.

 Dans la poche de La Rochelle, les habitants attendent avec angoisse les assauts décisifs ; le survol des centaines de bombardiers lors de l'attaque de Royan n'est pas fait pour les rassurer. Depuis le 18 octobre 1944, une convention signée par le colonel Adeline et l'amiral Schirlitz, à l'initiative du capitaine de frégate Meyer, a délimité les zones dans lesquelles rien ne doit être entrepris et une zone centrale où "les deux parties contractantes se réservent pleine liberté d'action" (49).

De Larminat a prévenu Schirlitz : "J'attaque Royan" et dénoncé la convention. Depuis la prise d'Oléron, les Français ont accentué leur pression mais la crainte est vive de voir détruire la ville historique et la base sous-marine de La Pallice. La diplomatie de Meyer, le drame personnel de Schirlitz qui a appris que le bombardement de Kiel avait tué sa femme, ses deux filles et 9 petits-enfants (information en partie erronée), et la volonté du général de Larminat de refréner l'ardeur de ses propres troupes aboutissent à un compromis qui va éviter les destructions ... et vraisemblablement des milliers de victimes.

07/05 - Loyal à l'égard de l'U.R.S.S., Eisenhower reste intransigeant face aux démarches de Friedeburg puis de Jodl. Dönitz se résigne à faire signer la capitulation par Jodl, à Reims, devant un témoin français puis à Berlin, le lendemain, par Keitel devant Joukov ;  de  Lattre  représente la France.   Le cessez-le-feu est  fixé   à 0 H 01.

Message d'Eisenhower au Président Truman : "La mission de ces forces alliées a été accomplie à 02 H 41 heure locale le 7 mai 1945".

Dès que la décision prise au niveau militaire le plus élevé parvient aux différents échelons, son application se traduit par la signature des actes de capitulation, assortis des modalités pratiques de la reddition locale des troupes allemandes et de leurs officiers.

 

Les derniers actes de la libération

 

La Rochelle - La Pallice - Ile de Ré

 

05/05 - Le capitaine de frégate Meyer obtient de l'amiral Schirlitz, l'engagement formel que la forteresse serait rendue intacte ... si les forces françaises n'entraient pas dans la ville avant la capitulation générale des forces allemandes.

06/06 - Pourparlers qui permettent la libération de 750 prisonniers, en majorité F.F.I.

07/06 - Hommage des Rochelais, en foule le soir devant la Mairie, à leur ancien maire Léonce Vieljeux, déporté au Struthof, exécuté le 1er ou 2 septembre 1944 avec 400 internés (dont Stosskopft ?) les corps brûlés, les cendres dispersées.

08/06 - Schirlitz fait appel à des unités françaises pour maintenir l'ordre, il craint les réactions  des "terroristes" ; une "délégation atlantique du gouvernement français" est effectivement menacée, les F.F.I. commencent l'épuration. A 23 H 45, l'amiral rend La Rochelle au colonel Chêne, d'origine F.F.I. ; tous les officiers déposent leurs dagues hitlériennes sur un bureau.

09/06 - L'amiral qui s'est retiré à La Pallice remet la base de sous-marins intacte et se rend personnellement à Meyer. Il y a plus de 15.000 prisonniers qui sont conduits à Ré.

Lorient - Quiberon - Belle-Isle - Groix - Hoedic et Houat

 

04/05 - Entrevue avec le commandant allemand pour déterminer les zones d'accueil de la population civile en cas de bombardement massif de la poche de Lorient. A-t-il l'intention de se rendre ? le commandant répond qu'il n'a pas d'ordres.

 

07/05 - Après une nouvelle entrevue au Magouër que suit un atermoiement l'après-midi, la reddition inconditionnelle est signée le soir à Etel.

08 et 09/05 : les deux jours sont consacrés au déminage des voies d'accès.

Ordre général N° 11 du général Borgnis-Desbordes, à l'adresse de la 19è D.I. - (extrait) : "... Après vos luttes terribles du maquis qui ont permis de chasser l'ennemi de la presque totalité de la Bretagne après la dure période de l'automne et de l'hiver où par un climat rigoureux, avec un habillement insuffisant, un armement disparate et mal approvisionné en munitions, vous avez fait face avec vigueur aux moyens supérieurs de l'ennemi, après la période meilleure où, mieux équipés et mieux armés, vous avez pris l'ascendant sur l'ennemi, le dominant par vos patrouilles incessantes dans le no man's land, avançant par endroits vos positions, lui faisant presque chaque jour des prisonniers de plus en plus nombreux, vous avez aujourd'hui la considération de toutes vos peines et de tous vos efforts. Vous êtes vainqueurs".

 

Rapport du général d'artillerie Fahrmbacher à destination de l'Allemagne : "Ordre de capitulation sans conditions exécuté. Reddition de la place forte le 10 mai 1945 à 16 H. Je capitule à la tête de mes troupes disponibles et invaincues. Nous pensons aux épreuves de la Patrie. Vive l'Allemagne".

 

10/05 - Entrée des troupes alliées dans la poche. Au cours de la cérémonie officielle de reddition organisée à Caudan, Fahrmbacher remet son pistolet au général Kramer, commandant la 66è D.I. des Etats-Unis, en présence du général Borgnis-Desbordes, des officiers et troupes F.F.I. Puis le général allemand est conduit aux Haras d'Hennebont. Il y a environ 25.000 prisonniers dont 2.000 sont blessés, victimes des patrouilles offensives et des tirs d'artillerie.

 

Saint-Nazaire - Pornic

 

08/05 - Après les contacts pris la veille près de Cordemais la reddition est acceptée et la capitulation signée à 17 H.

 

Ordre du jour du colonel Chomel : "Cette capitulation résulte sans doute de l'effondrement général de la Wehrmacht ... mais elle résulte aussi de la manière dont vous avez accompli votre mission. Il fallait contenir les forces allemandes à Saint-Nazaire sans distraire à l'effort principal un seul canon, un seul char, un seul avion. Vous l'avez fait avec une abnégation, un courage, un entrain auxquels vos chefs rendent hommage".

 

Les hostilités cessent le 9 mai à 0 H 01. Dans une zone qui correspond sensiblement à un cercle de 25 km de rayon, le déminage, le regroupement des hommes et du matériel demandent des délais.

11/05 - Face aux généraux Kramer, Forster, au colonel Chomel, le général Jung rend la place. Les quais du port n'ont pas été détruits ; il y a 27.000 prisonniers.

 

Dunkerque (50)

 

09/05 - En l'absence du général tchèque, le sectarisme du représentant de Montgomery crée un incident diplomatique aigu du fait que parmi les pavillons alliés hissés ne figurait pas le pavillon français ; les Français n'étaient pas prévus dans la cérémonie de reddition.

10/05 - "Ordre au commandement supérieur français à Dunkerque de hisser immédiatement sur la Tour les couleurs françaises au nom des armées de Terre, de Mer, de l'Air" - Général de Gaulle.

18/05 - Prise de possession par les fusiliers-marins français de Dunkerque.

L'orgueil britannique est quelque peu douché lors de la récupération des îles anglo-normandes, quand se révèle "l'attitude amicale excessive" des autorités locales et de la population à l'égard de la division entière maintenue sur place, pour rien, par le Haut Etat-major allemand.

En France aussi la libération des dernières parties du Pays apporte ses révélations.

Les Résistants de La Rochelle montrent fièrement - quoique frustrés - les deux engins blindés qu'ils ont fabriqués dans un garage. On apprend aussi que tous les soirs l'Etat-major française était renseigné grâce à l'astuce technique d'un ingénieur, utilisant le câble qui alimentait la ville en courant électrique ... comme ligne téléphonique.

Mais à La Rochelle et à Saint-Nazaire, ont subsisté des groupes collaborateurs, représentants du "gouvernement de l'Etat français" qu'il aurait été plus approprié d'appeler la Commission permanente de Sigmaringen.

A Lorient l'interrogatoire d'un officier allemand fait apparaître que les impacts sur Vannes des obus de 340 de la batterie du Bégo étaient communiqués à l'ennemi par un important fonctionnaire de la Préfecture.

Les 16 et 18 mai sont découverts les charniers de Penthièvre et de Port-Louis pour lesquels, conduit sur place, Fahrmbacher ne reconnaît aucune responsabilité "Je n'ai pas voulu cela" ; une 70ème victime, une jeune fille, sera découverte à Port-Louis, à l'occasion de travaux en 1975.

L'accès des chercheurs aux archives soigneusement conservées de l'ex-U.R.S.S. permet de trouver la liste des Polonais de Katyn qui à l'initiative de Béria furent exécutés ; le document est revêtu des signatures de Staline, Molotov, Vorochilov ...

Le cinquantenaire de la Libération apporte aussi la connaissance de faits que la modestie des acteurs avait tenus ignorés : telle la participation à l'affaiblissement de l'ennemi effectuée par un humble pêcheur de la rivière d'Etel, Vincent Dague, qui dans sa barque depuis le Guelto-Marec transporta sur la rive opposé plus de 100 Russes et Allemand. Arrêté par des officiers qui se prétendaient déserteurs, enfermé dans la citadelle de Port-Louis, il ne livra aucun complice. Un échange de prisonniers lui sauva la vie (51).

Ainsi l'écriture de l'Histoire se rapproche-t-elle sans cesse de la vérité.


 

CONCLUSION

   

 

 

Lorsque les principaux responsables civils et militaires du régime nazi comparurent devant le tribunal de Nuremberg, aucun ne se reconnut coupable au regard des chefs d'accusation prononcés :

1.- Plan concerté en vue de déclencher une guerre d'agression ;

2.- Crimes contre la paix : agression et violation des traités ;

3.- Crimes de guerre et violation des lois et coutumes de guerre : exécution d'otages et de prisonniers, dévastation, pillages

4.- Crimes contre l'humanité : extermination, persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, réduction en esclavage, déportations.

Parmi les termes de la juridiction qu'il définissait, le Tribunal apportait une condamnation essentielle pour les temps présents et futurs : "L'inculpation selon laquelle les accusés auraient préparé et poursuivi des guerres d'agression est capitale. La guerre est un mal dont les conséquences ne se limitent pas aux seuls Etats belligérants, mais affectent le monde tout entier. Déclencher une guerre d'agression n'est donc pas seulement un crime international ; c'est le crime international suprême, ne différant des autres crimes de guerre que du fait qu'il les contient tous" (52).

Et comme tous les militaires et civils se retranchaient derrière le devoir d'obéissance aux ordres du gouvernement ou d'un supérieur hiérarchique, le tribunal définit le critère de la responsabilité personnelle : "L'ordre reçu par un soldat de tuer ou de torturer, en violation du droit international de la guerre, n'a jamais été regardé comme justifiant ces actes de violence. Il ne peut s'en prévaloir ... que pour obtenir une réduction de la peine. Le vrai critérium de la responsabilité pénale, celui qu'on trouve sous une forme ou une autre, dans le droit criminel de la plupart des pays, n'est nullement en rapport avec l'ordre reçu. Il réside dans la liberté morale, dans la faculté de choisir, chez l'auteur de l'acte reproché" (53).

C'est en fonction de ces principes que des milliers d'accusés furent par la suite condamnés ou acquittés.

 

Parmi les militaires de haut rang jugés à Nuremberg, Goering, Keitel, Jodl, coupables des quatre chefs d'accusation, furent condamnés et être exécutés par pendaison ; Goering préféra s'empoisonner au cyanure.

L'amiral Raeder, condamné à la prison à perpétuité, demanda que sa peine fut transformée en peine capitale, ce qui lui fut refusé.

 Dönitz se défendit âprement sur les chefs d'accusation 2 et 3. Il ne fut pas condamné pour la guerre totale menée en mer - les Américains procédaient de même dans le Pacifique - mais pour un ordre ambigu relatif au sauvetage des équipages torpillés, les tentatives en étant "contraires aux plus élémentaires exigences de la guerre pour la destruction des bateaux et des équipages ennemis".

Le jugement concluait à une peine de 10 ans de prison, sentence qui fut contestée ; plusieurs demandes de grâce furent refusées par Eisenhower. Avant le verdict il avait renié le "principe du chef" en politique ; sa réflexion se poursuivant, il écrivit en conclusion de son ouvrage "Dix ans et vingt jours" : "Le principe du chef, qui exclut un contrôle du pouvoir, s'est révélé funeste en ce qui concerne Hitler. Aucun peuple ne pouvant, en se choisissant un chef, savoir quels traits de son caractère l'emporteront en lui, une seule leçon est à tirer : la constitution doit exclure la possibilité d'un abus de pouvoir, et poser la liberté et le droit comme bases de la vie collective. Aussi est-il certain que la forme démocratique, garantissant l'inviolabilité de la liberté et de la sécurité juridique des personnes, est celle qui convient à un peuple de haute civilisation" (54). Dönitz décéda le 24 décembre 1980, âgé de 89 ans.

 Speer reconnut sa responsabilité dans l'état national-socialiste et fut condamné à 20 ans de prison.

Des tribunaux décentralisés eurent à juger d'autres criminels de guerre. Les poursuites contre von Rundstedt furent abandonnées. Choltitz fut libéré après 2 ans 8 mois de captivité.

 Plusieurs prisonniers de guerre bénéficièrent de libérations anticipées en raison de leur souci humanitaire lors des hostilités ; tel fut le cas du lieutenant-colonel Oskar Rittmayer, professeur de philosophie et commandant de la place de Saint-Nazaire qui obtint une "libération d'honneur" dès 1946.

 En Italie, Badoglio devait être traduit devant la Haute-Cour de Justice ; celle-ci constata l'action publique éteinte en juin 1945 du fait du décès du maréchal.

Vlassov, livré par les Américains, fut pendu le 2 août 1946, avec onze de ses compagnons, après avoir reconnu au procès sa culpabilité envers la "mère patrie soviétique".

Paulus demeura captif jusqu'en 1954.

 En France, la Haute-Cour de Justice prononça plusieurs condamnations à mort.

Dentz, premier jugé comme officier supérieur fut condamné le 20 avril 1945. Sa défense, basée sur une résistance volontairement inefficace en Syrie, eut peu de poids devant les 800 morts gaullistes. Sa peine fut commuée en travaux forcés à perpétuité, puis en détention perpétuelle en raison de ses 74 ans. Il décéda à l'infirmerie de la prison de Fresnes le 13 décembre suivant.

Darnand fut fusillé le 10 octobre 1945.

Laval qui avait tenté de se suicider au cyanure fut ranimé et fusillé le 15.

Pétain, condamné dans la nuit du 14 au 15 août, eut aussitôt sa peine commuée en prison perpétuelle, à la demande de la Haute-Cour, par de Gaulle. Il quitta l'île d'Yeu le 29 juin pour mourir le 23 juillet, âgé de 95 ans.

De Laborde fut condamné à mort le 28 mars 1947. Grâcié le 6 juin par le Président de la République Vincent Auriol, il accomplit sa peine commuée en détention perpétuelle et décéda en Gironde en 1977.

Deat, membre de la Commission permanente de Sigmaringen trouva refuge dans un couvent près de Turin et y décéda en 1955.

 

 Le destin des vainqueurs

 

Churchill démissionna, plein d'amertume, en juillet 1945 quand il apprit l'échec du parti conservateur dont il était le leader. Il se consacra à la rédaction de six volumes de ses "Mémoires de guerre" et révéla un nouvel aspect de sa riche personnalité, son talent en peinture.

Cunningham fut nommé Amiral de la Flotte, distinction qui lui permettait d'exercer ses fonctions sa vie durant.

Montgomery fut anobli vicomte d'El Alamein et nommé chef d'Etat-major général de l'Empire.

Eisenhower, promu chef d'Etat-major de l'armée américaine, commanda les forces de l'O.T.A.N. en 1951. Elu Président des U.S.A. l'année suivante, puis reconduit sous l'étiquette républicaine en 1956, il se montra adversaire aussi résolu de toute expansion communiste que de la ségrégation raciale, notamment dans la scolarité

Omar Bradley devint Président des chefs d'Etat-major pendant la guerre de Corée.

Patton, gouverneur de la Bavière, fut relevé de ses fonctions dès octobre 1945 : la paix revenue il n'exerçait aucune pression dans la dénazification et tenait des propos déplacés à cet égard. Blessé dans un accident d'automobile, il décéda le 21 décembre suivant. Il repose dans le cimetière du Luxembourg qui a recueilli ses soldats.

De Gaulle, le 20 janvier 1946, déclara au Conseil des Ministres "Le régime exclusif des partis a reparu. Je les réprouve. Mais, à moins d'établir par la force une dictature dont je ne veux pas et qui sans doute tournerait mal, je n'ai pas les moyens d'empêcher cette expérience. Il me faut donc me retirer ...". L'effondrement de la IVè République impuissante à régler les problèmes coloniaux provoqua son retour à la tête de l'Etat le 1er juin 1958. Lors de son décès, au cours d'une cérémonie organisée à Paris, le maréchal Tchouïkov, héros de Stalingrad, représenta l'Armée Rouge.

Leclerc, nommé commandant supérieur des troupes en Extrême-Orient, signa avec les chefs alliés l'acte de capitulation du Japon. Après un séjour en Indochine, nommé Inspecteur des forces armées en Afrique du Nord, il survolait une voie ferrée quand son avion s'écrasa le 28 novembre 1947. Il fut élevé à la dignité de maréchal de france en 1952.

De Lattre de Tassigny accepta les fonctions de haut-commissaire et de commandant en chef en Indochine en décembre 1950 ; il stabilisa une situation compromise. Malade, éprouvé par le décès de son fils dans cette nouvelle guerre, il rentra en France pour y mourir. Le père et le fils reposent en Vendée. De Lattre fut aussi élevé à la dignité de maréchal en 1952.

De Larminat exerça les fonctions d'Inspecteur des troupes d'Outre-Mer. Appelé à la présidence du tribunal militaire qui devait juger les généraux et rebelles en Algérie en 1962, profondément ébranlé par le sort de ses frères d'armes, il ne supporta pas les violentes attaques auxquelles son rôle l'exposait et mit fin à ses jours.

Daladier et Reynaud furent réélus alors que les députés qui avaient voté les pleins pouvoirs à Pétain furent déclarés inéligibles ; mais Daladier "l'homme de Munich" n'exerça plus aucune influence.

Staline bénéficia du prestige acquis pendant la "Grande guerre patriotique", ce qui masqua une politique plus proche du tsarisme que du socialisme, à l'intérieur, et ressemblant fort aux colonialisme à l'extérieur. S'il hissa momentanément l'U.R.S.S. au niveau de puissance des U.S.A., sa dictature et la terreur qu'elle inspira finalement, l'esprit de système qui l'emporta sur l'esprit de responsabilité dans la réalisation des plans, menèrent le pays au marasme économique, à l'éclatement et aux désastres énergétiques et écologiques.

Joukov fut tenu à l'écart des organismes dirigeants par Staline qui voyait en lui un rival possible, et maintenu dans des postes sans relation avec ses hautes capacités. Kroutchev lui rendit justice en 1955 en le nommant ministre de la Défense.

Tito s'entoura de ses Partisans pour encadrer fermement les ethnies et nations réunies dans une Yougoslavie qui ne lui survécut pas. Il demeura toujours aussi farouchement indépendant vis à vis de l'U.R.S.S. et des puissances occidentales.

 

Quant aux F.F.I., nombreux furent ceux qui, déjà habitués à l'action et au danger, découvrirent dans l'ampleur de l'organisation militaire et la rigueur nécessaire à son fonctionnement, une correspondance avec leurs aspirations et leur caractère ; ils firent carrière dans l'armée, lui donnèrent de nouveaux commandants ou colonels et quelques généraux. Mais la majorité revint à la vie civile dont elle était issue ; son activité se fondit alors dans l'effort national, puisqu'après tant de destructions il fallut bien tout reconstruire.

Quand tous apprirent qu'Eisenhower avait estimé à 50 % les chances de réussite du débarquement en France, ils eurent le sentiment d'avoir été parmi ceux qui firent pencher la balance. F.F.I. ou F.F.L., aucun n'oublia ceux qui, unis dans la lutte, fraternels autant que désintéressés mais déterminés jusqu'au sacrifice, étaient tombés dans la défense de l'idéal commun.

 

 

Gilbert Baudry

Membre de la S.A.H.P.L.

 


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Les poches allemandes deLorient et de saint-Nazaire au 14 octobre 1944

En décembre, la presqu'île de Quiberon est distincte du reste de la poche de Lorient

 

 

Unités FFI du Morbihan en action à compter du 3 août 1944

sous l’autorité du lieutenant-colonel Maurice

 

Numéro du

 

 

 

 

bataillon

Commandant

Origine

Provenance

Effectif

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1er

Commandant Le Vigouroux

ORA

Vannes, Arradon, Elven, Sarzeau,

1 000 hommes

 

dit "Hervé"

 

Questembert

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commandant Le Garrec

ORA

Auray, Pluvigner, Belz et Quiberon

1 000 hommes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commandant Robo

ORA

Pontivy et Cléguérec

Inférieur à 1 000 hommes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commandant Rucard

FTP

Locminé et Saint-Jean-Brévelay

Idem

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commandant Jacques

FTP

Baud et Hennebont

1 000 hommes

 

(puis Alain)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commandant Charles

FTP

Plouay et Le Faouet

Inférieur à 1 000 hommes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commandant Muller

ORA

Port-Louis, Hennebont, Lorient,

Supérieur à 1 000 hommes

 

 

 

Plouay, Pont-Scorff

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commandant Caro

ORA

Rohan, Josselin, Saint-Jean-Brévelay

Idem

 

alias Lecoeur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commandant Le Gouvello

AS

Rochefort, La Gacilly, Muzillac,

1 000 hommes

 

 

 

La Roche-Bernard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10è

Commandant Le Coutaller

Libération

Guéméné, Pont-Scorff, Gourin,

Supérieur à 1 000 hommes

 

 

Nord

Le Faouet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11è

Commandant Icard

FTP

Idem

1 000 hommes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

12è

Général de La Morlais

OCM

Malestroit, La Trinité, Ploërmel

Inférieur à 1 000 hommes

 

 

 

 

 

Total approximatif : supérieur à 12 000 hommes dont environ les 2/3 non armés.

Ministère de la Défense - Service Historique - Tome VI - Les Grandes Unités Françaises - Forces Françaises de l'Intérieur.

 

               

 

 

Bibliographie succincte - références

 

 

Général Adeline : La libération du Sud-Ouest - Alger - Imprimerie Baconnier - 1948 (49)

J.J. Antier : Le sabordage de la flotte à Toulon - Paris - Editions de la Cité (25)

Marcel Baudot : Libération de la Bretagne (en collaboration) - Hachette littérature

Winston Churchill : Triumph and tragedy - Presses du Compagnonnage (3 et Annexe 1)

P.W. Cooper : Le procès de Nuremberg - Hachette - 1947 (52 - 53)

Karl Dönitz : - Ma vie mouvementée - Julliard - 1969 - p. 279 (15 et 17)

- Dix ans et vingt jours - Plon - 1959 (23, 28, 48, 54 et Annexe 1)

Dwight Eisenhower : Croisade en Europe - Traduction - Paris - Laffont - 1949

Whilhelm Fahrmbacher - Walter Matthiae : Lorient 1940-1945 - (10 et 31)

Wissenburg - Traduction : Aubertin, Service historique - Marine - Lorient

Ladislas Farago : Patton, ordeal and triumph - New-York - 1963 (33 et 38)

traduit et publié par Stock-France : Patton grandeur et servitude

Charles de Gaulle : Mémoires de guerre - Paris - Plon - 1959 - Tome I : L'Appel (12) - Tome III (37)

Heinz Gudérian : Souvenirs d'un soldat - Paris - Plon - 1954 (5, 20, 43, 44, 45)

Roger Le Hyaric : Maquisard ! - 1992 - Breiz Diffusion - 29135 Spézet (14)

Edgar de Larminat : Chroniques irrévérencieuses - Plon - Paris - 1962 (16, 46, 47)

Leroux Roger : Le Morbihan en guerre - Imprimerie Floch - Mayenne - Rééd. 1983

Philippe Masson : La défaite - Editions Tallandier - 1978 (13)

Sous la direction de Philippe Masson : La seconde guerre mondiale - références Larousse 1992

I - Les acteurs - Rommel - page 313 (6)

Commentaire de Daniel Hary : Harris - page 167 (32)

Campagnes et batailles - Dentz - page 113 (21 et 22)

Henri Michel : La seconde guerre mondiale - P.U.F. - 1968 -

Tome I - p. 156 (7) - Tome II - Empereur - Bissonnet - p. 98 (27)

Amiral Lepotier : Dunkerque, port de salut - Ed. France Empire (50)

Jacques Mordal (Hervé Cras) : Les poches de l'Atlantique - presses de la Cité - Paris -1965

Amiral Hubert Meyer : Au secours de La Rochelle - Editions des Cahiers de l'Ouest - Poitiers - 1955 (39)

Ministère de la Défense : Les grandes unités françaises-

Tome VI : Forces Françaises de l'intérieur (40 - Annexes 2, 3, 4)

Henri Nogueres : Histoire de la Résistance en France - 2 tomes - Editions. Robert Laffont - 1969

Charles Tillon : Les F.T.P., soldats sans uniforme (19)

Réédition remaniée - Editions Ouest France - Rennes - 1991

C.E. Lucas Phillips : Commandos sur Saint Nazaire - Presses de la Cité - 1959 (24)

John W. Weeler-Bennett : The Nemesis of power - New York - publié sous le titre "Le drame de l'armée allemande" - Gallimard - NRF - 1955 (2, 4, 35)

 

Extraits de presse - Bulletins

 

· Le Courrier de Saint Nazaire du 20.08.1943 (26)

· Journal de la Résistance - Rue Saint Blaise - Paris (Général Marshall - N° 1041)

(Citation par l'élève qui a obtenu le prix du concours de la Résistance) (1)

· Association nationale des Anciens combattants de la Résistance (ANACR) - Ami, entends-tu ? - Bulletin Morbihan-Finistère-Côtes d'Armor - N° 89 (29) - 1er semestre 1985 (41)

· Comité Départemental de l'ANACR - Saint Brieuc - mai 1995 "Les bataillons F.F.I. des Côtes du Nord sur les poches de l'Atlantique"

· Amicale des Anciens du 4è Bataillon F.F.I. du Morbihan "Cent jours à Nostang" - Jean Rucard

· Amicale du Corps Franc de l'Air "Valin de la Vaissière" - Blois 1982

· Association "Autrefois Etel" - Récits et témoignages - 1995 (41, 42, 51)

 

Témoignages

 

· Julien Corlay - Erdeven (51)

· Eugène Jossic - Sauzon (30)

· L'auteur - Lorient (9, 11, 30, 34, 41)

· Jean Marthelot ; Lucien Le Pallec - Lorient (8)